Le dumping humain: le modèle social à la française du Président Macron contrôle les chômeurs.
Par Thomas, le Cimbre le 29. décembre 2017, - Catégorie : Economie de bulles, crises systémiques, subprime - Lien permanent
Je suis inventeur de cette expression Dumping Humain et avec elle aussi mon site est en Page 1 de Google, pour celle-ci depuis 2008.
Le dumping humain avec la violation des Droits de l'Homme et du Droit du Travail est un modèle de société alléchant de l'ouest à l'est de l'Europe pour de plus en plus de gouvernements, qui tout en n'ayant aucune légitimité électorale au regard du pourcentage des "majorités" obtenues (en France 15% et 18% aux élections présidentielles puis législatives de juin 2017), se précipitent pour démolir la société en prétextant vouloir la moderniser. Ces gouvernements organisent au profit de l'investisseur le dumping humain extérieur avec les Directives Européennes et les accords de libre échange de "nouvelle génération" comme le CETA / TTIP, et organisent le dumping humain intérieur avec la criminalisation des chômeurs et l'humiliation des Travailleurs (<<< terminologie officielle des Communautés Européennes). Au même moment et accompagnés des médias, la fraude fiscale des Lux-Leaks, Panama-Papers, Paradise-Papers etc et des paradis fiscaux intra-communautaires (Luxembourg, Double Irish et Dutch Sandwich de l'Irlande et des Pays-Bas), européens et off-shore est immédiatement remise sous le boisseau. Au même moment où le Président français, Macron, avait cosigné la nouvelle organisation du dumping humain au "Sommet Social Européen" tenu en cachette à Göteborg en Suède, la Commission Européenne avait enterré le Projet de Directive sur la Réforme de la Structure des Banques et du "too-big-to-fail". Ces évènements sont les mêmes facettes d'un seul modèle libéral qui promeut la sécurité des dividendes, qui élimine la sécurité sociale et qui organise sans discontinuité jusqu'à aujourd'hui depuis l'année Lehman-2008 le plus grand transfert de l'Histoire de la dette privée vers la dette publique en rachetant aux banques, aux investisseurs institutionnels et aux grands comptes leurs produits financiers spéculatifs, toxiques et irrécouvrables. C'est plus facile de faire du bashing sur le chômeur, d'autant plus qu'il n'y a pas de croissance économique, il n'y a qu'un surgonflement de la bulle échoïque financière qui donne l'illusion d'une stabilisation du PIB juste au dessus de 0%. La plus grand banque du monde par rapport à sa somme bilanaire, la Deutsche Bank, fait de nouveau aussi des pertes pour l'année 2017 et la 3ème année consécutive malgré les gigantesques facilitations quantitatives des la BCE et de la Fed'. Les facilitations quantitatives, QE, sont des liquidités au taux de 0% et le rachat des toxiques. J'ai inventé cette expression du dumping humain en 2007 quand j'écrivais sur Hayek et Jean Monnet.
Cette fois-ci je ne vous écris pas un article moi-même mais je vous fais un copié-collé de RMS, Revue de Management et de Stratégie: "Belgique: la 'Suédoise' et la criminalisation des chômeurs, trajectoire d’une vieille idée libérale". Il vous explique que la "modernisation du marché du travail" repose toujours sur cette pensée libérale qui va de John Locke, à Mandeville, Rousseau, Adam Smith, Malthus, Ricardo, Keynes.
Mais si de tels systèmes de dépravation sociale en bandes organisées et de destruction des économies nationales forment notre univers, c'est parce que la Lutte des Classes a de nouveau été gagnée sans nous et par-dessus nos têtes, cette fois-ci par cette élite globale, dont fait partie le nouveau Président français, le "président des riches". C'est aussi dû à 57% d'abstentions des électeurs français, pourtant une ou des alternatives démocratiques et parlementaires sont proposées. Mais les peuples sont assez idiots pour se ruer avec appétit sur le nationalisme identitaire au lieu de choisir leur dignité politique et de remettre en question ce modèle imposé. C'est évidemment plus facile de détester son voisin, de s'isoler dans une "patrie" et de continuer à courir au Aldi pour comparer les prix.
(Photos: Musée Husqvarna, Jönköping, Suède)
Voici donc la copie de cet article >>>
Dans « Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » [1755], Jean-Jacques Rousseau va mettre un bémol aux recommandations de John Locke en soutenant qu’en dehors des inégalités naturelles contre lesquelles on ne peut grand chose, les inégalités sociales, car construites, doivent avoir un destin politique. Selon lui, l’apparition de la propriété privée, cause première des inégalités sociales, est aussi le moment où l’homme bascule dans la vie politique avec la naissance d’une société civile. C’est à cette dernière de résoudre ce problème via le contrat social.
L’économie politique va ensuite dominer cette question. Elle ne cherchera plus quel programme politique mettre en place pour résoudre le problème des pauvres, mais quelle est la mesure palliative compatible au bon fonctionnement des lois naturelles de l’économie. De ce fait, dans « La théorie des sentiments moraux » [1759], Adam Smith pense comme Mandeville [1714] que « La richesse consiste dans une multitude de pauvres au travail » même forcé.
Par la suite, Thomas Robert Malthus publia en 1798 son « Essai sur le principe de la population en tant qu’il affecte l’amélioration future de la société ». Sa conclusion est que l’inégalité dans la croissance démographique et la croissance économique, la première étant supérieure à la seconde, s’explique finalement par le fait que nourrir les pauvres coûte cher et fait baisser la croissance économique autant que la hausse du prix des ressources qu’entraîne la pression de la population pauvres sur les ressources disponibles mais limitées : la redistribution en faveur des pauvres accentue donc le problème sans le résoudre car, le lit du pauvre étant fécond, la reproduction biologique exubérante qui en résulte est réactivée et maintenue à flot par les aides sociales. David Ricardo, homme d’affaire avant de faire l’économie politique, sera encore plus insensible envers la souffrance des pauvres. Il proposa une abolition pur et simple des poor laws qui venaient en aide au indigents, chômeurs et démunis: « Aucun projet d’amendement des lois sur les pauvres ne mérite la moindre attention s’il ne vise, à terme, leur abolition » [Ricardo, 1817, p.127].
Il faut mieux contrôler les chômeurs, les chômeurs sont des tricheurs, les chômeurs coûtent cher à la collectivité, il faut que les gens paient pour avoir la vraie valeur des choses, les sans-emplois préfèrent un chômage de confort au travail sont quelques unes des idées inoxydables héritées de cette trajectoire de la pensée économique libérale sur les pauvres. Il en résulte un climat de méfiance et de suspicions envers les plus vulnérables de nos sociétés en les soupçonnant d’être de mauvais citoyen là où seul le chef d’entreprise devient le citoyen modèle car c’est lui qui seul créerait la richesse quand les chômeurs la consommeraient uniquement.
La "Suédoise", gouvernement belge de centre droit, se situe dans cette filiation intellectuelle et donne raison à John Maynard Keynes qui disait : « Les idées des économistes et des philosophes politiques, qu’elles soient correctes ou non, sont plus puissantes que ce que l’on pense généralement. En réalité, elles dirigent le monde ou peu s’en faut. Les hommes d’action, qui pensent être dénués d’influence intellectuelle, sont en général les esclaves de quelque économiste défunt. »
* Thierry AMOUGOU, macroéconomiste, collaborateur du CETRI, enseignant-chercheur, ESPO, UCL, DVLP & CriDis.
Les trois liens ci-dessous offrent des pistes de réflexion que je travaille sur mon site depuis le 6 juin 2006.