G20 de Londres - Exclusion du rêve de l'Afrique, pillée mais ignorée de la holding du bail out
Par Thomas, le Cimbre le 26. mars 2009, - Catégorie : Economie de bulles, crises systémiques, subprime - Lien permanent
<<< Croissance, PIB, taux d'inflation de 1980 à 2008.
Les Chefs d'État africains demandent à Gordon Brown
de s'engager au G20 pour les peuples.
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Oxfam - London Summit: Put People First
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Le continent africain n'est pas invité au G20.
Seule sa filiale de l'Afrique du Sud y sera présente pour agiter les drapeaux.
Le boom des matières premières avait apporté dans presque tout le continent africain des effets positifs d'activité économique. Presque tous les grands groupes mondiaux d'exploitation minière se sont bousculés en Afrique, principalement au Congo, pour extraire du zinc, du cuivre, du cobalt, de l'uranium. Le chômage règne de nouveau aujourd'hui dans les pôles d'activité minière et de transformation du minerai. A Lubumbashi, au Congo, 40 fonderies de cuivre qui étaient dirigées par des commerçants intermédiaires chinois, ont été abandonnées et leurs propriétaires ont disparu du jour au lendemain. 10000 travailleur ont de nouveau perdu leur emploi dans cette région qui a de toute façon connu la guerre et le chaos économique pendant des décennies. Des grands grands groupes comme Katanga Mining Limited, qui avaient démarré en 2007 la production du cobalt, démontent ou abandonnent en l'état leurs installations. Il en est de même pour Camec qui a stoppé l'extraction du cobalt et du cuivre dans sa concession de Mukando. L'entreprise a recentré ses activités sur sa flotte automobile qui organise des livraisons d'aide alimentaire pour le programme de l'ONU.
Il en va de même pour tous les autres pays africains. Suite à la récession mondiale de l'économie, la crise va affecter les pauvres du continent africain avec des conséquences que personne n'est en mesure de prévoir en ce moment. Selon le FMI, la croissance du PIB en Afrique va retomber à 3% PIB. Plus de 50 millions de personnes vont tomber en dessous du seuil absolu de pauvreté. La plus grande partie des efforts pour le développement va être anéantie en Afrique. La chute accélérée des cours des matières premières se poursuit encore plus sur le continent africain où les pays sont dépendants des ressources minières.
Jusqu'à il y a peu de temps, les africains avaient cru au "découplage" entre pays industrialisés et pays en développement, parce qu'ils ne jouent même pas un rôle marginal sur les marchés financiers internationaux. Il n'y a pas eu des paquets de sauvetage pour les banques africaines, comme en Asie et les 4 plus grandes banques sud-africaines ont même enregistré des bénéfices, la Absa-Bank a même eu une augmentation des bénéfices.
Le directeur de la banque First-Rand, Paul Harris, a dit: "nous nous trouvons aujourd'hui dans le pire des environnements macro-économiques que nous n'ayons jamais connu depuis des temps immémoriaux. Le cours des minerais, pour lesquels il y avait une forte demande comme le cuivre, le fer, le platine, le nickel, ont chuté de 70%. A ce tarif l'extraction n'est plus rentable, les mines vont fermer, les programmes d'investissement vont être gelés, des populations entières vont souffrir du chômage. La destruction des emplois est particulièrement grave en Afrique parce que 10 personnes en moyenne vivent d'un salaire".
L'Afrique a été touchée encore plus soudainement de la crise que le reste du monde. Le continent avait profité pendant 5 années d'un boom sur les matière première qui n'avait jamais eu lieu auparavant avec cette ampleur. Dans cette période des cours de cerrtains minerai avaient augmenté de 300%, le rhodium de 3000%. La demande chinoise et indienne semblaient intarissables. Cette manne avait permis une croissance de 6% en Afrique ces 3 dernières années. Beaucoup de gouvernement ont négligé ou n'ont pas eu le temps de diversifier leur économie pour préparer l'avenir.
Le Botswana, qui passait pour être la "Suisse africaine" avait réalisé 75% de son PIB avec l'exportation de diamants. Le reste était réalisé avec la viande bovine et le verre. En quarante année, le Botswana était passé de l'un des pays les plus pauvres de l'Afrique à l'un des plus riches. Le diamantaire De Beers a annoncé en février 2009 la suspension des activités de sa filiale Diamond
Trading Company Botswana au moins jusqu'en avril et la fermeture d'une mine. L'année dernière, De Beers avait investi 60 millions d'euros au Botswana pour monter la plus grande usine du monde pour le tri et le façonnage du diamant. Le Botswana devait créer de la valeur ajoutée sur son propre territoire au lieu d'exporter à Anvers ou en Inde le diamant brut. De Beers avait annoncé la création de 3000 emplois. Le projet est abandonné et l'usine est vide. Il en est de même pour la Namibie qui vit aussi de ses exportations de diamants. Les gisements de bauxite de Mozambique sont abandonnés.
L'Angola était ces dernières années l'un des pays du monde qui avait connu la croissance économique la plus rapide avec le diamant et le pétrole. Suite à l'effondrement des cours du pétrole, le gouvernement angolais a dû annuler tous les programmes de reconstruction des infrastructures qui avaient été détruites pendant des décennies de guerre civile. L'Angola reste le plus grand producteur pétrolier africain mais a dû repousser l'entrée à la bourse de New York et de Johannesbourg de son groupe Sonangol. Le projet de construire une nouvelle raffinerie a été abandonné. La seconde source de devises du pays, le diamant, n'apporte plus rien non plus à l'Angola qui était le 5ème producteur mondial. Le groupe russe, Alrosa, a annoncé la fermeture de sa mine parce que les coût d'exploitations ne sont plus couverts par les bénéfices. Le gouvernement angolais essaye d'apporter aux exploitants miniers ses garanties pour des crédits à court terme.
La Zambie a abandonné toutes ses exploitations minières alors que 85% de ses exportations reposaient sur le cuivre et le cobalt et qu'un 10ème des emplois en dépendait. La plus grande économie du continent, l'Afrique du Sud, a encore une croissance d'1%, mais c'est dû aux projets de construction pour le Mondial du foot de 2010. Les plus touchés sont les producteurs de platine qui entre dans la composition des pots catalytique des automobiles.Le leader Anglo Platinum va licencier 10000 personnes, le troisième producteur, Lonmin, a licencié 5500 travailleurs. Il faut s'attendre à 50000 licenciements supplémentaires. Le chômage est officiellement de 23% en Afrique du Sud qui est le seul pays du continent qui a une industrie de transformation
Les gouvernements des pays africains lancent comme en Europe ou aux USA des programmes de stimulation de l'économie et creusent leur déficits budgétaires. Pour beaucoup de ces pays la dernière ressource qui leur reste à vendre est le sol. Les grands fonds spéculatifs mondiaux rachètent à vil prix des millions d'hectares des meilleures terres cultivables et se garantissent des emphytéoses de 99 ans pour produire et exporter des denrées agricoles de manière intensive pour nourrir les populations des pays industrialisés ou du Golfe. La diversité biologique est remplacée par la culture intensive des OGM, et une fois de plus l'intégration économique régionale de ces régions n'est pas au rendez-vous. Nécrotechnologies, OGM, Transgène, Mutagène, Terminator, Traitor, Superweed, stérilité contractuelle, brevet sur le vivant continuent à détruire le savoir faire ancestral des agriculteurs indigènes. La biodiversité et la sécurité alimentaire ne sont plus assurés sur le continent africain qui connaît dans cette crise mondiale une nouvelle vague spéculative déprédatrice. Les fonds vautaurs, vulture funds, continuent de plus belle leurs activités de pillage adossées sur les dettes impayées des pays africains. Pour signer la pétition lancée par Oxfam contre les vulture funds et Stop the debts vulture de Jubilee Debt Campaign.
Des centaines de millions de personnes vont tomber dans l'extrême pauvreté en Afrique. Les 8 Objectifs du Millénium d'éliminer la pauvreté avant 2015 sont totalement oubliés, à moins que les nations développées ne dégagent plus de moyens pour aider les nations pauvres pour faire face à la récession. L'heure est venue à présent de changer d'orientation de manière résolue pour s'engager dans le futur.Bien que l'Afrique ne soit pas responsable d'avoir provoqué la crise, elle risque fort d'être broyée par elle. Selon le Président de Tanzanie, Jakaya Kikwete, "L'Afrique est victime. Nous ne sommes pas responsables des causes qui ont provoqué la crise mais nous tous allons en souffrir".
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Voir aussi en ligne ma série d'articles: Bretton Woods 2, Green New Deal