EADS-Airbus: du Golden Hello au Golden Parachute



EADS est le cas d'école qui nous permet de comprendre ce que veut dire la globalisation.



La bulle éclate, le Top-Dog empoche, le salarié est liencié. Le langage de la communication le plus rapide et le plus efficace que l'on a trouvé pour l'instant - hormis celui des Twin-Towers du 9 XI - est celui de l'argent, des marchés financiers et des systèmes de la bourse. Malheureusement une entreprise cotée en bourse ne dispose pratiquement plus que de ce langage pour acquérir ou garder sa respectabilité et sa notoriété auprès des décideurs.


Les premiers décideurs, dans un monde commercial, devraient être le consommateur ou le demandeur de service par son adhésion d'achat ou par sa censure. Mais, il est lent, et le transit de l'information véhiculé par ses intentions d'achat, les tendances conjoncturelles, les états d'âmes issus d'événements régionaux ou mondiaux, demande quelques mois. L'adaptation d'une stratégie d'entreprise aux nouvelles données demandent aussi au moins de 6 mois à un an, voire plus.

Le décideur, le seul, le vrai..., l'actionnaire, veut connaître de suite ses données et dans les marchés financiers, le long terme commence à la 11ième minute! Avec les réseaux télématisés des places boursières et des analystes financiers ou de leurs donneurs d'ordre, tous reliés entre eux (comme avec Clearstream), il est clair qu'une "bonne" décision d'achat ou de vente doit obligatoirement être prise dans ces 10 premières minutes de "Volatilié". Ceci veut donc charger les grands actionnaires d'EADS dans leurs décisions de ventes, de mars dernier et d'avant l'annonce de retards de livraison des A380, de leurs centaines de milliers d'actions qu'ils détenaient en famille. Il ne s'agit pas de délit d'initié, c'était leur métier. Voilà pour la volatilité.

Passons maintenant au management financier des entreprises. Vous aurez donc compris, qu'un Top-Dog, s'il veut être un A-Player, doit s'occuper des cours de ses actions à la Bourse, plus que du développement durable de son vaisseau qu'il dirige, mais qui a perdu pour lui par cette nécessité le caractère d'entreprise, pour ne devenir qu'une machine à cracher du cash. Que ce serait grave de se faire passer par les analystes financiers pour "une recommandation à la vente", voire pour un "junk bond" (valeur pourrie à vendre de toute urgence)!

Et si la cotation baisse, les actionnaires revendent, les créanciers prennent peur, les banquiers se rebiffent et le grand patron est mal jugé par ses actionnaires qui le démettent de ses fonctions.

Donc le développement durable d'une entreprise dû à son capital humain, sa Recherche et son Développement, sa position historique sur le marché, sa capacité à innover et à conquérir des nouveaux marchés ou à s'y établir, n'est plus le soucis premier de ses dirigeants. Et nous voilà de nouveau à la Corporate (corporatif) Governance d'EADS, qui malgré un produit pionnier comme l'A380, préfère vendre en bloc, du côté allemand comme du côté français, les actions détenues par elle comme accessoires du salaires, les stock-options. Ce genre de grands-patrons est au service de ses stock-options avant tout. Monsieur Forgeard, patron d'EADS Airbus Industrie, non seulement contant d'avoir empoché 2 millions d'Euros en ayant vendu in subito ses stock-options juste deux semaines avant l'effondrement des cours de l'action suite à l'annonce de graves erreurs managériales, a encore empoché presque 10 millions de golden parachute, d'une retraite de chapeau prévue pour le staff restreint du groupe et touchera 100.000 euros de retraite par mois alors que plus de 10.000 de personnes très qualifiées vont être licenciées.

Pour faire monter rapidement les cotations à la bourse la méthode rapide et efficace est de manipuler le résultat opérationnel, pas le résultat réel qui ne devrait être issu que des activités commerciales et d'entreprise. Comment faire? C'est très simple. On pratique le "management des profits" en faisant des amortissement supplémentaires, en rayant des lignes budgétaires dans le département Innovation, en déclarant des ventes "du cinquième trimestre", donc des ventes fictives entre entreprises d'un même groupe sans même déplacer de la marchandise mais en augmentant bien sûr le chiffre d'affaire. On peut aussi avoir de la créativité dans le traitement de certains éléments de coûts que l'on déclarera comme étant des coûts exceptionnel, uniques et imprévus (donc amortissables), ou en fermant une unité de production (même bénéficiaire comme le centre EADS de maintenance des avions en France) et en licenciant définitivement ou temporairement du personnel. C'est sûr à court terme le Chiffre d'Affaire augmente, les coûts diminuent, l'analyste financier voit une capacité de l'entreprise à dégager du bénéfice et donc des dividendes corpulents pour les actionnaires.

Donc quand on à peur de la globalisation, on y met aussi ceci dedans qui n'a rien à voir avec la globalisation. Si! Justement si, car, comment avoir un langage commun autour de la planète sur les cultures d'entreprise, quand on sait que l'argent peut faire dix fois le tour de la terre en dix minutes, avec chaque fois des achats et des reventes d'actions. On n'a plus le temps de se parler, juste d'acheter ou de vendre. En agissant sur/avec les cotations boursières, les tendances à la hausse, les grands patrons ne font plus que du management. Ce ne sont plus des capitaines d'industrie. La taxe Tobin devrait être installée car à chaque opération boursière, un prélèvement, même minime, freinerait la multiplication des rythmes de ces opérations. Alors, c'est ceci que Hollande, du P(S) doit expliquer, et ne pas dire des âneries, comme "je n'aime pas les riches". Moi j'aime et j'admire les capitaines d'industrie, mais uniquement à l'allemande ou à la scandinave (voir mes autres aticles sur ce blog > rubrique "Précarisation")

Là ou moi je me fâche, c'est qu'à la prise de fonction, ces grands patrons reçoivent un "Golden Hello", une énorme somme en guise de cadeau de bienvenue, et que quand leur mandat s'achève ou quand ils sont démis de leur fonctions (virés) ils reçoivent en plus un "Golden Parachute", une somme énorme ou des avantages en nature, comme J2M (plus un hôtel particulier dans le XVIe), qui avait démoli Vivendi et tout un groupe, pour être au service de sa politique d'entreprise de rachat aveugle d'autre entreprises, ce qui menait à l'inflation la marge opérationnelle, et donc à la cotation des actions.

Et arrive toujours dans un avenir plus ou moins proche "le nettoyage par le marché" (die Marktbereinigung), le jour où les actionnaires ne jouent plus ou ont compris, que l'entreprise n'a pas misé sur le développement durable.

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