25 IX 2001 - Discours de Poutine au Bundestag allemand - après la Chute du Mur de Berlin ➳ la Demande de Réunification des confiances

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J'ai retrouvé dans les Archives du Parlement allemand, le Bundestag, le discours tenu par Poutine devant les élus du Plenum du Bundestag, il y a 21 ans le 25 septembre 2001. Je me souviens parfaitement avoir suivi en direct ce discours avec mes étudiants en Master Grande École de l'EM-S - École de Management-Strasbourg, la seule école publique de management de France. Poutine avait commencé en russe et continué dans un excellent allemand. En RDA il était de 1985 à 1991 à Dresden espion à la direction du KGB qui collaborait avec la Stasi, la police politique est-allemande. Dans ses fonctions à Dresden il avait acquis une expertise en allemand et dans... une étude sur des poisons mortels qui ne laissent presque aucune trace, comme le polonium, le dioxyde, le venin de crapaud, etc. Ce n'est pas un biais cognitif mais son parcours de santé.

En annexe en pdf la version intégrale du discours, que je vous traduis ici. J'avais aussi été en parallèle traducteur juridique pendant 16 ans pour l'OEB - Office Européen des Brevets de Münich et mes M2 du CEIPI. J'y mets des commentaires avec "ndtr", des mots en caractères gras et des links en hypertexte.

Vous lirez les réflexions et attentes de Poutine face à la coopération, la sécurité en Europe, mais aussi sa mise en garde sans ambage contre l'expansion de l'OTAN... sans plus de précisions. Vous verrez sa demande redondante de mettre tout en œuvre dans un dialogue apaisé avec l'Europe pour opérer, ce que j'appelle la Réunification des confiances, après la Chute du Mur de Berlin, et après toutes les expériences "compliquées" qu'ont faites ensemble la Russie et l'Allemagne, et l'Europe. Entre de longues envolées humanistes ou historiques, il donne ses gages de bonne foi envers le libéralisme avec des phrases étrangement succinctes. Il essaye même de faire rire avec - ce qui a marché - mais il n'est pas rodé au bavardage du ruissellement vers le bas de la concurrence libre et non faussée de la libre circulation des biens, des services, des capitaux. Il n'en gagne pas pour autant une stature humaniste, mais le Bundestag avait été subjugué. Mes étudiants encore +. Il dit Hitler mais pas Staline.

Poutine établit un fil d'Ariane d'aide à sa navigation depuis le 9 XI (celui des Twins) entre les terroristes de la planète et au sud-ouest de l'ex-URSS. Le fil conducteur de son imaginaire passait alors pour une "Weltanschauung", mais s'était exprimé dans les faits en massacres au Daghestan à l'est de la Géorgie et de la Tchétchénie sur la Caspienne, puis en Afghanistan, et plus tard en Syrie, et maintenant encore avec des Crimes contre l'Humanité en Ukraine, et bientôt en Transnistrie en Moldavie, et en... Il justifie son intervention au Daghestan (et en Géorgie/Tchétchénie) par la lutte anti-terroriste, ce qui était mondialement aisément légitimable pour lui après le 9 XI, comme il en souligne sa compassion face aux américains. L'est et l'ouest avaient alors acquis un confortable ennemi commun qui les unissait dans leur besoin sécuritaire et de grandeur estimable. Maintenant, l'imaginaire de Poutine est passé des islamistes fanatiques aux nazis qu'il voit partout à l'ouest de la Russie et en EU et en Europe.

Mais, il y a 21 ans, il invitait l'Allemagne et l'Europe à construire un système de sécurité et de confiance mutuelles avec une loyauté de l'Otan - qui avait été effectivement promise à Gorbatchov par voie orale - malgré les effritements et ses avancées ultérieures (sur l'est) qu'il regrette plusieurs fois dans son discours sans les préciser. Il souligne à cette époque ce qui s'appelle en 2022 la "mondialisation heureuse" et il s'affichait comme un fer de lance, fier et libéral, avec ses taux d'imposition les plus bas. Il passe plusieurs fois "du coq à l'âne" en revenant subitement sur des données macro-économiques. Ça fait brouillon, mais il communique à l'Europe que la Russie est devenue libérale comme elle et même comme les américains. Évidemment, c'est surtout ce qu'ont entendu mes étudiants qui s'en sont trouvés covalorisés d'avoir fait "le bon choix" du business dans notre Grande École de Management même si mon énorme polycopié s'appelait " Quo vadis Ökonomik? ".  Ses détails macroéconomiques étaient saugrenus dans son discours qui se voulait hautement humaniste alors que pour la 1ère fois de son histoire le Parlement allemand recevait le plus haut dirigeant de la Russie.

Pour alléger la lecture sur écran PC 21/9 j'ai mis comme d'habitude des images qui permettent aux yeux un retour à la ligne sans perte de trajectoire.

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Compte rendu in extenso du discours de Wladimir Poutine devant le Bundestag du 25 septembre 2001

                                   Wladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie

(Traduction simultanée en allemand)


Monsieur le Président ! Monsieur le Chancelier ! Mesdames, Messieurs.

Je suis sincèrement reconnaissant de pouvoir m’adresser à vous, ici au Bundestag. C’est la première fois dans l’histoire des relations germano-russes que se présente un président russe devant cette Haute Assemblée. L’honneur qui m’est accordé confirme l’intérêt pour un échange réciproque entre la Russie et l’Allemagne. Je suis très touché de pouvoir parler des relations germano-russes, de l’évolution de mon pays comme de celle de l’Europe Unie et des problèmes de la sécurité internationale - et particulièrement ici à Berlin, dans une ville avec un tel destin si compliqué.

Cette ville est devenue dans l’histoire récente de l’humanité plusieurs fois le centre d’une confrontation, presque avec la planète entière. Même pendant les années noires de la tyrannie de Hitler, il n’a jamais été possible d’effacer de cette ville l’esprit de la liberté et de l’humanisme, pour lesquels Lessing et Wilhelm von Humboldt ont posé les bases. [ndtr: 1) il dit Hitler, mais pas Staline dans son discours, 2) en russe on ne dit que le second prénom, chez nous c'est Alexander von Humboldt]

La mémoire des héros de l’antifascisme et très entretenue dans notre pays. La Russie a toujours chéri des sentiments particuliers envers l’Allemagne. Nous avons toujours traité votre pays comme un centre significatif de la culture européenne et mondiale, et la Russie a aussi beaucoup contribué à son évolution. La culture n’a jamais connu de frontière. La culture a toujours été notre bien commun et a uni les peuples. Aujourd’hui je m’autorise la courtoisie de tenir la plus grande partie de mon discours en allemand, dans la langue de Goethe, de Schiller et de Kant.

(Fin de la traduction simultanée)

(Applaudissements)

Mesdames, Messieurs, je viens de parler de l’unité de la culture européenne. Mais cette unité n’avait pas pu empêcher l’éclatement de guerres effroyables sur ce continent au cours du siècle dernier. Elle n’avait pas non plus pu éviter l’érection du Mur de Berlin qui était devenu le symbole funeste de la profonde scission de l’Europe.

Le Mur de Berlin n’existe plus; il a été détruit. Il serait opportun de se souvenir comment ceci est arrivé. Je suis sûr que ces magnifiques changements dans l’ancienne Union Soviétique et dans le monde entier n’auraient pas pu être possibles sans conditions particulières. Je pense aux évènements qui ont eu lieu en Russie il y a 10 ans.

Ces événements sont importants pour comprendre ce qui s’est produit chez nous et ce qui est à attendre de la Russie dans l’avenir. La réponse est en fait simple: face aux lois de l’évolution de la société de l’information l’idéologie totalitaire stalinienne n’était plus tenable au regard des idées de la démocratie et de la liberté. L’esprit de ces idées a saisi la plus grande majorité des citoyens russes. Ce sont justement les décisions politiques du peuple russe qui ont permis à l’ancienne direction de l’URSS de prendre les mesures qui ont finalement conduit à la démolition du Mur de Berlin. Ce sont justement ces décisions qui ont amplement conduit à l’élargissement de l’humanisme, si bien que nous pouvons affirmer, que personne ne pourra jamais ramener la Russie dans le passé. [ndtr: il ne parle pas des courageuses manifestations du lundi - Montagsdemonstrationen pendant plus de 2 ans des allemands de la RDA]

(Applaudissements)

En ce qui concerne l’intégration européenne, nous ne faisons pas que de seulement la soutenir, mais nous y voyons aussi de l’espoir. Nous y parvenons comme un peuple qui a tiré les bons enseignements de la Guerre Froide et de l’idéologie pernicieuse de l’Occupation. Mais ici, je le suppose, il serait judicieux d’ajouter: l’Europe n’avait pas non plus tiré un bénéfice de cette scission. Je suis profondément convaincu qu’au regard du monde qui change si vite, des mutations si profondes et prégnantes dues à la démographie et de la croissance économique exceptionnelle que nous observons dans certaines régions du monde, l’Europe à un intérêt immédiat au développement des relations avec la Russie.

(Applaudissements)

Personne ne conteste la grande valeur des relations de l’Europe avec les USA. Mais je suis de l’avis que l’Europe ne puisse que consolider durablement sa réputation comme un centre puissant et autonome dans la politique mondiale que quand elle unira ses propres possibilités avec les ressources humaines, territoriales et naturelles russes tout comme avec les potentiels économiques, culturels et de défense russes.

(Applaudissements)

Nous avons déjà fait ensemble les premiers pas dans cette direction. Maintenant, il est temps de penser à ce qui est à faire pour que l’Europe unifiée et sûre devienne le signe avant-coureur d’un monde unifié et sûr.

Mesdames, Messieurs, nous avons beaucoup atteint ces dernières années dans le domaine de la sécurité. Le système de sécurité que nous avons élaboré ces dernières décennies a été amélioré. L’un des acquis de la dernière décennie est l’exemplaire déconcentration des forces militaires et des armes en Europe centrale et dans la région baltique. La Russie est un pays européen bienveillant. Pour notre pays, qui a dû faire face à un siècle de catastrophes dues à la guerre, la paix stable sur le continent est l’objectif principal. Comme nous le savons, nous avons ratifié l’Accord général sur l’interdiction des essais nucléaires, l’Accord sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Convention sur la non-utilisation des armes biologiques, ainsi que les accords START-II de réduction des armes stratégiques. Malheureusement tous les pays de l’OTAN n’ont pas suivi notre exemple.

Comme nous avons commencé à parler de la sécurité, nous devons mettre au clair contre qui et comment nous devons nous protéger. Dans ce contexte je ne peux passer sous silence la catastrophe du 11 septembre aux USA. Le monde se demande tout autour de la planète comment en est-on arrivé à cela  et qui en est le coupable. Je voudrais apporter une réponse à cette question. Je trouve que nous sommes tous coupables, et avant tout nous, nous les hommes politiques, auxquels les simples citoyens ont confié leur sécurité. La catastrophe a eu lieu avant tout parce que nous ne sommes toujours pas parvenus à reconnaitre les changements qui ont eu lieu ces dernières années dans le monde. Nous continuons à vivre dans notre ancien système de valeurs. Nous parlons d’un partenariat. En réalité nous n’avons pas encore appris à nous faire confiance mutuellement. Malgré les nombreux beaux discours nous continuons à faire secrètement de la résistance. Une fois nous demandons à l’OTAN d’être loyal, une autre fois nous nous disputons sur l’utilité de son élargissement. Nous ne pouvons toujours pas nous mettre d’accord sur les problèmes liés au système de défense antimissile, etc.

Au cours de nombreuses décennies du 20ème siècle nous avons effectivement vécu dans des conditions de confrontation de deux systèmes qui aurait presque pu détruire toute l’humanité. C’était tellement effrayant et nous nous sommes à ce point habitués de vivre dans ce système du count-down, comme si nous n’apercevions pas que le monde n’est plus divisé en deux camps ennemis. Le monde est devenu bien plus compliqué.

(Applaudissements)

Nous ne voulons ou nous ne pouvons pas reconnaître que la structure de sécurité que nous avons élaborée dans la décennie précédente et qui avait effectivement neutralisé les anciennes menaces n’est plus capable aujourd’hui de résister aux nouvelles menaces. Nous nous querellons souvent sur des questions qui sont importantes selon nous. Probablement le sont-elles toujours. Mais en même temps nous ne reconnaissons pas les nouvelles et réelles menaces et nous détournons le regard des attaques - et de quelles brutales attaques !

A la suite d’explosions de maisons habitées à Moscou et dans d’autres grandes villes de Russie des centaines de personnes pacifiques sont mortes. Des fanatiques religieux ont lancé une attaque armée insolente et de grande envergure contre la république voisine du Daghestan, après qu’ils aient pris le pouvoir en Tchétchénie et qu’ils aient pris des civils en otages. Des terroristes internationaux ont annoncé ouvertement - tout à fait ouvertement - leur intention de créer un nouvel état fondamentaliste entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, ce que l’on appelle un khalifat ou les états unis de l’islam. [ndtr: en allemand dans le texte, on ne parlait pas encore d'Etat islamique]

Je veux d’emblée insister là-dessus: je trouve inadmissible que l’on puisse parler de guerre de civilisation. Il serait faux d’assimiler des musulmans en général à des fanatiques religieux. Chez nous, nous disions en 1989: la capitulation de l’agresseur repose sur la réponse courageuse et forte des habitants du Daghestan, et eux sont musulmans à 100%. [ndtr: le Daghestan n'a jamais réclamé, au grand regret de Poutine, le statut de république populaire séparatiste comme le Donbass ou la Transnistrie]

J’avais rencontré juste avant mon départ pour Berlin les chefs spirituels des musulmans en Russie. Ils ont saisi l’initiative de convoquer à Moscou une conférence sur le thème „l’Islam contre la terreur“. Je trouve que nous devrions soutenir cette initiative.

(Applaudissements)

Aujourd'hui, non seulement les problèmes que nous connaissons déjà s'aggravent, mais de nouvelles menaces apparaissent. En effet, la Russie et certains pays de la CEI - Communauté des États Indépendants érigent une véritable barrière contre le trafic de drogue, le crime organisé et le fondamentalisme en provenance d'Afghanistan, d'Asie centrale et du Caucase vers l'Europe. Le terrorisme, la haine nationale, le séparatisme et l'extrémisme religieux ont partout les mêmes racines et produisent les mêmes fruits toxiques. C'est pourquoi les moyens de lutte contre ces problèmes devraient également être universels. Mais nous devrions d'abord nous mettre d'accord sur quelques questions fondamentales. Nous ne devrions pas avoir peur d'appeler les problèmes par leur nom. Il est très important de comprendre que les méfaits ne peuvent pas servir des objectifs politiques, quelle que soit la qualité de ces objectifs. [ndtr: plus simplement, la Russie protège l'Europe alors protégez nous]

(Applaudissements)

Mais nous devons comprendre que les contre-attaques ne peuvent pas remplacer une lutte complète, déterminée et bien coordonnée contre le terrorisme. En ce sens, je suis tout à fait d'accord avec le président américain.

(Applaudissements)

Je pense que la volonté de nos partenaires d'unir leurs forces pour lutter contre ces dangers réels, qui ne sont pas inventés, montre à quel point nos partenaires sont sérieux et fiables. Ces dangers peuvent menacer depuis les frontières lointaines de notre continent jusqu'au cœur de l'Europe. J'en ai déjà parlé à plusieurs reprises. Mais après les événements aux États-Unis, je n'ai plus besoin de le prouver.

Que manque-t-il aujourd'hui pour parvenir à une coopération efficace ? Malgré tout ce qui a été réalisé de positif au cours des dernières décennies, nous n'avons pas encore réussi à élaborer un mécanisme de coopération efficace. Les organes de coordination développés jusqu'à présent ne donnent pas à la Russie de réelles possibilités de participer à la préparation des décisions. Aujourd'hui, les décisions sont parfois prises sans nous. On nous demande alors avec insistance de les confirmer. On parle alors à nouveau de loyauté envers l'OTAN. On dit même que sans la Russie, il serait impossible de mettre en œuvre ces décisions. - Nous devrions nous demander si c'est normal, si c'est un véritable partenariat.

La mise en œuvre de principes démocratiques dans les relations internationales, la capacité de prendre des décisions correctes et la volonté de faire un compromis - c'est une chose difficile. Mais ce sont justement les Européens qui ont compris les premiers l'importance de rechercher des décisions uniformes et de surmonter les égoïsmes nationaux. Nous sommes d'accord; ce sont de bonnes idées. La qualité des décisions, leur efficacité et, en fin de compte, la sécurité européenne et internationale dépendent dans une large mesure de la mesure dans laquelle nous pouvons aujourd'hui traduire ces principes clairs en politique pratique.

Il y a peu de temps encore, il semblait qu'une véritable maison commune allait bientôt voir le jour sur le continent, dans laquelle les Européens ne seraient pas divisés entre ceux de l'Est et ceux de l'Ouest, ceux du Nord et ceux du Sud. Mais de telles lignes de séparation subsistent, et ce parce que nous ne nous sommes pas encore définitivement libérés de nombreux stéréotypes et clichés idéologiques de la guerre froide.

Aujourd'hui, nous devons déclarer avec certitude et de manière définitive: la guerre froide est terminée.

(Applaudissements)

Le monde se trouve dans une nouvelle étape de son développement. Nous le comprenons: sans une architecture de sécurité internationale moderne, durable et stable, nous ne créerons jamais un climat de confiance sur ce continent et sans ce climat de confiance, aucune grande Europe unifiée n'est possible. Aujourd'hui, nous sommes obligés de dire que nous devrions nous débarrasser de nos stéréotypes et de nos ambitions pour assurer la sécurité des populations d'Europe et du monde entier ensemble.

Chers amis, Dieu merci, aujourd'hui en Europe, la Russie n'est pas seulement évoquée en termes d'oligarques, de corruption et de mafia. Mais il y a toujours un grand manque d'informations objectives sur la Russie. Je peux affirmer avec confiance que l'objectif principal de la politique intérieure de la Russie est avant tout de garantir les droits démocratiques et la liberté, d'améliorer le niveau de vie et la sécurité du peuple.

Mais, chers collègues, permettez-moi de jeter un regard rétrospectif sur les événements récents: la Russie a emprunté la voie douloureuse des réformes. Il n'y a pas d'analogie dans l'histoire avec les échelles et les tâches que nous avons dû résoudre. Bien sûr, de nombreuses erreurs ont été commises. Tous les problèmes n'ont pas été résolus. Mais actuellement, la Russie est une partie extrêmement dynamique du continent européen. Et le mot "dynamique" ne s'entend pas seulement au sens politique, mais aussi au sens économique, ce qui semble particulièrement porteur d'espoir.

La stabilité politique de la Russie est assurée par plusieurs facteurs économiques, notamment par l'un des systèmes fiscaux les plus libéraux au monde. Avec un impôt sur le revenu de 13% et un impôt sur les bénéfices de 24%, c'est vraiment le cas !

(Rires et Applaudissements)

L'année dernière, la croissance économique était de 8,3%. Pour cette année, on s'attendait à 4 % seulement. Le résultat sera très probablement une croissance d'environ 6%, disons 5,5 ou 5,7%. A voir.

En même temps, je suis convaincu que seule une coopération paneuropéenne étendue et équitable peut apporter un progrès qualitatif dans la résolution de problèmes tels que le chômage, la pollution et bien d'autres. Nous nous orientons vers une coopération commerciale et économique étroite. Nous avons l'intention de devenir membre de l'Organisation Mondiale du Commerce dans un avenir immédiat. Nous comptons sur le soutien des organisations internationales et européennes pour y parvenir.

(Applaudissements)

Je voudrais attirer votre attention sur de telles choses, que vous pouvez certainement mieux évaluer en tant que députés de ce Parlement et qui ne relèvent pas du domaine de la propagande. Au fond, un changement de priorités et de valeurs s'est opéré dans notre État. Dans le budget 2002, les dépenses sociales occupent la première place. Je voudrais souligner en particulier que, pour la première fois dans l'histoire de la Russie, les dépenses de formation dépassent les dépenses de défense.

(Applaudissements)

Chers collègues, permettez-moi de dire quelques mots sur les relations germano-russes - je voudrais les considérer à part - : les relations russo-allemandes sont aussi anciennes que nos pays. Les premiers Germains sont apparus en Russie à la fin du 1er siècle. À la fin du XIXe siècle, le nombre d'Allemands en Russie se situait au 9ème rang. Mais ce n'est pas seulement le nombre qui est important, mais bien sûr aussi le rôle que ces personnes ont joué dans le développement du pays et dans les relations germano-russes: il s'agissait de paysans, de commerçants, de l'intelligentsia, de l'armée et de politiciens. Entre la Russie et l'Amérique, il y a des océans. Entre la Russie et l'Allemagne, il y a la grande histoire. C'est ce qu'a écrit l'historien allemand Michael Stürmer. Je voudrais dire à ce sujet que l'histoire, tout comme les océans, ne fait pas que séparer, mais aussi unir. [ndtr: citer Stümer est un point nodal du fil conducteur de Poutine jusqu'à aujourd'hui. Stürmer n'était "qu'un  historien" et il était controversé sans avoir eu non plus un grand impact médiatique. Il avait écrit en 1986 un article intitulé « Une terre sans histoire », dans lequel il défendait la thèse suivante: "la nouvelle vague de répression des criminels nazis, qui avait commencé dans les années 1970, contribuerait à entretenir chez les Allemands un complexe de culpabilité, se traduisant notamment par un rejet de leur histoire et toute fierté nationale." ]

(Applaudissements)

Il est important de bien interpréter cette histoire. Comme un bon voisin occidental, l'Allemagne a souvent incarné pour les Russes l'Europe, la culture européenne, la capacité de réflexion technique et l'habileté commerciale. Ce n'est pas un hasard si tous les Européens de Russie étaient autrefois appelés Allemands, la colonie européenne de Moscou étant par exemple appelée "banlieue allemande".

Bien entendu, l'influence culturelle des deux peuples était réciproque. De nombreuses générations d'Allemands et de Russes ont étudié et apprécient encore aujourd'hui les œuvres de Goethe, Dostoïevski et Léon Tolstoï. Nos deux peuples comprennent très bien la mentalité de l'autre. Les fabuleuses traductions russes d'auteurs allemands en sont un bon exemple. Celles-ci sont très proches des textes et conservent le rythme, l'ambiance et la beauté des originaux. La traduction de "Faust" par Boris Pasternak mérite d'être mentionnée dans ce contexte.

Mesdames et Messieurs, dans notre histoire commune, nous avons eu des pages différentes, parfois douloureuses, notamment au XXe siècle. Mais autrefois, nous avons très souvent été des alliés. Les relations entre nos deux peuples ont toujours été soutenues par une étroite concertation et par les dynasties.

D'une manière générale, les femmes ont joué un rôle particulier dans notre histoire.

(Rires et Applaudissements)

Souvenez-vous par exemple de la fille de Ludwig IV., le Grand-Duc de Hesse-Darmstadt: elle est connue en Russie sous le nom de Grande-Duchesse Elisabeth. Elle a eu un destin vraiment tragique. Après l'assassinat de son mari, elle a fondé un couvent de religieuses. Pendant la Première Guerre mondiale, elle a soigné des blessés russes et allemands. En 1918, elle a été exécutée par les bolcheviks. Elle était l'objet d'une vénération générale. Récemment, son action a été reconnue et elle a été canonisée. Un monument à sa mémoire se trouve aujourd'hui au centre de Moscou.

N'oublions pas non plus la Princesse d'Anhalt-Zerbst. Elle s'appelait Sophie Auguste Friederike. Elle a apporté une contribution unique à l'histoire russe. Les simples gens russes l'appelaient leur mère. Mais elle est entrée dans l'histoire mondiale sous le nom de l'impératrice russe Catherine la Grande.

Aujourd'hui, l'Allemagne est le principal partenaire économique de la Russie, notre créancier le plus important, l'un de nos principaux investisseurs et un interlocuteur essentiel en matière de politique étrangère. Pour ne citer qu'un exemple: l'année dernière, le chiffre d'affaires des marchandises entre nos deux pays a atteint le niveau record de 41,5 milliards de D-Mark. C'est comparable au chiffre d'affaires total entre les deux anciens États allemands et l'Union Soviétique. Je ne pense pas que l'on puisse s'en contenter et s'arrêter là. Il reste encore suffisamment de marge pour la coopération germano-russe.

(Applaudissements)

Je suis convaincu que nous ouvrons aujourd'hui une nouvelle page de l'histoire de nos relations bilatérales et que nous apportons ainsi notre contribution commune à la construction de la maison européenne.

(Applaudissements)

Pour conclure, je voudrais appliquer à la Russie les déclarations qui ont permis de caractériser l'Allemagne et sa capitale il y a quelque temps: nous sommes bien sûr au début de la construction d'une société démocratique et d'une économie de marché. Sur ce chemin, nous devons surmonter de nombreux obstacles et barrières. Mais au-delà des problèmes objectifs
et malgré certaines - très sincèrement et honnêtement - maladresses, bat sous tout cela le cœur fort et vivant
de la Russie, ouvert à une coopération et à un partenariat à part entière.

Je vous en remercie.

(Applaudissements prolongés  -  les députés se lèvent)

(Clôture : 15h47)

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