Maastricht et après?
Par Thomas, le Cimbre le 6. juin 2006, - Catégorie : Euros, critères de Maastricht - Lien permanent
La Lituanie s'est vue refuser l'accès à l'Euro parce que son inflation est de 2,7% au lieu de 2,6%. Elle respecte les autres critères. Quelle arrogance de l'Europe des anciens membres dont la France et l'Allemagne qui ne respectent pas depuis 2003 les critères "essentiels", ceux de la dette budgétaire (de l'année en cours) et de la dette structurelle (cumulée des années passées). La France et l'Allemagne ne se voient pas infliger l'amende prévue par le Pacte de Stabilité et de Croissance, fondateur de l'Euro et des 4 critères de Maastricht, car elles sont assez puissantes pour négocier avec la BCE de Francfort et avec Bruxelles une clémence toute privée.
Je n’étais jamais d’accord avec les 4 critères “libéraux” qui ne définissent la santé d’une économie nationale que par des critères financiers. C’est comme si les actionnaires ne définissaient la santé d’Arcelor que par sa cotation en bourse. Arcelor, c’est autre chose. L'Europe, c'est autre chose. Les Européens, c'est autre chose. Les Européens ne sont pas une marchandise.
Mais si tel est le jeu du fonctionnement macro-économique de l’Europe, il doit être le même pour tous.
Je rappelle aussi que, seulement sous les différents gouvernements de "gauche", les critères de Maastricht et du pacte de Dublin de stabilité et de croissance ont été respectés.
La France l'avait payé cher, nous nous sommes serrés la ceinture et avons économisé un maximum dans les dépenses publiques et les aides sociales pour réduire les dettes budgétaires et les dettes structurelles, nous avons jugulé l'inflation comme jamais depuis 1945, et selon les 4 critères la France se trouvait dans une bonne santé économique et budgétaire, d'équilibre et de croissance. La croissance française, longuement saluée par la presse internationale et à l'étonnement des allemands, était aussi sous la "gauche" la première d'Europe avec celle (artificielle et financière) du Luxembourg. Plus anciennement, la France avait été même le premier pays avec le Luxembourg à être prête pour l’Euro.
Le respect des critères de Maastricht avait toujours été lâché par les autres gouvernements de droite dans les alternances pour financer d’autres postes budgétaires sans améliorer les investissements structuraux de l’état et en plombant très gravement les nouvelles dettes. Encore aujourd'hui 4 ans après, ces nouvelles moules accrochées au rocher de l’Élysée et de Matignon en rejettent la cause aux gouvernements dits de gauche. Non seulement la santé budgétaire française se dégrade considérablement selon ces 4 critères, l'inflation revient, mais l’État privatise des entreprises juteuses - donc les bénéfices - en les "recapitalisant" encore un peu plus au passage pour faire plaisir aux actionnaires et en socialisant les dettes. La France est entre des mains minables.
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Lisez ma série détaillée de la Constitution européenne. Sa ratification aurait été une élégante manière de faire parapher, de manière déguisée, par le peuple la doctrine libérale qui est rappelée tout au long du texte de la Constitution, et pourquoi pas l'AGCS. (note du 30 XII 2006: la Directive Service votée en Décembre 2006 est la preuve que Bolkenstein est revenu et est définitivement applicable sous le libellé "liberté de prestation de services" et non plus sous "détachement de travailleurs").