Berlin: deux décades perdues, et la Chute continue du PIB furtif et fictif

Les sociologues, les philosophes, les spécialistes de la psychologie économique, les anthropologues des humains à venir, les économistes, les politiciens, les ergothérapeutes, les syndicalistes, les consultants de l'hémisphère riche sont en accord sur un concept, celui de la société post-industrielle, quand ils décrivent par le biais de l'économie notre société qui a son pivot serré entre la commercialisation des services, d'un côté, et le temps libre, de l'autre.

Ils sont tous dans l'erreur. Notre société est post-réelle et a cassé l'industriel, le travail, l'homme et sa capacité de construire sa liberté, en déconnectant l'activité économique du réel.

Le seul réel communément de plus en plus partagé est le chômage, la pauvreté, l'appauvrissement, la précarité comme vécus personnels.

Dès 1989 j'avais écrit que je n'ai jamais été dupe du sens réel de la Chute du Mur de Berlin et je l'avais même peint dans mes huiles.

Dans cette semaine de la commémoration du vingtième anniversaire de la Chute du Mur de Berlin, le haut-phalanstère riche et industrialisé se fête lui-même tout en ne remarquant pas qu'il fait l'autodafé de sa propre sottise et qu'il fête la culture de son Miroir qu'il ne voit toujours pas continuer de chuter.

Toutes sortes d’investissements à risque comme les actions boursières, l’énergie, les matières premières, les denrées alimentaires et agricoles connaissent un boom depuis mars 2008. Parallèlement à ce boom les écarts des augmentations des placements à fort rendement ont chuté. De plus le $ s’est considérablement déprécié alors que les rendements des obligations souveraines (emprunts d’Etat, Bons du Trésor) ont légèrement augmenté mais restent toujours stables et à un niveau inférieur. Il n'y a pas de reprise économique, mais en ce moment ce sont les Futures à 100 $ sur le pétrole qui font fureur. En un seul mois les contrats pour mars 2010 ont été multipliés par 20.000 avec l'espoir que le baril sera vendu à 100$. Personne n'a enregistré que le pétrole sera commercialisé à partir du 1er janvier 2010 avec une nouvelle monnaie commune aux Pays du Golfe qui est le Khaleedji. Personne ne veut entendre le roi Abdullah et son ministre aux affaire pétrolières Ali al-Naimi qui ont répété qu'ils se souhaitent un baril à 75$ et qui ont aussi les moyens techniques de le maintenir à ce niveau. (Photo: Bergen, août 2009)

Après la folie des green shoots du printemps 2009 l'on fait croire au rétablissement économique de l'automne 2009. Mais il ne s'agit que du rétablissement des placements hautement spéculatifs à Wall Street, le seul miroir du monde "libre". Ce rétablissement des placements à risque est en partie lié à une amélioration des fondamentaux économiques. Peu importe si le rétablissement économique adopte une courbe en V – comme le pense la majorité - ou en U tout en restant exsangue, comme de plus rares personnes le pensent: les prix des placements doivent aller en augmentant. Mais mesurés aux réalités macroéconomiques ils ont augmenté trop fortement, de manière trop précoce et trop rapide.

Que se cache-t-il derrière ce rétablissement des activités furieusement spéculatives? La liberté. La liberté aidée. La Liberté aidée par l'État Providence bancaire. La Liberté de l'Élite financière de la lutte des classes. Pour elle le miroir de sa vanité est renforcé, le vécu de la précarisation commune et partagée ne la concerne pas. L'État, Washington, Londres, Bruxelles veillent pour elle.

Mesurées aux marges bénéficiaires actuelles, les actions du S&P-500 n'ont par exemple jamais été aussi chères aujourd'hui que depuis ces 100 dernières années. Entre temps les entreprises "valent" 140 fois leur bénéfice annuel, une valeur normale est de 30. Quelle bulle! Mais les liquidités qui sont détournées de l'économie "réelle" vers cette spéculation post-réelle et simplement financière.

Les flux de liquidités déversés par les banques centrales ont contribué à ce rétablissement de "l'Apocalypse Dow", du CAC-40, du Dax, du S&P's: 2000 milliards de $ de fausse monnaie imprimée sur la planche à billet de Paper Mill on the Potomak et le rachat des positions toxiques en échange de $ dans les plans de Sauvetage, de bail-out TARP, TALF, PPIP, etc... Mais le facteur le plus important est la chute du $ qui renforce très énergiquement la mère de tous les carry-trades. Le carry-trade est la spéculation sur le différentiel entre les devises: on emprunte avec une devise bon marché et on achète un produit que l’on revendra plus tard avec un bénéfice. Comme la Fed’ (Banque Centrale américaine) a gelé le taux d’intérêt directeur à zéro, le $ est devenu le "junk-bond" des devises, la principale monnaie dans laquelle se réalisent toutes les opérations de carry-trade de la planète. Dans un activité de short, le short selling (Leerverkäufe en allemand = ventes à découvert) les investisseurs misent sur la baisse. Dans la panique qui a suivi le 15 IX 08 la faillite de la Lehman Brothers, Banque d’investissement, le short selling avait été momentanément interdit, parce qu’il est un outil un peu trop violent dans des marchés financiers libres où il y a une trop forte volatilité. Ceci est une manière élégante de dire que toutes les banques, assurances et fiducies n’avaient pas prévu de cacher massivement leur positions à risques, toxiques et pourries et qu’il se révélait trop vite au grand jour qu’elles étaient en faillite. La liberté des marchés financiers aidant, et aidée par le club de Wall Street souverain avec à sa tête le trio Obama Bernanke Geithner, le short selling avait très vite été rétabli conformément aux clauses de l’OMC et de la libre circulation des capitaux et des services financiers. Les nouvelles normes comptables prudentielles Solvabilité II qui vont être adoptées au niveau international et par Bruxelles vont autoriser aux assurances de cacher le risque, "afin qu'il soit moins sensible à la volatilité des marchés". Les marchés financiers disposent de la Liberté sans entrave d'accéder à leur victoire. L'argent prêté à taux zéro aux banques pour qu'elles fassent leurs œuvres pathologiques de spéculation financière est une licence d'exploitation de casino qui leur est offerte gratuitement par l'État.

Gardez en mémoire le père de tous les short sellers, George Soros, l'homme qui avait fait sauter la banque d'Angleterre, qui avait gagné avec son short (vente à découvert que l'on appelle aujourd'hui carry trade) sur la Livre un montant de 10 milliards de £ le 16 septembre 1992 en la faisant sévèrement chuter.

Le Sommet des 192 du 1 au 3 juin 2009 dirigé par le Prix Nobel Joseph Stiglitz et convoqué par le Secrétaire Général de l'ONU avait été boycotté par le G7 dont quelques membres n'avaient daigné envoyer que des sous-fifres. Il s'agissait d'analyser à ce G 192 les Causes of the Crisis et de faire des propositions pour mettre en œuvre la liberté de tous les pays de la planète d'organiser un nouveau système monétaire international. Jospeh Stiglitz avait dit au G 192: " Il est clair, qu'une devise de réserve ne doive pas être adossée à une monnaie nationale, parce que ceci ne peut que conduire à l'abandon de la discipline financière avec des conséquences désastreuses pour le pays émetteur de cette monnaie de réserve et pour l'économie mondiale.

Le Document final du G192 rédigé en Points numérotés avait pourtant exprimé de manière simple la Chute de la Doctrine de Wall Street et qu'il fallait reconstruire sur ses ruines. Vous pouvez lire ci-dessous quelques points:

Point n°10 du Projet du Document final, 1ère révision: "Les moteurs financiers et économiques de la crise sont complexes. Nous reconnaissons que les racines incluent des crises structurelles dans l'environnement, l'énergie, l'alimentation et l'eau. Elles comprennent aussi des facteurs systémiques comme la concentration de revenus et de bien-être tout comme un cycle excessif de la volatilité des marchés. L'effet de ces des facteurs s'est considérablement amplifié avec des déséquilibres globaux et un dysfonctionnement grave de la régulation financière, du contrôle et de la surveillance du secteur financier. Ces défauts de régulation combinés avec une absence généralisée de transparence et de l'intégrité financière ont conduit à une prise de risque excessive, une instabilité des prix élevés des actifs, une irresponsabilité dans le décuplement des risques et un haut niveau de consommation nourri par le crédit facile et une inflation du prix des actifs. Les régulateurs financiers, les pouvoirs politiques et les institutions qui ont été chargés de traiter les questions formelles du secteur financier ont failli dans l'appréciation du risque du système financier parallèle ou l'expansion des vulnérabilités économiques et leurs interconnexions. D'autres faiblesses de nature systémique ont aussi contribué à la crise. La confiance aveugle dans l'autorégulation des marchés, la poursuite du profit non durable, l'insuffisante mise en évidence du développement humain équitable et éthique ont abouti dans de sévères déficiences du système financier global et de l'architecture économique et des inégalités significatives entre les pays et les peuples. Le déploiement de la crise a révélé la besoin d'une plus grande implication des gouvernements dans l'économie pour assurer un nouvel équilibre entre les marchés et l'intérêt public.".

Point n°12 du Projet du Document final: "La globalisation sans des institutions globales et régionales effectives conduit au chaos. Ceci empêche la prise de décisions globales et les actions nécessaire à faire face aux défis au regard de l'humanité et tout spécialement dans le domaine de l'environnement. Le contrôle des institutions globales qui sont réticentes à la démocratisation et plutôt empressées de la réduire a conduit à un malaise politique au niveau de la planète et une carence de solutions pour répondre aux problèmes urgents globaux. Certains pays ont découvert que la meilleure voie pour prendre en main le contrôle de leur destin se trouve dans des organisations régionales. Il faudra renforcer les Nations Unies et l'Assemblée Générale selon le principe de une nation une voix ce qui pourra conduire une institution globale légitime. Au même moment le niveau régional doit être renforcé."

Point n°11 du Projet du Document final: "Le marché sans régulation détruit l'environnement, concentre les revenues, le bien-être, la puissance, augmente les inégalités et favorise le capital financier qui conduit à la volatilité et aux effondrements financiers. La dérégulation systémique généralisée d'après 1980 a conduit aux crises et à l'imbrication malheureuse de la cupidité sans limite et de l'auto-régulation. Le principe est d'assurer un nouvel équilibre entre le marchés et le contrôle des forces des marchés par l'État en accord avec une économie centrée sur les gens pour donner priorité à l'accomplissement des besoins humains, des droits humains et de la sécurité humaine."

Point n°10 du Projet du Document final: "L'alimentation et l'énergie ont fait partie de la débauche spéculative des années2006-2007 qui a propulsé les prix à des sommets historiques avec 147$ le brent de pétrole et un crash à 30$ quelques semaines plus tard. L'échange de produits financiers dérivés, des marchés où s'appliquent de manière extrême les leviers de spéculation, les ventes à découvert (naked short sellings) et les Credit Default Swaps (assurance sur crédits) non couverts ont contribué à la volatilité. Les marchés de l'alimentation et de l'énergie doivent être spécialement protégés de la spéculation."

Point n°9 du Projet du Document final: "La volatilité devient particulièrement intense quand le capital financier devient hégémonique. Selon l'UNCTAD les profits générés par les services financiers sont passés de 6% dans les années 80' à 40% en 2007 dans les bénéfices des entreprises. La valeur du marché du secteur financière virtuel a augmenté de 6 fois (300.000 milliards de $US) avec le secteur financier parallèle, les hedge fonds, les produits financiers dérivés, par rapport à l'économie réelle (50.000 milliards de $US). Le principe est que le secteur financier doive fournir des services à l'économie réelle à un coût raisonnable et ne doit pas être mis au centre de l'accumulation de profits avec les conséquences désastreuses que nous connaissons aujourd'hui. Quand le secteur financier devient hégémonique une bulle et un crash s'ensuivent."

De l'automne 2008 au début du printemps 2009, l'Élite financière de la libre lutte des classes avait été un peu déboussolée avec le brouillage de sa doctrine car les nationalisations et recapitalisations des banques et les mesures d'interdiction des short selling (ventes à découvert) étaient des entraves, des mesures protectionnistes et des mesures règlementaires qui rendent momentanément caducs les clauses de l'OMC, du Traité de Lisbonne, des autres Traités, des Directives sur la libre circulation des capitaux et des services financiers.

Mais depuis les green shoots de mars 2009, l'Élite de la lutte des classes financière fête à nouveau sa liberté.

Revenons en à la liberté de spéculer et d’opérer toute forme de transaction financière. Les short sellers (vendeurs à découvert) s’endettent dans une devise faible et achètent de positions à haut rendement dans une autre devise. Dans le cas du $, ces vendeurs à perte n’empruntent pas seulement de l’argent à un taux d’% égal à zéro, mais à un taux négatif : calculé sur l’année ils jouissent d’un taux négatif de 10 à 20% dans leur réalité toute matérielle qu’ils s’ingénient à organiser comme ils le souhaitent. Pour cette Élite les désirs de Liberté se suivent toujours des actes, les leurs, et d’un bénéfice net. La raison est que la chute du $ offre un bénéfice gigantesque sur les short-positions en $. Vous l’avez compris la partie riche de la planète fête la Liberté calculée en Dollar. Les investisseurs disposent donc de la liberté d’emprunter à un taux négatif annuel de 20% de l’argent qu’ils investissent tout autour de la planète dans des Futures, des Options, des catégories de placements financiers dont les cours augmentent très rapidement à cause d’une surliquidité et d’un carry-trade massif. Il y a une surliquidité massive parce que l’argent mis à la disposition par les banques centrales n’est pas prêté depuis presque deux années aux entreprises qui ont des réels projets économiques. Cette augmentation de la cotation de ces valeurs hyper-sensibles est appelée, par une liberté de langage - liberté conditionnée - le rétablissement de la croissance. Il n'y a pas de reprise.

Pour cette classe d’opérateurs libres de tout mouvement et aidés par le gouvernement et la liberté d'agir de la banque centrale indépendante, le rendement financier est de 50 à 70%. A ce prix la liberté est belle. Chacun de ces acteurs qui contribue à l’entretien de ce jeu passe pour être un génie, même s’il agit dans une mégalo-bulle qui est encore pire que celle des subprimes, DotCom Enron Worldcom, parce que cette fois-ci il n'y a plus un tissus industriel réel qui poursuit un semblant d'existence économique. L'éclatement de cette bulle en construction sera même pire que celle de 1929 pour cette même raison. La Grande Dépression II est déjà actuellement plus longue que la Grande Dépression de 1929. Même Nouriel Roubini, n'a pas le courage, mais surtout la liberté, de raconter le réel.

Au regard de la Value-at-Risk de leur portefeuille ces investisseurs devraient se faire d’énormes soucis. On ne parle plus de Fair-Value ou de Mark-to-Market, de juste valeur ou de valeur du marché, mais de Value-at-Risk. Il est intéressant de voir les ripages de langage dans cette phase post-réelle de l’industrie et de l’économie, alors que la Doctrine de Wall Street de la Liberté d’agir pour son compte et contre Main-Street se festonne dans ses convictions et celles des politiciens qui les représentent. A Berlin, en 1989, lors des Montagsdemonstrationen, les manifestations du lundi, le Peuple scandait: "Wir sind das Volk, wir sind ein Volk". Et je vous garantie que l’ordre de leur slogan est bien celui-ci: "Nous sommes le peuple, nous sommes un peuple". Ceci signifie que le peuple qui avait cru acquérir une liberté s’était déjà lui-même festonné dans une idée d’unicité, en oubliant très vite qu’il est le peuple, main-street, celui qui décide. Le Peuple souverain s'est oublié dans son illusion d'unicité. Le jour de la Chute du Mur de Berlin, le Peuple de Berlin s’est transformé en un générique de peuple qui court directement à son emprisonnement.

La raison de cette appréciation vertigineuse des "valeurs" de cette nouvelle bulle en constitution, réside dans la croissance des relations interactives entre les risques spécifiques des différentes catégories de placements financiers qui sont tous supportés et subventionnés par une politique monétaire commune du G20 et par les Carry-trades qui avaient été interdits pour une courte durée de 2 à 3 mois mais auxquels le consensus international londonien et de Wall-Street avait très rapidement rendu la liberté. Depuis mars 2009, à la suite des dénis compulsifs des G20 de Washington, de Londres, de Pittsburgh, est né un gigantesque marché unique planétaire sur lequel n’importe quel placement à risque est acheté grâce à l’outil de destruction massive qui est le short-selling sur le $. Vous comprenez bien, que le combat d’Obama pour une sécurité sociale généralisée, est un mensonge face au pire qu’il organise avec son ministre des finances, Tim Geithner, secrétaire américain au Trésor, et avec Bernanke, Gouverneur de la Fed'. Geithner qui contribue à la création de surliquidités en $. 

Après la bulle de la multimutualisation du risque développée de manière gigantesque avec les CDS/CDO et les LBO et autres produits financiers dérivés adossés, la liberté a été organisée pour que les grands opérateurs spéculatifs puissent investir dans de l’irréel que l’on fait passer pour du rétablissement économique. Une fois de plus, le risque réel est déconnecté de la perception que l’on en a. Pourquoi en serait-il autrement, à partir du moment où cette horde libre de lemming-opérateurs dispose de l’assurance-vie gouvernementale qui éponge par trillions les positions négatives, toxiques et pourries, alors que la bulle des CDS qui est évaluée à 60 trillions de $ (60.000 milliards) n’a même pas encore commencé d’exploser, tout comme la bulle des Alt-A et la nouvelle bulle des subprime créée par un décret Obama, la Ginnie Mae et la FHA.

Il ne faut pas oublier une bulle de crédits hypothécaires dont personne ne parle et qui trouve son équivalent dans la "Crise des Subprimes". Il s'agit de la bulle qui devrait éclater dans la 1ère moitié de l'année 2010 au moment où vont commencer les chaines de faillites commerciales et industrielles. C'est la bulle des Commercial Mortgage-Backed Securities (CMBS) qui est l'agglutinement de la cupidité multimutualisée autour des assurances pour défaut de remboursements adossées sur des crédits hypothécaires pour l'immobilier commercial et industriel. Ces crédits hypothécaires ont tout autant été distribués à l'aveugle sans réelle étude de la solvabilité des emprunteurs commerciaux ou industriels, puisque le risque avait été épandu dans la verdure à l'aide de ces produits financiers dérivés que sont les CMBS. Dès qu'il y avait quelque part à octroyer du crédit, les banques et autres instituts apparentés se sont librement débrouillés pour vendre des CDS, des CDO, des CMBS, etc... qui sont des assurances contre les défauts de paiement des emprunteurs. En bon français on appelait ceci autrefois des créances titrisées. Plus personne ne parle de "titrisation" alors que ces produits financiers sont toujours vendus par milliards. Autrefois, c'était il y y a moins de six mois.

Les inventeurs de ces produits dérivés n'avaient jamais évalué le risque réel et encore moins le risque systémique que ces assurances représentent. Il n'y avait même plus de raison de se demander si les entreprises emprunteuses étaient capables de générer sur le moyen terme au moins de la création de richesses pour amortir les prêts. Il n'y avait plus besoin de se demander si les commerces et les industries se mouvaient dans de la production de biens et de services qui trouvent acheteurs. Donc il n'y avait pas de raison de se demander si derrière tout ceci il y avait des familles et des travailleurs. Et si une douce pensée était réservée à ces derniers, c'était pour ne plus les payer à leur juste valeur et pour leur vendre du crédit aux particulier adossé sur des CDS vendus sur les marchés financiers par les émetteurs de crédits en paquets exotiques de véhicules financiers.

Les gouvernementaux et les médias, la Commémoration de la Chute du Mur de Berlin, contribuent à festonner la société post-réelle dans son miroir de croissance économique et de démocratie. La démocratie, ça doit être quelque chose comme l'accès libre et non faussé de tout le monde à tout. Pour ces grands opérateurs financiers, le pire de l’existence a été aboli par la volonté du Gouvernement: la peine de mort donnée par la volatilité. La volatilité a été éliminée. Le Gouvernement est encore plus efficace que la Goldman Sachs qui avait inventé avec les CDS la multimutualisation du risque. La Volatilité a été éliminée, Vive la Liberté. Comme chaque classe de placement évolue de manière identique aux autres, il n’y a plus de diversification, il y a implémentation d’une réalité commune, celle de la volatilité disparue. De la précarisation des peuples on s’en fout. On fête la Chute du Mur à Brandebourg et à La Concorde.

L’effet combiné du taux d‘intérêt à zéro % de la Fed’, du Quantitative Easing (planche à billets) et l’achat massif d’instruments financiers dérivés de dettes (CDS/CDO, mais aussi des Bons du Trésor) à longs termes devraient, selon le Club de Wall Street avec à sa tête Obama Geithner Bernanke, rendre le monde plus sûr, mais pas comme l’a défini le G192, ni même les G20, mais plus sûr et plus libre pour la mère de tous les Carry Trades et la mère de toutes les bulles spéculatives qui sont fortement boostées avec les effets de levier. Cette politique de la liberté américaine et londonienne nourrit la nouvelle bulle des placements spéculatifs au niveau planétaire et américain. Un Dollar faible est bon pour les actions américaines parce qu’il augmente le bénéfice des groupes américains opérant à l’étranger.

La politique irresponsable du Gouvernement Obama qui donne l’énergie à ce Carry Trade oblige les autres pays de suivre cette politique imbécile de l’assouplissement de la politique monétaire avec un taux d‘intérêt directeur voisin de zéro et sans exiger la moindre des contreparties aux banques. Au nom de leur Liberté. Seule la Banque Centrale norvégienne vient d’avoir le courage d’augmenter ce taux d’intérêt. Les banques centrales pourraient même être obligées à poursuivre dans leurs propres pays cet abaissement du taux d’intérêt avec des opérations d'open market. Les Open Market Operations consistent dans le cas Obama Geithner Bernanke en l'achat ferme et définitif de titres souverains, de Bons du Trésor par la banque centrale (la Fed' et la banque centrale anglaise) sur le marché interbancaire au à travers d'acteurs plus ou moins masqués, les Primary Dealers. En procédant ainsi, la banque centrale élargit la liquidité bancaire pour le bonheur surmultiplié des spéculateurs financiers et des autres. Au 27 juillet 2009 la liste des Primary Dealers serait selon la Fed': Banc of America Securities LLC,  Barclays Capital Inc., BNP Paribas Securities Corp., Cantor Fitzgerald & Co., Citigroup Global Markets Inc., Credit Suisse Securities (USA) LLC, Daiwa Securities America Inc., Deutsche Bank Securities Inc., Goldman, Sachs & Co., HSBC Securities (USA) Inc., J. P. Morgan Securities Inc., Jefferies & Company Inc., Mizuho Securities USA Inc., Morgan Stanley & Co. Incorporated, Nomura Securities International Inc., RBC Capital Markets, RBS Securities Inc., UBS Securities LLC. Cette liste est donc celle des truands systémiques qui écoulent de la fausse monnaie américaine imprimée à Paper Mill on the Potomak. Les Open Market peuvent aussi fonctionner en sens inverse pour restreindre les liquidités.

Comme il n’y a pas d’intervention au niveau du change et comme les autres monnaies de la planète augmentent par rapport au $, les coûts négatifs des Carry-Trade deviennent encore plus négatifs et les spéculateurs se voient offrir par les politiques financières et monétaires un copieux supplément de liberté de spéculer. La politique monétaire et financière américaine se donne la liberté de nourrir massivement une bulle des valeurs mobilières et des actions et de la propager par contagion dans la planète entière. Nous sommes face à une bulle corrélée de la liberté des transactions financières et les bavardages répétés actuels de Gordon Brown au sujet de taxations financières (Tobin-Spahn?) sur celles-ci sont même rabroués par Washington pour qui ce n’est pas le moment.

Cette bulle va éclater bientôt et multimutualiser le plus grand effondrement des "valeurs" (depuis longtemps on ne parle plus de travail et de produits manufacturés). Si le Dollar devait augmenter, le Carry-Trade serait immédiatement stoppé parce que les vendeurs à perte doivent consolider leurs positions et il y aura un run panique de leur part puisqu’ils doivent rembourser pour couvrir leur risque systémique privé soutenu et renforcé par le gouvernement. Toutes les catégories de placements et aussi ceux de l’économie réelle qui subsistent seront gravement impactés et poussés aux égouts. Depuis le début officiel de la Crise, le 15 IX 2008, 16 millions d'américains sont tombés dans le chômage et la moyenne horaire hebdomadaire de travail est tombée à 33 heures aux USA. Dans la partie Est de l'Allemagne il y a 25% de chômage depuis 1989. Ce n'est que parce que l'Allemagne a été championne à l'exportation qu'elle a pu financer ce chômage. Aujourd'hui elle connaît 6% de récession.

Les Carry-Trades s’effondreront parce que le $ n’atteindra jamais le zéro absolu, il se stabilisera à un certain niveau. Les coûts de crédits seront alors voisin de zéro au lieu d’être négatifs, le risque que le $ s’apprécie conduira beaucoup à vouloir couvrir leur short-Position. La Fed’ ne pourra tout de même pas abolir à l'infini la volatilité. Au printemps elle va (en théorie) stopper son plan d’achat de 1800 milliards de $. Le moment arrivera où la Fed’ devra suivre la Banque centrale norvégienne et augmenter le taux d’intérêt directeur. Un risque géopolitique de conflit armé pourra aussi déclencher une fuite face au risque. Mais entre temps l’argent public aura été dilapidé dans de la spéculation qui n’aura rien produit, qui aura été retiré de l’économie réelle. (Mes autres huiles)

Commentaires

1. Le 10. novembre 2009, par Sébastien

Ton billet est en ce qui me concerne d'une brillante limpidité et je ne suis pas un adepte du satisfecit sur ton site.
J'avoue pouvoir dire que je ne suis pas capable d'ajouter quelque chose de plus à ta vision d'une justesse diabolique. Le qualificatif peut choquer mais j'y tiens car aujourd'hui nous sommes sûrement les témoins d'un retour du religieux fanatique dont la divinité de remplacement est sans aucun doute la seule et unique chose devenue pouvoir absolu dans ce monde total à savoir : La Monnaie.
Nous vivons une période obscure où règne le mensonge total d'un transfert de toutes richesses d'une illégitimité qui n'a d'égale que sa globalité.
Encore merci à toi.

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