La France, arriérée sociale, le paradigme chinois, la relocalisation - II



Faut-il imposer les 35 heures dans tous les secteurs?

Une loi est-elle nécessaire en France ou un accord par branche, par entreprise?

Une disposition sociale franco-française dans les entreprises ne va-t-elle pas pousser à la délocalisation vers la Chine?

Il n'y a pas de crainte à avoir.

De l'éditorialiste jusqu'au patron d'entreprise, de votre magazine préféré jusqu'à votre voisin de palier, tout le monde vous fait le chantage avec la Chine. On fait tout dire à la mondialisation et on se permet alors les pires crasses de la précarisation dans les contrats de travail. On se soumet à cette précarisation et on opère sur soi-même par anticipation un acte castrateur de toute velléité de revendication.

De toute manière la France est très attractive pour les investisseurs étrangers.

Pour la marge opérationnelle obtenue des activités en Chine des entreprises françaises, je ne connais pas les chiffres français, mais les chiffres allemands. Pour la réalité que je vous expose ici, ils devraient être assez évidents pour établir le lien. Je sais que les investissements allemands en Chine ne font que 1,8% des investissements à l'étranger. Maintenant déjà plus de 50% des investissements allemands en Chine sont gagnés sur place. 8 entreprises du DAX30 (les 30 les + cotées en Allemagne) gagnent de l'argent en Chine. Il faut attendre de 7 à 10 ans pour y gagner de l'argent. Il faut y implanter un manager sûr, les coûts logistiques restent énormes, et les "contrats" commerciaux, de partenariat ou technologiques sont des plus aléatoires. Tout le monde qui pratique la Chine vous dira que la parole n'est jamais tenue. Le piratage et la contrefaçon sont inscrits dans les mentalité et la culture chinoise par Confuscius, car "il faut travailler à s'élever au niveau du maître, jusqu'à être capable de le copier et de le dépasser". Et là je n'expose pas les relations privilégiées qui doivent obligatoirement être entretenues avec les potentats locaux qui sont les cadres politiques du parti totalitaire chinois.

Je connais plein d'entreprises allemandes comme Weinig AG dont la démarche est le courage entrepreneurial de rester en Allemagne et de travailler à un management de rentabilité et de développement durable. Mais c'est sûr, c'est beaucoup plus difficile que de délocaliser, qui n'est qu'une solution transitoire. Il est sûr, une avancée sur la Chine fait augmenter la valeur d'une entreprise aux yeux de la Bourse ou en cas de fusion, de cession, d'acquisition. Une entreprise n'est plus qu'une friandise comme une autre, sa valeur enchinoisée semble prometteuse, car moderne. Et la valeur d'une entreprise sera réalisée pour financer des retraites d'actionnaires. (L'aspect déprédateur sur l'environnement, la planète et l'humanité au mépris des accords de Kyoto sera traité ailleurs sur ce site).

La mondialisation, est là, mais elle rapporte au moins tout autant aux nations. Elle est un défi car notre seule issue est l'avance technologique. Le problème est que ce qui est bon en économie nationale se traduit en destins privés cassés quand l'ouvrier trinque et perd son emploi.

L'équation "délocalisation = bénéfices" n'est tout simplement pas une donnée mathématique: visitez L'observatoire des relations industrielles européennes. La relocalisation dans les pays d'origine est un mouvement qui prend de l'amplitude, même pour l'affacturage ou les services on-line.

Il existe aussi déjà des mouvements de réflexion sur la fin de la globalisation et la relocalisation du monde.

Ce qui me fascine c'est la soumission de tous les partis à ce nouveau paradigme de la "mondialisation" qui en 89 s'était appelé "les dividendes de la paix". Lisez mes réflexions personnelles à ce sujet.

Le parangon de ce paradigme est bien l'Europe qui n'est qu'un marché commun et qui exerce une pression énorme sur l'Allemagne par exemple pour qu'elle abandonne son système paritaire rhénan, un "frein à la libre circulation".

En Allemagne la lutte des classes est toujours d'actualité. Ceci vous étonne? Alors lisez par ici.

J'ai plus une vision fédérale de l'Etat, certes, mais que l'Etat reprenne sa place dans l'économie.

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Lire aussi "Paresse managériale, Papy-boom, Chine" sur mon site.

(Je continue ici une série d'articles qui démontre que la France est une arriérée sociale et qu'une refonte totale de la "discussion démocratique d'entreprise" est moderne. Partie n°2)

Commentaires

1. Le 22. octobre 2006, par brigetoun

alors là, d'accord au moins sur les principes. Mais toi qui est notre expert "allemagne" qu'en est-il de la nature de l'actionnariat de ses entreprises ? est-ce que ça ne joue pas un rôle sur les risques de délocalisation ?

2. Le 22. octobre 2006, par Thomas Rudolf

L'actionnariat allemand n'est pas comme le système français un système de gestion de baillis qui se représentent dans les CA un peu partout et toujours avec plusieurs casquettes sur les mêmes têtes. D'autre part à la différence de la France, 70% du patronat est issu de l'apprentissage, en France 70% est issu des Ecoles, si bien qu'il est plus inscrit dans les gènes allemands d'être avant tout un stake-holder (détenteur de tâches) et non pas un share-holder. Les produits financiers volatiles et les fonds déprédateurs (de pension) ont beaucoup moins de succès en Allemagne qu'en France. L'Allemagne n'en est pas moins une terre d'activité attractive pour le marché international d'investissement. Excuses-moi d'être aussi cru, mais le système paritaire rhénan et de la co-gestion ont été un frein à cet ultra-libéralisme sauvage; une conscience d'entreprise, le bien commun, existe chez les syndicats puissants comme chez les patrons. Et je rappelle que la sémantique allemande nous aide ici aussi: un créateur d'entreprise est un Existenzgründer, un fondateur d'existence.

A vrai dire, brigetoun, je ne comprends pas ta question.
3. Le 22. octobre 2006, par brigetoun

je me demandais si la nature de cet actionnariat n'impliquait pas d'avantage les actionnaires et le management dans le sort de l'entreprise

4. Le 22. octobre 2006, par Thomas Rudolf

Non.

Les rôles sont nettement séparés dans la co-gestion. La maturité du salariat allemand remonte à la période de... Rosa Luxembourg et des Sovjets d'ouvriers et de soldats (Arbeiter u. Soldatenräte). Nous en avions aussi à Strasbourg, puisque l'Alsace annexées était un Land allemand "comme" un autre. Maintenant cette lutte des classes reste toujours vive et se nourrit d'elle-même dans le système paritaire rhénan et la Mitbestimmung (co-gestion) est juste devenue responsable. D'ailleurs "Bestimmung" veut dire "décision" en vue d'organiser, de régler, de faire évoluer. La traduction française officielle est mauvaise, c'est une "co-décision".

5. Le 23. octobre 2006, par fmds21

Thomas entièrement de ton avis, les relocalisations sont inéluctables ne serait ce que par le coût du transport. Sur les 35 h la France étant un état centralisateur il nous faut une loi bien faite et bien appliquée pour que tous les salariés en bénéficient. Le politique, l'Etat doit reprendre en main l'économie pour qu'elle soit au service de tous sinon nous allons vers la barbarie. A quoi bon élire des députés si tout est concentré dans les mains des dirgeants d'entreprises ? Sur les 35 h voir mon site democratiemilitantesocial... . Alain Piegay

6. Le 23. octobre 2006, par thomas rudolf

Alain,

te rends tu compte, notre tricolore est encadrée des mot "Liberté + E + F", mais contrairement à l'Allemagne, nous avons besoin de l'encadrement quasi coercitif d'une loi! En Allemagne n'existe pas le Smic et toutes les Conventions Collectives (salaires + 35h, etc) sont issues de la seule négociation qui fait loi de branche. Tu te rends compte, la Démocratie participative, ça marche, je la vois depuis 53 ans sur l'autre rive. Oui, la France des droits de tout et de plus si affinité, donneuse de leçons universelles, est une arriérée.

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