Puis-je être de gauche sans honte?

"Le lokhästreppler - le pileur de tan strasbourgeois", Lothar von Seebach, 1896

Les week-end sont parfois propices à la réflexion d'apparence triviale. Puis-je être de gauche et sans complexes avoir des désirs futiles comme "gagner plus" ou encore vivre mieux,acheter mon appart plutôt que de le louer, partir en vacances dans les îles ou acheter une belle voiture?
Dois-je vivre hors du monde et du temps comme un moine tibétin quand je suis de gauche?

Dois-je renier la société de consommation dans laquelle je suis né et dans laquelle je m'épanouis en m'y sentant bien?
Contre quoi dois-je me dresser, me lever, me révolter? Contre le capitalisme moderne ou bien le libéralisme ou plus précisément le néolibéralisme?
Y suis-je seulement obligé pour pouvoir affirmer que je suis de gauche?
L'homme de gauche ne peut-il pas être simplement calme et serein?

D'abord je dis merde "être de gauche" ne signifie pas forcément "rejeter quelque chose" et toc!!!

Allons des arguments, de la pédagogie aussi. C'est sûr il en faut beaucoup pour convaincre. Il faut prouver, démontrer. Pour çà j'aime assez la phrase Je ne suis pas anti-capital, je suis anti-libéral
Elle n'est pas aussi efficace que prévu. Je pense qu'il faut l'affiner, l'améliorer (modestement certes mais tout de même):

Je ne suis pas anti-capital, je ne suis pas anti-libéral, je suis en fait anti-néolibéral.

Que ne faut-il pas faire quand on défend son bifteck de gauche. Il faut aller chercher vraiment loin le sens des mots pour se faire comprendre par les autres, je veux dire les méchants, ceux qui ont des arguments massues à deux sous et qui se permettent des contradictions toutes les deux phrases.
Moi j'ai le devoir d'être précis sinon je dois me taire parce que, au bout du compte, "j'ai pas à me plaindre". OK commentons ma phrase slogan:

Le capitalisme moderne ou plutôt son "esprit", qui est à chercher plus loin qu'on ne l'imagine souvent, n'est pas de droite. Son développement est à considérer comme un phénomène spécifique au sein de l'évolution générale du besoin de rationalisme. Il est le fruit de certaines prises de positions progressistes et anti-traditionnalistes mais il n'est pas mû par l'auri sacra fames cette soif éperdue de l'argent (au sens littéral de l'or) et de son accumulation. Il n'a pas été porté par des conservateurs persuadés que leurs qualités propres étaient inscrites dans leur sang et que leurs fèces, premières possessions, valaient de l'or.

Le libéralisme n'est pas plus de droite. Le libéralisme politique j'entends. L'attachement au régime constitutionnel dans le cadre de gouvernements ou d'assemblées de représentants librement élus est une valeur libérale. Il y en a tant d'autres. Là où les libertés civiques, d'expression, de publication, de réunion sont garanties, là où la raison, le débat public, l'éducation, la science ont la possibilité d'améliorer la condition humaine, là est la civilisation libérale.
Elle n'appartient pas à ceux qui s'en réclament. Qui l'a mise en danger dans l'histoire récente du XXème siècle? Pas Jaurès, ni même les disciples de Karl Marx. La seule menace réelle provenait exclusivement de la droite politique..
J'exagère ? D'où sont venus les fascismes, hein?

Le néolibéralisme: Né après la guerre en 1947 quand la société du Mont Pèlerin se réunit en Suisse pour la première fois sous la présidence de Hayek. Ce petit pet de mouche (au début) est une réaction de panique face à la montée et la propagation rapide du "virus socialiste" en Europe. Les fondateurs de ce mouvement invoquent Alexis de Tocqueville comme base intellectuelle de leur entreprise de reconquête.
En résumé le libéralisme politique est indissociable de l'extension de la sphère du marché. Voilà comment le politique va être aspiré et dissous durant près de 60 ans par l'économie libérale.

L'oeuvre de ces quelques autistes n'est pas la fatalité, nous pouvons la renverser, nous en avons le devoir. Le néolibéralisme n'est pas inscrit dans nos gènes, il n'est pas "naturel".

Les salauds qui se sont appropriés le capitalisme et le libéralisme, qui en ont exclu la gauche compléxée (surtout depuis 1989) sont des menteurs et des voleurs sans scrupules. Ils confondent humanisme avec cannibalisme qui est une autre forme d'amour de l'autre.....

Sébastien

Commentaires

1. Le 14. novembre 2006, par fmds21

Surtout pas de honte à être socialiste pour moi la question ne s'est jamais trop posée. Avec l'expérience il n'y a aucun doute la gauche c'est mieux que la droite. Nous savons tous à gauche que le capitalisme est la meilleure façon de produire des richesses. L'ulta libéralisme n'est qu'une forme de redistribution de ces richesses, pronné par Hayek et Friedman est l'alpha et l'oméga des ultras libéraux américains; expérimenté chez Pinochet, appliqué au USA par un mauvais acteur de série B, au Royaume uni par une épicière frisant l'hystérie, nous en connaissons tous maintenant les effets dévastateurs pour les salariés, et la planète. Le socialisme inspiré des thèories post Keynésiennes doit nous permettre de redonner espoir à l'homme. Pour cela il faut du courrage politique encore du courage politique surtout du courage politique pour redonner toute sa force à l' état garant de l'égalité. Alain Piegay

2. Le 14. novembre 2006, par thomas rudolf

Alain,

et il faut simplement avoir un regard simple quand nous regardons le créateur de richesses dans les yeux en lui disant qu'il y a une légitime redistribution du succès pour tous les partenaires économiques, quand nous sommes à des points de rupture, mais aussi que nous devons nous situer bien avant le point de rupture, avant la déprédation opérée sur les pays émergeants et sur nos plus "faibles" de nos acteurs sociaux (pas partenaire, acteur).

Ensuite il faudra créer, en ce qui concerne notre propre pays, un sysème paritaire de codécision en entreprise.
Parfois, dans des moments d'égarement, l'habitant de notre pays peut oublier que notre entité de vie (peut-être l'Etat, surement une entité Constituante d'un lien) doit aussi se comprendre de manière soilidaire; mais toujours, dans le quotidien, personne n'oublie que le lieu de travail, doit aussi être cette entité structurante co-décidée. C'est utopique? Non la codécision, le système paritaire rhénan fonctionne et est même un moteur de développement social et économique (cliquer "chercher", > "codécision" sur mon site).

3. Le 14. novembre 2006, par Michel Gros

Le « capitalisme » , qui est la pensée d'une classe, est un système économique d'accumulation de capital, de recherche du profit par la propriété privée des moyens de production et de libre échange.

4. Le 14. novembre 2006, par Thomas Rudolf

Michel,

oui et alors?

5. Le 14. novembre 2006, par sébastien

Si on suppose que le capitalisme est au départ une quête de rationalité alors il est impératif de rejeter au moins partiellement la définition du capitalisme comme recherche du profit.
Certes Michel n'a pas tort, la définition de Marx est difficilement contestable si l'on suppose un schéma monocausal de développement du capitalisme. Mais il me semble qu'il existe une place pour un "esprit capitaliste" différent.
La lecture de Benjamin Franklin me semble à ce titre intéressante.

6. Le 14. novembre 2006, par Michel Gros

Ben rien Thomas si nous en restons à une vision du capital qui fait circuler les marchandises sous les formes diverses et variées que la capitalisme impose. Mais si nous imposons l'idée que la marchandise, qui ronronne dans cette circulation, n'est que la catégorie universelle de l'être social nous la comprendrons dans son essence authentique qui est celle de la réification de l'Homme lui-même. Cette idéologie s'appelle aujourd'hui le "Spectacle". Nous ne mourrons plus de ne pas posséder les marchandises, mais d'en posséder tant qu'elles nous rendent pauvres.

7. Le 14. novembre 2006, par Thomas Rudolf
Il s'agira de requalifier le BIP qu'il est nécessaire de produire. Ne serait-ce que pour financer les charges régaliennes qui incombent à un Etat, ou tout au moins à une Région dans laquelle vivent des habitants, car en Europe fédérale, la notion d'Etat va s'ouvrir et la notion de nation va perdre de sa couleur (sang?).

Il faut ensuite générer du BIP de manière non déprédatrice, ce qui va aussi nécessiter une totale reconversion de notre économie avec un appel considérable de forces investissantes redirigées par le secteur privé comme par une voie publique qu'il faudra redéfinir ou reconsolider après les agressions de l'AGCS qui n'a pas encore déployé tous ses effets léthifères.

Il faut générer du BIP pour aider les pays émergeants (dans quoi?) ou tout au moins pour ne plus faire tourner la terre à deux vitesses.

Il faut ensuite générer du BIP pour rembourser notre endettement et notre déficit budgétaire.

Il faut toujours générer du BIP et le répartir entre tous les acteurs de l'économie à part égale avec au moins le ratio suivant: 50% pour les financiers, 50% pour le travail. Si l'on dépasse ce ratio nous entrons dans la phase de l'anticapital?

Il faut dégager du BIP pour financer des retraites des papy-loosers qui n'ont pas préparé la passation des pouvoirs et de la gestion du pays et de l'économie nationale.

8. Le 14. novembre 2006, par Michel Gros

50% pour les financiers et 50% pour les travailleurs, c'est injuste !
0,00000000000000000000000000000000000000000000000000000000001% pour les financiers,
9,99999999999999999999999999999999999999999999999999999999999% pour les "pauvres",
voilà une "juste" répartition comme dit la bourgeoise

9. Le 14. novembre 2006, par Sébastien

Tout le problème réside en effet dans la répartition des richesses. Alors quelle est la "juste" proportion? La différence entre le capitalisme calculé et le capitalisme sauvage des aventuriers, des patrons-voyous et autres déprédateurs est que cette juste proportion existe. A nous de la trouver et de la valoriser.

10. Le 15. novembre 2006, par enzo d'aviolo

Il me semble que la juste proportion est celle qui permet à chaque homme sur cette terre de vivre décemment.
Cela, le capitalisme n'est pas et ne sera pas capable de le faire. Alors faut-il s'en contenter et l'améliorer!?
ce qui est sur, c'est que le système économique libéral accentue la pauvreté constatée dans le système capitaliste! voilà pourquoi il faut lutter contre ce mode de pensée. Mais même débarassé des louanges du marché, il n'est pas pour autant sur que tout le monde aura droit à sa part du gateau....

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