Ni 49-3 ni guerre civile d'entreprise en Allemagne mais simplement la Lutte des Classes: +4,75% dans les services +4,8% dans la métallurgie, + 5,3% dans la chimie
Par Thomas, le Cimbre le 13. mai 2016, - Catégorie : France, arriérée sociale - Lien permanent

En France la Lutte des Classes se fait sans nous et par-dessus nos têtes
et le casse sur le Code du Travail est imposé par le 49-3 pour contourner le Parlement
Victoire pour les syndicats ver.di des services publics et IG Metall de la métallurgie et de l'électrotechnique.
En France la guerre civile d'entreprise est entretenue pour le plus grand bonheur du patronat avec la multiplicité des syndicats dans les faits, dans les têtes, dans les textes et les statuts. En Allemagne il n'y a que des syndicats de branche et en face du patronat il y a en bloc les Travailleurs, de la dame des cabinets jusqu'au cadre supérieur. En Allemagne la hiérarchie des normes du Tarifvertrag - de la convention collective - s'applique à chaque entreprise de toute l'Allemagne et permet le progrès et la stabilité sociales. En France ce qui est vendu par le gouvernement étiqueté PS comme une réforme "moderne" du Code du Travail entraine la régression et la précarité sociales en éliminant toute convention collective au profit des arrangements limités à chaque entreprise. Avec un syndicalisme morcelé et juste puissant derrière des tas de pneus brûlés comme en France le Travailleur est encore plus affaibli. Le casse sur le Code du Travail nous ramène au XIXème siècle et bientôt aux barricades.
En France, l'Article 2 du nouveau Code du Travail consacre par exemple que « la primauté de l’accord d’entreprise en matière de durée du travail devient le principe de droit commun ». Le dumping social, avec comme au 19ème siècle précarité à vie, baisse du salaire et augmentation du temps du travail, devient entreprise par entreprise la norme et toute Convention Collective devient caduque.
En Allemagne on ne se pose pas la question si le clivage gauche/droite est ringard et si des partis bâtards ou hybrides "ni-ni" doivent prendre place. En Allemagne la Lutte des Classes est un mode de vie quotidien et qui a totalement sa place dans la conscience et les pratiques des gens.

La Lutte des Classes à l'allemande est inscrite dans la Grundgesetz - la Loi Fondamentale - sous le nom de "Tarifautonomie", et aucune Loi El Khomri comme en France ne peut casser le Code du Travail comme le fait le gouvernement néo-libéral Hollande/Valls étiqueté PS avec le non-élu Macron.
ver.di a 2,1 millions de membres et est le second syndicat "du monde libre".
IG Metall a 2,3 millions de membres (3,8 millions d'employés du secteur) et est le premier syndicat "du monde libre".
màj du 26 juin 2016: les Travailleurs de la Chimie viennent d'obtenir une augmentation de 5,3% en deux phases (3% + 2,3%) pour les 2 années à venir. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung précise bien "qu'il y a de nouveau eu un accord sans grève". Ce qui est compris ici par le mot grève est la "grève d'avertissement" (der Warnstreik) faite dans quelques entreprises éparpillées sur le territoire fédéral pour signifier la détermination des Travailleurs à renouveler et accomplir la Lutte des Classes. Un syndicat en Allemagne est une arme de dissuasion massive. Dans le syndicat IG BCE (Industrie Gewerkschaft Bergbau Chemie Energie - exploitation minière, chimie, énergie, pharmacie, papier, plastique...) il y a 661.000 membres.
Commentaires
Loi travail : un effroyable gâchis
Thomas Piketty s'exprime dans Le Monde du 2 juin 2016 au sujet de la Loi Travail.
[...] "Ensuite, et surtout, l’une des forces du modèle allemand est de reposer sur des syndicats puissants et représentatifs.
Compte tenu de la faiblesse des syndicats français et de leur implantation, il semble illusoire de vouloir développer des accords équilibrés au niveau des entreprises.
Dans ces conditions, il serait préférable de réécrire l’article 2 afin de privilégier les accords de branche,
qui compte tenu de la réalité actuelle du syndicalisme français constituent l’échelon le plus pertinent et le plus prometteur.
Comme l’ont bien montré les travaux de Thomas Breda, les délégués syndicaux sont quasiment absents de la plupart des entreprises françaises,
non seulement dans les plus petites mais également dans les moyennes, en partie du fait de la discrimination salariale avérée dont ils dont l’objet.
On retrouve ici la culture du conflit chère à une bonne partie du patronat français, comme vient encore de l’illustrer le patron du Medef
avec ses propos stupidement insultants sur la CGT. En Europe du Nord, cela fait des décennies que les représentants syndicaux jouent un rôle majeur
dans les conseils d’administration (un tiers des sièges en Suède, la moitié en Allemagne), et que le patronat a appris tous les bénéfices
qu’il pouvait tirer d’une plus grande implication des salariés dans la stratégie de l’entreprise.
Ce modèle de codétermination inventé après la Seconde guerre mondiale pourrait d’ailleurs encore être amélioré à l’avenir,
par exemple en donnant aux salariés des voix dans les assemblées générales d’actionnaires,
qui deviendraient des assemblées mixtes, ce qui permettrait de nommer des administrateurs incarnant des projets de développement porteurs pour les deux parties.
Mais à ce stade la France en est encore à ses balbutiements sur la scène de la négociation sociale et de la démocratie économique."
Contournement des élections professionnelles
"De façon plus générale, la principale faiblesse de la loi travail est de ne pas suffisamment prendre en compte la faiblesse syndicale française, et les moyens d’y remédier.
Pis encore : la loi travail comporte des dispositions susceptibles d’affaiblir encore un peu plus les syndicats et leurs représentants.
C’est le cas notamment des mesures sur les référendums d’entreprise présentées dans l’article 10.
L’objectif est de permettre aux employeurs d’imposer par référendum – et dans des conditions qui peuvent s’apparenter souvent à du chantage –
des accords qui auraient pourtant été refusés par des syndicats représentant jusqu’à 70% des salariés de l’entreprise lors des dernières élections professionnelles.
On comprend que la CFDT puisse dans certains cas y trouver son compte : cela peut lui permettre avec 30% des voix de contourner les autres syndicats,
et en particulier la CGT, et de négocier directement un accord avec l’employeur. Il reste que ce contournement des élections professionnelles – qui ont lieu tous les quatre ans –
revient à revenir en arrière sur les timides avancées démocratiques des réformes de la représentation syndicale qui venaient tout juste d’être mises en place en 2004-2008,
et qui avaient donné pour la première fois aux syndicats réunissant 50% des voix le rôle décisif
pour la signature des accords d’entreprise (alors que le régime antérieur permettait à chacun des cinq syndicats historiques de 1945 de signer des accords,
quelle que soit leur représentativité dans l’entreprise, ce qui n’a guère réussi au modèle social français).
Tous les exemples étrangers le montrent : la démocratie économique a besoin de corps intermédiaires.
Ce n’est pas en renvoyant une bonne partie des syndicats et du corps social français dans l’opposition et la frustration que l’on sortira la France".
Bonjour, allez vous écrire sur le Brexit ?
bien a vous et merci pour votre contribution numérique pour le savoir collectif !
Bonjour "le dauphin", je te réponds ici.
Merci pour tes lectures.