G20 - Le fonds de pension Cerberus reçoit 34 milliards en cadeau pour avoir dilapidé Chrysler, Ford, GM

Était passé inaperçu au printemps 2007 le rachat de Chrysler par le Fonds de Pension Cerberus très connu pour ses opérations d'une extrême violence de rachat-rejet des entreprises pour créer en une courte période une marge opérationnelle à deux chiffres par un management financier activiste et créatif - un jeu d'illusionniste que j'ai toujours décrié -  et salué depuis plus de15 ans comme un gage de modernité et de prospérité répartissable par le miracle du trickle down effect (effet de percolation) du Consensus de Washington et de l'Ecole de Chicago.

Ces Fonds de Pensions, comme Cerberus Capital Management qui détient 80% des parts de Chrysler (20% appartiennent toujours à Daimler son ancien propriétaire), sont destinés à financer la retraite des papy-boomers américains qui avaient cru bon de capitaliser leur système de retraite et de parier sur l'écrémage des unités productives de la planète (les entreprises) en imposant à leurs dirigeants un management de share-holders (détenteurs de parts, d'actions) au détriment d'un management de stake-holders (détenteurs de tâches) qui, lui, permet de stabiliser et de pérenniser les entreprises dans une saine politique et stratégie d'entrepreneur. Que ce soit bien clair: je crois en l'entreprise comme je crois au travailleur, je crois au système paritaire rhénan de l'autonomie tarifaire et de la cogestion; je crois au modèle scandinave de démocratie d'entreprise.

Cerberus est aussi lié à GM par l'intermédiaire de la GMAC Financial Service, le bras financier de General Motors qui a dilapidé tous ses actifs dans les prêts hypothécaires et les subprimes et qui est aussi en situation de faillite. La GMAC qui était la dernière activité de GM capable de dégager du profit est encore une filiale à 49% de ce constructeur automobile américain, mais elle est contrôlée par un consortium mené par le fonds Cerberus. La GMAC  a perdu environ 20,5 milliards de $ depuis juillet 08 dans ses activités de spéculation, de crédit subprime, de crédit immobilier et de crédit automobile. Les branches financières Chrysler Financial et Ford Credit sont dans la même situation que la GMAC. Les 34 milliards de $ que ces trois groupes automobiles recevront ne suffiront même pas pour passer à l'année 2009.

Cette somme sera perdue et irrécouvrable dès son versement. Il n'y aura pas de raison que ces trois entreprises se mettent sous la protection de Chapter 11, la procédure de redressement et d'apurement des comptes et de la situation afin de repartir sur de nouvelles bases, car une telle procédure ne pourrait que faire fuir les éventuels acheteurs. Qui voudrait acheter une voiture de cette marque qui n'a pas d'avenir? Il s'est passé la même chose pour la marque anglaise Rover, du jour au lendemain les voitures sont restées en stock, même bradées.

En Allemagne, Merckle Ratiopharm, le groupe pharmaceutique allemand, vient de perdre en novembre 08, deux mois après le début de la catastrophe financière mondiale, 1 milliard d'euros en spéculant sur les actions VW qui avaient récemment atteint pendant trois jours des sommets maladifs de plus de 1000 euros par action (voir photo ci-contre). Merckle demande au Gouvernement Régional de l'État fédéral allemand Baden-Württemberg de profiter du Plan de Sauvetage. Les truands sont à l'œuvre et vont encore mettre du monde au chômage. Les banques qui ont soutenu la "créativité" financière de Merckle, comme de tous les autres, sont tout autant criminelles que Merckle et devraient être poursuivies et punies au civil et au pénal pour avoir transformé et aidé à transformer en dettes les actifs du groupe Merckle, l'argent gagné grâce aux Travailleurs et à l'activité industrielle. Pour renflouer les caisses Merckle va licencier 1000 employés de Ratiopharm sur les 2850 en Allemagne.

3 millions de salariés sont concernés par une faillite de GM, Chrysler et Ford et leurs équipementiers. L'intuition de l'effondrement de ce capitalisme vautour se faisant de plus en plus grande et partagée dans la société, vous comprenez aussi que le concept de "croissance durable" s'impose même dans les Grandes Écoles de Management. Il n'y est pas question d'un management durable vert pensé dans une saine division internationale du travail entre l'hémisphère riche et l'hémisphère pauvre. Mais c'est déjà un début. Si le président français a dit qu'il faut dénoncer "la dictature des marchés", le mental populaire peut aussi le penser. Ah? Il fallait comprendre le Président au second degré? Oh, non! Le fonds souverain français est destiné à protéger les "fleurons de l'économie française contre les rachats sauvages et protéger le travail des français". Robin Hood a parlé, je suis rassuré.

Depuis le début de la crise des subprimes, en janvier 2007, les fonds de pensions ont perdu 2000 billions de $, les papy- boomers qui devaient dans les tous prochains temps aller en retraite ont tout perdu et ont en plus pressé sur le pressoir à liquidités Chrysler, GM, Ford et toutes autres entreprises de production ou de service en leur coupant l'herbe sous les pieds. Ce qui n'est pas grave, le Fonds de Pension est par définition un organisme volant, qui se pose sur une entreprise, la rachète, lui fait cracher son cash, puis la rejette quand elle semble être au sommet de son art, enfin de cet art qui est noté par les agences de notation boursière. Le seul art est la capacité à cracher ce cash, à dégager de la marge opérationnelle de préférence à deux chiffres. Ceci était devenu la seule norme. La fameuse productivité américaine, qui nous était servie comme modèle européen, était basée sur cette illusion suprématiste de la marge opérationnelle déclinée par les boîtes à outils du management financier.

Nous savions tous que Chrysler, Ford et GM sont en survie artificielle depuis au moins 10 ans, qu'ils ne se sont pas adaptés à la concurrence mondiale et qu'ils n'ont réalisé qu'un management financier comme chez EADS Airbus Industrie. Nous savons en plus que ces entreprises comme les autres, n'ont plus eu de politique produit et on offert leurs autos avec des packages de financement consommateur comme seul argument de vente. L'Agence de notation américaine qui fait le plus autorité, la Standard & Poor's avait rétrogradé GM au niveau des junk bond depuis mai 2005.

Voici donc trois grands empires industriels et de fournisseurs qui ont vécu avec des lubies comme conception du monde qui ont dirigé leur manière d'agir et qui sont en faillite. La faillite d'un seul de ces groupes entraînerait un chômage direct et induit de 2.5 millions de travailleurs. Pour le seul mois de novembre les USA ont mis au chômage plus de 553.000 Travailleurs. Les USA ont perdu 2,5 millions d'emplois dans les 6 derniers mois de l'année 2008. Vous aviez dit "modèle de productivité et de croissance américain"? Ah, vous admiriez la "flexibilité du système américain du marché du travail?"

Le modèle centenaire de Vilfredo Pareto de la maximisation des profits a été poussé par eux à l'extrême jusqu'à muter l'homo œconomicus en de la volatilité et en oubliant juste qu'il arrive à celui-ci de retirer sa confiance une ou deux fois tous les siècles. Un collègue qui enseigne la stratégie financière d'entreprise m'a dit hier que cette fois-ci "le modèle a tout donné, nous sommes au bout".

Pour parfaire ce vol privé national organisé, le Gouvernement américain va en plus créer du déficit budgétaire pour recapitaliser à hauteur de 34 milliards de $ ces trois grands groupes automobiles en disant que "de ne rien faire et de laisser s'écrouler coûterait encore plus cher". Les moyens de l'État sont mobilisés dans des canards boiteux qui se sont engraissés maladivement par déprédation des actifs et des biens sociaux. Le faux médicament est administré à la fausse maladie et Obama ne pourra qu'être un syndic de faillite à partir de janvier 2009. Cette hystérie religieuse qui l'a amené au pouvoir est meilleure que celle qui a amené Hitler au pouvoir par voie démocratique. L'avenir nous dira jusqu'où les américains sont prêts à aller...
Un pouvoir totalitaire américain? In situ cette fois-ci?

A un vol privé commis sur le capital social des entreprises et sur leurs salariés, s'ajoute un vol public commis sur les contribuables et les caisses de l'État par les Gouvernants au service des Fonds de pension. Il n'y a pas de déterminisme, il n'y a que ses serviteurs. L'État Providence est de retour pour les banques de tricheurs et les entreprises qui ont détourné leur trésorerie pour de la spéculation et du management financier activiste. Pour eux, l'État est devenu la banque de remplacement. Les ouvriers seront mis au chômage, travailleront le dimanche, et jusqu'à 70 ans. Bayrou du MoDem a aussi voté pour cette loi.

Au premier vide conceptuel des Fonds de Pensions s'ajoute ce second Vide Conceptuel des Plans de Sauvetage, de Rétablissement de la Confiance du Crédit, de Relance

Les Fonds de Pensions avaient été présentés par nos politiciens comme la solution d'avenir pour réaliser le désengagement de l'État et être en conformité avec les Directives Service européennes, qui comprennent le système de retraite par répartition comme une "entrave à la concurrence libre et non faussée dans le marché qui s'autorégule de lui-même". Ces systèmes privés de fonds de pension à recapitaliser coûtent encore plus chers à l'État que les systèmes par répartition. Ces systèmes de fonds de pension, systèmes par capitalisation avaient organisé une redirection des richesses pour une tranche de la population plus étroite qui pouvait se permettre des cotisations privées et priver les caisses de retraites publiques de leurs contributions. Les actifs européens, les Travailleurs, ont aussi payé pour les retraités américains en produisant de la richesse dans leurs entreprises européennes détenues par les Fonds de Pension américains. Quand nous critiquions ceci, on nous faisait passer pour "social national rouge brun" ou trotskysto-dépressif.

Lors de l'éclatement de la bulle  Enron, Worldcom... des systèmes de profit et des fonds de pension, GM avait lui-même perdu en 2003 plus de 80 milliards de $ en spéculant sur les fonds de pension qui ont fait faillite et son propre fonds de pension pour ses propres salariés avait un déficit de presque 20 milliards.

A l'époque, en 2003, pour ses dirigeants la chute des fonds de pension se révélera moins dure que pour les salariés américains qui avaient investi dans Enron et les systèmes similaires pour financer leurs retraites (environ les deux tiers des actifs boursiers de la firme Enron étaient détenus par des fonds de pension ou des fonds de mutuelle). Si la liquéfaction des cours avait ruiné la plupart des employés de l’entreprise, les dépouillant de leur emploi et de leurs économies (les règlements internes leur interdisaient en effet de vendre leurs actions), les cadres de haut niveau ont pu, eux, s’en débarrasser à temps, c’est-à-dire au plus haut dans une action apparentée au "délit d'initié".

En 2003 General Motors (GM) avait supprimé 25.000 emplois, avait réduit d’un quart les prestations santé dues aux salariés et aux retraités américains du groupe (75 000 personnes) et avait lancé une refonte de ses propres fonds de pension pour ses employés. Pour se sauver, GM s'était financé sur ses salariés et ses retraités. Ceux-ci avaient acceptés parce que "de ne rien faire et de laisser s'écrouler aurait coûté encore plus cher"... c'est à dire ce qu'il restait de l'espérance de retraite.

Les fonds de pension de GM comme des grandes entreprises étaient et sont toujours en 2008 sous-capitalisés, et bon nombre d’entre eux ne garantissent plus un revenu fixe au moment de la retraite. La chute des cours en bourse où ces fonds sont placés, le non-abondement des sociétés à ces fonds (ce qui leur permet d’afficher une augmentation de leur taux de rentabilité et leur marge opérationnelle à deux chiffres...), la baisse des emplois et la montée du nombre des retraités expliquent ces déficits. De plus, les multinationales négocient des systèmes plus défavorables appelés "fonds à cotisations définies": le salarié sait ce qu’il paie mais ignore ce qu’il touchera quand il arrivera à la retraite. Le risque est assumé par le travailleur, et non par les actionnaires et les dirigeants d’entreprise. La retraite est devenu un lotto perdant.

Ainsi, aux USA comme en Europe, des milliers d'organismes de fonds de pension sont en en faillite ou en grave difficulté. Les organismes de contrôle des fonds de pension obligent les gestionnaires de fonds de pension de réapprovisionner ces fonds auxquels ils ont fait perdre à la bourse des billions de dollar ou d'euros avec des spéculations sur des valeurs toxiques. Ceci a déclenché une révolte chez ces gestionnaires de ces fonds de pension qui menacent d'augmenter de 50 à 250 % le montant des cotisations retraite des salariés.

Le Président français rêve toujours à l'automne 2008 d'un tel système de fonds de pension pour désengager son État, tout en accusant "la Dictature des Marchés". Le ministre de l'Économie, Francis Mer, a expliqué récemment que les salariés devraient avoir la "possibilité" de constituer un "complément utile" à leur retraite actuelle. Le sénat français a aussi voté hier l'allongement de la retraite "possible" à 70 ans.

Les Plans Bernanke Paulson Brown n'ont rien des Plans de relances conjoncturelles keynésiennes des politiques des Grands Travaux des années 30 dans la vallée du Tennessee. Ils financent le vent et son vol. La politique c'est l'art du réel: le transfert des richesses, des savoirs et des pouvoirs.

Cette génération de papy-boomers placiers et spéculateurs a une triple responsabilité pour avoir:
1] rendu exsangue les entreprises et l'économie avec la pressurisation des fonds de pension
2] détruit par spéculation systémique, compulsive et toxique les actifs et dépôts des banques et des entreprises,
3] détruit 2 générations à venir qui vont apurer banqueroutes, dettes et déficits budgétaires créés pour renflouer escrocs et faillis.

Je ne suis pas coupable, j'ai toujours combattu à mon échelle - je ne suis inscrit dans un parti, ni militant !!! - et comme électeur ce système, et dans la mesure de mes possibilités et de mes compétences, j'ai toujours prévenu longtemps à l'avance contre la catastrophe. Dans les meilleurs des cas on disait de moi "il est de gauche, mais avec lui on peut parler" ou encore "il a des écrits brillants", ou encore "il est réaliste, il est visionnaire"... et autrement, vous savez ce que l'on fait "à ceux qui ouvrent leur gueule"... Je ne suis pas une victime, je me suis assumé, j'espère que la jeunesse actuelle saura m'épargner de sa vindicte toute légitime qu'elle exprimera très bientôt, dans un an et pour les prochaines années.

La Banqueroute d'Etat des USA, mais aussi du Royaume-Uni, s'annoncent pour le printemps 2009.
Les USA sont un trou noir classé CCC---, un junk bond.

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Dernières nouvelles datées du 13 avril 2009: Faillite organisée à partir du 1er juin 2009.

Selon le Financial Times, une "banqueroute chirurgicale" va être organisée à partir du 1er juin 2009. GM va être découpée comme toutes les banques américaines, anglaises, irlandaises, des Pays baltes, etc..., entre une good GM et une bad GM. Dans la Bad GM seront mis tous les assets toxiques et toutes les créances pourries. Dans la Good GM on fait comme si l'on repartait à zéro. La Good GM ne va rester dans la bad GM que 15 jours pour redevenir, comme si de rien n'était, la GM. Entre temps seront licenciés 47.000 employés sur les 200.00. Et les 70 milliards de $ de dettes resteront à la charge du contribuable et les deux générations à venir vont contribuer à rembourser les déficits busgétaire... à moins qu'une hyperinflation n'en réduise la hauteur due.

Commentaires

1. Le 20. novembre 2008, par fmds21

A un vol privé commis... Il n'y a pas de déterminisme, il n'y a que ses serviteurs. Par cette phrase tu résumes tout. Depuis le début je suis inquiet de l'ampleur de la crise ton analyse confirme mon inquiétude, l'explique et la justifie. Les discours messianiques dispensés abondamment en France et de l'autre côté de l'atlantique n'annonce t ils pas la fin du système ? Ou la pire des solutions pour le sauver ? Alain

2. Le 20. novembre 2008, par Thomas, le Cimbre

Alain, en général cet élan d'un genre de "Sturm und Drang", d'une messianisation de la destinée de peuples et de nations déverse assez vite dans des millénarisation d'un type de Reich.

Tu te souviens, et tu te souviendras encore, que depuis au moins deux ans je parle d'une "minériade", d'une levée de gueules noires, comme en Roumanie, qui arpentera les rues pour "sauver" un régime en marchant sur la capitale.

La France qui n'a rien appris depuis 1945 et n'est donc pas devenu un pays de consensus à la mode allemande ou scandinave, carmagnolera un moment sur le tarmac, avant que "la récréation ne soit sifflée". Qui mettra-t-on en prison en premier?

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