Mélenchon apporte une voix de gauche du PS au meeting "Alternative à Gauche 2007"
Par Thomas, le Cimbre le 21. novembre 2006, - Catégorie : Le PS est-il à gauche? - Lien permanent
De suite après les "primaires" du parti intitulé PS, Jean Luc Mélenchon, Sénateur PS, Fondateur du courant PRS - Pour la République Sociale, est allé le 17 XI 06 au meeting Alternatives à Gauche 2007. Jean Luc Mélenchon ne peut renier ses conviction de gauche. Voici son discours:
"Ma position est assez singulière, vous le savez.
Alors, qu'est ce que je fais ici ? En conscience, je crois qu'il est de mon devoir de dire de la même manière que je souhaite l'unité de toute la gauche pour battre la droite, que je la souhaite de toutes mes forces (parce que je ne sais pas comment on peut sans cela battre la droite), je dis avec la même clarté, tout socialiste que je suis: je souhaite de toutes mes forces le succès de la démarche que vous avez entreprise . Je souhaite le rassemblement de la gauche représentée ici. Je souhaite qu'il aboutisse à une candidature commune car il est absolument inenvisageable, irresponsable de croire qu'un seul parti pourrait avoir à lui tout seul, la majorité! Et j'ajoute que si vous vous laissez transformer en poussières additionnées , vous aurez dans les conditions mêmes avec lesquelles vous serez entrés dans le débat réglés la sortie par laquelle vous passerez ensuite.
Il n'y a pas de contradiction à vouloir cette candidature commune et à vouloir l'unité de toute la gauche, c'est une seule et même chose et il faut avoir le courage de le dire en transcendant parfois ce qui parait être l'aspect momentané d'un intérêt de parti, le mien en l'occurrence .
Pourquoi ? On a évoqué bien des arguments qui justifient l'importance du vote de 2007, à mon tour, je veux en évoquer deux qui me paraissent particulièrement ardents à cet instant :
Premièrement, l'état du continent . Chers amis, chers camarades, c'est la force de s'être instruit auprès des autres, d'avoir ouvert les livres, d'avoir écouté les générations précédentes de militants pour dire et savoir reconnaître que quelque chose de terrible est en train de se préparer. Faute d'alternative progressiste, alors que le libéralisme fait exploser les sociétés dans toute l'Europe, partout c'est l'extrême droite qui tient le dessus du pavé. C'est cette catastrophe qu'il faut enrayer, c'est la responsabilité de notre génération politique. Celui qui reste une main en arrière, celui qui ne voit pas, celui qui sacrifierait à je ne sais quel intérêt du moment la claire conscience qu'il aurait de cette réalité, celui là vraiment manquera à sa classe, manquera à ses devoirs, manquera à sa patrie républicaine. Nous avons les moyens de détourner le coup qui s'annonce! Nous en avons les moyens! Le calendrier nous sert: en 2008 c'est la France qui a dit "non" qui préside l'Union Européenne. Ca ne sera plus le cas avant 2015. Saisissons cette chance d'ouvrir une alternative pour la paix, et donc par le progrès social. Oui, nous pensions avoir réussi quelque chose depuis le référendum et avant, depuis 2002. Nous pensions qu'ayant tiré la leçon de 2002, au moins une des leçons, nous allions mettre au premier plan la question sociale et que c'est sur elle que chacun serait obligé de se prononcer. Et que voit on hélas, mille fois hélas ? Nous revoilà embourbés dans une discussion qui n'a pas de sens réellement vous le savez comme moi. Non, la France n'est pas malade de manque d'autorité, elle est malade de manque d'égalité, elle est malade d'inégalité. Réglez cette question là et vous en aurez réglé des centaines d'autres.
Quand la première fortune de France gagne 1 SMIC et demi annuel par heure . Quand les 60 premiers dans le tableau gagnent 5300 SMIC annuels et que dans le même temps, 7 millions de nos compatriotes sont pauvres, parmi lesquelles 2 millions de travailleurs, alors il y a une injustice et c'est celle-là qui est la mère de toutes les injustices, de toutes les violences . 400 000 sans-toits, 200 000 qui dorment par terre, 200 000 qui sont dans les campings, voilà la situation de la France au moment où elle n'a jamais été aussi riche de son histoire. Le premier des tabous à vaincre c'est celui de s'habituer à l'idée qu'il est normal que les uns aient tout et les autres n'aient rien. Voilà les tabous qu'il faut briser. Qu'accumuler l'argent n'est pas un droit, que soulager la misère est un devoir. J'y mets de la passion, mais comment ne pas mettre de la passion quand on regarde des chiffres qui vous apprennent que le revenu salarial moyen a progressé en 10 ans de 3%, et même régressé d'1% pour les employés et que dans le même temps, les actionnaires du CAC 40 ont vu leur bénéfices augmenter de 300% !
Alors, nous savons très bien la difficulté de notre situation, nous savons très bien que la gauche, dans l'univers entier est en réinvention. Tout à l'heure José Bové et Marie George Buffet ont signalé quelque chose qui est très juste: aux portes de l'empire, des peuples qui sont bien plus désarmés que nous ne le sommes ont le courage et l'audace de vouloir changer leur destin. Alors nous aussi nous sommes capables de réinventer la gauche, cette réinvention est en train de se commencer, c'est à nous de la mener jusqu'à son terme et de lui faire subir le test, le seul qui compte pour un républicain, le test de la démocratie, le test du vote.
Que le peuple arbitre entre les différentes orientations politiques qui sont présentes à gauche. Et que cet arbitrage une fois rendu, nous ayons la sagesse d'accepter ensuite de nous rassembler pour battre l'adversaire. Mais que le peuple tranche d'abord, et qu'il puisse le faire en toute connaissance de cause. Je crois que vous ne devez pas accepter que se creuse le fossé que voudraient que s'établisse entre nous ceux qui ont tout intérêt à ce que nous nous divisions. Nous avons intérêt à ne pas accepter le partage des rôles que d'aucuns souhaiteraient et qui leur conviendrait si bien : A une certaine gauche la gestion et à l'autre la protestation naturellement impuissante.
Notre rôle est d'éduquer, d'éclairer, un grand peuple qui bien souvent est désorienté. Le rassemblement que nous voulons opérer ce n'est pas seulement l'addition des patrimoines électoraux de nos partis respectifs. C'est surtout la conquête des esprits de ceux qui sont totalement désorientés et ne savent de quel côté ils vont trouver leur salut, la possibilité de sortir par le haut. Ce sont ces masses innombrables qui ne savent que dire, que penser et qui étant frappés dans leur quotidien n'y trouvent pas les ressorts. Car lorsque l'on est dans la misère il n'est pas facile de se préoccuper des autres. Lorsque l'on doit s'occuper de son lendemain, il n'est pas facile de penser au surlendemain des autres. Ne l'oublions jamais, nous devons être le grand parti des exploités et des humiliés.
Chers amis, chers camarades. Je crois comme vous, sans doute je l'espère que le grand nombre a le droit non pas de rêver mais de voir ses rêves devenir des réalités. Le grand nombre n'aspire pas à empiler la richesse, il aspire à la vie douce, que les enfants soient correctement éduqués, que l'on puisse cesser de travailler lorsque le moment est venu et que l'on est fatigué, que l'on puisse aller en vacances, que l'on puisse être logés, que l'on puisse être nourris et chauffés. Ce programme de la vie douce semble complètement incompatible avec l'ordre d'un système qui échoue en tout point. Que chacun d'entre nous quelle que soit sa place, et plus éminente est la place, plus éminent est le devoir, se demande comment être utile à cette noble cause. Je finis sur cette phrase de Jean Jaurès : « Assez parlé d'égalité, il est temps de faire des égaux."
Commentaires
je met l'intégralité du meeting sur mon blog demain matin ... l'est plus humain et militant que celui du mans ... Mélenchon a réussi à accrocher une salle plutôt froide au départ ...
en prime, tu trouveras la vraie réforme des institutions dans l'intervention de Michel Naudy ....
En voilà un qui aurait le sens du service au public ?
Il a la volonté et le courage de défendre ses opinions de gauche ira t il jusqu'au bout comme pour le non ? C'est possible si une candidature désignée par consensus émerge. N'oublions pas qu'il a été un des premiers à s'engager pour le non. J'ai mis la vidéo de son discours de Montpellier sur mon blog, on peut y remarquer le nombre de participants. Alain Piegay
Mélanchon pète de travers avant, il accorde ses cordes vocales pendant, il allume son pet après en croyant qu'il est encore là. Rien de sérieux. Un bavard bougon. C'est tout.