2ème Crise des surliquidités, mensonge et escroquerie planétaires de la Fed' et de la BCE - Global Meltdown 2009

Je vous ai déjà expliqué que Madoff est un enfant de chœur face au système systémique des marchés financiers. Aujourd'hui je vais vous raconter que Madoff est un enfant de chœur comparé à Alan Greenspan, Ben Bernanke, JC Trichet.

"Ce que nous savons avec certitude, c'est que les épisodes spéculatifs ne se terminent jamais en douceur. Il est sage de prédire le pire, même s'il est, selon la plupart des gens, peu probable."  Les travailleurs intérimaires, puis les autres, puis tous ceux qui possèdent des actions et de l'épargne payent cher aujourd'hui la confirmation du jugement formulé par l'économiste américain John Kenneth Galbraith. (Photo: Alan Greenspan, ancien Gouverneur de la Fed' et Bartholomäus Welser, financier et escroc des Habsbourg, 1484-1561)
Mon article est composé de 5 paragraphes.

Vous prendrez conscience de l'ampleur millénaire de la crise économique de 2009.

  • 1] La spéculation des Tulipes de 1636: effondrement de la bulle spéculative
  • 2] Bartholomäus Welser (1484-1561), la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (2005):
          effondrement du système financier des risques cumulés
  • 3] De la crise des sur-liquidités au Global Meltdown 2009
  • 4] Crise de sur-liquidités, mensonge et escroquerie planétaires:
          le coût de l'argent n'est pas défini par la Fed' ou la BCE, mais par le LIBOR ou l'EURIBOR !!!
  • 5] Et l'Europe, l'Euro?
    Obama ne pourra pas empêcher la Banqueroute d'État des USA en 2009

La létalité de l'économie mondiale semble encore n'être qu'une lubie des pessimistes qui avaient critiqué l'ère du "turbo-capitalisme" transformé dès la Chute du Mur de Berlin en économie de vaudou et d'analystes financiers sur lesquels toute décision politique n'avait plus de prise ou de volonté de définir des mesures de régulation et de contrôle, de peur de voir venir s'abattre la vengeance des marchés. Il était aussi agréable pour les politiciens de n'avoir plus à gérer ce pour quoi ils n'avaient de toute façon plus été élus, à savoir la cohabitation économique des peuples, voire la prospérité pour les plus éblouis par le "progrès". Il avait été agréable pour les décideurs politiques de se déresponsabiliser de la chose publique, tout en feignant d'avoir le ton grave.

Tout le monde fait encore aujourd'hui comme si la crise dite "des subprimes", puis du "credit crunch", puis de l'économie mondiale ne va pas mener a l'effondrement globalisé et du système monétaire et de l'échange international. C'est Noël, c'est les fêtes de fin d'année, et à présent un épisode tellement télégénique, l'invasion de la bande de Gaza ravit les yeux. Pourquoi s'imaginer que nous sommes assis sur une chaise qui tombe? On ne sent rien. C'est même euphorisant toutes ces chutes et faillites autour de nous. Le Kassler de la St Etienne frémit donc dans son eau pendant encore 40 minutes.

Un faux médicament est administré à une crise non identifiée et les Plans de Sauvetage des banques spéculatives (bail out), de Restitution de la Confiance sur les Marchés financiers, de Relance économique ne font qu'exercer un effet démultiplié de levier sur la crise à venir que j'appelle le Global Meltdown 2009. Le G20 de Washington (dit Bretton Woods 2), le G4, les Plan-s "Européen-s" avec les "Boîtes à Outils" amplifient la chute au lieu d'y remédier. Le déni d'Europe est aussi fort que le retour tonitruant des mesures nationalistes. Quel genre de guerre va étouffer cette fois-ci réflexes et instincts destructeurs? Même le Conseil fédéral suisse planche sur un projet d'envoi de soldats

qui participeraient à un contingent de l'ONU chargé de protéger les navires contre les pirates dans le golfe d'Aden.

Pour être informé sur la crise, il ne faut surtout pas lire la presse française comme le Monde. J'ai mis dans mes favoris le Financial Times, le International Herald Tribune, the Independent, the Guardian, die Frankfurter Allgemeine Zeitung (centre-droit Francfort), die Tageszeitung (gauche alternative de Berlin), la Tribune de Genève, la Board of Governors of the Federal Reserve System, la Economic Research de la Federal Reserve Bank of St Louis, la Federal Reserve Bank of St Louis, le Financial Crisis Website de la St Louis Fed', la Federal Reserve Bank of New York, le Market Watch (Wall Street Journal.digital), le MarketOracle.eu (le Free Financial Markets Forecasting & Analysis web-site), le Economist.com, le Irish Times, le Scotsman..., comme les vents d'ouest ils amènent la pollution à nos oreilles.


  • 1] La spéculation des Tulipes: effondrement de la bulle spéculative

Graphique ci-dessus: crise de la Tulipe de 1637. L'une des premières crises modernes de surproduction s'est jouée autour de la production et de la commercialisation des bulbes de tulipes. Introduits en Europe un siècle plus tôt, ils font florès en 1630. Ils proviennent, pour la plupart, de la Méditerranée orientale et transitent par Amsterdam. Les tulipes sont très prisées par une population enthousiasmée par la nouveauté et, pour les monarques, elles sont un signe de leurs statuts. Entre 1634 et 1637, la demande augmente si vite que les prix grimpent de manière exponentielle. Les gains furent tels qu'ils incitèrent les fournisseurs à produire eux-mêmes de nouvelles variétés de tulipes (vendues encore plus chers) par sélection et modification des espèces variétales d'origine. En 1637, les prix atteignent des niveaux si élevés que la demande s'essouffle. Un bulbe se négocie autour d'une somme qui correspondrait aujourd'hui à 45 000 euros courants. Les prix s'effondrent, entraînant la faillite de nombreux fournisseurs de tulipes et d'obtenteurs. Les bulbes de tulipes ne purent plus qu'être plantés dans leur jardin après 1637. Celui qui est à la fin de la pyramide, qui n'a pas placé ses bénéfices et qui ne s'est pas retiré assez vite du marché, est le perdant. Quelle est la différence avec le système de John Law ou les schémas ou chaînes de Ponzi, remis au goût du jour par Bernie Madoff; ou avec le système des titrisations des subprimes et des autres "créances douteuses et toxiques", ou le financement de la dette par la dette? (Photo: Hendrick Pot, „Floras Mallewagen”, 1640).

Ce n'est pas la peine de se faire des gorges chaudes sur la collusion entre Madoff et l'autorité américaine de surveillance des activités boursières, la SEC. Madoff, n'est qu'un épiphénomène du système systémique américain d'épandage du risque avec simulation d'accroissement d'actifs fantômes. La Securities and Exchange Commission (SEC) est l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers. C'est le "gendarme de Wall Street".

  • 2] Bartholomäus Welser (1484-1561) et la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (2005):
    effondrement du système financier des risques cumulés
Bartholomäus Welser peut être compris comme un archétype du manager bancaire moderne pour lequel Alan Greenspan, gouverneur de la Fed', Wim Duisenberg en Jean-Claude Trichet (gouverneurs de la BCE) ont lâché toutes les brides du crédit facile. Ce marchand, armateur, assureur maritime et financier avait fondamentalement violé le principe selon lequel il ne faut pas accumuler le risque en un seul endroit. Welser avait prêté la plus grande partie de l'argent de sa banque à un client unique qui fit faillite par la suite. Welser avait aussi violé fondamentalement le principe de l'entreprise: comme Administrateur du Venezuela (Petite-Venise, Klein-Venedig, Welser-Kolonie) sous Charles Quint, il ne s'était pas employé à multiplier la richesse de cette colonie et la sienne par conséquent, il avait envoyé ses gens à la recherche d'un nébuleux Dorado.

L'histoire de Bartholomäus Welser est à comparer à celle des Fugger, l'autre dynastie financière d'Augsburg. Pour être élu Empereur du Saint Empire Romain Germanique après avoir acheté la voix des Princes Électeurs (Kurfürsten), le roi d'Espagne Charles 1er (plus tard Charles Quint) avait pris un énorme crédit de 158.000 Gulden auprès des grands commerçants d'Augsburg, les Welser et les Fugger. Charles V ne put jamais rembourser ce crédit et donna en échange à Welser pour trente années le droit d'exploiter une partie du Nouveau Monde, le Vénézuela. Welser était à la tête d'un commerce de textiles, de la soie, des épices et colorants dont les activités s'étendaient de la Hanse, au Portugal, à l'Italie et à l'Inde.

La base des activités des Habsbourg se trouvait dans une soif insatiable de mener de nombreuses guerres très couteuses et dans l'entretien d'une cour impériale somptueuse. Welser avait encore "prêté" à Charles Quint 4,2 millions de ducats, soit 15% du besoin de financement de la Cour des Habsbourg. Welser, ne se voyant pas rembourser, avait alors réorienté toute l'activité de son commerce des îles, en un groupe financier, qui comme Bernie Madoff ou les banques d'investissement comme Lehman Brothers, Goldman Sachs, etc..., se refinançait avec des apports de capitaux extérieurs nouveaux moyennant une promesse de profiter des dividendes du Dorado prétendument exploité au Vénézuela. Welser n'a rien fait d'autre que de vendre des produits financiers dérivés, de titriser son risque encouru auprès de la famille des Habsbourg, de mutualiser le risque sous sa houlette comme les spéculateurs escrocs Madoff, Lehman Brothers, Northern Rock, Bears Stearns, Fannie Mae, Freddie Mac, Washington Mutual, Société Générale, Natixis, Real Hypo Estate, Fortis, Crédit Mutuel... La titrisation des dettes des clients permettait aux banques de les sortir de leur bilan ce qui était salué par les agences de notations et permettait de faire monter le cours des actions de ces banques émettrices.

Bartholomäus Welser n'a pas pensé autre chose que
ce qu'on dit en 2005 Henri de Castries, président du directoire du groupe Axa ou Thierry Derez, président-directeur général d’Azur GMF–Maaf à la Séance plénière de la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA) en 2005: "La prise de risque conditionne la croissance: le monde est dominé par un modèle d’économie marchande issu de la révolution de 1989 permettant d’apporter la démocratie, par la circulation du capital, de la technologie et de l’éducation. Mais, alors que le monde s’enrichit vite, l’Europe paraît un peu en retard. Cet univers est favorable à la prise de risque, et il n’est pas de progrès ni de croissance sans prise de risque. .../...
Depuis la chute du mur de Berlin, il n’y a plus de risque sur le système lui-même: le triomphe de l’économie de marché est irréversible. Mais les défis de l’intérieur (affaire Enron…) sont parfois plus difficiles à relever. Les mesures réglementaires peuvent définir les nouvelles règles (note du webmestre: les recommandations de Bâle2), mais en partie seulement: une part d’autorégulation est nécessaire afin de renouer avec la confiance. Par exemple, la subjectivité introduite dans les normes comptables crée un espace de risque à gérer.  .../...
L’Europe, en particulier la France, est à la traîne, notamment par manque d’entrepreneurs « schumpeteriens », liant le capitalisme au risque et au profit. Cela est-il dû à un problème de valeurs? .../...
Au cours de la récente crise financière (note du webmestre: affaire Enron/Worldcom de 2002/03), contrairement aux prévisions concernant les dérivés de crédit, la transformation des marchés financiers a éclaté le risque, créant une multimutualisation et améliorant la sécurité du système. Cette capacité de transfert des risques constitue une opportunité pour l’assurance, c’est plus une source de progrès que d’opacité. Les régulateurs n’ont cependant pas les moyens de suivre ces évolutions. Christian de Boissieu, président délégué du Conseil d’analyse économique, estime à ce propos qu’il faut affiner la réglementation prudentielle et se demande si une accumulation de risques entre les mains d’agents non régulés est source de risque et affecte la transparence. .../..."

Vous pouvez lire ci-dessus des mises en garde de Christian de Boissieu dans ces "Entretiens de l’assurance – 2005" à côté du credo du risque; mais ces mises en garde n'auront jamais été écoutées. Il en a été de même pour Bartholomäus Welser, de profiter de la mondialisation du Nouveau Monde, du commerce des épices, de l'or, des esclaves. Welser avait été autorisé à transporter 4000 esclaves noirs vers le Vénézuela. Le titre de la séance plénière de la FFSA était "Quelles protections pour quel dynamisme économique?" Il relève des écrits de Bartholomäus Welser qu'il était parfaitement conscient des risques de son modèle d'entreprise, mais son plus grand débiteur était l'homme le plus puissant du monde sur l'empire duquel le soleil ne se couche jamais. Après Ötzi, Cybernatus, qui est le 1er crime avéré de la globalisation, le Nouveau Monde a donc déclenché dès 1519 la crise des subprimes et le Global Meltdown 2009. Au dessus de l'homme le plus puissant du monde, il y avait encore plus puissant depuis 1989: la globalisation de la "concurrence libre et non faussée qui autorégule les marchés, apporte démocratie et bien être". Vous voyez dans ces Entretiens de la FFSA qu'il n'était pas ridicule d'affirmer que "le monde est dominé par un modèle d’économie marchande issu de la révolution de 1989 permettant d’apporter la démocratie, par la circulation du capital, de la technologie et de l’éducation". Il est étonnant que l'on avait réussi à faire passer pour d'ingrats demeurés les altermondialistes qui prétendaient le contraire. (Photo: Klaus Kinski dans Aguirre ou la Colère de Dieu de Werner Herzog)

Pour avoir accordé des crédits supplémentaires à Charles Quint, Bartholomäus Welser était autorisé à élargir ses activités financières à l'Espagne. Après que Cortès avait apporté à Charles Quint l'argent des aztèques et que Pizarro avait apporté l'or des incas, Welser prétendait ramener l'or de l'El Dorado, mais les espagnols étaient déjà passés. Welser fut cependant encore assez convainquant et avait réussi à lever des capitaux et à rediriger ces nouvelles liquidités d'autres financiers et investisseurs vers son entreprise à l'image de Ben Bernanke et de Jean-Claude Trichet qui avaient injecté des milliards de $ et d'euro à trois reprise en 2007 et avant septembre 2008  pour permettre de "rétablir la confiance des marchés". Ben Bernanke et Jean-Claude Trichet avaient réalisé, sous la pression du lobby financier et bancaire, un mauvais diagnostic et avaient administré un faux médicament qui n'avait effectué qu'un effet de levier, rassuré les spéculateurs compulsifs qui se croyaient encore plus libérés que jamais de tout risque et qui attendaient encore plus l'État Providence pour les soulager de leurs pertes.

La puissance de Charles Quint finit par se briser, et la famille des Habsbourg, noyée dans les dettes, avait encore réussi à sommer les financiers d'Augsbourg et Welser de la "refinancer". Les troubles économiques provoqués par le tarissement des promesses d'enrichissement issu du  Nouveau Monde, les cours impériales et royales surendettées et la montée du protestantisme et des affrontements religieux nourrissaient depuis deux décennies un climat très instable qui réduisait à néant le climat de confiance dans les affaires. Welser, qui ne voulait pas financer de guerre de religion entre les catholiques et les protestants, avait aussi ouvert une ligne de crédit à François 1er, l'ennemi juré de Charles Quint. Petit à petit, Bartholomäus Welser s'était retiré des affaires avec un gros patrimoine après avoir cédé son commerce et sa banque qui se sont dirigés vers la faillite inéluctable avec la banqueroute d'État de l'Espagne en 1557. C'est à ce stade d'effondrement global que Ben Bernanke, Jean Claude Trichet, Barack Obama, Nicolas Sarkozy, Gordon Brown continuent à agir en lançant la plus grande vague de tous les temps du refinancement de la dette des instituts financiers, des banques et des entreprises à coup de plusieurs milliers de milliards d'euros et de $. Le mauvais médicament est de nouveau appliqué au faux diagnostic.

  • 3] De la crise des sur-liquidités au Global Meltdown 2009:
Derrière la-dite Crise de la Bulle des Subprimes, il y a d'autres bulles cachées qui ont éclaté. Le responsabilité de l'une est portée par Alan Greenspan, Gouverneur de la Fed' de 1987 à 2006, appelé  "l'économiste des économistes", ou le "Maestro", qui a commis sur toute la période de son mandat une seule et même erreur. Alan Greenspan a été gravement mis en cause en 2006 pour avoir laissé fortement augmenter la masse monétaire par une politique de taux d'intérêts très bas (de l'argent facile), qui est un des facteurs de l’émergence de la crise dite des subprimes qui s'est déclenchée au second semestre 2006. La masse monétaire est devenue une arme de destruction massive.
 
Revenons, comme pour Bartholomäus Welser, un peu en arrière. Alan Greenspan n'est rien d'autre que l'un des ces paradigmes, ce genre de valeurs communément acquises autrement que par la raison et par la réflexion, auxquelles tout le monde se soumet de manière servile et contre lesquelles tout mode de réflexion achoppe sans rémission. Pendant les 15 ans de son règne, Alan Greenspan avait passé pour le sorcier des chefs des banques centrales jusqu'au jour où il fut contraint à la démission au regard de la crise financière américaine au début de l'année 2006. La Fed' qui pourvoyait les banques en liquidité à bon marché avec un taux d'intérêt très bas avait conduit ces banques à négliger le risque sur le marché hypothécaire. De l'argent à bon marché avait été déversé en milliards de $ sur le marché américain par la Fed' à la suite de l'éclatement de la bulle de la Nouvelle Économie (Enron/Worldcom...) et des attentats du 9 XI sur les Twin Towers de Manhattan (Ironie: le Projet Manhattan était le nom du projet scientifique qui avait permis l'élaboration de la bombe atomique aux USA pendant la seconde guerre mondiale). C'est justement à partir de ce moment que les banques abandonnèrent toutes mesures de précaution et allouèrent des crédits immobiliers à risque aussi à des emprunteurs dénués de la moindre des garanties. Tout semblait correct tant que les prix de l'immobilier accusaient une hausse constante. L'inflation des valeurs immobilières finançait une grande consommation, payée elle-même par crédit.

A partir du moment où la bulle des prix de l'immobilier commence à éclater, des millions de crédits pourris menacent le système financier mondial parce que les banques américaines avaient externalisé et mutualisé le risque, comme Bartolomäus Welser, en inventant de nouveaux produits financiers en opérant une titrisation de leurs prêts hypothécaires. Ces prêts hypothécaires douteux ont été transformés en actifs fantômes déversés en fleuves sur les marchés par la (re)-génération spontanée en titres financiers adossés à ces créances hypothécaires douteuses. Les placements et spéculations nationales et internationales se sont jetés avidement sur ces titres garantis par les agences de notations très accommodantes et laxistes qui ne menaient pas elles-mêmes les contrôle prudentiels mais qui faisaient aveuglément confiance aux allégations de leurs émetteurs. La spéculation avide et aveugle ne voulait pas se donner le temps d'étudier la traçabilité de ces produits dérivés. Quand vous achetez un paquet de Mousseline, demandez-vous si le sel contenu provient des Salines de Guérande? L'intermédiation des distributeurs de ces titres (nous pourrions dire de ces receleurs) se doit normalement être de bonne foi et garantir l'origine des biens revendus.

Alan Greenspan, sorcier déchu, n'avait pourtant qu'à étudier le modèle d'école fourni au Japon dans les années 80' par l'effondrement de la bulle spéculative de l'immobilier qui était alimentée par la politique de l'argent à bon marché conduite par la BoJ (Bank of Japan, banque centrale) et qui avait poussé vers le haut la croissance des cours de l'immobilier. La BoJ avait fini par réaliser que cet investissement de masse des banques dans l'immobilier n'avait pas été suivi par le reste de l'économie productive ("réelle"). La BoJ avait alors restreint les liquidités, la masse monétaire, en augmentant le taux d'intérêt directeur et l'éclatement de la bulle immobilière avait conduit à la faillite de plusieurs très grandes banques japonaises et avait jeté tout le pays dans une récession et une déflation qui avaient duré 10 ans.

Alan Greenspan, sorcier déchu, avait lui-même fait sa propre expérience infructueuse de la même manière sur son propre terrain de jeu. C'était l'époque de la crise Enron, ce fonds de pension en faillite (comme Cerberus, propriétaire de Chrysler...) qui avait plumé de toutes leurs économies des millions de retraités en vidant définitivement des fonds de pension. Alan Greenspan avait débloqué en 1998 de l'argent à bon marché aux banques américaines qui ont racheté le Fonds de pensions LTCM pour le sortir de la faillite. Cette action et cette mesure d'urgence de la Fed' avait donné un signal fatal aux marchés financiers dont les acteurs à très forte tendance spéculative ne se sont plus sentis jugulés dans leur course effrénée à encourir de hauts risques. Cette politique de la banque centrale de l'argent à bon marché avec des taux d'intérêts très bas n'a été qu'une stimulation aux comportements déviants ("moral hazard") sur les marchés et les marchés financiers. En conduisant cette politique de l'argent facile avec un taux d'intérêt très bas, la Fed', la banque centrale américaine avait délégué une part de son monopole, soit celui de l'émission de la monnaie et du contrôle de la masse monétaire. En effet, les banques commerciales n'opérant plus elles-mêmes les contrôles préalables à l'octroi des prêts, ouvraient elles-mêmes le robinet de l'argent, alors que la banque centrale feignait de croire que la rigueur de ces banques ne pouvait que garantir un bon emploi de cet argent dans des investissements de consommation ou des investissements productifs. La banque centrale n'avait dans les faits uniquement dans son champs de compétences et d'attributions que l'outil du taux d'intérêt comme seul instrument de contrôle de régulation de la masse monétaire. La spéculation boursière avait été elle-même amplifiée très rapidement par l'effet de levier, car les achats de produits dérivés ou d'actions se sont faits massivement à crédit sans contrôle des garanties de l'emprunteur, qu'il ait été particulier ou investisseur institutionnel. (Photo: John Law de Lauriston)

La leçon japonaise ou de la faillite du fond de pension américain LTCM n'a pas été apprise par le successeur d'Alan Greenspan, Ben Bernanke, chef de la Fed' depuis 2006. Il poursuit la politique agressive de la baisse des taux d'intérêts (de 5,25 % à 2,25 % en septembre 07, ....puis à l'heure où je vous écris de 0% à 0,25% en décembre 2008) et de l'inondation du marché par la masse monétaire en espérant maintenir la croissance, ou tout au moins l'activité économique, ou l'évitement de la récession-déflation. Mais, paraît-il, l'heure n'est plus à la créativité et il parait qu'hypothéquer l'avenir de deux générations à venir avec la trappe à liquidités et les déficits budgétaires abyssaux coûtera moins cher qu'une récession-déflation aux générations actuelles... En une action similaire à celle de 1998, Alan Greenspan avait "aidé" avec un crédit de 30 milliards de $ en février 2008 la banque JP Morgan à racheter la banque faillitaire Bear Stearns et il a donné de nouveau le même signal fatal aux spéculateurs dont le métier se réduit à engranger des bénéfices et à faire payer les pertes par la banque centrale, donc l'État, puisqu'en cas de crise il y a un rachat aidé du faillitaire (comme aux USA) ou une nationalisation du faillitaire comme la Northern Rock en Grande-Bretagne, ou de la IKB ou de la West LB comme en Allemagne, ou de Fortis et de Natixis comme en France et en Belgique...

Avant la nouvelle réunion du G20 de Londres d'avril 2009, le-dit Bretton Woods 2, Nicolas Sarkozy et Tony Blair vont se réunir la semaine prochaine pour refonder le "nouveau capitalisme"... Il ne manquait plus que Tony Blair... Cliquez sur la mention inutile.

Derrière la crise des subprimes se trouve le gigantesque programme socio-politique intitulé "A chaque citoyen sa maison" et qui a été propagé par... Alan Greenspan, Gouverneur de la Fed'. Les banques américaines et mondiales ont gagné énormément, l'État américain a énormément stimulé et encouragé le sur-boom immobilier avec de l'argent facile et à bon marché et avec les cautions implicites de Fannie Mae et de Freddie Mac, les organismes de prêts hypothécaires.
 
Le gourou des gourous de cette époque, Alan Greenspan, gouverneur de la Fed', la Banque Centrale américaine, avait encore démultiplié l'accès facile à l'argent en baissant toujours un peu plus le taux directeur, ce qui permettait aux banques de dépôts, de crédit et d'affaires, mais aussi aux banques d'investissement et aux fonds de spéculation, aux banques systémiques (les spéculateurs fous, ces maîtres d'œuvre des ventes à découvert des actions, le short selling) d'accéder à de l'argent facile à bon marché pour financer tout et n'importe quoi, et aussi l'achat à crédit de millions et de millions d'actions et de ces titres que l'on appelle "valeurs toxiques", "positions négatives", "créances douteuses", "créances pourries".
 
Les deux instituts para-publics de crédit hypothécaire, la Fannie Mae et la Freddie Mac, qui couvraient plus de 50% des crédits hypothécaires aux USA faisaient partie des leviers de la politique de l'argent facile d'Alan Greenspan. Ces deux sociétés avaient toujours joui d'un statut spécial soutenu et garanti financièrement par l'État. Elles rachetaient les prêts hypothécaires, procédaient à la mutualisation du risque, à leur titrisation (comme pour les subprimes) et revendaient des titres (obligations) garantis par l'État fédéral. Grâce à leur situation privilégiée, ces deux sociétés, à faibles coûts financiers et de fonctionnement et aux rendements opérationnels très élevés, avaient très rapidement conquis plus de 50% du marché des prêts hypothécaires, à ce point qu'Alan Greenspan lui-même finit par prendre peur et qu'il parlait d'elles en ces termes: "the big, fat gap" (la grosse et grasse faille). A partir de 1991 elles ont aussi financé des emprunts "douteux" (non recouvrables). Elles ont signalé en 2007 des pertes de plusieurs milliards et le Congrès et Henry Paulson ont décidé de les nationaliser en septembre 2008 parce qu'elles étaient trop grosses pour risquer une faillite: "Too big to fail".

Avec la consommation soutenue en masse avec un taux directeur de la banque centrale américaine (Fed') de plus en plus bas depuis 9 XI, depuis la crise Enron/Worldcom de la New Economy, avec un chèque de 600 $ envoyé à chaque ménage américain en septembre 2008 par le Gouvernement fédéral, avec des injections en centaines de milliards de $ dans les banques, avec les épongeages publics (bail out) des dettes privées et des positions toxiques des instituts financiers, nous assistons à une augmentation des liquidités qui ne connaît pas d'équivalent dans l'histoire... depuis 2000 ans. L'évènement est donc multimillénaire.

Cette longue période de crédit " facile" de 20 ans (depuis 1989) et de liquidité abondante a encouragé l’endettement à outrance depuis 9 XI, non seulement des emprunteurs finaux, mais surtout des intermédiaires et des fonds d’investissements, qui ont maximisé les effets de levier en finançant des portefeuilles d’actifs par de la dette bancaire ou des émissions de commercial paper. C’est le cas des "monoliners", des Hedge Funds, des Investment Banks, voire des banques commerciales elles-mêmes. Ces déséquilibres bilanaires majeurs n’ont pas posé de problème jusqu’au moment où la crise de confiance et l’incapacité de renouveler les financements a provoqué soit des défaillances (et dès lors, l’intervention des États), soit des ventes forcées d’actifs, qui ont largement contribué à enfoncer les valeurs boursières et financières.

Pour retrouver des positions bilanaires plus saines, les banques exposées au produits à risque ont alors aussi été contrainte de vendre des actifs qui étaient sains au départ, mais la mise sur le marché de ces actifs sains en avait entrainé une baisse massive des cours, d'où la baisse de 40% du Dow Jones, du CAC40, du Dax... de plus de 40% en 3 mois. Du coup les bonités des entreprises détentrices de portefeuilles se sont aussi réduites et ont abaissé leur valeur en dessous de leurs encours, autrement dit, les ont poussé à la faillite et au licenciement de masse calculé en millions de Travailleurs (Travailleurs, terminologie des Communautés européennes et du Traité de Lisbonne).

La responsabilité de la Fed' qui a maintenu une politique monétaire très accommodante alors que la bulle du crédit s’enflait au point de nourrir une inflation des prix immobiliers est également déplorable et a fini par renvoyer Alan Greenspan de son poste. Ben Bernanke avait simulé une volonté de reprise, et même s'il avait voulu, le Meltdown était déclenché (voir mon article du 11 avril 2008).

Vous avez donc compris qu'il y a au moins une crise cachée derrière cette crise des subprimes qui ne suffit pas à expliquer à elle seule l’ampleur de l’onde de choc sur le système financier mondial. Regardons quelques chiffres: le montant total des crédits hypothécaires non-prime aux États-Unis est estimé à 1,1 trillion de dollars (1.100 milliards) et les baisses de valeurs sur l’immobilier américain sont de l’ordre de 30%. Elles continueront d'ailleurs à baisser pendant toute l'année 2009 et plus de 5 millions de "propriétaires" vont être mis à la rue aux USA par les huissiers avant 2010 parce qu'ils ne peuvent plus rembourser leur dette et leurs crédits. Cela donne des pertes très en deçà des 1,7 trillions de dollars estimés par le FMI comme étant le montant total des pertes engendrées par la crise. Nous sommes totalement en dessous de la réalité, telle qu'elle est évaluée par le FMI, à la fin de mon exposé vous avez les chiffres réels publiés par la Fed'... Ce montant lui-même est (relativement) peu de choses à l’échelle des actifs financiers mondiaux, ou à celle des pertes de valeurs causées par la chute des cours boursiers sur l’ensemble des places mondiales. Je vous l'ai expliqué dans ce paragraphe ci-dessus et je vous livre à présent les graphiques et les chiffres que j'ai téléchargés directement sur le site de la Federal Reserve.

  • 4] Crise de sur-liquidités, mensonge et escroquerie planétaires:
    le coût de l'argent n'est pas défini par la Fed' ou la BCE, mais par le LIBOR ou l'EURIBOR !!!
J'ai récupéré directement les graphiques sur le Site de la Fed', de MarketOracle.eu et de ProAT.com. Il vont vous exposer que les analyses de Ben Bernanke, Gouverneur de la Fed', de Jan Claude Trichet, Gouverneur de la BCE, mais aussi de Gordon Brown et d'Alistair Darling, d'Angela Merkel, de Nicolas Sarkozy sont fausses et administrent un faux médicament d'après un faux diagnostic. Si vous êtes lecteur fidèle de mon site, vous saurez aussi lire mes analyses personnelles et de gauche, que je ne manque jamais de faire, même si les plus étourdis d'entre vous ne savent plus faire la différence entre gauche et droite.
 
Selon ces sources il semble que nous nous dirigions vers un évènement économique qui n'a pas d'égal dans toute l'histoire que ce soit dans la "Manie des Tulipes" de 1637, dans l'effondrement du système de l'écossais John Law  de Lauriston (1719, inventeur du papier-monnaie, compagnie du Mississipi), ou dans la bulle technologique dot-com de 1999.

Il semble aussi que l'hyperinflation de la République de Weimar de 1923 ou de la Grande Dépression ne puissent même pas être les avant-goûts adventices d'un petit déjeuner sur l'herbe. Il y aura un gigantesque transfert de valeur qui va écraser la plupart d'entre nous et qui va favoriser certains, les survivants de la Classe globale de la Globalisation. Le graphique à gauche vous expose la courbe de la panique qui est élaborée à partir du taux Libor, le taux interbancaire à 1 mois. Ce taux d'intérêt est basé sur le taux interbancaire offert à Londres (LIBOR) à 3 mois dans la monnaie dans laquelle est libellé le prêt, augmenté d'une marge au titre des coûts (qui comprend la marge moyenne pondérée que prélève la BID, Banque Interaméricaine de Développement) au titre des coûts, hors frais et/ou gains au titre de l'atténuation des risques), augmenté aussi de la marge normale de la BID sur les prêts. La Banque révise trimestriellement son taux basé sur le LIBOR qui est aussi un instrument de mesure de la confiance. Cet instrument financier permet de déterminer clairement l'impact des évènements qui provoquent la défiance sur les marchés financiers. Le nom de ce taux été formé par la contraction des mots anglais London interbank offered rate ("taux interbancaire offert à Londres"). Il existe un équivalent pour la Zone Euro, l'EURIBOR ou  TIBEUR. Le graphique ci-dessus vous montre le taux LIBOR, son niveau normal et son pic suite à la faillite de la 5ème banque britannique, la Northern Rock en juillet 2007, puis les pics des faillites de la banque d'investissement Bear Stearns américaine, puis des deux instituts de crédit hypothécaire, la Freddie Mac et la Fannie Mae, puis la faillite non repêchée de la banque d'investissement Lehman Brothers, qui est au jour du 15 septembre 2008 le réel déclenchement du cataclysme monétaire international et qui n'a plus rien à voir avec la-dite crise des subprimes.

Revenons au scénario de l'hyperinflation qui préfigurera le Global Meltdown 2009. Selon mes recoupements que je fais entre ce que je lis des analystes de mes sources sus-citées, il semble que ce n'est pas la déflation qui marquera notre futur immédiat, mais l'hyperinflation appelée par les masses colossales de liquidités injectées depuis un an en particulier et dont vous pouvez voir les graphiques de la Fed' plus bas. L'hyperflation démarrera quand les personnes vont se mettre à constater que leur argent qu'elles ont sur leur compte bancaire ne va permettre que d'acheter la moitié le mois prochain que ce qu'il permet d'acheter le mois en cours.

Une panique en résultera comme à Weimar. Le graphique à gauche montre le taux réel de l'inflation en noir, et le taux de l'inflation en rouge selon le nouveau mode de calcul entré en vigueur dans les années 80'. Il semble d'ailleurs que l'inflation aux USA est déjà de 12% pour les biens manufacturés depuis quelques mois (le graphique à gauche ci-dessus). En Islande elle est de 18% en décembre 2008. L'Islande n'a fait que de précéder les Royaume-Uni et les USA dans la banqueroute d'État. Ce n'est pas non plus un hasard si la Fed' a cessé de publier en 2006 (début de la crise des subprimes) l'indicateur de la masse monétaire M3. M3 est égale à M1 (billets, pièces et dépôts à vue) + M2 (dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et les dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois) + les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), et qui représentent des avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de perte de capital en cas de liquidation... Quand une banque centrale ne publie plus M3, c'est qu'elle veut tenter de dissimuler la création de monnaie. Et aux USA elle est galopante depuis la politique d'Alan Greenspan et surtout depuis 2006, et maintenant avec les Plans Paulson, TARP, etc... Pour les analystes, il se pourrait bien qu'un prix de l'or à plus de 800 $ signale en réalité une inflation, et non une déflation, pour 2010 et après. L'or est passé du 1er au 26 janvier 2009 de 876 $ à 913 $ l'once

Un rush hyper-consumériste va pousser les gens à acheter tout et n'importe quoi d'utile et d'inutile. Les entreprises de transformation ne seront plus disposées à vendre leurs biens produits, parce que le prix obtenu ne leur permettra pas de payer les salaires, les charges et les matières premières ou semi-finies pour poursuivre la production de nouveaux lots. Chacun qui vendra quelque chose sera un perdant, parce qu'avec la même somme il ne sera plus capable d'acheter le même objet. La monnaie, créée électroniquement à la Bourse et pour la Bourse, et avec l'achat à crédit d'actions et de produits dérivés, depuis la politique de l'argent facile d'Alan Greenspan lors de la phase des spéculations sur les dérivés titrisés, qui a conduit à la crise des subprimes et à la crise financière, a procuré des bénéfices colossaux aux initiateurs de pyramides spéculantes qui remettaient en circulation sous d'autres formes très créatives de nouveaux dérivés titrisés en mixant d'anciens produits dérivés. Mais ces bénéfices colossaux se sont réalisés sur la masse des populations au travers de l'effondrement de leurs relatifs standard et niveau de vie. Voilà, comme je vous l'expliquais ici le 6 octobre 2008, nous avons la preuve de la croissance appauvrissante, que ce soit pour les pays pauvres comme le prouve depuis 1954 Jagdish Bhagwati, mais aussi pour des classes de plus en plus élargies dans les pays industrialisés. Tant que cette équation ne sera pas intégrée dans le mental des gouvernants et des hommes politiques, des Plans américains TARP ou des débiles Plan-s Européen-s des "Boîtes à Outils" de nationalisations-recapitalisations (bail out) des systèmes bancaires systémiques qui créent de la dette (déficits budgétaires colossaux) pour payer de la dette, ne vont que créer la bulle de l'après-bulle.

La consommation ostentatoire fait partie du modèle américain, il n'est pas étonnant que la politique monétaire de l'argent facile d'Alan Greenspan ait à ce point pu faire mouche et faire passer le taux d'endettement des ménages américains à 140% et son taux d'épargne à 0,2%. Aux USA, consommer permet aux ménages de garder leur rang social et d'en remontrer aux voisins et à la paroisse avec une apparence éblouissante de réussite, en réalité basée sur des actifs fantômes, puisque financés à partir de rien, ou si vous voulez de crédits pourris impossibles à rembourser, surtout lorsque l'on est un débiteur Ninja (no income, no job, no asset). Il faut aussi rappeler que pendant cette période de l'argent facile, et surtout depuis 2000, il y a eu aux USA une répartition de plus en plus inégalitaire des richesses réelles; les 1% les plus riches des américains se sont accaparés 75% de la croissance économique. La part la plus importante des richesses, des revenus a aussi migré vers une proportion de plus en plus faible de la population. Les 1% d'américains les plus riches détiennent plus du 1/3 des richesses, et les 10% des plus riches détiennent les 75% des richesses. Voici encore la preuve de ce que Jagdish Baghwati n'avait pas imaginé, à savoir la croissance appauvrissante à l'intérieur même des pays industrialisés. Nous pouvons aussi exprimer la situation avec le point de vue des pauvres et de la classe moyenne: le revenu réel avait baissé. L'addiction à la consommation des américains sera difficile à freiner et Barack Obama ne s'y trompe pas non plus. Il va faire passer volontairement le déficit budgétaire américain à 1200 milliards de $ avec les soi-disants Plans de Sauvetage, de défaisance, de création d'une bad bank, de bail out... Il a aussi été élu pour ceci, pour sortir les poubelles et pour tuer une seconde fois, une troisième fois le veau d'or. Il va injecter dans l'économie encore plus de liquidités que le Plan TARP, le Plan Paulson, Bush... Il prend en main le foen à billets, et il souffle sur la frustration du consommateur américain impossible à sevrer qui souffle sur sa braise et son incendie qu'il propage. Quand la "confiance" des consommateurs reviendra, les océans de liquidités séquestrées dans les banques vont déferler sur les marchés. Il faudra subvenir à ce "Keeping up with the Jonese", cette "Consommation ostentatoire" qui avait déjà été décrite par l'économiste et sociologue américain Thorstein Veblen (photo) dans sa Théorie de la classe de loisir (1899).

Par rapport aux informations alarmistes sur l'hyperinflation, nous pouvons aussi penser à l'envers (wir könnten auch als Querdenker meinen, dass.../ je suis au moins trilingue en Alsace vous savez) que les analystes plus avertis que d'autres vous font une propagande contre l'hyperinflation parce qu'ils savent que nous arrivons dans une phase réelle de désinflation. Ils vous alors semblant de penser, qu'il n'est pas légitime de se dire qu'il y a une phase d'inflation galopante qui commence bien que la baisse actuelle des matières premières comme du pétrole entraine une baisse relative des prix. Si bien que par cette propagande ces experts de l'analyse et de la contre-information incitent les consommateurs à aller consommer en masse pour que la relance passe par les voies naturelles, c'est à dire par une augmentation de la demande, plutôt que par une augmentation de l'offre, qui doit elle-même passer par une phase de relance de la production et des échanges internationaux. De l'épargne il y en a dans les ménages. Mais pas de la confiance. Cette contre-expertise en volutes est donc une manière de faire du chantage sur les "réformateurs du capitalisme" pour qu'ils aient un plan de mesures de dégrèvements fiscaux. A ce stade de la réflexion, c'est comme avec la foi, t'y crois ou t'y crois pas. Et comme nous sommes dans un système d'information impure et imparfaite, il y a de quoi cravacher le baudet. Enfin, les athées ont aussi une vie, ne l'oublions pas. Et une pensée. Et une capacité de réflexion. Et les ménages ont peur pour leur avenir et leurs enfants. C'est encore plus simple.

En réalité il semble que les deux tendances seront combinées. Leap2020, un site qui fait aussi référence au Pôle de Gestion Économique de Strasbourg, parle de recessflation, de récession combinée à une inflation. Pour Nouriel Roubini, les deux tendances seront combinées dans une stag-déflation, une stagflation combinée à une récession et une déflation. C'est selon le degré de pessimisme que vous choisirez le modèle en "U", avec un hard landing, un atterrissage dur, et une remontée vertigineuse de l'inflation, ou en "L" sans remontée immédiate. Pour Nouriel Roubini la récession américaine va dépasser les 5%. Des sites plus pessimistes parlent de récession à deux chiffres.

Je vous ai entretenu plus haut du taux LIBOR interbancaire aux USA qui indique le taux pratiqué par les banques entre elles quand elles se prêtent de l'argent. Ce taux est surtout un indicateur de confiance. Sur le graphique de droite vous voyez le taux interbancaire de la Zone Euro, EURIBOR, et vous appréciez l'éloignement strictement opposé des inflexions de courbes entre le taux directeur de la BCE, qui ne cesse de baisser, et l'augmentation du taux interbancaire. Deux conclusions sont à tirer: 1) ce n'est pas le taux directeur des banques centrales qui tire vers le haut ou vers le bas le coût de l'argent, mais le taux interbancaire; 2) malgré la circulation de liquidités amplifiée due à la baisse du taux d'intérêt directeur, le coût de l'argent augmente en réalité. Mon explication personnelle est encore plus simple: les marchés financiers jugent insuffisante l'autonomie des banques centrales qui ne doivent pas rendre des comptes aux gouvernements et à la politique; les marchés financiers se sont créé à leur propre mesure l'instrument qui leur convient pour conduire la politique monétaire. Mon autre conclusion est que les banques font un bénéfice entre l'argent prêté à bas coût, voire à taux 0% (le dernier abaissement du taux directeur de la Fed' de décembre 2008) et l'argent qu'elles prêtent à un taux plus élevé qui n'a plus rien à voir avec une marge commerciale bénéficiaire. L'argent des contribuables, créé par les banques centrales sert donc directement à l'enrichissement des banques privées et aujourd'hui à se refaire une santé comptable en compensant les dettes toxiques irrécouvrables ou la chute de la valeur des actifs sains qui existent encore dans le bilan! Le LIBOR et l'EURIBOR sont donc les indicateurs de l'État Providence du marché financier. Vous avez déjà pu voir dans le § précédent que la Fed' avait en réalité délégué à la Fannie Mae, à la Freddie Mac, mais aussi aux banques d'investissement et commerciales la capacité à créer de la monnaie. Cette capacité avait été utilisée sans discernement et sans analyse réelle des bonités (situation de solvabilité) des emprunteurs. Les prêts ont été accordés aux "débiteurs-Ninja", no income, no job, no assets (sans revenus, sans emploi et sans garanties).

Ceci n'avait pas été un manquement des prêteurs ou une brèche du système prudentiel du calcul du risque et du taux de couverture (Basel 2, IFRS, et IAS), mais une volonté affichée du gouvernement Bush et d'Alan Greespan de faire de la croissance et de la financer sur des dettes publiques couvertes avec des ventes de Bons du Trésor américain et de la titrisation à répétitions de produits financiers dérivés.

La vision ordolibérale des gouvernants laisse aux marchés financiers les moyens de créer leur propre mesure d'auto-régulation et l'instrument qui leur convient pour conduire la politique monétaire. J'espère bien que vous comprenez que le législateur s'est créé l'instrument de sa dépossession de son pouvoir régalien et que ceux qui critiquent, en particulier les gauches et les souverainistes, l'autonomie de la BCE, sont à quelques mondes de retard. Le taux directeur de la BCE constitue le seuil plancher au-dessus duquel les banques vont gagner de l'argent en re-prêtant les fonds injectés par la banque centrale, ou en faisant de la rétention de ces fonds pour ajuster leur propre trésorerie, ce qui est le cas actuellement depuis l'été 2007 comme vous pouvez l'observer sur le graphique de l'EURIBOR.

Le taux LIBOR ou EURIBOR, s'il est un instrument financier, il reste un instrument de mesure de la confiance. Les banques, ne pensant pas que les nouveaux emprunteurs seront en mesure d'investir pour gagner de l'argent, elles préfèrent faire payer à l'avance le coût du risque à l'emprunteur, voire ne pas octroyer de crédit. Vous vous souvenez, comme on avait essayé de faire passer pendant presque 20 ans pour des arriérés les européens, les français, parce qu'ils n'avaient pas en eux la culture du "capital-risque"? Le serpent se mord la queue, et apparemment il aime ça. JC Trichet, Ben Bernanke ne savent plus comment faire pour soudoyer les banques, afin qu'elles s'ouvrent aux demandes de prêt. Les banques jouent aussi un jeu douteux en n'allant pas chercher en masse les centaines de milliards qui leurs sont offerts pour être recapitalisées (bail out). Elles agissent ainsi, car si elles avouent le montant de leur positions toxiques et de leur situation labile ou devant mener à une quasi faillite, elles seraient immédiatement sanctionnées par le marché et leurs actions en bourse perdraient trop de valeur. Elles exercent un chantage sur les gouvernements, car elles aimeraient que la recapitalisation se fasse sans contre-partie, sans conditions et car elle redoutent une chute de leurs propres actions à la bourse, car elle dévoileraient ainsi le bilan toxique. En Allemagne la Deutsche Bank, qui est de loin "most-leveraged" en Europe, semble jouer le plus avec le feu ou la dynamite. Les banques jouent un dangereux poker menteur pour gagner du temps et faire ramollir la BCE et les gouvernements. Tôt ou tard, les banques seront obligées de révéler "en entier" leur bilan et devront avoir l'honnêteté des dirigeants de la Lehman Brothers, qui n'avaient caché aucune position toxique. Les banques poursuivent leur chantage qu'elles exercent sur le gouvernement et exigent à présent la création d'une Bad Bank, une mauvaise banque qui prend à sa charge toutes les positions négatives des banques commerciales et d'investissement et qui les fasse disparaître, quand on y pense plus. Gordon Brown et Angela Merkel sont sur le point d'accepter. Les Suisses délocalisent le Fonds de défaisance simplement aux Iles Vierges, dans ce paradis fiscal.

D'un côté nous redoutons une nouvelle hausse des liquidités, totalement déconnectée avec toute réalité économique et qui va pousser à l'hyperinflation, d'un autre côté on pense que c'est la seule manière de corriger la crise. Dans les deux cas, c'est l'impasse et l'erreur.

Le International Herald Tribune de New York du 31 décembre 2008 reste lui aussi dans l'expectative et ne voit pas de renversement de tendance au niveau de l'économie tant que les banques, qui ont été arrosées copieusement par le Trésor public et les banques centrales, n'octroient pas de nouveaux crédits. Des pans entiers de l'économie et des industries clefs se sont arrêtés de fonctionner. Les investisseurs attendent eux aussi de connaître le "nouveau code de la route", d'autant plus que dans ces 18 derniers mois celui-ci a été réécrit tellement de fois, que personne n'est sûr si le gouvernement va intervenir ou non. De plus les analystes ne voient pas venir un rebond de l'économie tant que les dépenses ne réaniment pas le marché de l'emploi et le prix de l'immobilier:

.../... "Even after receiving millions, in some cases billions, of dollars from the government, banks are reluctant to lend money. Crucial parts of the financial system have stopped functioning. The exuberance of the boom, which led bankers to make loans to people who could not repay them, has given way to a seemingly intractable fear of making any loans at all.

.../... Despite the government interventions, and indeed even because of them, many investors are reluctant to act until they are sure of Washington's next step.  'Investors will regain their confidence when they are sure they understand the rules of the road,' said Jaret Seiberg, a financial policy analyst at the Stanford Group, a research and consulting firm in Washington. In the past 18 months, those rules have been rewritten so many times that nobody is sure when the government will intervene and when it won't." .../...

"The troubles in the economy, of course, only add to the anxiety. Investors and bankers will be reluctant to extend credit until home prices stop falling and until more people are finding jobs than losing them. All of that spending will not revive the job market and lift housing values overnight."

Il est déplorable que toutes ces liquidités ont mené en premier lieu à la bulle qui cache d'autres bulles et qui a éclaté. Il est encore plus déplorable que les nouvelles liquidités injectées par les gouvernements et les banques centrales comme la Fed' ou la BCE soient mis sous séquestre par les banques commerciales ou les banques d'investissement. Le graphique n°1 vous montre pour les USA toute la masse monétaire. Cette masse monétaire a mis 200 années pour passer de 0$ à 800 milliards de $, ... mais ces derniers trois mois depuis l'été 2008... elle est passée de 800 milliards de $ à 1600 milliards de $. Regardez la courbe!



Le graphique n°2 vous montre aux USA le cash en circulation de novembre 1919 à novembre 2008. En réalité une toute petite partie de cette masse monétaire est sortie des banques pour circuler dans l'économie. A l'avenir les prix vont devoir augmenter pour absorber comme une éponge le surplus de la masse monétaire.






Le graphique n°3 vous vous montre le montant en $ empruntés par les banques à la Fed' depuis 1925 jusqu'à la fin de l'année 2008. Le minuscule pic que vous pouvez apercevoir avec grandes difficultés vers 2002 représente l'éclatement de la bulle dot-com des Nouvelles Technologies qui n'était que la bulle visible de la crise du système des profits avec les affaires Enron/Worldcom. Ce cliff, cette falaise, indique que pour les banques, la crise financière faisant suite à la crise des subprimes est 100 fois plus grave que le krach de 2002/03 qui avait déjà considérablement perturbé les esprits et mis des millions de travailleurs à la rue et poussé à la faillite des centaines de milliers d'entreprises.


Le graphique n°4 vous montre le montant des crédits alloués aux banques par la Fed'. Ce graphique inclue aussi le bail out, le renflouement des créances douteuses toxiques détenues par les instituts bancaires conformément au Plan Paulson, appelé TARP (Troubled Assets Relief Program). De la fin de l'année 2007 à novembre 2008, le montant est passé de 800 milliards de $ à 2200 milliards de $. Vous avez bien lu!
"It is climbing skyward like a homesick angel - Ceci monte vers le ciel comme un ange qui a le mal du pays."




Le graphique n° 5 représente les réserves en excès des banques. Au cours d’une journée ordinaire, le système bancaire américain se contente de 12 milliards de dollars de réserves pour réaliser 4000 milliards de dollars de transactions. En moyenne, un dollar de réserve est utilisé 300 fois par jour. Ceci est la preuve que les banques séquestrent des réserves, et bloquent le système. Vous voyez trois autres pics sur ce graphique: en 1929, en 1940 et en 2001 avec le 9 XI, l'attentat sur les Twin Towers de Manhattan. Les banques ont réduit leur tolérance au risque, ce qui nécessite une augmentation des comptes de réserves. Elles désirent avoir un matelas plus important pour se prémunir en cas de pertes. Les banquiers estiment qu'ils ont besoin de plus de réserves est deviennent réticents à prêter aux autres banques. Vous pouvez comparer le pic de 1940 au début de la Seconde Guerre Mondiale et le pic de 2008. Les banques perçoivent 50 fois plus élevée la gravité de la crise financière de 2008 par rapport à la Seconde Guerre Mondiale.

J'ai téléchargé directement sur le site de la Fed' ces graphiques. A la vue des courbes nous allons être témoins et victimes d'évènements extraordinaires qui vont s'articuler autour de la valeur du $ qui est de toute manière déjà en ce moment estimé par les analystes à 12 fois au-dessus de sa valeur réelle. Les acteurs de l'économie, les banques et sûrement les politiciens, les gouvernants sont en mesure d'évaluer la létalité de l'économie américaine et de la Banqueroute d'État qui va marquer l'Histoire des USA et du Royaume-Uni. Il semble qu'avant juin 2009 s'effondrera le système monétaire international et qu'il n'y aura plus pendant quelques semaines de monnaie d'échange entre les continents.

D'après les analystes les USA et le Royaume-Uni ne renoueront avec la "croissance" qu'à partir de 2018. D'après le classement du World Economic Forum du FMI publié en octobre 2008, les banques britanniques se situent, en termes de solvabilité, au 44e rang mondial derrière le Botswana.

  • 5] Et l'Europe, l'Euro?
    Obama ne pourra pas empêcher la Banqueroute d'État des USA en 2009.
Aujourd'hui, 30 décembre 2008, JC Trichet, Gouverneur de la BCE, annonce qu'il est très inquiet parce que les banques n'accordent toujours pas suffisamment de crédits, bien au contraire, elles organisent une rétention du crédit. Les Plan-s "Européen-s" avec les "Boîtes à outils" de Sauvetage, de Restitution de la confiance et de Relance ainsi que les différentes baisses du taux directeur de la BCE n'ont toujours pas provoqué le moindre des frémissements deux mois après, même pas au niveau de l'indice de confiance des ménages ou des entrepreneurs. JC Trichet a annoncé pour le début janvier une nouvelle baisse du taux directeur en dessous de 2,5%. Nous pourrions croire que les banques commerciales européennes font pression sur la BCE pour obtenir comme de l'autre côté de l'Atlantique les mêmes conditions de refinancement à un taux situé entre 0 et 0,25%. Mais si nous observons le LIBOR et l'EURIBOR (revenir au §4) nous voyons que la différence avec le taux directeur américain ou européen est sensiblement la même. La baisse coordonnée du taux directeur de toutes les banques centrales ne provoque aucun effet depuis septembre 2008.

Sur le graphique n°6 vous voyez à la date du 9 ocobre 2008 le montant des prêts octroyés aux banques commerciales par la BCE.













Sur le graphique n°7 vous pouvez mesurer l'ampleur des dépôts que les banques mettent à la BCE contre rémunération. Ceci est la preuve qu'il n'y a pas de problème de liquidité mais un problème de confiance entre les banques, comme le déplore JC TRichet, hier le 30 décembre 2008, dans son discours qui doit marquer le 10ème anniversaire de l'Euro. Les banques retirent les liquidités du marché, les séquestrent ou les replacent en lieu encore plus sûr que sur leurs comptes, soit à la BCE.

L'éclatement de la Bulle des subprimes qui a des répercussions sur "l'économie réelle" comme le disent les médias depuis octobre 2008 est à formuler différemment: les sur-liquidités faciles et les politiques accommodantes et sans contrôle des banques centrales et des recommandations de Bâle 2, les déficits budgétaires des États ont exercé, de manière démultipliée et sans commune mesure avec la réalité économique, un levier sur la dette pour financer la dette. Puis l'effondrement des prix de l'immobilier aux USA, en Espagne, en Irlande, et dans les nouveaux Länder de l'Allemagne a provoqué la crise du crédit. Puis une baisse de la consommation. Puis une récession. Puis une accélération de la crise du crédit (credit crunch). Puis une crise financière mondiale. Puis le Global Meltdown 2009 avec une déflation. Puis une crise sociale géopolitique, puis une hyperinflation... C'est Weimar en plus.

La création de monnaie a été abandonnée aux marchés comme nous l'avons vu plus haut. L'intervention publique ordolibérale a orchestré la déresponsabilisation et le malinvestissement dans des produits financiers dérivés et titrisés à très haut risque. Depuis longtemps le monopole sur la création monétaire n'est plus détenu par les banques centrales. La politique monétaire d'argent facile réclamée par les banques leur a permis d'être terriblement moins précautionneux avec leurs investissements, d'autant plus qu'elles pouvaient anticiper que les banques centrales et les gouvernements viendraient à leur secours en cas de défaillance.

Ces sauvetages, ces bail outs et ces différents plans de Sauvetage et de Restitution de la Confiance des Marchés sont devenus la réponse privilégiée à toutes les crises financières depuis 1929. La dilution de la responsabilité et le système de mutualisation du risque ont permis aux banques de se constituer de larges portefeuilles de créances immobilières sur les ménages insolvables.

Les banques moins irresponsables et cupides qui n'avaient pas compté sur l'intervention monétaire et les recapitalisations dans leur stratégie financière avaient refusé ces produits dérivés toxiques, mais aussi perdu des parts de marchés face à leur concurrents déloyaux. Les politiques monétaires et les Plans Paulson, Gordon Brown, JC Trichet et les Plan-s Européen-s avec leur Boîtes à Outils créent un État Providence pour les systèmes systémiques des banques, détournent le Trésor Public et donnent une prime aux escrocs qui récompense les comportements kamikazes et pénalise les choix prudents.

Sur le tableau ci-dessus publié aujourd'hui, 1er janvier 2009 par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, vous voyez en rouge les pertes du marché des actions en 2008 pour un montant investi de 100.000 euros. Vous voyez que l'Islande a tout perdu et est passée de 100.000 à 3000 euros. L'Islande est en banqueroute d'Etat et a été soutenue par le FMI. Ne poussez pas des "oufs" de soulagement, ce sera la situation du Royaume-Uni en mars 2009 et des USA en juin 2009. En bleu vous avez les "Anleihen", les autres formes de placements comme les Bons du Trésor, l'or... Regardez biens quels sont les pays en bas du tableau. Le Royaume Uni reste le prochain candidat à la Banqueroute d'État en raison de la constitution toxique de tout son PIB. Sur ce tableau vous n'avez pas la chute du cours des actions en Irlande: 91.4% en 2008, contre 56.8% pour le Royaume-Uni, 47.8% pour les USA. Vous voyez que l'Irlande (République), le Tigre Celtique est morte financièrement, suivra les pas de l'Islande et va sans doute demander le soutien du FMI, comme la Grande Bretagne en 1976 et bientôt à nouveau.

Je peux lire aujourd'hui, 14 janvier 2009, dans le Irish Times et dans le Financial Times que le débat est lancé au sujet de l'aide de l'Irlande par le FMI. Voici la teneur d'un avertissement fait par le gouvernement irlandais: "the State's borrowing figures are unsustainable and could possibly lead to the International Monetary Fund ordering mass dismissals of public sector workers in the future"; Et "The Irish government has told trade unions that without agreement on public sector pay cuts, it may have to go to the International Monetary Fund for help" (sans accords dans le secteur public, le gouvernement irlandais sera obligé d'aller demander de l'aide au FMI).

Les profits issus du secteur de la finance représentaient aux USA 14% du total des profits des entreprises américaines en 1960, mais ils se montaient à 39% de ce même total en 2007. C'est sur la base globale des richesses produites que les économistes français avaient comparé pendant des années le productivité horaire ou annuelle par employé dans les économies américaine et française. L'objectif de ces économistes et de ces politiciens était d'exercer une pression sur les revendications salariales en France et d'inculquer une mauvaise conscience et un complexe dans la tête du Travailleur.

La dette des ménages américains passe de 46% du PIB en 1979 à 98% en 2007... ce qui fait que le tiers de ces mêmes ménages supportent une dette continue de 10000 dollars sur leurs cartes de crédits avec des taux allant de 11 à 15% ...et jusqu’à 30% en cas de retard de paiement. Les ménages avaient pris leur maison ou leur appartement pour un distributeur à billets de banques, puisque ce bien immobilier était leur garantie pour les autres crédits de consommation. Tant que l'immobilier augmentait, les "propriétaires" prélevaient l'argent au distribanque ou demandaient un nouveau crédit hypothécaire. Des centaines de milliers de "propriétaires" totalement insolvables n'avaient pas attendu les huissiers et avaient simplement renvoyé sous enveloppe timbrée à la banque la clef de leur maison ou de leur appartement, à charge à elle de se rembourser sur un "actif" devenu fantôme et sans prix sur le marché. Une défaillance sur marché immobilier américain a amplifié la nature holistique du système financier qui fait qu’un dépôt de bilan de la Lehman Brothers du 15 septembre 2008 et de l'assurance AIG qui s'était impliquée par ses filiales dans les crédits adossés (titrisation), peut entrainer une catastrophe planétaire en un délai extrêmement court.

Les politiques monétaires mal avisées d'Alan Greenspan avaient provoqué cette crise avec l'aide de ces deux entreprises parapubliques américaines, ces Instituts de crédit hypothécaire, la Fannie Mae et la Freddie Mac. En se portant garantes d'acquéreurs de logements insolvables, elles ont prôné l'irresponsabilité financière de ménages surendettés. Elles ont étalé, mutualisé, dilué ces crédits dans des systèmes pyramidaux à la Ponzi-Madoff sous forme de titres financiers dérivés complexes revendus à l'ensemble de l'industrie bancaire, qui les a retransformés elle-même en  produits dérivés toxiques et ayant la capacité d'une propagation virale envers l'ensemble des marchés nationaux et internationaux.

Il ne faut donc pas se tromper de diagnostic dans ce désastre financier, et ne pas administrer le remède du déficit budgétaire massif qui ne va que préparer la nouvelle crise après le Global Meldown 2009. Débloquer des liquidités pour secourir les banquiers ne peut qu'encourager ces derniers à continuer leur gestion malsaine, irresponsable et économicide qui va propulser des millions de Travailleurs au chômage, rompre des familles, briser des destins et engendrer des conflits de plus grand envergure. Ces récentes interventions des États et des banques centrales préparent par conséquent les désastres moraux de demain, les détresses personnelles et les misères collectives.

Après le Global Meltdown 2009, il faudra sortir du cycle infernal des éclatements de bulles qui se répètent de manière de plus en plus rapprochée et violente. Il faudra avoir le courage de se demander quel modèle de société nous voulons, quel genre de croissance nous voulons, "une croissance durable ou une décroissance conviviale". Il faudra organiser la réallocation des ressources vers des actifs sains et qui garantissent aussi l'existence des générations futures. La génération qui a fait la Seconde Guerre Mondiale, si elle a libéré le monde du nazisme, elle a aussi volé à ses petits enfants une certaine aisance matérielle et de vie, elle a détruit deux générations à venir et, de par sa faute, le monde et l'économie mettront vingt ans à se remettre du Global Meltdown 2009.

Le graphique ci-dessus montre l'Evolution de la base monétaire des USA et les indications des crises corrélées de 1910 à 2008.


<<< Mode de lecture: 1 trillion = 1000 milliards, 1 billion = 1 milliard
77000 milliards de destructions d'actifs les 11 derniers mois  / 
Mode de lecture >>>
incapacité du gouvernement à inverser la tendance de la destruction d'actifs, malgré le programme de bail out, le TARP = 700 billions de $ (Plan Paulson) + les milliards offerts à Ford, GM, Chrysler.





<<< Incapacité du Gouvernement à contrecarrer la déflation

Les banques séquestrent les aides du Plan Paulson et ont des réserves excessives.
La force déflationniste est 100 fois supérieure à la capacité à avoir une mesure anti-cyclique. C'est pourquoi le gouvernement américain n'a pas été capable d'éviter la déflation des années 30, et le gouvernement japonais la déflation des années 90.







Les deux tableaux suivants
: Le prétendu "Credit Crunch" n'est qu'un refus des banques commerciales ou d'investissement d'octroyer des crédits. Depuis 80 ans, il n'y a eu qu'une augmentation continue des crédits. Mortgage = emprunt immobilier des particuliers, Corporate Bond = obligations des sociétés / emprunt des sociétés.
















A chaque fois que je ferme le fichier de ce site et que je crois que mon article est fini, je clique sur mes sources favorites d'informations que je vous ai citées en début de cet article.

Aujourd'hui, le 1er janvier 2009, la Fed' vient de racheter 500 milliards de créances douteuses. C'est unique dans l'histoire des banques centrales, qu'une banque centrale rachète des papiers commerciaux, et à fortiori des papiers hypothécaires pourris. A ceci se mesure le désarroi de la Fed', de Hank Paulson et de Ben Bernanke. En réalité le Fed' va racheter toutes les créances toxiques de la Fannie Mae et de la Freddie Mac, qui représentent plus de 50% du marché hypothécaires des USA. Comme la Fed' ne peut plus baisser le taux directeur, elle se sent obligée d'utiliser d'autres outils, ou, comme ici, d'en inventer. Les autres Hedge Fonds ont déjà prévenu Bernanke que la Fed' devra acheter ces 6 prochains mois "tout ce qui lui tombera sous les doigts". Les banquiers et les hedgers poursuivent leur chantage auprès du gouvernement américain pour qu'il endosse leur comportement de kamikaze systémique et pour laisser payer le bail out et sans doute plus encore par le Trésor public. Un chantage au chômage et à la crise sociale majeure leur facilitera la tâche. L'État américain ou européen consolide sa nouvelle qualité d'État Providence pour le système systémique bancaire et du financement de la dette par la dette. Ce n'est pas tout, la Fed' va aussi tititriser elle-même ces pourritures virales toxiques qu'elle rachète et va les transformer en Bons du Trésor ou autres produits financiers. Ce tour de magie noire peut encore fonctionner un peu car il y a en ce moment un rush vers la Fed' et les déposants préfèrent payer un intérêt négatif plutôt que de laisser l'argent dans les autres instituts bancaires. Les banques se transforment en feeder funds comme elle l'ont fait elles-mêmes ou auprès d'escrocs systémiques comme Bernie Madoff. Cette fois, la Fed' se conduit officiellement comme un Bernie Madoff. Oui, mais le $ est surévalué de 12 fois, et en été 2009 nous aurons le nouveau dollar. Il n'y a donc plus que les américains eux-mêmes à s'agenouiller devant des Madoff privés et des Madoff d'État. Nous sommes en face d'un lemming run. Ce n'est pas le tsunami qui vient aux lemmings, ce sont les lemmings qui viennent au tsunami. A l'ultime instant de grâce surgira la guerre avant la mise en redressement judiciaire. (Photo: Gaza, 1er janvier 09)

Au sujet de la déresponsabilisation des instituts bancaires garantie par la Fed', nous pouvons lire ceci sur son site: "As previously announced, over the next few quarters the Federal Reserve will purchase large quantities of agency debt and mortgage-backed securities to provide support to the mortgage and housing markets, and it stands ready to expand its purchases of agency debt and mortgage-backed securities as conditions warrant."         "Comme précédemment annoncé, la Réserve fédérale achètera au cours des prochains trimestres de grandes quantités de dettes d'agences et de titres adossés pour soutenir les marchés immobiliers et hypothécaires, et elle est prête à étendre ses achats de dettes d'agences et de titres adossés si les conditions le justifiaient."

Le gouvernement américain d'Alan Greenspan à Bernanke en passant pas Henry Paulson se comporte de plus en plus comme cet État Providence et récompense les instituts bancaires qui ont tous lâché leur cœur de métier pour profiter massivement de spéculation et de la "concurrence libre et non faussée qui permet l'autorégulation du marché et qui apporte le bien-être". Obama ne pourra jamais inverser cette comédie d'escrocs privés et d'État, les sommes mises en jeu sont trop colossales et la spirale tourne depuis 2006.

Selon John Kenneth Galbraith dans son essai "Anatomie d'une catastrophe financière", nous lisons "Euphorie, spéculation, réductions d’impôts, innovations hasardeuses dans la finance d’entreprise sont les causes de la crise économique de 1929".

J'ai trouvé ce commentaire sur le site the Market Oracle: au sujet de l'autonomie de la Fed' et de son action:

"The last 85 years of allowing our currency to be manipulated by a private bank has been a series of crisis, failure, and mismanagement. Ron Paul clearly articulates why the Federal Reserve has helped destroy the American Dream and needs to be abolished:

Abolishing the Federal Reserve will allow Congress to reassert its constitutional authority over monetary policy. Though the Federal Reserve policy harms the average American, it benefits those in a position to take advantage of the cycles in monetary policy. The main beneficiaries are those who receive access to artificially inflated money and/or credit before the inflationary effects of the policy impact the entire economy. Federal Reserve policies also benefit big spending politicians who use the inflated currency created by the Fed to hide the true costs of the welfare-warfare state. It is time for Congress to put the interests of the American people ahead of the special interests and their own appetite for big government." Le tableau à gauche vous montre la dette des USA: elle était de 356,7% du PIB en septembre 2008. Avec le Plan Paulson, le TARP, le Plan GM/Ford/Chrysler et le futur Plan Obama, elle va continuer à monter skywards comme ce homesick angel... Hier, le 1er janvier 2009, l'industrie américaine de l'acier réclame aussi une aide de 1000 milliards de $... Depuis des années nous savons (cherchez dans mon site) que les USA sont économiquement arriérés, que leur productivité horaire et annuelle sont très mauvaises, mais les néolibéraux et les ordolibéraux nous ont pris pour des demeurés quand nous l'expliquions. Le PIB des USA a été calculé sur de la dette et de la production de "richesses" spéculatives, c'est à dire sur du vent et sur des lubies virales. Les USA ne disposent même pas du socle industriel pour organiser leur relance. Pour rappel, le critère de Maastricht impose une dette cumulée de 60% maximum du PIB. Les pays européens étaient de 2 à 3% au-dessus des 60% en septembre 2008.

Sur le graphique ci-dessus à droite vous voyez le déficit budgétaire allemand actuel qui doit de nouveau retomber en dessous de 3% avec les plans de "Sauvetage" et de Relance. Il était à 0% en 2008. Comparez avec le déficit français sur le graphique ci-dessous pour 2009/10... Nous n'avons aucune marge de manœuvre, notre déficit avait déjà dépassé les 3% et depuis le Président Chirac. Même si j'estime que les 4 critères de Maastricht ne sont que des critères ordolibéraux, un déficit qui n'est fait que pour financer des choses comme le "Paquet Fiscal" est une pénalité pour la France et sa population. Le déficit budgétaire du Royaume-Uni est déjà de plus de 8%, en sachant qu'au Plan Brown/Darlington il faudra ajouter plusieurs super-Plans. Le montant des dettes cumulées du Royaume-Uni dépassera les 100% du PIB (Critère de Maastricht = 60%). La dette cumulée des USA était de 356,7% du PIB en septembre 2008.

La Californie sera en Banqueroute d'État vers le 15 février 2009. 44 États fédéraux des USA sont en très grave déficit budgétaire. Le déficit de la balance commerciale US était à la même époque de 700 milliards de $. Les USA sont en faillite et toute mesure de "relance" va encore plus plomber la situation. Nous ne pouvons compter sur les USA que comme une créance toxique. Mais il n'y aura personne pour racheter cette dette, et un pays ne peut pas faire un bail out de lui-même autrement qu'en quittant cette galaxie ou qu'en édulcorant sa propre douleur par une guerre ou une guerre civile. C'est fini. Je l'avais prévu et prédit dès 1990.

Nouriel Roubini, appelé Doctor Doom (Docteur  catastrophe), avait tout décrit dès 2006: "La Fed ne peut venir en aide au « système financier bis ». [..] Les risques sont bien sûr élevés, et la capacité des autorités à y faire face bien moindre que ce que la plupart espèrent. Il ne s’agit pas de dire que n’existe aucun moyen de s’en sortir. Mais malheureusement il s’agit de moyens toxiques. En dernier ressort, les gouvernements résolvent les crises financières. C’est là une loi d’airain. Les sauvetages peuvent exister, lorsque le gouvernement choisit ouvertement d’assumer la dette douteuse ou l’inflation, ou même les deux. Le Japon a choisi la première solution, au grand regret de son ministre des finances. Mais le Japon est un pays créditeur, où les épargnants ont une confiance totale dans la solvabilité de leur gouvernement. Les USA, au contraire, sont un pays débiteur. Il doit garder la confiance de l’étranger. S’il y échoue, la solution inflationniste devient probable. [..] Les États-Unis sortiront certainement de la crise, mais ils dépendront de la gentillesse des étrangers », ce sera le début de la fin de l’empire américain ."

Au même moment Alan Greenspan avait dit: "Je dirais à mes auditoires que nous ne sommes pas face à une bulle mais à une mousse - de nombreuses petites bulles locales qui ne grandissent jamais à un point pouvant menacer la santé de l’économie dans son ensemble".

Conjuguée à la récession des pays industrialisés de "l'Hémisphère Nord" sera la récession de la Chine et de l'Inde où l'exportation a chuté de 12,5%. De juin 2008 à octobre 2008 le coût moyen journalier du fret maritime est passé de 370.000 $ à... 3700 $. La demande intérieure de ces deux pays est quasi inexistante face à la masse de biens produits. Ces pays, principalement fournisseurs des USA, vont imploser. Selon le ADP National Employment Report le site officiel américain des statistiques sur le marché de l'emploi, et selon le site d'analyse économique, Mish's Global Economic Trend Analysis, qui est pris comme référence aux USA pour les investisseurs qui fuient la volatilité, les USA ont déjà perdu 2,8 millions d'emplois en 2008, 1.9 million d'emplois le dernier trimestre de l'année 2008 et 693.000 simplement en décembre 2008. Le rythme s'accélère de mois en mois. Le site Mish's vient d'être classé par le Times comme l'un des 25 blogs mandiaux du monde qui traite des questions de la finance.

Nous avons les Élections Européennes 2009. La politique de Jean Monnet de la "concurrence libre et non faussée du marché qui s'autorégule, qui apporte le plein-emploi et le bien-être" (Traité de Lisbonne) doit être révisée. "L'ordre spontané" de von Hayek doit être combattu, il est pourtant partout dans le Traité de Lisbonne et dans les Directives européennes. Mobilisez-vous, politiquement.



Commentaires

1. Le 2. janvier 2009, par Romain

Salut Thomas,

Commençons par le traditionel et impersonnel bonne année
Merci pour l'article. D'une manière générale, je les trouve plus compréhensibles qu'avant et le fond est toujours là.
La crise actuelle chamboule ma pensée politico économique qui n'est pas encore clairement affirmée (22 ans) et tu apportes de la matière à mon moulin.
Je vois rarement de politiciens de gauche français capable d'EXPLIQUER en détail, SE BASER SUR DES FAITS, DONNER UNE ANALYSE ETOFFEE des problèmes économiques auxquels nous sommes confrontés. On voit souvent des analyses simplistes rabachées à longueur de journée qui nous cassent les oreilles...

2. Le 2. janvier 2009, par Thomas, le Cimbre

Romain, tu as été un de nos plus brillants étudiants, merci d'avoir pris du temps de me lire. Tu te souviens, quand je t'avais comme étudiant, il y a six ans en Master Grande École - parcours Management et Finances Internationales -, je disais à chacun d'entre vous "pense aux petites gens; si tu es si génial, tu donneras du boulot à des milliers de petites gens et tu les paieras normalement".

Heureusement, notre Grande École ouvre la filière Développement Durable, et j'en suis aussi pour quelque chose. Quand je suis entré dans cette Grande École il y a 12 ans, en 1996, mes séminaires semestriels portaient les intitulés comme "Die Tobin Steuer" ou "Die neue Unordnug der Weltwirtschaft" (la taxe Tobin; le nouveau désordre de l'économie mondiale). Oui, on peut être de gauche et enseigner dans une école des "capitaines de l'industrie". Et maintenant que Sarkozy a lui-même dit "qu'il est contre la dictature des marchés", je ne suis plus que quelqu'un de normal, de banal. Mais de moi il n'y aura jamais de duplicité et de langue de bois à espérer.  Je n'ai pas eu à attendre la cataclysme économique, je le savais depuis 1990 et je l'ai assez écrit et dit. Je ne te parle pas des dosettes de mobbing...

On peut déjà compter à présent les faux-FFI de la dernière heure, les faux "Saints des derniers jours", qui vont aller à franches coudées se profiler de l'avant en marchant sur les autres. Aujourd'hui, la lutte ne se fera plus avec une teinture d'idéologie, elle sera faite des allégeances utiles à des forces qui s'imposent, nous redescendons au rapport de simple vassalité. La philosophie, la raison, l'analyse, la pensée, l'explication n'auront toujours pas de place dans le nouveau système international, et encore moins dans le "nouveau capitalisme" de Tony Blair/Nicolas Sarkozy et du prochain G20 de Londres d'avril 2009, le-dit Bretton Woods 2. Pour voir ce dont on ne parlera pas à ce G20 / G-Max, tu peux lire sur mon site tout un fil thématique.

3. Le 5. janvier 2009, par Olivier S.

Bonjour Thomas,

tout d'abord je vous souhaite une bonne année 2009. Cela fait quelques temps que je vous ai plus donné de nouvelles, mais pour ce coup-ci, je vais vous poster le résultat de mes réflexions depuis octobre. Pierre T. m'a parlé de cet article et je viens ici pour amener de l'eau au moulin.

Le problème actuel est tout d'abord dû au manque de bon sens des différentes personnes amenées à prendre des décisions en entreprise et en politique, dû au règne du manageur et non plus de l'entrepreneur (cf. mêmes les meilleurs élèves des grandes écoles d'ingénieur travaillent dans la finance).

Certains vieux principes (on ne vit pas à crédit éternellement...) ont malheureusement été oubliés, car on préférait appliquer je ne sais quelle théorie ou méthode totalement abstraite.

Je vous propose maintenant d'étudier les conséquences de cette crise.

Concernant l'euro, je pense que nous "souffrirons moins" que d'autres. J'essaie peut être d'être optimiste (on voit souvent la paille dans l'oeil du voisin tout en ignorant la poutre dans le sien), voire de me rassurer, mais nous sommes tout de même mieux lotis que d'autres.

Les français avaient beau critiquer il y a quelques années l'euro, je pense néanmoins que nous pouvons être contents de l'Europolitk d'inspiration allemande. Grâce aux critères du pacte de stabilité (certes, moins respectés en ce moment vu la piètre conjoncture), l'euro souffrira beaucoup moins de cette crise. Donc merci la Bundesbank, sans quoi à cette heure-ci le franc français ne vaudrait plus grand chose. Le modèle qu'a essayé de nous imposer l'Allemagne, à savoir une économie créatrice et productrice de biens à valeur ajoutée et à haute technologie, soucieuse de l'écologie et du développement durable, exportatrice et ne vivant pas comme les USA à crédit, est plus que jamais le bon. Repensons encore aux dévaluations du franc, lorsque la France vivait déjà à crédit, et à l'attraction qu'exerçait le D-Mark de la Bundesbank.

Il serait intéressant de se pencher sur nos voisins du luxembourgeois et helvètes (des petites brindilles tout en continuant ma métaphore de la paille).

Concernant le Luxembourg, ce pays est menacé par une traversée du désert, vu le manque de diversification de son économie : peu de tourisme, industrie pas assez puissante. Je pense même que le secret bancaire luxembourgeois sera levé (hypothèse : l'UE exigera cette levée en échange d'un fort soutien économique ?).

La Suisse s'en sortira mieux. Son secteur bancaire sera certes affaibli : il faut savoir que les deux tiers (66%) de la capitalisation bancaire suisse sont détenus par les colosses aux pieds d'argile UBS et Crédit Suisse. Les 20% suivants sont détenus par les banques cantonales et les banques mutualistes (Raiffeisenkassen), plus prudentes, qui pour moi seront moins affectées. Le reste dépend de banquiers privés. Certains s'en sortiront mieux que d'autre (surtout si le secret bancaire luxembourgeois souffre de la crise), d'autres risqueront la faillite. Il n'est pas exclu qu'une nouvelle affaire Madoff survienne chez un banquier privé de Zug ou de Zürich... Néanmoins, le pays pourra s'appuyer sur sa sécurité (aucun risque de guerre ou d'attentat) pour continuer à attirer les touristes riches, les seuls qui pourront encore partir. Qui plus est que le franc suisse perdra aussi de sa valeur... La Suisse pourra encore compter sur son industrie, à l'image de Bâle (NDLR : le PIB par habitant de Bâle est de plus de 50.000 dollars par an par habitant. C'est le second au monde juste après la Norvège, et quand on sait que le PIB norvégien est très lié au cours du pétrole, on en déduit la puissance industrielle de cette ville).

Connaissant moins le reste du monde, je ne peux pour l'instant pas donner d'avis réaliste et réfléchi.

Salutations

4. Le 5. janvier 2009, par Thomas, le Cimbre

Merci Olivier,

je t'avais apprécié comme étudiant en Master Grande École, pour la concentration et la qualité de ton travail, mais surtout parce que tu n'acceptais jamais de penser avec le mainstream. J'ai toujours pensé que tu seras un dirigeant d'entreprise respectueux de ton personnel et des biens qui te seront confiés.

Bonne route.

5. Le 25. janvier 2009, par nemo3637

Votre analyse est remarquable.
Elle ne peut que nous encourager à trouver une nouvelle voie, anticapitaliste, communiste et libertaire, où par la mise en relation directe des producteurs et des consommateurs nous construirons une société centrée sur la satisfaction des besoins et non pas sur le profit.

6. Le 25. janvier 2009, par Thomas, le Cimbre

Mais non! Ni de treizième lune ni de vieilles lunes.
Et surtout pas d'historicités.

La nouvelle voie est devant nous, les deux dictatures et leurs variantes, celles du prolétariat et celle des marchés, ont tout volé.
D'ici quelques mois nous comprendrons ce que veut dire "tout". Attendez encore un peu, chers lecteurs, avant de me traiter de "gauchiste".

Je suis pour un système social, vert, et nordique, mais à gauche.

Pour ceci il faut aller voter le 7 juin aux Elections Européenne 2009

7. Le 2. mars 2009, par jean-thomas giovannoni

voici un petit article que j'ai rédigé il y déjà
quelques mois sur les LBO et la crise financière. Il prédit
comme vous le pire(avant des jours peut-être meilleurs):

J’ai lu récemment un article paru dans le Monde qui s’intitulait Les entreprises endettées en "LBO" entrent dans une zone à risque. Je vous en conseille la lecture et voici d’ailleurs le lien :

http://www.lemonde.fr/la-crise-fina...

A la suite de cet article, j’ai effectué d’autres recherches et ce qu’il en ressort est édifiant. Pour synthétiser, le LBO est un système d’acquisition par emprunt (en anglais leveraged buy-out). Les sociétés qui font l’objet d’un LBO sont généralement des PME dynamiques (on peut cependant trouver de grandes sociétés à l’échelle du CAC 40) qui sont rachetées par des fonds d’investissement. Les acheteurs empruntent l’essentiel du montant nécessaire à l’acquisition de la société cible et apportent très peu de leurs propres capitaux. Ils empruntent environ 70 à 80 % du montant nécessaire à l’acquisition. Mais la particularité de ce type de financement consiste en ce que le remboursement des emprunts est assuré par la société qui paie en quelque sorte son propre rachat ! Les grands fonds d’investissement deviennent ainsi propriétaires de sociétés sans avoir à investir massivement. De plus, les sociétés faisant l’objet d’un LBO sont savamment restructurées pour accroître les dividendes (qui remboursent la dette contractée) et permettre un prix de revente élevé. La rentabilité devient alors exceptionnelle pour ce genre d’opération, de l’ordre de 50 % , et bien évidemment, ce sont les salariés qui paient le prix fort avec compression des salaires et licenciements à la clé.

Le rachat sous LBO est donc exclusivement orienté vers le profit (sauf dans les cas où les salariés rachèteraient leur propre entreprise grâce à ce système) et mène le plus souvent à un nouveau LBO avec une nouvelle restructuration…
Le problème est qu’à l’heure actuelle, avec le ralentissement économique, les revenus des entreprises acquises sous LBO diminuent et la dette devient alors insupportable, menant inexorablement des entreprises à la faillite. En France, on compte aujourd’hui 4000 entreprises acquises de la sorte menacées (elle ne peuvent également plus emprunter pour investir, le robinet du crédit étant actuellement fermé), ce qui représente à peu près 800.000 salariés ! Aux USA, environ 1 salarié sur 4 travaille pour ce type d’entreprise.
Mais tout cela n’est pas le pire ! Pour réduire les risques, les banques qui accordent les prêts représentant 70 % de la valeur de l’entreprise ont titrisé ces actifs (ont transformé la dette en actions), comme pour les subprimes ! Or les sommes engagées semblent bien supérieures dans le cas des LBO. Si les entreprises faisaient faillite, les titres émis se retrouveraient être des actifs pourris, invendables et dans le sillage des entreprises, banques et autres institutions financières feraient également faillite. Et dans ce cas, je ne suis même pas certain que les 3000 milliards de dollar injectés pour sauver le système en octobre 2008 seraient suffisants… Si mon raisonnement est correct, il serait peut-être temps de réagir véritablement !

8. Le 11. mars 2009, par Maka

Bonjour Thomas,

Je suis très impressionné par votre travail clair et pertinent.
Je fignole actuellement une œuvre cinématographique qui met en
exergue pas mal des thèmes que vous abordez sur votre site.

Serait-il possible d'entrer en contact avec vous ?

Je vous invite à découvrir mon travail artistique via ma page My Space dont l'adresse E.U.R.L. est annexée dans l'encart Site web.

Je vous salue bien et vous félicite mille fois pour ce travail stupéfiant.

Maka Sidibé.

N'abandonnez plus notre démocratie, notre État de Droit, notre Code du Travail ! Allez voter ! (pour la VIème République)
Le Parlement Européen de Strasbourg a été abandonné à des médiocres le 7 juin aux Élections Européennes 2009.
Le Parlement Européen de Strasbourg a été abandonné aux médiocres le 26 mai aux Élections Européennes 2019.
Le Parlement Européen de Strasbourg sera abandonné à l'extrême-droite le 9 juin aux Élections Européennes 2024.

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