L'événement de crédit - Insolvabilité, défaut de paiement, banqueroute d'Etat de la Grèce, effondrement de la bulle des CDS
Par Thomas, le Cimbre le 6. juillet 2011, - Catégorie : Economie de bulles, crises systémiques, subprime - Lien permanent
Depuis 20 ans et depuis 1989 en particulier, les banques ont pu répudier avec élégance leur propre risque
encouru par leurs comportements spéculatifs à haut risque et qui ont
mené à ladite Crise, et actuellement à la crise grecque. Le "modèle français" d'aide à la Grèce a l’avantage
d'être une manipulation comptable et de calmer les agences de notations
qui ne devraient pas la qualifier "d’événement de crédit" (cessation
de paiement / insolvabilité du débiteur / banqueroute d’État). Mais cette manipulation ne
peut pas cacher l’impuissance affichée et ostentatoire des
gouvernements. Ces gouvernements ne veulent pas trouver d’autre solution
que celle d’offrir aux banques et créanciers privés un marché sûr et
prometteur afin qu’ils veuillent bien se déclarer volontaires pour
participer encore une fois au rachat de la dette grecque, et finalement à
l'assouplissement indolore de leurs propres pertes. L’exigence que les
créanciers privés financent en réalité et totalement leurs propres
pertes ne pourra de toute manière jamais être imposée… dans un État de
droit. Le gouvernement français fête déjà cette "solution" comme une
victoire due à sa propre initiative. Cette "solution" n'a comme effet
que d'encourager les spéculateurs à avoir des comportements à très haut
risque puisque le too big to fail - trop grand pour faire faillite est maintenu en l'état sans inflexion.
En cas "d'événement de crédit"
les CDS, les assurances sur le défaut de paiement, devront être remboursés et payés avec la juteuse prime d'assurance pour laquelle ils ont été souscrits, et comme personne ne sait qui détient ces assurances sur la
dette grecque, personne ne peut évaluer les effets de domino dans
l'effondrement financier résultant de la banqueroute d’État de la Grèce
et de la bulle des CDS dédiés. Pour rappel, vous pouvez acheter des CDS
sur le dette grecque sans détenir le moindre des Bons du Trésor grec.
C'est comme si vous souscriviez à une assurance incendie sur la maison de votre voisin, alors vous avez tout intérêt à ce qu'elle soit détruite par le feu et à ce que l'oligopole américain des agences de notation joue au pyromane pro-américain alors que la situation des USA est bien pire.
Aujourd'hui elles mettent de nouveau le feu au Portugal. Ces agences de notation n'avaient pas vu venir ladite Crise en 2008 et les faillites de toutes les banques systémiques américaines auxquelles elles donnaient le triple-A... Seuls les CDS sur la mort de votre voisin sont interdits. Les CDS ont
officiellement été inventés par JP Morgan pour multimutualiser le
risque, mais comme le risque et la chose couverte par ce risque ne sont
pas dans le périmètre de la même personne, les CDS ne sont que des
objets de très haute spéculation comme pour n'importe quel pari de
bookmaker qui peut aussi parier sur l'apparition d'un trou dans vos
chaussettes. Là où CDS et chose couverte par le risque entrent dans le
même périmètre, c'est dans la zone garnie par l'activité conjointe des
banques qui pratiquent des opérations d'assurance sur le défaut de
remboursement des crédits qu'elles accordent. Ces banques se croient
investies du pouvoir divin d'accorder aveuglément n'importe quel crédit à
n'importe quel clochard, parce qu'elles se croient sauvées par avance
en vendant des assurances qu'elles ont inventées sur le crédit accordé
au clochard, en sachant que le clochard ne capitalise sur rien d'autre
que sur une cirrhose de son foie. Ces banques titrisent ces différents
crédits accordés à différents clochards, les morcellent et les associent
en bundles (fagots) pour en faire des produits financiers dérivés
qu'elles vendent sur les marchés financiers en espérant qu'il n'y ait
qu'un seul "black swan", un seul clochard moribond, un seul risque imprévu appelé
"moral hasard" contre lequel elle pourra faire face. Mais comme les
banques ont inondé les marchés avec leurs crédits octroyés à des
multiples clochards emprunteurs appelés NINJA (No Income, No Job, no
Assets) qui n'ont pas de bonités bancaires, elles ont répudié
elles-mêmes de leur pratique leur devoir de vigilance, le risque et leur
devoir d'y faire face. Les banques se sont administrées à elles-mêmes
une potion d'éternelle jouvence qu'elles ont elles-mêmes inventée pour
se donner fière allure et pour attirer le spéculateur intéressé par la
potion magique des CDS au lieu d'investir sainement dans un projet
économique d'un entrepreneur.
Les deux agences de notation Moodys et S&P's - Standard & Poors
qui ont leur siège aux USA se partagent 80% du chiffre d'affaire des
services de notation autour de la planète et appartiennent en réalité au
même groupe d'investisseurs: The Capital Group, et BlackRock, et Vanguard Group
et une douzaine de hedge fonds et de groupes financiers dont Warren Buffet est aussi actionnaire. La notation
des États souverains et des entreprises de la planète dépend donc d'un
oligopole américain, pays dit de la libre-entreprise dont l'activité
principale est de la museler au maximum et de la livrer à quelques
spéculateurs initiés. Ceci est bien sûr une violation des clauses de
l'OMC.
A chaque accroc et embuche dans la salle
du bal des échevelés crétins de spéculateurs et de leur pourvoyeurs,
ceci explique les effets de domino pour tout événement de crédit et pour
son corollaire pour tout effondrement de la bulle des CDS, en sachant
que même les CDS ont été achetés... avec des crédits... eux-mêmes
soi-disant couverts par des CDS qui sont des CDS square. Ce qui se veut donc une
multimutualisation du risque n'est qu'un multidécuplement de la longueur
du levier de l'activité de spéculation (leveraging). C'est comme si vous pariez sur
le bookmaker qui a parié sur le risque d'apparition des trous dans les
chaussettes de celui qui a parié sur la possibilité de la perte du
mouchoir de son voisin quand ce dernier va sortir de sa poche les clefs de
son automobile. Car les banques inventent des CDS sur tout et
n'importe quoi qui bouge comme des subprimes par exemple. Et le commerce de ces CDS se fait dans le shadow banking avec
des opérations OTC, Over The Counter, qui sont hors bilan, donc opaques.
Si bien que 70 à 90% des liquidités financières sont déversées dans un
endroit inconnu de la communauté économique vue dans son ensemble, donc
des États, donc des instituts de statistiques, donc du ministère de
l'économie et des finances. Donc il est impossible de calculer un PIB et
d'avoir une politique économique, financière, fiscale.
Il n'y a eu qu'un PIB fictif et furtif dédié aux initiés. Les États sont
assis sur une méduse dont ils ne peuvent apercevoir les contours, les
limites, la forme, l'étendue, le sens de la progression et du déplacement mais les États font toujours semblant
d'être des États de droit et font semblant d’appeler les électeurs aux
urnes. La seule chose réelle qui subsiste sont les plans d'austérité que
les États imposent à leurs peuples quand ils s'occupent du sauvetage
des banques-assurances qui ne peuvent plus faire face à tous leurs
événements de crédits. Et tous ces titres issus de la titrisation sont les positions toxiques, illiquides, irrécouvrables qui sont encore cachées dans les banques qui ont obtenu le droit de falsifier leurs bilans avec l'assouplissement des normes comptables IASB/IFRS et de ne pas les révéler ou de les mettre petit à petit au grand jour. Mais bientôt approche le day of reckoning.
L'expression "événement de crédit" est une invention sémantique de cette année 2011 qui est aussi passé en allemand sous "Kreditereignis" et qui est plus qu'un drift sémantique mais qui a été nécessité par le besoin de vivre dans un nouveau mensonge collectif et universel. Par ce mensonge l'humanité du haut-phalanstère, de l'hémisphère nord, riche et industrielle a imposé la lobotomie automatique et librement consentie qui fait place à l'humanisme automatique du Consensus de Washington et de l’École de Chicago qui stipule le trickle-down-effet, l'effet de percolation par lequel la concurrence libre et non faussée offre à tous la croissance du bien-être et apporte le plein emploi.
Par l'événement de crédit une faillite d'une banque systémique ou une banqueroute d’État n'est plus qu'un micro-événement que l'on peut gommer avec des jeux comptables, des assouplissements des normes comptables "prudentielles" internationales (Bâle II / Bâle III) et des Directives Européennes CRD, AIFM/ESMA, Solvency II et par des sauvetages et autres bail-out organisés par les gouvernements et les banques centrales qui rachètent les positions toxiques, pourries et illiquides des banques-assurances en échange de liquidités fraiches à taux zéro et issues de la monnaie de contrefaçon provenant de la planche à billet. Par événement de crédit prend place dans l'opinion publique mondiale des peuples un concept suffisamment étendu et vague qui occupe la partie du cerveau dans laquelle se trouvent les mots hyperinflation, Crise de 29, Weimar.
Par ce concept ne prend pas place dans les consciences des peuples qu'ils sont directement engagés pour les 30 prochaines années à venir à payer les remboursements des dégâts et des destructions causés par le système du shadow-banking et le système généralisé Ponzi-Madoff. Un tel concept remplace à lui seul toute une idéologie totalitaire et dispense les régimes politiques de s'installer par la force d'un putsch nanti de son décorum, de rituels militaires et de ses plans d'extermination des insoumis et de leurs déviances. Le langage ne correspond pas à la vérité existante mais à une volonté normative de classifier et d'ordonner son environnement. Le groupe de mots "événement de crédit" masque la réalité de l'échec inéluctable de notre modèle économique ordolibéral qui ne peut que conduire au Fukushima social.