Elections Européennes 09 - Directive Fonds Propres, CEJ, Bâle 2, Eclatement de l'Eurozone, euro-glut et livre-euro

L’établissement des règles de concurrence reste le domaine réservé de la Commission européenne, qui dispose toujours, avec la Cour Européenne de Justice (CEJ), d’un pouvoir de sanction. Ce sont elles qui ont simulé un veto suspensif provisoire contre les Plans de restitution de la confiance bancaire (500 milliards pour l'Allemagne, 360 milliards pour la France, 1700 milliards pour la zone Euro...) ou contre les Plans de relance de l'économie. Après un examen des dossiers l'accord est donné avec les avertissements d'usage.

La Commission européenne et la Cour Européenne de Justice sont deux institutions qui n’ont rien trouvé à redire à ces "Plans" et ces "Boîtes à outils" pour sauver avec des fonds publics ces banques européennes en faillite due à leurs mises sur le marché, selon le schéma pyramidal de Ponzi (comme pour l'affaire Bernard L Madoff Investment Securities), de produits financiers dérivés (subprime, etc...) à haut risque et ayant dû avoir un très haut rendement jusqu'à ce que ceux qui sont à la fin de la pyramide soient pris de panique et remarquent la supercherie de ces non-valeurs, qu'ils ont payées excessivement cher, et le défaut ou de l'absence totale de liquidité des sociétés émettrices.

L'Europe de Rome, de Maastricht, de Bruxelles et de la CEJ est un organisme pyramidal de privation et de transfert des richesses, des pouvoirs, des droits au profit d'une classe globale à la pointe.

La Cour Européenne de Justice est toute puissante (CEJ ou CJCE) et prend de plus en plus de place et d'initiative en rendant des arrêts d'inspiration néo-libérale qui vont souvent plus loin que ne le prévoient le Traité de Lisbonne et les Directives européennes. Il est a noter que la CEJ, toujours prête à méconnaître les principes d'une Charte des droits sociaux et fondamentaux qui a été enlevée, pour faire plaisir aux anglais, du Traité sur le Fonctionnement de l'Union (TUE) appelé aussi Traité de Lisbonne ou TSE ou Traité Modificatif Européen, accepte en même pas 10 jours de délibération les déréglementations des Plan-s "européen-s" et des "Boîtes à Outils" de soutien du secteur bancaire qui s'est mis lui-même en situation de faillite avec son système pyramidal de spéculation systémique. D'habitude les délibérations de la CEJ durent 4 à 5 ans.

Les arrêts Viking, Laval, Vaxholm, Rüffert, Partneri... (2007, 2008) ne sont que les derniers épisodes d’une longue histoire de libéralisation européenne imposée par voie judiciaire. Ces arrêts importants sont relatifs aux relations entre le marché intérieur (liberté de fournir des services et liberté d’établissement) et les droits syndicaux fondamentaux (action collective et accords collectifs). La libéralisation effective des services publics, les restrictions imposées au secteur bancaire public en sont d'autres exemples.

En octobre 2007, la CEJ décidait par exemple que la loi Volkswagen (Volkswagengesetz), qui protège le constructeur automobile contre les acquisitions hostiles par exemple par des fonds de pension, constituait une restriction illégale à la libre circulation des capitaux. La prédominance de la CEJ ne réside pas seulement dans le transfert incontrôlé de compétences au niveau européen, mais aussi dans la subordination de législations "positives" aux "quatre libertés" (circulation de biens, de personnes, de services, de capitaux). Normalement la CEJ n'est pas compétente pour statuer sur des questions du droit du travail, mais elle insiste sur son droit de subordonner le droit du travail et la législation sociale des États membres au droit européen afin de supprimer les restrictions sur les marchés paneuropéens et pour encourager les libres circulations. Les "quatre libertés" européennes sont, par définition, les libertés de l’action capitaliste. Ceci est strictement conforme au système ordo-libéral, où la force de l'État intervient pour laisser fonctionner les quatre libertés. Par un abus de langage, le Traité de Lisbonne parle "d'économie sociale de marché". Le "social" est prévu comme un humanisme automatique similaire au trickle down effect (effet de percolation) du consensus de Washington et de l'espoir que "l'économie tende au plein emploi et à l'accroissement du bien-être".

En principe, depuis que le droit de la CEJ d’ajuster les règlementations nationales, non européanisées, est généralement accepté, de nombreuses législations "positives" imposant des restrictions sur le marché sont supprimées par voie juridique – sauf dans le cas où les juges européens reconnaîtraient, de manière discrétionnaire, des "raisons impérieuses d’intérêt général" justifiant l’existence de restrictions aux quatre libertés. La liste des règlementations susceptibles d’être ajustées ou complètement supprimées en les subordonnant aux quatre libertés est longue et les juges européens vont de plus en plus loin.

Le prédominance de la CEJ nécessite des réponses politiques, réponses qu’il nous faut avoir pour les élections européennes de 2009. Y aura-t-il des partis qui traiteront de ces sujets de "l’intégration européenne par le droit" et de ses conséquences sur l’asymétrie de l’intégration économique et sociale? Le Parti de Gauche semble se profiler en ce sens.

Dès les années 1960, la CEJ a établi – et les États membres européens ont accepté – le principe de suprématie et celui d’un droit européen conférant aux acteurs du marché des droits vis-à-vis des États membres. Ces principes servent maintenant à assurer une libéralisation économique effective. Si les arrêts de la CEJ se conforment à la logique du droit européen, cela ne signifie pas pour autant que leurs conséquences soient socialement et politiquement acceptables et/ou légitimes.

L’intégration judiciaire excessive imposée par la CEJ est déconnectée de la réalité et des nécessités économiques et sociales des Pays membres de l'Union européenne qui ont accepté à contrecœur la subordination progressive et radicale de leur législation nationale au droit européen. Nous sommes confrontés à un conflit de compétences majeur. Il faut lancer le débat pour les élections européennes de 2009 d'autant plus que la CEJ couvre aujourd'hui des affaires et des scandales financiers à la Ponzi de la crise dite systémique qui n'est qu'une crise de la sauvagerie pyramidale du système de profit, du système de risque et du système spéculant qui a conduit à l'écroulement de l'économie travaillée et qui va mettre avant la fin 2010 au chômage 13 millions de travailleurs de plus sur les 17 déjà existants. Cette crise de 2008/2010 dépasse de très loin le krach de 1929. (Tableau ci-dessous dont le titre est faux: il faut lire "les banques fraudeuses")

Dans la suite de mon exposé, je vous montre où la CEJ aurait dû intervenir et où elle s'est contentée d'admirer les libres circulations des capitaux dans un marché "libre et non faussé" qui est censé "s'autoréguler" et "tendre au plein emploi et au bien être économique" (Traité de Lisbonne).

L'opinion publique a besoin de ses héros, de ses imbéciles, de ses Stavisky et Ponzi, pour définir autour d'elle un jardin de complaisance dans laquelle elle s'imagine vivre dans une pureté qui lui permet de s'arroger le droit de dénoncer en dernier recours, après s'être autorisé quelques décennies de désintérêt politique revendicatif, de léthargie mentale. Le petit Kerviel a été remplacé par Bernard Madoff, l'ancien Président des directeurs du Nasdacq. A chaque crise sa figure de proue. Les lacunes aménagées volontairement dans le système prudentiel d'évaluation du risque de Basel 2 (Bâle 2), l'écho de ces lacunes reprises dans la Directive Fonds Propres Réglementaires, la cupidité ambiante, l'abnégation concertée et vendue comme nécessaire devant la globalisation, l'humanisme automatique de l'Organisation Mondiale du Commerce, un parti UMP néo-libéral aux accents faschistoïdes et qui connaît son Job, un PS et des Gauches qui se complaisent dans un crétinisme au lieu de défendre les petites-gens, ne sont pas perçus comme responsables par l'opinion publique. C'est Madoff le coupable, ou un de ses adjuvants.

Le schéma de Ponzi qui a conduit à la faillite frauduleuse du groupe Madoff est identique au système pyramidal à haut risque des subprimes et des titrisations en éventail qui a plongé le monde dans la crise financière qui a éclaté dès le second semestre 2006 avec le krach des prêts immobiliers hypothécaires à risque. Révélée en février 2007 par l'annonce d'importantes provisions passées par la banque HSBC (vous vous souvenez de la publicité très agressive de cette banque que vous voyiez partout), cette crise s'est transformée en crise financière mondiale à partir de l'été 2007 avec la nationalisation de la 5ème banque anglaise Northern Rock et de la Bear Stearns américaine. Cette crise financière s'est démultipliée avec la défiance envers les créances titrisées (ABS, RMBS, CMBS, CDO, etc...) qui comprennent une part plus ou moins grande de crédits subprime, puis envers les fonds d'investissement, les OPCVM (Organisme de Placement collectif en valeurs mobilière dont les SICAV monétaires) et le système bancaire susceptibles de détenir ces dérivés de crédits. La couverture du risque par fonds propres était inexistante pour les banques d'investissement et le groupe Madoff, ou beaucoup trop insuffisante pour les autres instituts financiers. Les demandes de liquidités de ces instituts financiers devenus non viables ont été entendues en 2007 par les Banques centrales, la Fed' et la BCE qui avaient baissé massivement le taux d'intérêt directeur pour augmenter le taux de liquidité dans le marché financier mondial. La trappe globalisée à liquidités avait été ouverte une première fois. La Fed' vend même des Bons du Trésor avec un taux négatif et trouve des millions d'acheteurs qui voient en l'État américain le dernier sauveur. Ceci vous donne une mesure de la panique et du point de non retour avant la cessation de paiements qui est prévue pour les USA en juin 2009.

Cette action des banques centrales de 2007/08 reposait sur une analyse erronée de la crise, et avait encouragé encore plus aux comportements à haut risque financier au lieu d'exiger un audit et la présentation des assets et un bilan des positions négatives, toxiques et pourries. La Fed' et la Banque Centrale japonaise recommencent en décembre 2008 à augmenter massivement les liquidités en abaissant le taux d'intérêt à une valeur historique de 0% (trappe à liquidités) et en rachetant les positions négatives des grands instituts de crédits hypothécaires comme la Fannie Mae et la Freddie Mac. On appelle ceci au FMI "racheter du papier commercial". L'utilisation de la planche a billet, de la trappe à liquidités, pour racheter à très grande échelle des cochonneries toxiques au lieu de soutenir la demande du marché intérieur, les secteurs économiques viables et les services publics est criminelle et est le témoin du point de non retour et de la panique générale des gouvernants. C'est tout aussi débile que le soutient avec les fonds publics de Chrysler, GM et Ford, détenus par des Fonds de Pension comme Cerberus dont le seul objectif est une marge opérationnelle maximale au détriment de la pérennité de l'entreprise même, des salariés et des retraités de l'entreprise. La filiale financière de GM, la GMAC, avait exposé son fonds ainsi que le fonds de pension du groupe GM au Madoff Investmemt Securities, et son bilan comme les bilans des banques américaines et européennes sont encore partiellement fictifs et le rachat d'actifs douteux porte sur des quantités négligeables. La situation réelle comptable va bientôt devoir se révéler. La Deutsche Bank, qui est most leveraged, vous fera un feu d'artifice de la faillite.

La Fed' est arrivé avec le taux à 0% au bout des solutions pour rendre la monnaie encore moins chère puisqu’elle est maintenant gratuite en pratique et que la banque centrale fonctionne à perte. Plus rien n'est possible pour poursuivre des efforts de relance, la banqueroute d'État, la cessation de paiement des USA prévue pour l'été 2009 ne peut plus être stoppée. Barack Obama est juste bon à sortir les poubelles, c'est d'ailleurs pourquoi il a été élu.

La Fannie Mae et la Freddie Mac qui représentent 50% du prêt immobilier aux USA, ou l'institut de crédit hypothécaire allemand Real Hypo Estate (n°1 européen), par exemple, sont l'une des causes de la "crise" historique et à l'origine d'un système de titrisation pour dissimuler le risque en faisant semblant de l'étaler le plus largement possible. Il s'agissait de donner l'illusion à long terme d'un haut rendement financier comme dans le schéma de Ponzi du groupe Madoff.

Des titrisations des produits financiers dérivés avaient été à chaque fois réinventées, remixées, recomposées pour couvrir les dettes ou les positions antérieures et pour étaler le risque de manière de plus en plus large et pour promettre de hauts dividendes. Quand les positions négatives sentaient trop le pourri, elles étaient recombinées dans des opérations financières appelées "rehaussement de crédit". Les banques françaises comme Dexia, Natixis, la BNP ont été parmi les plus actives dans le développement des Rehausseurs de crédit (monoline en anglais): vous vous souvenez de leurs publicités très agressives et qui promettaient la lune et tout ce qu'il y a derrière.

Les Rehausseurs de crédit sont au cœur du système pyramidal que l'on appelle "systémique", en créant une demande inespérée pour les créances hypothécaires risquées (ABS), issues des subprime. Les Rehausseurs de crédit mélangent ces ABS, etc... avec d'autres créances moins risquées, pour créer des CDO. Le CDO, Collaterised Debt Obligation ou Obligation Adossée à des Actifs, est une structure de titrisation d'actifs financiers de nature diverse. Le CDO, qui cache des positions pourries est présenté aux investisseurs sous la notation financière la plus sûre, soit AAA. Ce tour de passe-passe, qui est une escroquerie qui n'a rien à envier au schéma de Ponzi de Madoff, fait croire à un placement à la fois sûr et très rentable. Le taux d'intérêt élevé des ABS, regroupements de subprime, augmente le rendement total du placement CDO, tandis que le caractère plus sûr des autres créances est censé suffire à garantir sa sécurité. Du coup, les banques ont vu le système des CDO sous l'angle du succès très rapide d'un placement de père de famille, jugé à la fois sûr et rentable, et ont multiplié des produits dit "garantis", qui se sont vendus comme des petits pains chez les épargnants. La croissance de la demande a tiré à son tour celle des créances immobilières risquées (subprime), qui se voyaient offrir ainsi un débouché inespéré.

Donc, il n'est pas besoin de tirer sur Madoff, et les agences de notation (Moody's, Standard & Poor's, Fitch...) ont pendant plusieurs années, comme Madoff, donné la meilleure notation financière (AAA) aux placements de type CDO avant de se rendre compte qu'il fallait brutalement l'abaisser. Le plus souvent, ces agences de notation se sont contentées de collecter les données communiquées par les créateurs des titres financiers: les Organismes de Crédit Immobilier dans le cas des ABS, les Rehausseurs de Crédit pour l'émission des CDO, et les banques dans le cas des contrats d'échanges censés protéger contre le risque de non remboursement, appelés CDS (Crédit Default Swaps).

L'indulgence dont ont bénéficié les systèmes pyramidaux comme Madoff, les banques d'investissement, les filiales spéculantes des banques "normales" d'affaire ou de dépôts s'explique par le fait qu'ils sont devenus du fait de leur croissance des clients importants pour les agences de notation financière, pour la notation des ABS, CDO, CDS qu'ils émettaient. Par ailleurs, ces CDO, CDS, etc... ont trouvé une clientèle importante dans les réseaux commerciaux des banques, elles aussi clientes stratégiques des agences de notation. Les "analystes financiers" des agences de notation financières étaient donc tenu à satisfaire leurs donneurs d'ordres. La future crise des CDS sera bientôt une suite de la crise des subprimes, de la crise financière, de la crise de confiance inter-bancaire... Elle sera l'éclatement d'une bulle dans la bulle et va précipiter comme une chaine de dominos les entreprises dans la faillite.

Une chaîne de Ponzi, dynamique de Ponzi, ou jeu de Ponzi, est un système de vente pyramidale, une forme d'escroquerie par cavalerie, fonctionnant par effet boule de neige, consistant en la promesse de profits très intéressants, financés par l'afflux de capitaux investis progressivement, jusqu'à l'explosion de la bulle spéculative ainsi créée. Ce système tient son nom de Charles Ponzi qui est devenu célèbre après avoir mis en place une opération immobilière frauduleuse en Californie basée sur ce principe.

J'espère que vous avez savouré avec moi l'invention de langage de cette semaine qui ne parle pas depuis l'affaire Madoff, de Crise du Système de Profit, comme depuis l'affaire Enron/Wordlcom de 2002, ni de Crise du Système du Risque, comme depuis l'affaire de la crise des subprimes, mais de banques de plus ou moins grande taille, voire de petits épargnants privés qui "sont exposés à ces produits" du type de SICAV émis par des OPCVM et qui ont perdu ensemble définitivement pour au moins 50 milliards de dollar. A ce jeu se sont laissés prendre en Europe des départements ou des filiales de banque "normales" par l'intermédiaire de banques de l'Irlande principalement par le fonds Thema International ou du paradis fiscal du Luxembourg par le fond Luxalpha. Il faudrait enfin prendre le courage de classer ces états qui hébergent ces terroristes de la finance, comme des rough states, des États voyous, d'autant plus quand ils ont des Commissaires européens comme l'irlandais McCreevy... "L'Axe du Mal", cher à Bush pour légitimer ses guerres du pétrole, réside ici tout autant que chez les terroristes hystériques et religieux.

Je vous fais goûter aux phrases sibyllines de la presse financière sur l'affaire Madoff: "Une strate de clientèle peut être touchée indirectement par un mécanisme de poupées russes. Ainsi, 5,27 % du fonds AGF Équilibre, un fonds profilé classique, était par exemple investi dans un autre fonds du groupe Allianz (Phénix Alternative Holdings) au 30 septembre. Or, Phénix avait placé une faible partie de ses actifs auprès de Madoff…". N'allez maintenant pas vous imaginer que la traçabilité n'est pas possible. Ou vous êtes naïfs à ce point? L'essentiel est, pour ce milieu de Madoff aux autre hedgers, d'échapper à "l'information pure et parfaite" qui devrait garantir une "concurrence libre et non faussée" et pour laisser les initiés grenouiller entre eux. "L'information pure et parfaite" n'existe pas, tout comme "la main vibrante" qui régule le marché.

Depuis le G4 de Londres d'octobre 2008, le G20 inutile de Washington prétendu être le Bretton Woods 2 de novembre 2008, depuis les Plans "européens" aux "Boîtes à Outils", nos gouvernants se trompent de diagnostic dans cette débâcle financière, et proposent des solutions qui enclenchent déjà la spirale de nouvelles crises. Débloquer des liquidités pour secourir les banquiers escrocs et leurs filiales à façade propre ne peut qu'encourager ces derniers à continuer leur gestion ravageuse et économicide. En exonérant les banques de leur responsabilité, on récompense leurs échecs et on leur donne carte blanche pour leurs futures négligences et les futurs détournement des fonds et des actifs des particuliers épargnants.  Les récentes interventions des États et des banques centrales préparent les aléas moraux de demain. Mais vous allez voir comme on fera payer aux salariés le trou de la Sécurité Sociale qui s'agrandit aussi vite que les intérimaires et les titulaires de CDD ou CDI sont licenciés.

Pour sortir du cycle infernal des crises à répétition, il faut émettre un diagnostic juste sur les origines de la crise actuelle. Il faut établir des normes comptables et prudentielles sérieuses qui remplaceront Basel 2, IAS et IFRS. La déresponsabilisation des banquiers et des ménages par les politiques monétaires et financières en est la cause. Il faut ensuite comprendre que la réallocation des ressources vers des actifs sains et vers les services publics va bien sûr causer des troubles importants, mais si ce processus n'est pas gêné par les pouvoirs publics notre économie s'en trouvera plus solide à long terme.

Deux mois après la tenue du G20 de Washington de novembre 2008, le-dit Bretton Woods 2, le Commissaire européen irlandais McCreevy chargé du marché et des services, n'a pas tenu compte des appels du Parlement européen pour la mise en place d'une régulation couvrant tous les acteurs financiers. L'attitude de McCreevy est contraire aux conclusions du G20 où l'Europe s'était "engagée à renforcer le régime de réglementation, le régime du contrôle prudentiel, le management du risque et avait assuré de contrôler et de réglementer de la manière la plus appropriée les marchés financiers, les produits financiers, les acteurs du marché financier ". McCreevy s'est même accordé l'appui du secteur industriel pour éviter toute réglementation. McCreevy s'est aussi permis, devant l'Association Britannique de Capital Risque, de critiquer violemment, sans la nommer, l'Union Européenne avec ses "régulateurs zélés" et ses "règles aveugles"  ("trigger happy regulators" et "indiscriminate regulations").

Les récents propos tenus par le Commissaire irlandais McCreevy n'ont rien d'étonnant quand nous connaissons l'attitude naturellement arrogante de l'Irlande et de la Grande-Bretagne qui se sont octroyés en échange de l'adhésion à l'Union Européenne une panoplie d'opt outs au niveau fiscal et social, avec la complaisance servile des autres États membres. Cette attitude contrevient à l'assurance donnée par le Président européen tournant, Nicolas Sarkozy, le 21 octobre devant la Parlement Européen à Strasbourg: "Aucune institution financière, privée ou publique, ne doit échapper à la régulation". Le ministre Hervé Novelli l'avait répété en décembre devant la même Assemblée: "aucun segment de marché ne doit échapper à la régulation". Même si je ne crois pas un mot des intentions régulatrices du Président, NS, il faut souligner que de tels propos peuvent se tenir devant micros. Le commissaire McCreevy passe tout de même pour être un lobbyiste payé par le secteur de la finance au lieu de servir comme commissaire européen les intérêts de l'Union. L'Irlande portait encore avant la-dite crise le sobriquet du "Tigre celtique", je pense que rough state, État voyou, lui irait mieux.

Il est évident que le tout récent Plan Bernanke, Gouverneur de la Fed' banque centrale américaine, de baisser le taux directeur à 0% (trappe à liquidités) et de racheter directement les positions toxiques des hedge fonds,  des feeder fonds ou encore appelés  des hedge-fonds-fonds (vous avez bien lu, c'est le système Madoff), des fonds de pensions, des fonds vautours, des fonds spéculatifs est simplement débile en plus d'être un intervention de l'État qui n'a rien de régulateur mais qui n'est qu'un cataplasme appliqué sur une jambe déjà amputée. Ne pas donner parallèlement à ces recapitalisations-nationalisations des escrocs spéculateurs et de manière ostensible les informations quant à un contrôle futur strict des transactions financières est débile et ce boomerang reviendra frapper encore plus violemment que les cascades de crises qui nous visitent en ce moment. Pour juguler les révoltes il y aura un système militaire qui pointera son nez. La honte revient à cette hémisphère Nord qui s'était voulue et vendue comme l'exemple de la civilisation.

Avec la trappe à liquidités, les politiques monétaires n'ont plus d'effet: le taux d’intérêt est déjà tellement bas qu’en injectant de la monnaie dans l’économie l’État ne crée pas de surcroît de revenu. L'offre de biens et services ne peut pas l'absorber. Investissement et consommations s'arrêtent. Il ne sert plus à rien d'investir dans ce qui sera moins cher demain. Le cash redevient roi, tous les acteurs économiques veulent se protéger et conservent à leurs liquidités.

Le différentiel du taux d'intérêt entre la Fed' et la BCE va renforcer une autre forme de spéculation nuisible et appauvrissante, le carry trade: cette méthode spéculative consiste à s'endetter dans une devise à faible taux d'intérêt et à placer ces fonds empruntés dans une autre devise à taux d'intérêt plus fort. Grâce à ce système, les investisseurs tirent parti d'un différentiel de taux d'intérêt. En ce moment nous vivons une ruée sur l'Euro qui ne correspond pas non plus à un attraction due à une bonne gestion des finances publiques (critères de Maastricht, s'ils sont effectivement une référence) ou à la santé économique de ce continent. Ainsi les spéculateurs empruntent dans les banques américaines 1 million à taux zéro et les placent sur les marchés européens où l'argent est mieux rémunéré. Ceci n'engendre qu'une bulle spéculative et crée pour la première fois dans l'histoire un euro-glut à l'image des $-glut, ces réservoirs de dollars nomades qui sont éparpillés autour de la planète, dans les banques chinoises, russes... et qui ne servent pas à entretenir investissements et consommations aux USA. Cet euro-glut est un frein à la vie économique européenne. De plus la parité euro/dollar va exagérément monter en faveur de l'euro ce qui rendra les exportations plus chères avant d'engendrer d'éventuels effets positifs de confiance. J'espère, qu'avec cet euro-glut, l'Europe n'aura pas l'arrogance américaine de dire "l'Euro est notre monnaie, mais c'est votre problème". Mais, pour créer de la richesse et regonfler naturellement le PIB, avec un euro trop élevé les Pays membres européens ne seront plus capables d'exporter sur un marché international en totale récession. Leur dernière porte de salut sera une dévaluation de leur devise? Mais laquelle? La parole que Gordon Brown répète depuis le 15 novembre 2008, va peut-être révéler toute sa saveur et sa profondeur.

Il n'est pas impossible que la Grande-Bretagne laisse totalement filer la £ comme il y a 20 ans quand elle était sortie du serpent monétaire européen (SME) après que George Soros avait spéculé en une nuit sur cette monnaie et avait fait sa fortune. Une monnaie faible constitue une dévaluation compétitive déloyale, les anglais se sont toujours montrés anti-solidaires européens en période de crise comme en période normale, en tant que "membre" de l'Union Européenne (opt-out, etc...). Nous pouvons même imaginer un éclatement de la zone euro, avec la Grèce comme premier candidat. La Grèce, elle-même, avait triché sur sa comptabilité nationale, en affichant lors de son adhésion à l'Europe, des critères de convergence de Maastricht totalement falsifiés. La Grèce est-elle effectivement devenue un Membre de la zone Euro? Ou a-t-elle connu depuis une croissance fausse boostée, comme l'Irlande, par les fonds européens pour faire de la consommation, au lieu d'assoir son économie sur une croissance réelle? ... et durable? Ici, comme en Irlande, nous pouvons prétendre que les fonds européens qui se sont déversés par milliards ont agi comme la facilité des crédits accordés des subprime, puis de l'argent à taux proche de zéro, jusqu'au jour ou la source de l'écoulement de l'argent se tarit.

A ce moment des millions de gens se rendent compte qu'ils ne sont pas en mesure, de par leur activité de travail ou économique, de générer du cash, de gagner de l'argent. Les émeutes d'Athènes sont les prémices d'événements que l'Europe partagera dans très peu de temps. Il restera un éclatement de la zone euro, qui est déjà effective avec les différents Plan-s "européen-s" de Sauvetage aux "Boîtes à Outils" et de sanctuarisations des Pays membres de l'Europe par des nationalisations de banques, des baisses unilatérales de la TVA. Le 15 novembre 2008, les 15 de l'Eurogroupe ont réinventé l'euro-franc, l'euro-mark et même mieux, la £-euro... avec les Plans et leur Boîtes à Outils, qui ne sont qu'un déni réglementaire d'Europe autorisé par la CEJ et n'est qu'une autorisation masquée de n'avoir que des actions réduites à l'échelle nationale en Europe. Lisez bien dans la presse, et sur le web, deux mois après, il semble que je sois toujours seul à le dire, que l'Europe, aussi celle du Continent, a éclaté le 15 novembre sur ordre de Gordon Brown, qui a soufflé à la paire de cacahuètes, Barroso et Sarkozo, son plan protectionniste de sauvetage des banques... Gordon Brown clame depuis le 15 novembre "qu'il a sauvé l'Europe". Nous pouvons le lire dans le Financial Times tous les deux jours.

Avant l'effondrement économique totalisé de l'été 2009, l'Europe s'engage aussi d'elle-même dans une hypothèque sur l'avenir et les comptabilités nationales des Pays membres de l'Europe seront mises à mal avec ces créations subites de monnaie - les premiers 1700 milliards d'euros des Plan-s "européen-s" avec leurs "Boîtes à outils" pour commencer - pour financer avec les fonds publics la "restitution de la confiance dans les marchés financiers" (rachats des dettes toxiques et recapitalisations-nationalisations) et les plans de relance économiques. Ils est d'autant plus rageur de comprendre que par un tour de magie, les sommes consacrées aux sauvetages et recapitalisations-nationalisations des bad-bank n’entrent pas dans le calcul des déficits publics régi par le Pacte de Stabilité et les critères de Maastricht dits "de convergence", mais que j'ai toujours qualifié d'indigence. La CEJ n'intervient pas contre ces manipulations dans la comptabilité nationale. Depuis ces Plans, les critères de Maastricht dits de convergence et de... stabilité ne correspondent plus à rien et ne correspondront plus à rien pour les 10 années à venir, le temps d'éponger ces dettes sur fonds publics.

Ces manipulations de comptabilité nationales sont d'autant plus grave que les dépenses sociales ou pour les services publics sont les premières cibles de la rigueur budgétaire inscrite dans le Traité de Lisbonne. C'est encore plus rageant que tous les européens se sont serrés la ceinture, ont écouté des bonimenteurs comme le 1er ministre François Fillion qui a dit cet été 2008 au sujet du Revenu Minimum d'Insertion, alors que la crise n'était pas encore de loin arrivée en Europe continentale, "qu'il est à la tête d'un État qui est en faillite financièrement", et que l'on a cru bon d'accepter depuis 15 ans le désengagement de l'État de ses Devoirs Régaliens, qui étaient d'abord déclassés en "Services publics" avant d'être privatisés ou rendus exsangues par des mesures ou des plans de rigueur "pour rendre l'Europe compétitive au niveau mondial et face aux nouveaux défis de la globalisation"...

L'État Providence a été déclassé depuis les années 80' en une honte qu'il fallait confesser ou éliminer chez le psychiatre ou dans des dernières velléités de lutte syndicale dites "de fonctionnaire privilégiés". Les Caisses de retraites, de santé, les services de santé, de l'éducation, de la recherche publique ont été réduits à la privatisation totale ou partielle par Lionel Jospin, PS, ancien 1er Ministre, et ses successeurs de droite et libéraux, tout contents de n'avoir qu'à se cacher derrière la "Parole donnée de l'État", pour appliquer le plan de privatisation des Services Publics.

Pour les élections Européennes de 2009, il faudra écouter le ou les partis qui vont exiger de manière crédible une refonte totale du système comptable et prudentiel de Bâle 2, IFRS, et IAS.

L'électeur européen devra exiger le licenciement du Commissaire européen irlandais McCreevy chargé du marché et des services pour son attitude anti-communautaire au service du lobby financier.

L'électeur européen devra exiger d'adjoindre à la Directive Fonds Propres Réglementaires des normes strictes, de former un organisme d'audit indépendant ayant autorité pour appliquer des sanctions, de former une agence européenne indépendante et publique de notation financière et boursière.

L'électeur européen devra exiger l'abrogation des chapitres et des articles du Traité de Lisbonne qui concernent les services financiers.

L'électeur européen devra exiger l'abrogation de la liberté de circulation des capitaux impliqué par l’article 58 (ex-article 51 TCE): "la libération des services des banques et des assurances".

L'électeur européen devra exiger l'abrogation de la libéralisation, impliquée par l’article 60 (ex-article 53 TCE), qui attend des États membres qu'ils "s’efforcent de procéder au-delà de la mesure qui est obligatoire".

L'électeur européen devra exiger l'abrogation de la liberté d’établissement dont bénéficient, au même titre que les autres services, les établissements financiers: "Les restrictions à la Liberté d’établissement sont interdites", stipule l’article 49 (ex-article 43 TCE).

L'électeur européen devra exiger que la CEJ travaille dans le sens des intérêts de tous en privilégiant les Travailleurs et en n'ayant plus comme mire les européens consommateurs.

L'électeur européen devra exiger que l'engagement de l'Europe au G20 de Washington visant à réglementer le secteur financier soit effectif et que les articles 26 et 63 du Traité de Lisbonne relatifs à la libre circulation des capitaux soit abrogé.

L'électeur européen devra exiger l'annulation de la procédure de ratification du Traité de Lisbonne qui contient de manière répétée, voire compulsive, des formulations néo-libérales comme ci-dessous et qui ont force juridique à force constituante:

  • "Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des capitaux est assurée", stipule l’article 26 du traité sur le fonctionnement de l’UE (ex-article 14 du Traité Constitutionnel Européen).
  • En conséquence, indique l’article 63 (ex-article 56 TCE), "toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites" et l’Union est invitée à légiférer pour réaliser cet objectif.
  • Toute dérogation à cette règle, qualifiée de "recul", est soumise à la règle de l’unanimité, ce qui la rend quasiment impossible, dans une Europe à 27.
L'Europe va passer de 17 millions de chômeurs à 30 millions à la fin de 2010. L'Europe aura gâché tous ses moyens pour relancer des banques d'escrocs et ne disposera plus de possibilité de monter des plans sociaux. Autrefois on faisait des guerres quand il y avait "trop de bouches" à nourrir et que l'on n'en avait plus les moyens. Comment va-t-on éliminer le problème cette fois-ci? Une fièvre jaune? Une épidémie?

Commentaires

1. Le 22. décembre 2008, par MKL

Superbe analyse.
Mais préparer l'après crise, c'est aussi ne pas se cantonner à dénoncer les bulles spéculatives immobilière et financière, mais en analyser l'origine de manière réaliste.
Pour maintenir un taux de croissance élevé malgré l'explosion de la précarité dans tous les pays occidentaux, l'endettement massif des ménages a été favorisé à outrance, afin de maintenir artificiellement un pouvoir d'achat correct malgré la baisse régulière des revenus d'une population toujours plus importante.
Et l'origine de cette précarité s'explique elle-même par l'explosion de la productivité depuis 45 ans (informatique, robotique, formation) et d'une mauvaise gestion des paramètres sociaux connexes.
Nous nous retrouvons donc depuis 30 ans dans une situation anarchique, d'une part de surexploitation de la population active de l'industrie et des services (cadres à 60 heures/semaine - pression et stress insupportables), et d'autre part de chômage et de précarité de masse (temps partiel et petits boulôts contraints...), induisant un renoncement aux revendications salariales par peur de basculer "du mauvais côté".
Tant que ce paramètre - explosion des gains de productivité - sera ignoré par la classe dirigeante, notre modèle de société continuera de sombrer.
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