Les rapprochements centristes, nouvel espoir des faibles - Bayrou, Ségolène
Par Thomas, le Cimbre le 6. avril 2007, - Catégorie : Peurs, dogme et puanteur - Lien permanent
Le rapprochement politique n'est curieusement que salué par les protagonistes des partis de droite.
(publié la 1ère fois début juin 2006) Pour se légitimer dans leur Eiertanz, leur danse de l'oeuf, ils prennent même comme exemple la Grande Coalition allemande actuelle, qui, elle, doit gérer une réunification lamentable qui n'a été faite que sur les chaînes commerciales et le soutien de l'immobilier. 29% de chômage à l'Est correspondent à une crise nationale bien plus grave que celle issue du krach boursier de 1929 (l'Allemagne reste championne du monde en valeur à l'export depuis 7 ans, mais la demande intérieure ne suffit pas à soutenir le BIP).
Les rapprocheurs n'offrent que des plans adhoc et n'ont pas de projet de société global en réponse aux évolutions du temps, des choses et de la planète.
Un rapprochement politique - forcément vers un centre - ne donne qu'un nouveau clivage insipide et sans saveur. Il ne donne que l'illusion d'être un acteur actif qui "offre de bonnes réponses aux questions bien posées". En fait ceci mène à du nivellement. Seul le ton se donne comme étant engagé, mais la discipline de vote avec la droite témoigne du reste.
Un rapprochement politique vers le centre épouse en douceur la globalisation, la privatisation, la dérégulation, l'avènement de l'AGCS au lieu de choisir une réponse en rupture. Car ce ramollissement, en épousant la globalisation, lui permet son expansion libérale, alors qu'une orientation à gauche ou à droite demande un profilage courageux et clair.
Quant à Ségolène, qui n'est pas de gauche comme presque tout le PS, elle flatte les gens de droite, qui croient en une confirmation de leur propre position sécuritaire. Ségolène n'est qu'un miroir aux alouettes, ou plutôt aux linottes. J'ai entendu dire que Montebourg voudrait se rapprocher de Ségolène. Pour les bas de laine ou pour tricoter des chaussettes?
Le système paritaire rhénan, mis en place par Ludwig Erhardt (CDU, la droite chrétienne) et moteur de croissance et de répartition des richesses, n'avait fait depuis 1949 qu'organiser la "Lutte des classes" en une négociation de branche, annuelle, de 3 à 4 semaines en automne. Elle a aussi confirmé la Mitbestimmung, la codécision, qui est en fait une tradition allemande qui remonte à Bismarck. Ceci est un témoignage vivant d'un "Rapprochement actif" et non pas d'une fusion, qui n'est qu'un rapprochement à la française, où l'objectif est d'anéantir le partenaire pour se profiler soi-même. C'était aussi le cas lors du "Programme Commun", où Mitterand-1 accueillait le PC pour mieux le casser. C'était un rapprochement centriste.
Lire aussi: Europe, déprédation sociale par pilotage de processus et lire aussi Europe, le retour de Bolkenstein par la Directive Services ___________________________________________________
En Allemagne, en 1875, le SPD se crée par la fusion de "l’association générale allemande des travailleurs" fondée en 1863 et le "parti travailliste social démocrate" fondé en 1863. Face à cette force, Bismarck se voit contraindre de faire voter des lois sociales importantes (non par progressisme mais par obligation), notamment la première loi concernant l’assurance maladie en Europe.
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Lisez ma série détaillée de la Constitution européenne. Sa ratification aurait été une élégante manière de faire parapher, de manière déguisée, par le peuple la doctrine libérale qui est rappelée tout au long du texte de la Constitution, et pourquoi pas l'AGCS. (note du 30 XII 23006: la Directive Service votée en Décembre 2006 est la preuve que Bolkenstein est revenu et est définitivement applicable sous le libellé "liberté de prestation de services" et non plus sous "détachement de travailleurs").
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Lire aussi mon article de début juillet 2006
Commentaires
Thomas, J'aime beaucoup tes écrits, je lis également tes commentaires sur RM 21.
Alain Piegay, RM21Je pense que nous avons les leaders que nous méritons.
Pour un ancien comme moi je suis un peu désespéré d'avoir participé à l'éducation d'une société aussi peu combative aussi individualiste, moutonnière, aussi peu ambitieuse, aussi peu audacieuse. Je ne sais pas si des sociologues ont étudié ce point !
Pour ma part je vois deux explications la première est que l'élite de ce pays a compris depuis longtemps que le pouvoir n'appartenait plus aux politiques mais au domaine de la finance et de l'entreprise. C'est pourquoi nous devons choisir entre de pâles marionnettes, de teintes légèrement différentes, interprétant toutes le même refrain sur un tempo différent. D'ou la grande coalition en Allemagne.
L'autre raison est que nous les anciens n'avons sûrement pas expliqué à nos enfants que tout ce que nous leur prodiguions généreusement nous ne l'avions pas eu ; nous étions très heureux de voir qu'ils consommaient avec gourmandise. Le miroir de leurs yeux ébahis nous comblait d’aise. Seulement nous ne leur avons pas appris que si tout cela existait il avait fallu que nos anciens et nous même le gagnent. Que les droits sociaux n’étaient pas acquis pour toujours, que le patronat n’attendait qu’un moment d’inattention, de faiblesse pour tout reprendre. Nous en sommes là. Surtout pas de désespoir, gardons notre combativité, le redressement du gouvernail est à ce prix. Lorsque la gauche est unie elle réalise de belles choses récemment TCE CPE continuons nous n’avons aucun avenir avec le centrisme Bayrousien.
Tu vois, moi je n'ai jamais participé à cette forme lâche de l'éducation, j'ai toujours enseigné depuis 30 ans à mes élèves et mes étudiants l'indiscipline.
C'est un combat très long, fastidieux qui demande une logique et une cohérence à toute épreuve. Et je termine aussi par exemple chaque semestre de séminaires avec mes étudiants, en leur disant que je ne me fais aucune illusion, et qu'à leur niveau de responsabilité, en sortant avec un diplôme de Master Grande Ecole, ils devront se faire un nom, puis assurer une aisance à leur famille conformément à leur status, mais qu'après 10 ans et les premiers revers de la vie et de la carrière ils se remettront à penser aux petites gens, car s'ils sont si géniaux, il y aura des milliers de personnes en dessous d'eux qui auront du boulot. C'est ce que je demande à mes jeunes cadres et capitaines d'industrie tout au long de mes cours.
Tu peux ajouter à ton blog le site du courant du PS " Forces Militantes" animé par Marc Dolez (député du Nord), encore plus à gauche que démocratie et socialisme qui soutient actuellement à fond la candidate MSR.
c'est fait
Mon acte indiscipliné du jour: réaliser un commentaire hors sujet. Je n'ai pas toujours été d'accord avec vous, aujourd'hui sans doute encore mais çà ne m'empêche pas de vous dire merci d'avoir été ce professeur qui a mis un peu de sel dans nos cours mais qui avant tout nous a aidé à savoir être critique et garder du recul sur tout même sur ce qui pourrait être positif ou anodin au premier regard (à l'image d'une putzfrau...).
Les mauvaises passes j'en ai eu et je continuerais à en avoir. Et qu'il est bon de repenser à ses années de lycée avec une certaine nostalgie certes mais surtout pour se dire que les vraies personnes et les vrais amis, je les ai connu là. Des gens simples sans doute pour des personnes que je cotoie autrement parfois, mais sans qui, la vraie vie et le bonheur simple n'existeraient peut-être pas...
Mes amitiés à psychokwak
Merci Nicole,
toute ma vie, malgré mes larges épaules, mes galéjades, mes fariboles, je douterai de la portée de mes actes, et encore plus de professeur, que ce soit de la Seconde de Lycée aux Master, et Master Grande Ecole.