"Dialogue social", "Bad Godesberg", palpations libérales socialistes du PS socio-libéral
Par Thomas, le Cimbre le 10. mai 2007, - Catégorie : France, arriérée sociale - Lien permanent
Que voulez-vous pour les rapports sociaux en France?
1] L'omnipotence du politique sur les travailleurs avec un Smic étatisé généralisé?
2] L'Autonomie des travailleurs dans un système élaboré en commun entre les partenaires sociaux pui légalement imposé de négociations annuelles avec des syndicats forts et un système crédible et incontournable de représentation, de négociation et de contrat collectif qui fait force de loi sur l'étendue d'une branche, d'un secteur, d'une région?
Attention, je vous vois venir, vous allez me dire qu'il ne faut pas tomber dans le paroxysme américain de la convention collective définie pour un seul service, pour un département à l'intérieur même d'une entreprise. En Allemagne on a le Flächentarif, la convention collective applicable sur toute une zone régionale, voire nationale. On ne peut tout de même pas méconnaître le fait que certaines régions tirent plus l'économie et la création de BIP que d'autres vers le haut. Le rôle de l'Etat est alors de d'acquérir et de développer la vision macro-économique pour créer la dynamisation infrastructurelle interrégionale. Ceci est une tâche qui incombe au décideur politique qui dispose simplement de cette hyper-vision.
Ce qui m'énerve face aux protagonistes rigides du Smic, est le fait que l'on ne veuille pas voir en le citoyen un "Mündiger Bürger", littéralement un citoyen avec une bouche, c'est à dire un citoyen qui sait gérer (cogérer versus mitbestimmen > Mitbestimmung = Cogestion) sa situation économique dans le cadre du contrat de travail. En France le travailleur n'est que objet de son contrat de travail. En Allemagne le travailleur est de loin sujet de son contrat de travail par l'intermédiaire de la coalition syndicale à laquelle il est adhérent. Et si vous voulez connaître le niveau des salaires en Allemagne cliquez ici!
Il est temps de passer à la démocratie directe, il existe dans ce domaine du SOCIAL une très grosse marge de manoeuvre. Il faut arrêter d'infantiliser les travailleurs français face aux employeurs/actionnaires. Une rénovation socialiste se doit de voir en le citoyen cet acteur de la démocratie directe sociale qui dispose des instances idoines pour la faire connaître, l'expliquer, la faire valider, l'imposer dans une négociation noble, dure, joyeuse, moderne, à gauche et en fidélité à la Lutte des classes. La Lutte des classes est belle. Je l'aime. Ich liebe sie. I love her. Car plusieurs grands intellectuels politiques de gôche (payés par la droite ou la palpation libérale socialiste), en parlant du SPD allemand, demandent au PS de "faire comme au SPD son Bad Godesberg", soit sa sociale-démocratie reconnaissante de l'économie de marché.
Ceux qui prennent l'exemple allemand sans rappeler avec force, clairvoyance et lucidité l'exceptionnelle capacité du peuple allemand à organiser, chercher, conduire et faire fructifier la négociation dans le cadre du système paritaire rhénan et de l'autonomie tarifaire ne sont que des tricheurs qui veulent tirer le peuple dans l'impuissance d'agir directement pour son intérêt et ne sont que des tricheurs infatués d'eux-mêmes, c'est à dire de leur rôle de décideur politique, de monarque concaténé à un autre monarque concaténé dans une monarchie politique, rôle qu'ils croient immanent, omnipotent. Il me semble être l'image d'une terrible outrecuidance et d'une exécrable effronterie de penser que le rôle du décideur politique est autre chose que d'être un facilitateur de la mise en commun des existences entre les gens.
Voilà que à côté du dernier Smic étatisé il faudra lui donner le caractère transitoire dans la phase de l'apprentissage du Dialogue Social, qui pour Marie Ségolène Royale, "la femme fatale", n'était qu'un éternisant dialogue participipif, et pour le faucon maltais la conclusion du service minimum en cas de grève.
Partout, partout se développe des zones de démocratie directe, dans laquelle la société se parle, se rencontre dans des instances de proximité et de subsidiarité.
Ce n'est pas dans une rénovation socialiste que l'on ne va pas pas intégrer cette dimension de la restitution du pouvoir, ici, aux travailleurs. Ma demande de passerelles que j'ai clairement exprimée dans le Groupe de Dijon concerne bien évidemment cette question. J'ai toujours mon espiègle plaisir de dire, qu'en Allemagne on n'a pas besoin de la politique, car "l'essentiel", le travail (excusez-moi, c'est tellement petit-bourgeois d'isoler la travail et l'estomac de la croissance durable et de l'entité culturelle et humaniste dans laquelle nous habitons) est cogéré entre les travailleurs et les employeurs/actionnaires.
Dans une lutte, une belle Lutte. C'est si grave, Docteur?