Financer les retraites autrement est possible sauf pour les libéraux déprédateurs



Contrairement à ce que l'on entend dire dans les cercles très sérieux des réformateurs ultralibéraux, la France n'est pas prise à la gorge pour le financement des retraites.

Les sacrifices que l'on impose à une génération entière de travailleurs ne sont pas une obligation pleine de bon sens mais plutôt une obéissance aveugle à un dogme.

Les arguments des réformateurs ultralibéraux semblent pourtant sans appel. En 1960 il y avait 4 actifs pour 1 retraité; en 2000 2 actifs pour 1 retraité.
C'est en tout point exact. Mais déjà un petit détail est passé sous silence.

A eux seuls les 2 actifs de 2000 produisent 1,5 fois plus que les 4 d'hier !

Cette proportion devrait être conservée d'ici 2020 c'est-à-dire qu'un actif de 2020 produira plus que 2 actifs d'aujourd'hui.

En France les travailleurs, contrairement aux idées reçues, restent (chiffres encore confirmés en 2005) parmi les plus productifs du monde, si on en croit les chiffres du Bureau of Labor Statistics (BLS) américain peu enclin à gonfler nos performances hexagonales. Un employé français produit en moyenne 72000 $ de valeur ajoutée par an contre, par exemple, 56000 $ pour un Japonais considéré pourtant comme une véritable fourmi.

Pour sauver notre système de retraite à la Française il faut réduire les déficits et/ou augmenter les ressources. Cette trouvaille est le fruit de l'intense réflexion de nos gouvernants-penseurs. Personne ne conteste cela. Les différences d'analyses se situent évidemment dans le choix des méthodes à employer.

Quels sont les choix que nos politiques ne font pas ?

Arrêter le programme de réduction des impôts sur le revenu.

L'incontestable déficit budgétaire de l'Etat nul ne peut l'ignorer. Mais à elles seules les réductions d'impôts sur le revenu vont atteindre 30 milliards d'€ soit 1 milliard de plus que les besoins en financement des retraites de la fonction publique d'Etat ainsi que la fonction publique territoriale et hospitalière en 2020 selon le conseil d'orientation des retraites (COR).
Si l'on pousse le raisonnement à son paroxisme cela signifie qu'en allongeant la durée de cotisation et en baissant le niveau des retraites des fonctionnaires, on finance une baisse d'impôts profitant évidemment aux plus aisés.

La raison principale pour laquelle les décideurs refusent ce scénario est leur peur de la fuite des capitaux à l'étranger. Il est vrai que nous avons perdu le contribuable Johnny et d'après Olivier Dassault (rapport n°3246 de la commission des finances) 360 à 370 fortunes par an depuis 10 ans ce qui représente un manque à gagner d'environ 15 milliards d'€. Mais soyons sérieux, la France est très attractive pour les investissements étrangers avec plus de 80 milliards d'€ par an.

Revenir au niveau de cotisations patronales de 1985 en modulant pour les PME

Les cotisations vieillesse payées par le patronat sont restées bloquées à 8,5% depuis 15 ans alors que celles payées par les salariés ont augmenté. La part acquitée par les entreprises est passée de 65% à 54%. Rappelons ici que la baisse des charges n'a pas produit efficacement ses effets attendus à savoir la baisse du chômage.
Les cotisations sont calculées sur les seuls revenus du travail. Il est tout à fait pertinent d'élargir l'assiette des contributions patronales à l'ensemble des richesses créées (la valeur ajoutée).
Que dit le gouvernement ? Trop compliqué. Avouons que l'argument manque de profondeur surtout que la référence à la valeur ajoutée existe avec le calcul du plafonnement de la taxe professionnelle des entreprises.

La prise en compte de tous les revenus perçus par les salariés.

Il est facile de générer des ressources supplémentaires pour les caisses de retraites en arrêtant d'exonérer les primes, l'intéressement, la participation. Ces revenus nouveaux qui remplacent les augmentations de salaires n'ont aucune raison valable d'échapper aux cotisations.
C'est particulièrement vrai pour le système des stock-options qui fait mourir de honte même les gens du MEDEF.

Taxer les revenus financiers des entreprises.

A l'image de la CSG payées par les individus, il faut taxer les revenus tirés des placements en tout genre. Des économistes spécialisés dans ces questions proposent un taux voisin des 10%.

La solution la plus simple, pour finir ce tour d'horizon, reste la baisse du chômage par la création de vrais emplois.

Pour cela il faut un changement radical de vision et une désobéissance aux dogmes qu'imposent les ultralibéraux. Vaste programme.

Sébastien _________________________________________

Lire aussi: Financer les retraites autrement est possible sauf pour les libéraux déprédateurs
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Note de l'auteur du site: "La France est devenue un pays de bas salaires. Quand on sait que la part des salaires dans le revenu national a baissé de 10 points en dix ans (celle revenant à la rétribution du capital a augmenté d’autant), on comprend le « trou » que cela entraîne dans les comptes de la caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV)." C'est de nouveau une parole de gauchiste? Alors cliquez ici.

Commentaires

1. Le 15. janvier 2007, par Sebdebieve

Bonjour @ vous !

Enfin je trouve un site où des chiffres sans ambiguïtés apparaissent !

Comment ne pas être révolté par toute cette démagogie... "tenez voici les chiffres, ils sont clairs non!".
Bien non, on nous cache soigneusement d'autres données qui feraient du tort à une certaine politique économique libéraliste (qu'a-t-elle de libérale!! de quoi nous libère-t-elle??).

Malheureusement trop peu de gens savent cela... et c'est pour cela que ce site est important et ce sera un plaisir de me faire le relais de ces chiffres (car je savais déjà qu'on nous prenait pour des buses depuis longtemps!)

2. Le 9. février 2010, par Thomas, le Cimbre,
Les fonds de pension américains ont perdu en 10 ans 60,7% de leur valeur, la retraite perçue par un américain de 65 ans a baissé de 71,7% (Source Lipper). Vous êtes en face du raté de la nouvelle politique économique promue idéologiquement par l'OMC, le commerce libre et de la privatisation globalisée. Avec la "crise" de 2009-2010, les chiffres commencent à sortir.

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