L'Islande cantonne dans la mer ses actifs pourris - Les islandais se brûlent la face dans leur volcan
Par Thomas, le Cimbre le 13. avril 2010, - Catégorie : Economie de bulles, crises systémiques, subprime - Lien permanent
Après la banqueroute d'État de l'Islande de 2008, le Parlement islandais avait accepté le 31 XII 2009 de rembourser les actifs devenus pourris aux spéculateurs britanniques et hollandais. Suite aux manifestations dans les rues, le 5 janvier 2010 le Président islandais Olafur Ragnar Grimsson n'avait pas ratifié la loi de remboursement et la décision a été soumise au référendum le 7 mars 2010. Par référendum, l'Islande a décidé de ne pas rembourser ses actifs qu'elle a pourris et cantonnés sur son ile, et qui sont le résultat de son activité spéculative internationale de Tigre de l'Atlantique sur le modèle de la pyramide Ponzi-Madoff.
Le Parlement
islandais avait accepté le 31 XII 2009 le remboursement des avoirs
perdus par les déposants britanniques et hollandais dans les banques
d'investissement islandaises. Ces 3,8 milliards d'euros, 3/4 du PIB de
cette île, auraient dû être remboursés entièrement en 2024. Les dettes des banques
privées auraient dû être remboursées par l'État islandais et donc par leurs
contribuables, leurs habitants, leurs électeurs. Pour y parvenir les
salaires islandais ont déjà été diminués de 15 à 20%, l'impôt islandais a déjà été augmenté, les dépenses publiques islandaises sont déjà laminées. Ce
peuple est directement puni d'avoir accepté et cautionné un modèle de
société d'exploitation capitalistique. Il ne dispose pas du luxe américain de faire
diversion par des conflits de guerre pour relancer la machine
industrielle par les commandes des armées, ni de la capacité et de la
crédibilité à émettre des Bons du Trésor comme la Fed'. Les spéculateurs
britanniques et hollandais, alléchés il y a encore deux ans par les
marges à 2 chiffres promises par les banques islandaises, voulaient récupérer
leurs mises qui ont donc été à risque zéro pour eux pendant plus de 10 années. L'Islande n'a pas la force de chantage de la City de
Londres ou des ports hollandais et aurait dû accepter telles quelles les
conditions et les termes du remboursement.
L'Islande
n'est pas une filiale de Paper Mill of the Potomac et n'a pas la
capacité à lancer la planche à billets pour créer de la monnaie de
contrefaçon et rembourser les dettes et les positions toxiques. La
couronne islandaise est effondrée et toutes les importations se payent à
présent à prix d'or. L'Islande n'a pas été
too-big-to-fail et n'attend son secours que du saumon d'élevage aux
hormones de croissance. Ils nous est aisé de comprendre que l'État et le
peuple islandais doivent payer pour avoir accepté et développé un
modèle de société et d'économie du Tigre de l'Atlantique adossées
entièrement sur l'escroquerie internationale par le système de
spéculation compulsive Ponzi-Madoff.
Croyez-vous que la Grande-Bretagne
et les USA disposent encore d'une valeur ajoutée à
proposer?
L'Islande aurait dû rembourser, mais le
5 janvier 2010 le président islandais Olafur Ragnar Grimsson n'avait pas
ratifié la loi en sachant que le remboursement est l'une des conditions à la
candidature de l'Islande à l'adhésion à l'UE qui pourrait être refusée
par... le maître des opting-out, le
Royaume-Uni qui se sert de l'Europe comme de sa boîte à sucettes. Ce
peuple islandais veut-il retourner à l'âge de mer, se vendre aux russes
ou faire du chantage à l'UE pour obtenir des fonds européens avant
l'adhésion? L'UE acceptera ce pre-opting-out islandais avant le holliday
in de l'Islande dans l'Europe. Elle a bien
accepté la Grèce alors que nous savions dès le début qu'elle falsifiait
sa comptabilité nationale pour s'appairer avec les critères d'adhésion à la
zone euro.
L'âme protectionniste de Vauban plane à Bruxelles et dépasse
la raison par la catallaxie mercantile.
Aurait dû rembourser, mais l'Islande a rejeté
le 7 Mars 2010
par référendum le remboursement au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Bernanke, le président de la Fed', la banque centrale américaine, a encore annoncé hier le 14 avril 2010, qu'il va maintenir le taux d% directeur à son niveau le plus bas "for an extended period" qui pourrait aller jusqu'en 2012. Les USA peuvent prétendre avoir l'arrogance de continuer à financer la croissance avec de la dette et de l'argent facile, comme le firent Nixon-Bush / Greenspan pendant 16 ans. La croissance des USA et de l'hémisphère Nord est une Debt Fuelled Economic Growth, croissance nourrie par la dette. L'Islande n'a à offrir comme flux que le flot de ses geysers, et les islandais n'auront d'autre activité que celle de compter les gouttes qui en retombent entre les moutons et les touristes qui passent.
Les démocraties nordiques et principalement la démocratie d'un pays de 350.000 habitant comme l'Islande fonctionnent de manière totalement transparente et... démocratique et collégiale. Ce peuple islandais ne pouvait
ignorer son système Ponzi sur lequel était adossé le PIB du pays. Les
islandais sont de toute façon bilingues, ont profité de l'un des
meilleurs systèmes de sécurité sociale et de retraite du monde grâce à
cet enrichissement subit de ces 15 dernières années. Et tout le monde
est capable de lire en Islande aussi dans les
devantures des banques les publicités vantant 25% de rendement, parfois 50%. Les
devantures de ces banques islandaises étaient visibles dans toute
l'Europe où l'on sait aussi lire les chiffres. Dans un tel pays
islandais où il est difficile de faire du PIB, ce chiffre devait
passer comme la morue aux œufs d'or de ce consensus. La seule ressource naturelle de l'Islande est l'eau chaude des tréfonds, mais l'Islande ne peut l'exporter sous forme lyophilisée pour faire du PIB.
L'Islande aurait dû payer, mais le Parlement islandais publie aujourd'hui son "Livre noir sur le désastre financier" et pose les bonnes questions sur la libre circulation des capitaux et sur ce que les islandais en on fait. Vous connaissez ma position sur la Responsabilité citoyenne face à ce système qui a été accepté par les peuples qui avaient cru pouvoir en tirer profit comme les grands financiers. Il semble que les islandais fassent un outing qui va totalement dans la direction de ce que je comprends au sujet de la Responsabilité ou de la Compromission Universelle.
Avant l'été 2009 il y a eu des wildcat strikes (grèves sauvages non
cautionnées par les syndicats...) et des émeutes en
Irlande et au Royaume-Uni comme à la Sodimatex en France en avril
2010. Émeutes contre qui? Contre soi-même?
L'électeur avait préféré écouter les sirènes, il va maintenant se
frapper lui-même sur la tête par personne interposée? Sur certains
portails agrégateurs de contestations, j'en énerve certains avec ma
confiance en l'information, l'engagement et la responsabilité politique
des citoyens. L'africain est victime des régimes politiques, l'Européen a
choisi son régime politique et son modèle de "concurrence libre et
non faussée". Le TSE ne serait jamais passé en France si les
sénateurs et députés PS n'avaient pas laissé le gouvernement en place
agir au Congrès de Versailles du 4 février 2008. L'Europe
est même plus active que les USA dans le domaine de la
globalisation appauvrissante.
L’Islande vient de commencer un travail de mémoire sur la crise bancaire qui lui a couté des milliards. Ce travail se fait sans épargner qui que ce soit. La privatisation des instituts et la dérégulation passent pour en être la cause. Le travail de mémoire précède le travail sur les responsabilités politiques et juridiques. La Commission d’enquête du Parlement de Reykjavik vient de présenter le 12 avril 2010 ses conclusions sur les raisons qui ont mené au collapse du système des bulles bancaires en Islande qui ont plongé le pays dans une grave crise économique.
Sept des neuf tomes du Livre noir traitent des évènements qui ont précédé l’effondrement: la privatisation du système bancaire nationalisé, le dérèglement des flux des capitaux, le contrôle défaillant du secteur financier. L'autorité de surveillance, la Fjármálaeftirlitis, et la Banque Centrale sont sévèrement critiquées parce qu’elles n’ont jamais été à la hauteur de leurs obligations de contrôle. De 2004 à 2007 les trois banques privées ont fait exploser leurs activités et leurs actifs sont passés de 100 à 923% du PIB islandais. On dit toujours depuis 2008 que l’Islande s’était prise pour l’Irlande, que l’Irlande s’était prise pour le Royaume-Uni, que le Royaume-Uni s’était pris pour les USA et que les USA s’étaient pris pour le tour-opérateur de la planète.
Selon le Livre Noir, le frein aurait dû avoir été mis au plus tard en 2006. Dès 2006 il y avait des signes évidents que la part des crédits pourris était démesurément élevée. Au lieu de ceci, des crédits avaient toujours été octroyés à grande échelle. De 2007 à 2008 un 1/3 des crédits avait été donné à des emprunteurs qui n’étaient plus capables de rembourser leurs emprunts et leurs dettes précédentes. Ces emprunteurs sont aux USA connus sous le nom d’emprunteurs NINJA (no income, no job no assets – sans revenu, sans emploi et sans bonités bancaires) et étaient détenteurs des crédits "subprimes".
Il est reproché personnellement au 1er Ministre Geir H. Haarde, au ministre des finances Árni M. Mathiesen, au ministre de l’économie Björgvin G. Sigurdsson, au Gouverneur de la Banque Centrale Davís Oddsson et à trois régulateurs du secteur financier d’avoir failli à leur tâche. Au lieu de freiner les banques, ils avaient tous soutenu leur expansion. Quand la crise était devenue un fait concret du quotidien, ces hauts responsables avaient réagi avec retard et sans coordination et avaient surtout essayé de sauver l’image des banques islandaises à l’étranger. Avec une telle exposition publique des griefs en Islande adressés aux responsables actifs de la crise et de la banqueroute d’Etat, nous sommes loin du Tribunal des Banques organisé par Attac dans un théâtre à Berlin, et nous sommes dans un monde parallèle impénétrable quand on regarde la guignol-fashion de la France, le chairman-prince président et la ministre des finances, Mme Lagarde.
Pour tirer une conclusion plus globale, il faut exposer tous les
facteurs qui ont conduit à la crise. Dans ma réflexion que je mène sur
les trois fronts des solidarités locales, régionales et globales nous ne
pouvons plus seulement dire qu'il faut rendre aux salariés le fruit de
leur travail, que la part juste de l'augmentation du PIB revient aux
salariés. Depuis les années 1960, le PIB a tellement augmenté grâce à
l'économie réelle et sans compter l'augmentation artificielle par
l'hyper spéculation qui explose toujours et qui retombe et qui fait
perdre
encore plus que ce qui n'a été acquis, mais qui fait perdre à la
communauté des peuples qui paye pour elle avec tous ces plans idiots de
"Sauvetage / Bail out"
de l'État Providence Bancaire. Si les salariés ont le salaire qui leur
revient, il n'y aura pas de création d'une hyper-bulle de la dette.
Bien sûr, il faudra réorganiser l'Organisation Mondiale de la
Commercialisation et de la Production. On ne pourra plus se permettre ce
ying-yang du Pacifique où les capitaux vont
vers la Chine et où les biens de consommation vont vers les USA. Il
faudra surveiller très étroitement le système
de réserves fractionnaires des banques, ce droit qu'elles
ont de prêter de l'argent qu'elles n'ont pas, et sur lequel, outre le
remboursement par le débiteur, elles touchent des intérêts. Il faudra
faire de
Bâle 2, de IFRS et des Directives européennes CRD de
véritables normes prudentielles comptables. Il ne faudra plus tolérer
que grâce à la prédominance et la prédation du $ comme seule monnaie de
référence, les pays de la planète soient obligés de se soumettre à la
folie dépensière des USA, comme État avec sa dette publique
hypertrophiée et supportée par les créanciers du reste de la planète, et
la dette hypertrophiée des ménages américains. Il faudra aussi éliminer
les Accords
bilatéraux de Partenariat Économique qui sont plus
éliminatoires pour les Pays en Développement et les Pays ACP que ne l'a
été l'OMC qui est morte à Doha en 2001. Il faudra éliminer les AGCS qui
font du monde une marchandise et les Accords
sur les ADPIC qui font du monde et du vivant une propriété
industrielle couverte par les Droits de Brevet. Et pour le Développement
durable, le vrai, et social vous avez aussi de nombreux
articles sur mon site.
On ne peut punir les électeurs d'être aphasiques et abstentionnistes. On ne peut que les blâmer comme il faut blâmer les intellectuels influenceurs, les politiciens de gauche, les syndicats d'avoir failli devant leurs obligations d'information, d'éveil et de mise en garde et de dénonciation. On ne peut punir ce monde de personnes fluidifiées de s'être pris comme un détenteur des codes et le grand éducateur des populations. On ne peut que le blâmer et ne plus lui donner de mandat ni d'audience. Par contre actionnaires et conseils d'administration des entreprises, les auteurs de la criminalité financières, des maquillages de bilans, des falsifications de la comptabilité nationale doivent répondre de leurs actes. En Islande, la démocratie est à ce point moderne et élaborée qu'elle l'a prévu dans la Constitution.
Le Livre Noir de l'Islande évoque sans ambages des actions en justice à l’encontre de l’exécutif politique et des chefs des autorités de surveillance et de contrôle: il existe en Islande une loi sur la responsabilité des ministres qui prévoie un emprisonnement de 2 ans au maximum en cas de violation de leurs obligations administratives conférées par leur mandat. Le Livre Noir ne dénonce pour l’instant que les responsabilités politiques. Une team adhoc de procureurs s’intéresse aux actes des banquiers et à leurs fautes et délits. Une première action en dommage et intérêt à été ouverte lundi contre les anciens propriétaires et managers de ces banques.
En attendant d'être... un membre de l'Euro-Zone, l'Islande vient de signer le 9 juin 2010 un accord swap de devises avec la Chine d'un montant de 3,5 Milliards de Yuan, 428 Millions d'Euros, 66 Milliards de Couronne Islandaise.