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30. novembre 2008

Traité de Lisbonne, élections européennes 09 - Paléontologie de la rationnalité de la concurrence libre et non faussée

Les Conventionnels du Traité Constitutionnel Européen et les rédacteurs du Traité Simplifié Européen (Traité de Lisbonne) étaient unis par la foi en cette main vibrante suffisamment douée pour réguler le marché et pour "tendre au plein-emploi". La rédaction du Traité de Lisbonne est un acte de foi.

Le Marché et l'emploi sont offerts au hasard des forces libres et non faussées qui régissent l'autorégulation et qui déterminent le Juste Prix. Cette foi repose sur le postulat de "l'information pure et parfaite".

Dans les faits, l'information ne peut jamais être pure et parfaite, elle est un message qui oscille entre flou, distorsion réelle ou voulue et mensonge global comme celui des fausses notations des agences mondiales de notations boursières qui ont été encouragées par les normes "prudentielles" comptables et financières des Recommandations de Bâle 2. Ces normes se sont vendues comme l'ultima ratio qui offre la rationalité à cette information pure et parfaite. A cette rationalité a été conféré par Basel 2 un aspect incontournable de déterminisme, mais aussi de pouvoir de constituter autour d'elle une société nouvelle. Cette société nouvelle a aussi été voulue par le business-plan européen de la privation et du transfert des richesses, des savoirs, des pouvoirs et des droits par l'économie totalisée de marché.

Je vous expose en six billets pourquoi l'euro-électeur doit s'investir pour les élections européennes de 2009:

  1. Europe de Maastricht, Organisme de privation et de Transferts de richesses, de savoirs, de pouvoirs et de droits
  2. L'Europe et ses Boîtes à Outils, les États Membres, relancent l'erreur du Traité de Lisbonne
  3. Europe - Paléontologie de la rationalité de la Concurrence libre et non faussée
  4. Traité de Lisbonne: "concurrence libre et non faussée", retour du Titre 3 du TCE
  5. Élections Européennes 2009 - Traité de Lisbonne et "libre circulation des capitaux...", retour du Titre III du TCE
  6. Élections Européennes 2009 - Traité de Lisbonne et "les services...", retour du Titre III du TCE et de Bolkenstein
Dans cet article en trois points je voudrais vous exposer que le Traité de Lisbonne ne peut aider qu'à construire une Europe technocratique néo-libérale. Dans des billets de mon site, j'avais déjà analysé dans les articles du TCE la pensée unique de "la concurrence libre et non faussée dans un marché qui s'autorégule et qui tend au plein emploi".

Je vous propose de nouveau une analyse dans ce sens, mais en mettant cette fois en avant, à la lueur de l'aboutissement à la Crise Historique du Siècle, le business-plan européen qui est d'organiser une privation et un transfert des richesses, des pouvoirs, des savoirs et des droits tout en proposant une Europe comme une Maison Unique.

Vous pouvez passer la partie n°1, qui n'est qu'un essai vaguement littéraire dont l'objectif est surtout de dépayser votre langage pour que vous ne mettiez pas de suite une filtration. Mais en période de Crise, les filtres laissent aussi passer un peu plus de mots qu'à l'accoutumée. La partie n°2 vous expose la médiocrité néo-libérale de l'Acte Unique, du Marché Commun, de Jacques Delors. La partie n°3 vous démontre que la "concurrence libre et non faussée" n'a jamais été enlevée du Traité Modificatif, appelé Traité Simplifié Européen, ou plus simplement Traité de Lisbonne qui a été adopté par le Congrès en France le 4 février 2008 à Versailles avec l'abstention de presque toutes les voix du PS.

  • 1] Paléontologie de l'universalité libre et non faussée
C'est débile ce que je raconte? La chancelière Angela Merkel parle déjà d'une récession possible de 2,5% du PIB.

Vous pouvez aller directement au §2 pour lire du concret, mon objectif et de dépayser le langage dans ce §1.

Les Nobel d'économie commencent à s'intéresser, de loin et dans quelques alinéas, à l'économie comportementaliste jusqu'à s'inspirer de l'interdisciplinarité des sciences, de la science économique et de l'anthropologie, mais ne se penchent pas sur ce postulat de "l'information" qui a mené à cette foi mercatique jusqu'à son élévation au postulat supérieur du Traité de Lisbonne. Notre 20ième siècle, qui se tarde de mourir, a rendu honorifique la rationalité prudentielle Basel 2 des normes comptables et du risque couvert et découvert, et a peur de remettre au cœur de la prévision et l'action économique l'Homme, son pneuma et l'esprit de ses viscères. Nous en restons à "la maximisation du profit et à la satisfaction de l'acteur économique". Les Nobel ont nié ou oublié le chainon manquant dans leur analyse: l'Homme.

L'Homme est absent; au Traité de Lisbonne est conféré la qualité mystique appelant à sa conversion ou à des baptêmes forcés. Une simple allégeance n'est pas autorisée. Il reste quelques Incas en Europe. Seront-ils exterminés avant la Crise ou stockés dans une banque d'ADN? Dans d'autres domaines nous sommes tous d'accord de dire que des scientifiques ont démontré que la culture des OGM censés combattre des insectes nuisibles au maïs pouvait provoquer des conséquences graves, notamment sur des insectes non nuisibles du maïs, comme le papillon monarque ou sur des "organismes non ciblés" comme des oiseaux. Pourquoi ne pas se poser la question si le Traité de Lisbonne ne pouvait pas être nuisible sur l'organisme non ciblé qu'est l'Homme, l'Homme dans un emploi, l'Homme dans un hôpital, l'Homme à la fontaine du village, l'Homme dans les près, l'Homme à la retraite...? Signez la pétition en passant: http://write-a-letter.greenpeace.org/332 Le 25 octobre 2008, le Commissaire européen à l’Environnement, Stavros Dimas, s’est courageusement opposé aux grandes compagnies de l’agrobusiness – refusant d’autoriser la culture de deux variétés de maïs génétiquement modifié (le Bt11 et le 1507). Vous voyez? Un autre monde est possible. Il suffit de voter.

L'information sur les marchés étant "pure et parfaite", les marchés fonctionnant de manière "libre et non faussée", l'organisation de la société marchande doit se réaliser selon le Traité de Lisbonne et ses Protocoles additionnels et se ficeler dans la rationalisation du calcul du risque débridé dans les normes prudentielles comptables du club des banques de Genève (les Recommandations Bâle 2). L'article 56 du Traité de Lisbonne (TSE) et la Directive Libre Circulation des capitaux empêchent toute restriction de circulation des capitaux entre les États membres partie à l'Union Européenne. Les grands flux de capitaux spéculatifs vers la City, vers Reykjavik... ont conduit à l'effondrement du système financier qui entraine l'effondrement de l'économie travaillée, ou non-financière. Il suffit de voter aux Élections Européennes de 2009 pour s'opposer à la dérégulation introduite par les Directives européennes et le Traité de Lisbonne.

C'est débile ce que j'écris? Le simple et l'évident ne passent plus dans l'entendement, il est nécessaire de dépayser d'abord le langage avant de se remettre à l'utiliser pour la description des faits.

Le Traité de Lisbonne n'est qu'un TCE, auquel on a enlevé le Titre 3 dans sa forme. Les principes de "la concurrence libre et non faussée du marché qui s'autorégule et qui tend au plein emploi" du Titre 3 du TCE étaient aussi rédigés dans les Titre 1 et le Titre 2 et se retrouvent tels quels dans le Traité de Lisbonne.

Je vais vous l'expliquer dans ce billet. L'art du politique est l'art du réel: il s'agit de détourner à son compte, par la révolution ou de manière raffinée, les richesses, les savoirs, les pouvoirs et les droits en pérennisant le système dans une ochlocratie et dans un vide conceptuel sous-tendu, pourquoi pas par un Pacte de Stabilité et par des Critères de convergence et par une Constitution dont l'objectif est d'unir de manière efficace et productive des gens qui ne se savent pas être ensembles.

Pour automatiser le système de privation et de transfert, il est naturel, en Europe, de le confier à la circulation libre et non faussée et à l'autorégulation des marchés par la main vibrante. Cette main vibrante est un hybride qui combine la main de votre maman, quand vous pleuriez étant encore bébé, et la main de dieu. Les européens sont alors unis dans la plénitude de la chaîne des plaisirs. Dans la plus grande crise de l'histoire, les fondamentaux nous sont rappelés par ceux qui les détiennent. Il n'y a pas de déterminisme, il n'y a que ses serviteurs.

Il fallait donc remonter à une analyse paléontologique pour vous montrer l'acte de foi des Pères Fondateurs européens, de Darwin à Monnet en passant par von Hayek, le Consensus de Chicago avec sa Boîte à Outils européenne, le Consensus de Bruxelles.

C'est le socialiste Jacques Delors qui a offert à l'Europe ses "quatre libertés fondamentales" et l'a fait basculer, en 1987, de manière irréversible, dans l'association européenne de libre échange avec l'Acte Unique Européen. Les quatre libertés sont la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux.

"L'Acte Unique" est comme un identifiant biblique au dessus duquel il ne peut plus rien y avoir. L'Acte Unique réunit le pneuma comme l'esprit des viscères. Il s'impose comme l'impensable mis à portée du consommateur européen. Le consommateur européen allait alors, en circulant, devenir acteur de la propagation virale du process de la concurrence libre et non faussée. Il allait donner corps au marché libre et non faussé qui s'autorégule en tendant au plein emploi. Le consommateur était libéré de son ultime tentation de se sentir renégat. Pour couronner son acte d'achat, il lui a été offert, après 21 années, en 2008, le Traité de Lisbonne.

Dans mon article précédent je vous ai souligné les copiés-collés du Traité de Lisbonne et du Traité Constitutionnel Européen rejeté par référendum le 29 mai 2005 par les Français et les Hollandais. Dans ce billet je vous montre que Jacques Delors, PS, n'a pu se soustraire à cette magie du marché et qu'il l'a rendue organique et fonctionnelle avec l'Acte Unique (Photos: Aguirre, der Zorn Gottes; Werner Herzog, KLaus Kinski).

L'Acte Unique a précédé de deux ans la Chute du Mur de Berlin, ce n'est pas un hasard. Il préparait l'Union des européens sur l'ensemble de la chaîne des plaisirs. Il se nomme l'Acte Unique Européen ou simplement Acte Unique car c'est la première fois que l'on retrouve dans un traité des dispositions communautaires (supranationales) et des dispositions intergouvernementales (internationales). C'est un genre de de yin-yan du commerce.

  • 2] De la médiocrité de l'Acte Unique de Jacques Delors, PS, à la médiocrité du Traité de Lisbonne
Jacques Delors, PS, a initié avec l'Acte Unique le tournant néo-libéral qui devint très rapidement le ciment unique de l'Europe. L'Acte Unique avait été adopté en 1985. A cette époque l'Europe était enlisée dans l'euroscepticisme que plus rien n'arrivait à dynamiser.

L'entrée du Danemark, de l'Irlande et de la Grande-Bretagne ne parvenaient pas à donner un nouveau souffle à la construction de l'Europe. Ce n'est pas étonnant, la Grande-Bretagne s'enlisait dans une crise économique structurelle et ne parvenait pas à réaliser la reconversion de son économie et de son système de production. La Grande-Bretagne a été le seul Pays de l'Ouest qui avait été en Banqueroute d'État, en Cessation de paiements, et qui avait obtenu en 1976 une aide du FMI. La situation de l'Irlande était pire économiquement à cette époque. La Grande-Bretagne n'avait rien à offrir à l'Europe et savait le faire savoir dans les conditions préalables à son adhésion à l'Union Européenne (1973). Le Royaume-Uni est alors "l’homme malade de l’Europe".

C'est pourquoi la Grande-Bretagne avait obtenu une série d'opting out qui lui permettent toujours aujourd'hui de déroger aux obligations communautaires et de cotiser au Budget européen. La Grande-Bretagne était en désavantage concurrentiel face aux pays européens du continent et sa situation était exactement ce qu'est la situation actuelle des Pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) ou des Pays en Développement (PED) face à la concurrence très violente à laquelle ils sont obligés de se soumettre pour être membre de l'OMC (morte depuis 2001 avec le Cycle de Doha) et à présent pour commercer dans le cadre des milliers d'accords de libre échange bilatéraux comme les ALE ou les APE (Accords de Partenariat Économique avec l'Europe). La Grande-Bretagne avait donc lancé une politique du dumping fiscal, du dumping social, de dérèglementation du Code du travail pour obtenir déloyalement un avantage concurrentiel sur ses partenaires européens et pour lancer le premier grand cycle européen des délocalisations des entreprises du continent. La Grande-Bretagne avait le même rôle que la Chine en ce moment.

Vous verrez qu'après le printemps 2009, quand le Royaume-Uni se sera de nouveau effondré après sa seconde banqueroute d'État depuis 1945, il viendra mendier à la porte de l'Euro-Zone et de la BCE pour abandonner la livre, adopter l'euro, sans remplir la moindre des conditions préalables de convergence et encore moins les critères de Maastricht. L'Europe, enlisée dans la crise historique, acceptera, et je connais beaucoup de forcenés fédéralistes européens qui crient déjà victoire en croyant l'euro légitimé. L'Islande qui a volé aux allemands, hollandais et britanniques 3.5 milliards d'euros avec la spéculation systémique implore déjà l'adhésion à l'Euro-Zone sans conditions. Les gouvernements allemand, hollandais, et britanniques ont accordé à l'Islande une aide égale au montant des dépôts allemands, néerlandais, et britanniques dans ses banques islandaises. L'Islande devra rembourser ces dépôts à ces spéculateurs étrangers qui avaient joui de la libre circulation des capitaux en juste connaissance de cause, pour profiter d'un taux de rendement qui n'avait rien de réel. Voilà déjà l'un des prix de ce que coûte à l'Europe le repêchage des spéculateurs compulsifs et pourris. Les nationalisations partielles ou totales des banques en faillite ou en difficultés sont aussi payés par le contribuable par le déficit budgétaire qui fait sauter les plafonds des critères de Maastricht qui devaient pourtant être les critères d'une saine gestion des finances de l'État et du Pays. L'hypothèque va peser sur les générations futures.

La mendicité britannique que nous observerons à partir du printemps 2009 sera cette fois-ci à pondérer et les incessantes querelles budgétaires entre la Grande-Bretagne et ses partenaires seront à énoncer et à éliminer une à une comme préalable à son adhésion à la Zone-Euro. Malheureusement Bruxelles n'en fera rien, elle accueillera les mendiants tombés dans la mendicité par leur propre faute et par un comportement d'escroc spéculateur pour le quel le maillage des dumpings fiscaux et des dumping sociaux n'avait pas suffi.

La construction de l'Europe ne fait que des bonds dans des situations bâtardes qui ne permettent jamais de mettre en œuvre des synergies positives profitables à tous et à l'ensemble. Ce n'est donc que des choix par défaut qui s'imposent. Il en a été de même pour Jacques Delors et l'Acte Unique. C'est bien le "moins d'Europe" qui a poussé son action, pourtant il jouit d'une notoriété qui avait failli le pousser à la Présidence de la République française. Une Europe peut en cacher une autre.

Selon Jacques Delors lui-même trois voies étaient possibles pour redynamiser la construction de l'Europe: 1) la défense commune, 2) l'union monétaire, 3) la réforme institutionnelle.

Il était évident qu'aucun pays européen n'était prêt à abandonner une parcelle de sa souveraineté dans chacun de ces trois domaines. Delors a donc réalisé le plus facile. Il s'était muté, comme membre du PS, comme un représentant du commerce de Ronald Reagan et de Thatcher qui avaient appliqué avec une extrême violence dans leurs pays la "révolution néo-conservatrice" qui avait été inspirée par les néo-libéraux de l'Ecole de Chicago et qui était devenu sous le nom, toujours resté officieux, de "Consensus de Washington" la Constitution non-écrite du savoir-faire commercial entre nations de la planète. Une fois de plus, ne tombez pas dans la peur du "complot face à un groupe informel qui tire les ficelles". C'était ainsi que le mainstream pensait dans les années 80', un état d'esprit, un Zeitgeist (il parait qu'il y a un film documentaire apocalyptique qui porterait ce nom: je ne l'ai pas vu, je ne le regarderai pas, en Alsace nous sommes germanophones, ce mot de Zeitgeist est très ancré dans la langue allemande.)

Delors, PS, qui soutient Ségolène Royal..., avait un business-plan simple à appliquer et qui ne demandait pas beaucoup d'imagination: il fallait créer pour l'Europe des Dix les conditions élargies aux quatre libertés pour le "laisser-faire, laisser-aller". Face au monde soviétique, une telle politique de l'abandon était vendue comme une victoire et la preuve que notre système fonctionne et sait répartir les richesses. Delors, si rigide devant les caméras, s'était mis au service de ce vide conceptuel posé en face du Rideau de Fer. Avec du Rien, on fait de la politique, c'est ce que j'appelle l'ochlocratie. Malheureusement, ce Rien, permet une privation et un transfert de richesses, de savoirs, de pouvoirs et de droits au profit d'une Classe Globale qui grouille à la City. Il n'y a pas de déterminisme, Jacques Delors, PS, a été à son service. La Crise qui n'est pas encore venue à l'heure où je vous écris, Dimanche 30 Novembre 2008 17:50, vous révélera la profondeur de mes sottises que je laisse sur mon site, et depuis 1990 sur du papier. La Politique c'est ne rien opposer à la droite conservatrice. C'était le business-plan du PS et des gauches de France. Oskar Lafontaine, a dit samedi 29 Novembre 2008 au meeting inaugural du Parti de Gauche: "compromis pourri" (en allemand "fauler Kompromiss").

Jacques Delors avait consulté les Dix pour en arriver à la conclusion que la création du Marché Commun avait le plus de chance de concilier le Désengagement de l'État (appelé backlash) et la Dérégulation inaugurés par Reagan et Thatcher et l'esprit des Pères-Fondateurs européens: "Nos dirigeants avaient vis-à-vis de l'objectif des pères fondateurs une forme d'obligation et, d'autre part, chacun sentait que nos économies étaient engourdies, fractionnées, accablées de réglementations et d'obstacles aux échanges. Je suis donc parti de cet objectif de réaliser le grand marché sans frontières", avait dit Jacques Delors à un interview.

Pensez-vous que les Pères-Fondateurs européens avaient un idéal européen de valeurs humanistes? Non. Le projet de Jacques Delors était clair: pour lui, il n'y avait pas d'autre voie possible que celle de rester dans la logique du Traité de Rome des Pères-Fondateurs. Dès 1955 ceux-ci avaient déjà choisi à la Conférence de Messine la voie la plus pragmatique et qui ne met que l'économie au centre de toute action et décision. Jean Monnet, Père-fondateur de l'Europe, disait: "Nous ne coalisons pas les États, nous unissons les hommes". L'échec de la CED (Communauté Européenne de Défense) de 1952, et l'impossibilité d'organiser comme pour la CECA une multiplication d'intégrations sectorielles n'avaient laissé à Jacques Delors que le choix le plus simple de l'ouverture généralisée des marchés à la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, en se résignant à un abandon de ceux-ci à l'autorégulation par le marché.

La résignation à l'abandon au marché et à sa régulation des questions de cohésion économique, des questions concernant la "dimension sociale" et l'environnement, avait été cachée par des références explicites à une "solidarité active entre les régions riches et les régions pauvres". En réalité, l'ouverture au Marché Unique avait été accompagnée d'une avancée institutionnelle comme le vote à la majorité. Mais ce vote à la majorité n'était institué que pour tout ce qui avait trait au marché intérieur. Le marché avait donc été proposé comme seul vecteur de l'intégration européenne. Pour les autres questions sus-citées, le vote à l'unanimité était maintenu. Autrement dit, les Dix se donnaient le moyen de ne jamais tomber d'accord pour réglementer les questions de "la dimension sociale". L'approche pragmatique et néolibérale a été privilégiée par Jacques Delors, PS, même si pendant 4 années la Commission avait proposé les moyens de réaliser les bases de la "maison Europe".

Les déséquilibres entre pays ou régions riches et pauvres dus à l'ouverture des marchés ne devaient être que compensés par ce qui avait été appelé le "Paquet Delors 1 pour l'objectif 1992": il s'agissait des Aides aux Régions en retard de développement, en reconversion industrielle, à la modernisation de l'agriculture et au développement rural, à la lutte contre le chômage de longue durée, à l'emploi et à l'insertion des jeunes.

L'effet de ces aides a été très bénéfique pour les régions qui parlaient et parlent toujours de la "manne de l'Europe". Il y eu un "Paquet 2 pour la période 1994-99", mais c'était toujours l'aspect économiciste qui dirigeait toute l'action. L'Homme n'était au centre de la politique européenne que parce qu'il était au centre d'une région qui était au centre d'un marché. Jacques Delors avait parfaitement conscience de l'aspect purement technocratique de l'Acte Unique et des Paquets. C'était un homme de gauche.

La Grande Bretagne et l'Irlande ont été les grands bénéficiaires des fonds européens. Les entreprises de l'Europe continentale avaient délocalisé en Grande-Bretagne et en Irlande pour bénéficier des exonérations d'impôts et des avantages offerts à l'établissement d'entreprises étrangères. Qui se souvient encore que ces deux pays ont été redressés économiquement grâce à ces aides structurelles européennes? Qui avait demandé à Bruxelles de cesser la distribution d'aides tant que ces pays pratiquent le dumping fiscal, le dumping social, la dérèglementation du code du travail? Pendant ces seules dix dernières années l'Irlande avait accueilli 1 million de travailleurs polonais et issus des Pays Baltes. L'Irlande, comme la Grande-Bretagne, avaient licencié la nuit ses ouvriers pour embaucher des équipes étrangères le lendemain. Tout le monde sait que ces dernières années, qui nous ont été vendues comme l'exemple de croissance et de plein emploi, ont été pour ces deux pays un appauvrissement massif de la population au profit d'une partie plus restreinte. L'Irlande s'était tout de même mieux sortie que la Grande-Bretagne, mais ses dumping étaient encore plus aggressifs.

Tout le monde sait que le système ferroviaire, scolaire, de santé et de retraite se sont écroulés dans ces pays parce que l'État s'était désengagé et avait mis les services dans le domaine marchand pour bénéficier des aides de Bruxelles.

Tout le monde connait les récents arrêts de la CEJ (Cour Européenne de Justice) au sujet des Affaire Laval, Viking, Vaxholm, Rüffert, Partneri qui consacre le déni des droits syndicaux et sociaux au profit de la liberté de circulation des services, de la liberté de circulation des Travailleurs, du Libre Établissement. L'Europe n'avait misé que sur le tout-marché.

L'Europe commerciale et celle du Traité de Lisbonne est une Europe sans Charte des Droits fondamentaux et Sociaux. Il en est ainsi, parce que l'Europe s'était inclinée devant la Grande-Bretagne et l'Irlande pour enlever ces Droits du Traité de Lisbonne et pour obtenir leur ratification. Je n'y peux rien si les électeurs gobent tout de l'Europe et envoient au Parlement de Strasbourg des euro-députés mercantiles. La médiocrité de l'Europe, de ses Directives, de ses Traités n'est que ce que l'électeur a mérité. S'il n'installe pas une opposition politique au Parlement Européen, il n'a pas à morigéner par la suite. La médiocrité de l'esprit civique européen, la capacité de cette ochlocratie, sont des bonbons bénis pour les décideurs du business-plan commercial européen. Qu'aucun citoyen ne vienne avec la "théorie du complot de quelqu'un qui tire les ficelles". L'euro-citoyen est seul responsable et les gouvernants nationaux des Pays-Membres en profitent en se cachant derrière Bruxelles pour appliquer leur propre politique néo-libérale.

Les gauches européennes se demandent si elles existent, les conservateurs et néo-conservateurs européens sont très modernes, ont une énorme capacité d'adaptation, ils agissent et profitent du monde totalisé pour faire des affaires. Les gauches méritent le mépris des néo-conservateurs et le mien.

Le business-plan s'effondre dans sa totalité et l'euro-citoyen fera, comme d'habitude son abstention lors des élections européennes de 2009. L'euro-citoyen français ne se souviendra même plus qu'il s'est prononcé pour le NON au référendum du 29 mai, et que Nicolas Sarkozy, aidé par l'abstention du PS et l'approbation du MoDem de François Bayrou, avait organisé un putsch constitutionnel le 4 février 2008 au Congrès de Versailles pour faire passer la Traité de Lisbonne. Pour François Bayrou, le putsch constitutionnel est une habitude, il avait fait approuver par ses euro-députés de l'UDF les Résolutions Leinen du Parlement de Strasbourg du 16 juin 2006, qui ont demandé de ne pas reconnaître le NON et le NEJ et de "faire passer d'une manière ou d'une autre le TCE". Les Parlementaires européens n'ont pas placé au milieu de leur engagement l'Homme, encore moins le citoyen et l'État de Droit.

Jacques Delors admet le principe de la croissance appauvrissante à l'intérieur des pays industrialisés. Dans une interview pour le 10ème anniversaire de l'Euro, Jacques Delors a dit en janvier 2009 ceci:   "La mondialisation a pesé sur tout cela. Il ne faut pas chercher d'autre facteur. Si vous regardez la hiérarchie des revenus, vous constaterez que dans la tranche (le décile) la plus élevée, seule une partie a vu ses revenus croître très nettement. Cela dit, je ne veux pas rentrer dans un fleuve de pleurs comme certains. Il faut bien voir qu'il y a un marché mondial et que ceux qui veulent avoir leur place au soleil poussent, donc les classes moyennes souffrent de cela".

  • 3] Le copié-collé du TCE - TSE - Traité de Lisbonne: "concurrence libre et non faussée..."
Cette troisième partie va se trouver dans un billet suivant. Je vous invite à m'y rejoindre.

26. novembre 2008

Europe de Maastricht: Organisme de privation et de transfert de richesses, de savoirs, de pouvoirs et de droits

Jean Monnet, Père-fondateur de l'Europe, disait: "Nous ne coalisons pas les États, nous unissons les hommes". Est-ce une révision de l'histoire ou de ce que nous nous plaisons à penser d'elle, que de se demander si Jean Monnet avait le sens de l'État, ou s'il l'avait oublié pendant les guerres nationalistes au profit de ce que ne savent pas non plus faire les hommes, soit la non-faussée libre concurrence? J'affirme que l'Europe vit depuis son origine soit sur un mensonge, soit sur une manipulation, soit sur la déserrance de son entendement.

L'art du politique est l'art du réel: il s'agit de détourner à son compte, par la révolution ou de manière raffinée, les richesses, les savoirs, les pouvoirs et les droits en pérennisant le système dans une ochlocratie et dans un vide conceptuel sous-tendu, pourquoi pas par des critères de convergence et de stabilité et par une  constitution en matière synthétique, autant qu'une constitution n'ait jamais pu être le livre broché qui unisse des gens qui ne se savent pas vivre ensemble.

Je vous expose en six billets pourquoi l'euro-électeur doit s'investir pour les élections européennes de 2009:

  1. Europe de Maastricht, Organisme de privation et de Transferts de richesses, de savoirs, de pouvoirs et de droits
  2. L'Europe et ses Boîtes à Outils, les États Membres, relancent l'erreur du Traité de Lisbonne
  3. Europe - Paléontologie de la rationalité de la Concurrence libre et non faussée
  4. Traité de Lisbonne: "concurrence libre et non faussée", retour du Titre 3 du TCE
  5. Élections Européennes 2009 - Traité de Lisbonne et "libre circulation des capitaux...", retour du Titre III du TCE
  6. Élections Européennes 2009 - Traité de Lisbonne et "les services...", retour du Titre III du TCE et de Bolkenstein

Pour automatiser le système de privation et de transfert, il est naturel, en Europe, de le confier à la circulation libre et non faussée du message et à l'autorégulation des frictions, accompagnant nécessairement toute mutation, par la main vibrante. Cette main vibrante est un hybride qui combine la main de votre maman, quand vous pleuriez étant encore bébé, et la main de dieu. Les européens sont alors unis dans la plénitude de la chaîne des plaisirs. (ci-dessus: Huile de Georg Scholz)

Dans la plus grande crise de l'histoire, les fondamentaux nous sont rappelés par ceux qui les détiennent. Il n'y a pas de déterminisme, il n'y a que ses serviteurs. (image ci-contre: huile de Crommelynck)

Le système du profit s'était déjà effondré en 2002/03 avec la crise Enron, Worldcom. Officiellement cette crise est passée dans l'histoire comme "La Crise du système des Profits" et a été oubliée par l'histoire comme telle. En réalité il y a eu volonté de l'oublier comme telle. Rassurez-vous, je ne pense pas à "quelqu'un qui tire les ficelles", ou à la "Théorie du Complot". Non, il a eu l'application simple, méthodique et systémique d'un Business-Plan qui s'est poursuivi depuis 2007 avec le système de titrisation de dettes, de produits financiers dérivés et des subprimes qui a donné tout ce qu'il a pu et qui a fini par conduire à l'effondrement général de l'économie, activé par le management financier déconnecté de l'économie travaillée et du management d'entrepreneur.

Si le mot "systémique" est passé récemment dans le vocabulaire, car l'Homme a besoin de donner un nom quand il veut transposer dans une autre dimension ses actes et leur résultat, que ce soit en bonne part comme en mauvaise part, le systémisme s'est déclenché sous forme de business-plan bien avant la Crise Enron-Worldcom, mais après la Chute du Mur de Berlin qui a laissé penser aux commerçants et à leurs serviteurs, les hommes politiques, que l'heure était venue de "Récolter les Dividendes de la Paix". Cette expression m'avait révolté en 1990, et avait laissé dans l'euphorie mon entourage. Je sentais bien que la force qui était engagée dans le martèlement de cette expression avait comme dessein d'expliquer que toute "mise en commun" ou toute situation de "globalité de groupe ou d'État" était à faire oublier et même à marque de son urine comme un chien son territoire, pour brûler définitivement les derniers germes ou greffons. Ce Business-Plan systémique appliqué depuis 1990 s'est implanté à tous les niveaux de la société, de l'arc-en-ciel politique, de l'esprit. Devant la Globalisation qui mettait à genoux, l'individu a fini par se mettre de soi-même à genoux.

Donc au management activiste financier de share-holder, de détenteur de part, il ne pouvait plus s'opposer le management d'entrepreneur, de stake-holder, de détenteur de tâche qui se donne pour saine perspective le... durable, le responsable, le citoyen, l'environnement naturel et social, et la répartition comme dans le système paritaire rhénan ou scandinave. J'espère que mes lecteurs seront d'accord avec ceci au lieu de mobber pour mettre de leur côté des Indulgences utiles à leur épanouissement personnel ou à leur carrière. Il est vrai que depuis que le Président de la République a dénoncé la "Dictature des Marchés", le référentiel est brouillé et il ne reste que les allégeances directes de forces aux forces. De la déontologie animalière.

L'Europe a réimplosé dans ses États Nations, et la cellule sociale a réimplosé dans son agglomérat barbare.


L'OCDE a prévu une augmentation de 700.000 chômeurs pour l'Allemagne avant la fin de 2009. La Deutsche Bahn (équivalent du réseau ferroviaire français) accuse déjà une baisse de 40% de son trafic. Les équipementiers automobiles passe de 18 équipes postées par semaine à 7. Le Gouvernement allemand d'Angela Merkel vient d'annoncer qu'à la suite des "Fêtes de Fin d'année", toutes les entreprises automobiles allemandes, mais aussi BASF, MAN, Arcelor Mittal, Bosch, Continental, les entreprises de la machine-outil... prévoient d'instaurer le chômage technique partiel pour une durée de janvier à avril et pouvant s'étendre au moins sur les 18 prochains mois. Le coût moyen journalier du fret maritime est passé en juin de 375.000 $ à 3700$ (il ne manque pas de zéro au second chiffre). Les économistes estiment qu'il y aura une baisse du PIB à deux chiffres. Il semble que le Royaume-Uni et que les USA seraient en cessation de paiement, respectivement au printemps 09 et en été 09.

Il semble qu'à la crise des dettes "privées", dite des subprimes et des valeurs toxiques, s'ajoute maintenant, dans l'économie travaillée, la crise des dettes des entreprises. Les entreprises sont coincées entre une demande qui n'existe plus et les banques qui ne font plus de crédit. A l'effondrement du systémisme les États se souviennent de leur Puissance et lancent de plans. Encore plus violente sera la Crise des Dettes d'entreprise appelées CDS.

Les 4 critères de Maastricht de convergence et les principes européens de libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, ainsi que les principe ordo-libéraux du Traité de Lisbonne et des Directives européennes, qui nous ont coûté cher en sacrifices sont effacés d'un trait de plume avec le brouillard des Plans européens de Sauvetage, de Restitution de la Confiance et de Relance, tous déclinés aux niveaux nationaux avec la "Boîte à Outils".

Comme première mesure destinée à réaliser les transferts de pertes des sociétés privés, des investisseurs et des spéculateurs vers l'État, les pays européens ont créé des "Fonds de défaisance", comme on dit en Suisse, destinés à devenir des bad-banks, c'est à dire à racheter à prix fort les actifs toxiques, pourris, irrécouvrables et sans valeur et de les faire oublier dans le temps jusqu'à les mettre à l'incinérateur. Bien sûr il faut édulcorer le petit noir en annonçant que les titres pourris "seront revendus plus tard, peut-être même avec bénéfice".

La Suisse se pose encore aujourd'hui la question si elle doit domicilier aux Iles Caïmans ces Fonds de défaisance. Ce n'est pas une blague, croyez-moi. C'est mettre au bagne le paria, et la "Suisse lave toujours plus blanc" (Jean Ziegler, sera au meeting inaugural du Parti de Gauche le 29 novembre 2008). C'est un compte à Jersey qui a été finalement choisi le 8 XII 2008 pour recevoir une première tranche de 6 milliards de francs suisses pour racheter pour une valeur-papier de "60 milliards" d'actifs pourris et recapitaliser l'UBS. Le versement de ce crédit n'a pas été assorti de conditions sur la gouvernance ou de la moindre des contreparties pour cette plus grande banque de la Suisse. Le choix de Jersey "relève de questions techniques et permet d'accélérer les procédures", selon la "Chambre du peuple" suisse.

A la privation et aux sacrifices préalables exigés par la "rigueur budgétaire" expliquée comme nécessaire pour permettre l'accession à la Zone Euro et pour respecter les 4 critères de convergences de Maastricht et les principes énoncés dans le "Pacte de Stabilité et de Croissance", s'ajoute a posteriori des déficits budgétaires de 1700 milliards d'euros nécessaires à renflouer les caisses des entreprises agissant dans l'économie spéculative et dans l'économie travaillée qui a aussi détourné sa trésorerie pour jouer dans ce système spéculatif de profit. Ceci est une assistance des États et de Bruxelles à "l'assainissement par les marchés" et réinstaure l'État Providence en le transférant aux seuls bénéficiaires de la période précédentes et de la période suivante préparée par ces Plans de Défaisance et de Bienfaisance filtrée.

Quelque part existent, entre cette période bénéficiaire précédente et cette période bénéficiaire suivante, l'ouvrier ou l'employé qui n'a même pas droit à sa représentation Vaudou accompagnée de l'avertissement "qu'il est porté atteinte à sa personne s'il lui est piqué des aiguilles". L'ouvrier, l'employé, le citoyen n'ont pas droit au recours devant les Tribunaux, parce que les politiciens et influenceurs les ont pris pour des poupées Vaudou dans lesquelles ils ont planté depuis 1990 leurs aiguilles. Il n'y avait plus personne depuis 1990 pour freiner le Business-Plan des planteurs d'aiguilles. Les philosophes, les influenceurs, le syndicats, Fukuyama se sont tous soumis à eux. "Le clivage droite-gauche est démodé", "il n'y a plus de clivage", "la grève est une méthode du siècle dernier", "il faut se mettre au niveau de la globalisation", "si nous ne délocalisons pas, c'est toute l'entreprise qui disparait", "il faut être conforme aux Directives de Bruxelles", "il faut dégraisser le mammouth", "il faut réduire la dette", "il ne faut pas transmettre la dette aux générations futures"... disaient-ils, autant de phrases, autant d'aiguilles.

L'État s'est désengagé, le citoyen a été privé des services publics et de santé, le chômeur est poursuivi comme un malfaiteur, le salarié a été privé de salaire, la durée de temps hebdomadaire de travail a été allongée alors que le gain de productivité a été de plus de 350% en 20 ans, le Code du Travail a été dérèglementé et cassé par la France comme par l'Europe, l'âge de l'accession à la retraite a été retardé, la réglementation sur la durée du temps de travail a été "assouplie", les caisses de retraites par répartitions ont été dépouillées des cotisations au profit de Fonds de Pension qui ont perdu des billions sur les marchés financiers systémiques, les fonds de pension ont dépouillé les entreprises, qu'ils possédaient, de leur vitalité pour accéder au profit immédiat ou à court terme dans les opérations de rachat-rejet.

Nous déambulons de la privation, pilotée par et pour le Désengagement de l'État pour favoriser le "Système de Profit" en conformité avec les Directives de Bruxelles au transfert des richesses organisé à partir des caisses des États pour le compte de ces entreprises spéculantes agissant dans le "Système des profits" et qui sont dans  la Crise en situation de faillite.

Aujourd'hui, 1700 milliards d'euros sont distribués directement dans les banques pour racheter leurs "valeurs toxiques", pour aplanir leur positions négatives, ou pour éponger les dettes de trésorerie des industries clefs qui ont investi dans cette spéculation financière anéantissante de l'économie travaillée en détournant en premier temps les ressources dont elle a besoin pour évoluer et en la privant maintenant entièrement de ces ressources pour survivre.

L'exonération des responsabilités est en ces temps de crise historique l'une de valeurs les moins volatiles qui puisse exister. Il est aussi curieux de voir avec quelle force d'acharnement et de chantage le troupeau des banques discute avec leurs États Providences qui vont leur donner les fonds nécessaires à racheter leurs créances toxiques ou à les recapitaliser pour les extraire de la faillite latente. La collusion entre banques et gouvernements à Bruxelles me laisse pantois. Avant la rencontre, mardi matin 2 décembre 2008, les ministres des finances allemand et suédois ont ouvertement mis en cause la "bureaucratie" de la Commission de Bruxelles. Ils reprochent notamment à Bruxelles d'imposer le paiement de taux d'intérêt trop élevés aux banques qui bénéficient de l'aide d'un État, ou de leur demander de supprimer le versement de dividendes à leurs actionnaires.

Le petit peuple va perdre son emploi, être contraint à un chômage partiel, mais les actionnaires de ces banques sont autorisés à s'enrichir, avec les fonds d'aide des États Providence et de la BCE.

Ces contraintes préalables au versement des aides de sauvetage risquent, aux yeux de plusieurs gouvernements, de pousser les banques à renoncer aux propositions d'aides publiques et ainsi de contribuer à tarir l'approvisionnement de l'économie en nouveaux crédits, alors qu'elle en a grand besoin au moment où la récession a gagné l'Europe. Les gouvernements souhaitent aussi que les banques en bonne santé puissent bénéficier de soutiens, pour aider la croissance à repartir, et pas seulement celles en situation difficile. Les États se font les supporters des banques qui ont triché avec cette spéculation pyramidale et économicide. Le business-plan de la privatisation et du transfert des richesses ne connaît aucune lacune dans son organisation. Le système continue de nourrir son autogestion, il n'y a même plus de dilution des responsabilités, mais un acte magique qui les efface toutes. Et si l'État s'en mêle, l'État organise deux choses en une seule fois: le maintien de la cannibalité d'un système des profits et des risques, et son propre maintien en tant qu'État sous forme d'un régime politique, offert comme le seul qui soit valable. Une Europe peut en cacher une autre. Une Europe peut en tuer une autre, au nom du rétablissement de la confiance. Voici encore une raison pour aller voter aux Européennes de 2009.

En Allemagne, Merckle Ratiopharm, le groupe pharmaceutique allemand, vient de perdre en novembre 08, deux mois après le début de la catastrophe financière mondiale, 1 milliard d 'euros en spéculant sur les actions VW qui avaient récemment atteint pendant trois jours des sommets maladifs de plus de 1000 euros par action. Merckle demande au Gouvernement Régional de l'État fédéral allemand Baden-Württemberg de profiter du Plan de Sauvetage. Les truands sont à l'œuvre et vont encore mettre du monde au chômage. Les banques qui ont soutenu la "créativité" financière de Merckle, comme de tous les autres, sont tout autant criminelles que Merckle et devraient être poursuivies et punies au civil et au pénal pour avoir transformé et aidé à transformer en dettes les actifs du groupe Merckle, l'argent gagné grâce aux Travailleurs et à l'activité industrielle. Pour renflouer les caisses Merckle va licencier 1000 employés de Ratiopharm sur les 2850 en Allemagne. Adolf Merckle vient de se suicider le 6 janvier 2009. Encore un qui n'assume. Cette génération née avant la guerre a imposé un système économique et de société, en a profité et, arrivée en fin de vie, a tout volé aux générations futures, celles du 3ème millénaire commençant. Cette génération est aussi entrain de perdre ses propres fonds de pension qui s'écroulent massivement autour de la planète, ont dilapidé les actifs des entreprises de l'économie "réelle", ont rationalisé, ont mis au chôgae des millions de personnes pour des raisons dites de modernité et de globalisation.

L'Europe ne se freine pas dans sa lancée de privation de droits, de droits sociaux et syndicaux.

Le 16 décembre, l'Europe saura expliquer au Parlement Européen à Strasbourg "qu'en cette période de crise historique, il faudra être solidaire", il faudra se serrer la ceinture, comme elle nous avait expliqué en période de croissance "qu'il fallait avoir une attitude réservée face aux revendications salariales pour ne pas engendrer des désavantages concurrentiels dans les échanges internationaux de la globalisation". Le 16 Décembre 2008 il y aura une manifestation européenne des Travailleurs (terminologie des Directives européennes) devant le Parlement européen de Strasbourg parce que va être adopté en seconde lecture par les Euro-Députés l'allongement du temps de Travail jusqu'à un maximum possible de 78 heures hebdomadaires "pour ceux qui le veulent et en libre concertation entre l'entreprise et le Travailleur". La semaine dernière le Parlement et le Sénat français, dont Monsieur Bayrou, ont adopté pour la France l'allongement possible de l'âge limite de travail à 70 ans, "pour ceux qui le veulent et en libre concertation entre l'entreprise et le Travailleur". Il nous était expliqué qu'il n'y avait plus de sous ni dans les caisses des entreprises ni dans les caisses publiques pendant la période de croissance, il nous l'est expliqué aujourd'hui pour la période à venir. Mais on creuse un déficit budgétaire au niveau des États et au niveau de l'Europe de 1700 milliards d'Euros qui ne seront de toute manière jamais remboursés (le Remboursement de la Dette) et qui sera transféré sur les générations futures. Par contre les moyens financiers mis en œuvre sont directement transférés aux entreprises récessives ou en situation de quasi faillite ou de faillite à cause de la crise, donc de leurs spéculations compulsives et toxiques.

Le 26 novembre la Commission de Bruxelles vient d'autoriser officiellement les États membres de la Zone Euro de dépasser la limite supérieure des 3% de déficit du budget annuel pour une période "temporaire" et suspend toutes ses procédures d'avertissement qui étaient pendantes contre les États qui avaient de toute façon dépassé ce seuil depuis deux ans comme la France. Vous pouvez bien sûr vous imaginer comme cette "Boîte à Outils" du-dit Plan Européen va être mise à contribution par les chefs d'États qui soignent leur Poste à profil pour "sauver", "rétablir", "relancer" et transférer afin de "préserver l'emploi".

Le sommet entre la chancelière allemande, Angela Merkel, et le Président français n'a servi qu'à parler de sauver, de rétablir, de relancer. Il n'a pas parlé de transposer dans la réalité les normes comptables prudentielles comme Basel 2 (Bâle 2) d'une manière sérieuse et contrôlée par des autorités administratives dans la comptabilité de toutes les entreprises. Les découvertes seraient catastrophique. Il ne vous a pas échappé que les entreprises ont lancé un système d'aveu répétitif pour annoncer en plusieurs phases des découvertes de "positions toxiques qui étaient restées précédemment inaperçues auparavant"... Je m'étonne qu'en France nous n'ayons eu que l'affaire Kerviel de la Société Générale et celle de la perte du Crédit Mutuel et de la Caisse d'Epargne. L'Europe s'écroule autour de nous, les opinions sont préparées à la catastrophe, et la Chaman impose "le respect des libertés individuelles et le secours de l'État" après le 6ième SDF qui vient de mourir dans la rue. L'État Providence existe aussi pour le petit, je vous ai menti plus haut: "Je propose que cette personne-là, on lui donne à manger, on lui propose de la soigner, on lui permette de prendre une douche ou un bain, on lui montre la chambre ou le lit qu'on lui propose. Si elle n'en veut pas, elle s'en va, elle reprend la rue, c'est le respect de la dignité de la personne, de son autonomie et de sa liberté", a-t-il dit.

Je m'étonne aussi que ce sommet Merkel/Sarkozy n'a pas permis d'évoquer tout ce qui n'a pas été évoqué lors du G20 de Washington de novembre 2008 qui avait feint d'installer un Bretton Woods 2 alors que la crise est connue et clairement définie depuis janvier 2007.

Je m'étonne aussi que certains commentateurs semblent apprécier la légitimité de l'Euro comme sanctuaire face à la crise et semblent voir en la demande subite de l'Islande en banqueroute d'État et soutenue par le FMI, ou du Danemark, ou de la Hongrie, en banqueroute d'État et soutenue par le FMI. Ces pays veulent nous revendre leur pauvreté. L'Islande a spolié 30.000 épargnants allemands qui avaient déposé 500 millions d'euros à la banque Kaupthing, et 300.000 épargnants britanniques et hollandais qui avaient déposé dans la Internetbank Icesave 3 milliards d'euros. L'Allemagne vient d'accorder une aide à l'Islande égale à la somme des dépôts des 30.000 spéculateurs allemands, qui étaient en parfaite connaissance de cause quant aux activités des banques islandaises. Un rendement exceptionnel promis aurait au moins dû éveiller les soupçons depuis le début janvier 2007, puis de la faillite et de la privatisation de la cinquième banque anglaise Northern Rock, puis de la Bear Stearns. L'État organise donc le transfert de fonds publics vers les pertes dues à la spéculation toxique et maladive de déposant tellement plus malins que les autres. Ceux-ci ont gagnés avant, ils ne perdent rien après, grâce à l'État Providence qui récompense leur cupidité et leurs dépôts réalisés à l'étranger pour fuir la fiscalité de leur pays d'origine.

Je m'étonne encore plus que le Président de la Commission de Bruxelles, Barroso, se soit laissé transporter depuis l'éclatement mondial de la crise, le 15 IX 2008, comme une cacahuète dans la valise de Gordon Brown et d'Alistair Darling, d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, à Washington, Paris, Berlin sans dire autre chose de ce que les États nationaux lui soufflent dans l'oreille. Barroso n'a encore parlé aujourd'hui, deux mois après le début planétaire de la crise, que comme le greffier qui a enregistré le actes du procès de l'Europe, de l'Eurogroupe, de l'Eurozone. Je m'étonne aussi que le polyglotte et l'excellent PDG de l'oasis fiscale, bancaire et grande-ducale du Luxembourg, et Président de l'Eurogroupe, et très susceptible Monsieur Juncker aligne ses paroles sur celles de Gordon Brown, "Travailliste", qui poursuit fidèlement la politique du "Travailliste", Tony Blair qui avait poursuivi la politique de Margaret Thatcher: la constitution d'un avantage concurrentiel déloyal dirigé contre l'EU et l'Eurozone en pratiquant le dumping fiscal, le dumping social, la dérégulation totale du droit du travail, le tout ficelé par une somme de dérogations connues sous le nom de opt out ou opting out qui aboutissent au couronnement des dérogations par les nationalisations des canards morts, les prises de participations de l'Etat, les subventions des industries clefs...

Juncker, Barroso, les autres et les Constituants européens (TCE, TSE ou Traité de Lisbonne) n'ont eu qu'un seul souci: celui de fondre l'UE dans l'AELE, l'Association Européenne de Libre Échange, qui est une contre-Europe marchande, une réplique dont les britanniques sont les inventeurs. La duplicité des européens continentaux est exemplaire: face à l'Angleterre dont le continent feignait de se distancier, car trop atlantiste, l'Europe a présenté son cul en un premier temps. En un second temps, depuis le G4 faisant suite à l'écroulement continental initié depuis le 15 IX 08, à la "concurrence libre et non faussée du marché qui s'autorégule" pour le meilleur du côté des spéculateurs, Gordon Brown et Alistair Darling ajoutent le rachat par l'Etat des dettes toxiques, les nationalisations des spéculateurs en faillite, etc...

L'Europe et ses boîtes à outils, les États-Membres, sont un organisme de privation et de transfert des richesses, des savoirs, des pouvoirs et des droits au profit d'un club restreint. Il faudra y repenser au moment des élections européennes de 2009.

Je vous invite à suivre la suite:
L'Europe sans Qualités et ses Boîtes à Outils relancent l'erreur du Traité de Lisbonne.

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Apportez les voix de Gauche aux Élections européennes 2009: réfléchissez, débattez, argumentez, votez!

22. novembre 2008

Jean Monnet a monétisé l'Europe et mis en forme la dissolution de l'Etat

En cette période fascinatoire de toutes les chutes, l'homme est prêt, comme une ou deux fois en un siècle, à s'autoriser de la pensée imprévue, ou tout au moins qu'il se savait bien garder sous scellés. L'Homme sait vivre pendant plusieurs décennies, parfois des siècles en cohabitant avec des ombres portées, qui ressemblent à celles d'individus, dépeintes par le souffle chaud sur les murs de Hiroshima. Edgar, inventeur et auteur du site La Lettre Volée, troquet eurosceptique, m'avait envoyé son analyse sur Monnet en écho à mes intuitions que j'ai exprimées au sujet de ce Père-Fondateur de l'Europe.

(Photo: Hiroshima, Ombre portée)

Jean Monnet, Père-fondateur de l'Europe, disait: "Nous ne coalisons pas les États, nous unissons les hommes". Est-ce une révision de l'histoire ou de ce que nous nous plaisons à penser d'elle, que de se demander si Jean Monnet avait le sens de l'État, ou s'il l'avait oublié pendant les guerres nationalistes au profit de ce que ne savent pas non plus faire les hommes, soit la non-faussée libre concurrence? J'affirme que l'Europe vit depuis son origine soit sur un mensonge, soit sur une manipulation, soit sur la déserrance de son entendement.

Je vous livre ma réponse à Edgar, à la suite vous pouvez lire son analyse. Je pense qu'elles se complètent bien. Ici, nous n'enseignons pas, nous vous demandons, par vos pensée de vous chercher vous-mêmes, en tant qu'européen.
Je ne veux pas lancer un fil de comment, mon site ne vit pas sous cette forme.
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ma réponse >>

Salü Edgar,
 
j'ai lu ton analyse sur Jean Monnet. 

J'avais l'intuition depuis longtemps que Monnet couvrait une idée de l'Europe, j'avais écrit dès le début de l'existence de mon site vers 2006, quelques billets sur l'Europe avec comme titre provocateur le nom de Monnet. Mais dans un écrit personnel, je me suis aussi penché dessus dès 1990, justement après la Chute du Mur.
 
Tu parles de "décideur de l'extérieur" pour légitimer la planification de Monnet inspiré de son grand' ordre de surface déposé sur l'Europe.
 
Je pense que, comme dans la physique quantique, et la physique du palpable, nous avons deux dimensions qui fonctionnent ensemble de manière indécrochable.
 
Mais d'abord, là où je ne suis pas en harmonie avec toi, est qu'avant tout je suis proche de l'idée que l'homme est responsable. Éduqué en Alsace avec les récits de guerre et de KZ, je ne peux me permettre de croire seulement que l'homme n'est qu'un objet d'un planificateur situé au-dessus de lui. Mais ce n'est pas sur cette strate de la dualité que je place l'imbrication des deux dimensions indécrochables que je vois dans l'organique et l'organigramme de l'Europe.
 
Historique: étant né en 53, je me souviens que ça m'énervait déjà vers 1959 que mes parents parlent avec tellement d'admiration d'une Madame Braun, notre voisine, femme d'un gradé de l'armée américaine qui était aussi basée à Colmar. Je dis 59, car nous avions déménagé en 59 pour aller dans les Vosges alsaciennes francophones de la Vallée de Sainte Marie-aux-Mines. Ma mère faisait par lessiveuses pleines les petits gâteaux de Noël, et Madame Braun nous en apportait une petite boîte, comme dans les supermarchés d'aujourd'hui, emballés par vingtaine sous deux emballages. Ma mère admirait cette merde frustrante alors qu'elle remplissait des lessiveuses de ses petits gâteaux tellement meilleurs et plus créatifs. Je sentais que ma mère se reniait et reniait son art. Tous ceci pour dire qu'il y avait fascination de l'Europe pour les USA à la maison.
 
Comme promenade du dimanche mon grand-père m'amenait de l'autre côté des Vosges, en Lorraine pour aller voir, en Renault Ondine mais encore en R8 Major, la base aérienne des américains de Phalsbourg. Ceci vers 1962. Il en pissait dans son fut de voir décoller les kampfjet US. J'étais très gêné de voir son admiration, je n'avais qu'une dizaine d'années, mais je sentais que ce n'était pas normal pour un Monsieur instruit et directeur du personnel de la BFCM (Crédit Mutuel).
 
Donc Monnet avait juste permis de nourrir la fascination des français pour cet élan de jeune et de modernité américaine, et il avait poursuivi du même coup sa réticence personnelle face à l'état, ce qui ne pouvait qu'être amplifié par le détachisme de l'Etat que nous enseignait de plus en plus clairement les USA, puis l'École de Chicago qui avait fini par accepter et prendre à son compte les idées de von Hayek. De toute façon, la version définitive de Bretton Woods, n'avait qu'instrumentalisé Keynes, plus proche des laborieux et des besogneux, et l'adhésion de ses 44 membres n'était qu'une allégeance aux américains et à leur agencement ordolibéral des commerçants. Monnet n'a donc été q'une pommade pour que l'Europe glisse mieux dans ce grouillement et dans ce dollar glut.
 
Je sais aussi que de Gasperi était beaucoup plus réticent à cette europe sans État, à la Monnet, qu'il ne comprenait pas Monnet, et qu'il s'était fait longtemps tirer l'oreille par Monnet ou par les délégations françaises pour être convaincu de ce genre d'Europe qu'il ne voyait pas d'un bon oeil. Si je crois avoir compris, ses réticences avaient duré presque 10 ans. Je sais aussi que les délégations allemandes et françaises se rencontraient d'abord avant pour voir comment elles pouvaient faire "avancer" de Gasperi et les italiens, alors que le Bénélux était déjà beaucoup plus enclins, bien que ces trois petits pays auraient eu pu, bien plus que l'Italie, se sentir disparaître dans ce genre d'Europe. Une recherche en ce sens devrait encore apporter plus de lumière à ton analyse.
 
Donc pour moi, de la fascination de l'Europe pour les USA, nous sommes passés à un activisme qui a dépassé même l'idée américaine, car nous avons écrit dans des textes constituants - et bien sûr des Directives - mais des textes constituants, un système ordolibéral commercial, qui n'est qu'un mode opératoire chez les américains, qui n'hésitent pas à virer de 180° quand ils sentent que la vis du pressoir est arrivée au bout (Paulson, Bernanke).
 
Je pense donc qu'à la fascination européenne des USA, s'était ajouté un activisme libertarien (c'est comme ceci qu'on dit, je n'aime pas ce mot) de la fameuse concurrence libre et non faussée du marché qui s'autorégule.
 
Je pense donc que cette volonté de rédiger des textes constituants européens pour faire encore mieux que les USA est aussi poussée par la peur qu'a l'EU d'elle-même, du désordre, de la pluralité, des multinationalités, des barbares et des autres, des welsh, etc... L'Europe est une terre de visites. Ça fait désordre.
 
Je pense qu'à cette peur constituante s'était ajouté alors une effronterie européenne de régler sur du papier en Europe un énorme contentieux que l'Europe a avec elle-même et qui remonte... au Moyen-Âge et à la confrontation avec le latin de Rome. Et c'est à ce niveau que je prétends arrimer à la vision "monétisée" cette seconde dimension. L'Europe tente depuis 1945 de régler avec elle-même cet énorme contentieux qu'elle a de l'idée de l'europe des gens (exprès je ne dis pas des peuples) car la "gens" (en latin prononcer guèns) est peut-être ce que l'europe comprend le moins et accepte le moins d'elle-même.
 
Car si gens il y avait eu, gens n'aurait jamais accepté qu'il y eut eu acceptation de la shoa, de l'entretuement de l'autre "gens". Car en "gens", l'individu européen avait relégué son acceptation de tuer du juif, du tzigane, du rom, du fou, de l'handicapé, etc...
 
Le cow-boy n'a pas besoin d'une constitution, il tire au plafond quand il est énervé.
 
Je pense que la volonté européenne de rendre évanescent, puis disparu, l'Etat, remonte au Moyen-Âge et encore à plus haut dans l'histoire et se cristallise dans la confrontation de "gens", de "Volk", de "peuple",  de "populus" qui nous ont conduit à la catastrophe de Hitler, de ses allégeants et des KZ, puis... des ratonnades, etc....
 
L'Europe a peur de ses elles-mêmes, tous réunis dans le mot "Volk", ou "populus" qui viennent de "voll" qui veulent dire "plein", qui donnent à "tous" ce sens du "tout", en grec "pletos". Le mot "volk" avec toutes ses variantes orthographiques est partagé par tous les peuples européens, anglo-saxons, nordiques, latins. Le mot de "Volk" avait très rapidement pris une connotation politique et militaire. Dans le Serment de Strasbourg de 842 exprimé en roman par Louis le Germanique et, en vestique, par Charles le Chauve, devant leurs armées, il y avait les expressions en vestique thes Christianes folches et en roman Christian poblo (populus christianus) qui ont une connotation militaire, politique, religieuse d'inclusion comme d'exclusion.
 
Puis vinrent des notions de "Staatsvolk"  (peuple d'un Etat, "gens" + "regnum"). Puis à côté de "gens", au singulier, et "gentes", au pluriel, vinrent l'équivalent au singuler "nacio" et "nationes". 
 
Tout ceci pour te redire que l'individu européen doit avoir caché en lui l'effroyable idée que "Volk", "gens", "nacio", "nation", "Staat", "État", "Sates" n'avait amené in fine qu'à des luttes fratricides, et que Monnet était juste bien tombé pour que l'individu européen se dissolve puis disparaisse dans quelque chose qui a une saveur d'État, qui se donne les apanages d'une Constitution, mais qui n'est qu'un accord commercial, ce qui lui permet de se soustraire de l'idéal de société et de l'idéal et de la responsabilité d'un Etat qui regrouperait sous son toit ses membres. L'Europe est là, "c'est la faute à Bruxelles". L'europe organise ses dénis de démocratie avec des contre referendii et des choses comme un TSE ou comme des résolutions Leinen du 14 juin 06 du Parlement Européen de Strasbourg qui rationalisent le fait qu'il faut substituer aux "gens" par l'idée que l'Europe doive s'imposer et se faire passer "d'une manière ou d'une autre". Cette résolution Leinen avait d'emblée connu son écho suite au NO irlandais.
 
Quand je vois avec quelle violence l'Europe impose les APE aux Pays ACP et PED, détruit la biodiversité et la sécurité alimentaire des pays du Sud, et tout ceci sans le moindre sens des responsabilités planétaires, ou qu'elle impose l'AGCS et les Accords sur les ADPIC, je me dis que la planification du bon fonctionnement de la concurrence libre et non faussée du marché qui s'autorégule (la main vibrante de dieu n'est plus loin) a fait en sorte que l'Europe se dispense du pouvoir et du devoir politique, et qu'elle laisse planer au dessus de sa tête ce politicien "impensé", cet "impsensé" comme tu l'écris, et qui n'est plus nécessaire de rendre pensable. Pour moi il n'y a pas de "déterminisme", il n'y a que ses serviteurs. Je ne vois l'Homme que comme troubleur de fautes. Ca ne veut pas dire que je ne nous aime pas, nous les grouillants de la Terre. (Photo: Massacre de Srebrenica, Abandon de la zone "de sécurité" par le Général Rose)
Donc Monnet a monétisé l'Europe, à la grande joie des gens européens, et l'Europe a fait semblant de faire allégeance aux USA dont l'idéologie lui semblait porteuse pour son propre dessein de soustraction de "gens". Mais l'Europe est allée encore plus loin que les USA, elle en est devenue le parangon de son libéralisme pour se forcer à oublier qu'elle est un rassemblement de gens.
 
Bon, mon papier est un ramassis de mon site, tu m'as inspiré. Ce n'est pas un hasard si j'y ai écrit un billet où j'ai mélangé Monnet à Darwin. Je sentais bien que ces deux nous mettaient dans un modèle, que nous avons simplifié pour nous y complaire.
 
Voilà, excuses-moi de ce papier. Enfin, je sais que j'ai l'art de rendre cohérent n'importe quoi. Mon site est une grosse interrogation, mon enseignement est un besoin que l'on m'apprenne.


Bien à toi
 
Thomas

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L'analyse d'Edgar: Une lecture des Mémoires de Jean Monnet

Les mémoires de Jean Monnet présentent un intérêt considérable. Très denses et sur près de 800 pages dans l’édition de poche, elles permettent de parcourir en détail, guidés par un témoin de tout premier plan, les étapes de la construction européenne. Elles permettent ainsi de mieux comprendre l’impasse actuelle du projet européen. Plus largement, ces Mémoires offrent un aperçu de l’histoire du XXème siècle puisque Monnet a participé aux deux guerres européennes et mondiales, à des postes techniques importants. Sur trois points principaux, la lecture de l’ouvrage apporte des éclairages essentiels. Sur la méthode Monnet tout d’abord. On comprend mieux à quel point elle découle d’une part des expériences vécues par l’homme. D’autre part on en découvre des facettes peu souvent soulignées. Ensuite, Monnet est un américain tout autant qu’un européen. Pour lui, c’est d’ailleurs la même chose, mais c’est en lisant ses Mémoires que l’on peut comprendre la profondeur de ce trait. Enfin, s’il est un personnage historique, Monnet n’atteint pas la grandeur de Charles de Gaulle ou de Pierre Mendès-France. Jamais, et ses Mémoires explicitent ce point régulièrement, Monnet n’a noué un contact direct avec une nation, un peuple ou une société – sinon commerciale. Son action se veut politique mais d’une conception politique technicienne et rationaliste qui exclut tout débat public. Profondément, Jean Monnet est un planificateur, pas un démocrate. Pour faire ressortir ces trois traits, je n’ai eu recours à aucun moment des sources extérieurs aux Mémoires, sauf un en point. Je me suis donc appuyé, autant que possible et assez fréquemment, sur des citations de Jean Monnet lui-même.


La méthode Monnet

L'intérêt premier des Mémoires de Jean Monnet est donc de permettre au lecteur d'assister à la naissance de la méthode Monnet. Pas exactement la méthode dite des petits pas, celle qui consiste à communautariser des domaines de coopération successivement de plus en plus important. La réalité de la méthode Monnet consiste à recourir à l'arbitrage technique pour trancher des problèmes politiques. La méthode est louable pour des problèmes secondaires, elle atteint ses limites lorsqu'on touche à l'essentiel. Elle est à l'opposé des procédés de Mendès-France ou de de Gaulle, deux hommes qui ont su, aux moments critiques, faire appel à la Nation pour qu'elle tranche elle-même, en conscience, les problèmes les plus épineux.

Mais commençons par décrire la naissance de la méthode Monnet.

Première étincelle pour celui que de Gaulle appela l'inspirateur : le wheat executive. En 1916, au cœur de la première guerre mondiale, les alliés (France, Italie, Grande Bretagne) sont confrontés à un problème : chacun achète son blé de façon désordonnée, ce qui fait monter artificiellement les prix à un moment où les caisses sont vides. Sur la suggestion de Monnet, une commission tripartite, le wheat executive, va coordonner les achats de ces trois pays, et ainsi leur faire bénéficier de meilleurs prix : "les trois hommes se comportèrent comme s'ils n'étaient qu'une seule et même instance agissant pour l'intérêt commun". Si l'on voulait être rude on pourrait décrire ainsi cette première préfiguration de l'Europe selon Monnet : une centrale d'achat.

Plus profondément, la méthode Monnet procède d'une sorte d'idéalisme rawlsien avant la lettre : "le wheat executive, en effet, devait m'apporter la première preuve concrète que les hommes, lorsqu'ils sont placés dans certaines conditions, voient que leur intérêt est commun et dès lors sont portés à se mettre d'accord. Ces conditions sont que l'on parle du même problème, avec la volonté et même l'obligation de lui donner une solution acceptable pour tous". Ainsi, sous une sorte de voile d'ignorance, qui leur fait oublier leurs divergences d'intérêts, les hommes sont-ils prêts à s'accorder. Certes. Mais c'est supposer le problème social résolu : ni les hommes, chez Rawls, ni les nations, pour Monnet, ne sont prêtes à oublier leurs intérêts. Sauf à faire prévaloir une autorité supérieure.

C'est précisément cette méthode d'un arbitre coiffé d'une autorité politique d'ordre supérieur dont Monnet fera ensuite l'apprentissage. En 1919, il est en effet nommé adjoint du Secrétaire général de la Société des Nations nouvellement créée. Trois ans plus tard, il est confronté à un conflit entre la Pologne et l'Allemagne sur le partage de la Haute-Silésie. La SDN est chargée de "trouver une formule qui créât une sorte de statut commun pour des hommes et des produits placés de chaque côté d'une frontière artificielle qu'il nous incombait paradoxalement de tracer". Une fois cette formule technique trouvée, un tribunal arbitral est chargé, sous l'autorité de la SDN, de trancher tout conflit ultérieur dans les répartitions de territoires et de ressources opérées par la SDN. Les décisions de ce tribunal étaient sans appel, et d'application directe. Monnet s'illusionne sur la valeur technique des solutions trouvées dans des cas précis et circonscrits, et a voulu étendre ses solutions à un continent.

Quelques remarques en effet sur ces deux épisodes du wheat executive et de la Silésie. L'intérêt commun auquel Monnet fait appel ne marche, lorsqu'il y a réellement conflit (en Haute Silésie), que si un organe supérieur aux parties est là pour les forcer à un accord. Dans le cas de la Silésie, c'est l'autorité de la SDN, validée par le Royaume-Uni et la France, qui a permis de forcer l'Allemagne et la Pologne à l'arbitrage d'une commission de techniciens. Dans le cas du wheat executive, les questions d'approvisionnement en blé étaient certes importantes, mais l'arbitrage jouait entre alliés et la solution trouvait devait bénéficier à tous (obtention de prix inférieurs). On pourrait d'ailleurs analyser ces deux situations en termes de théories des jeux. La situation pour le blé est sans doute à somme plus largement positive que pour la Silésie ; l'accord entre parties est beaucoup plus aisé.

Monnet exagère donc l'apport des techniciens, leur capacité supposée à dégager un intérêt général, et sous-estime considérablement le rôle d'une autorité supérieure en situation conflictuelle. Sans l'autorité supérieure de la SDN, dans le cas de la Haute-Silésie, aucun arbitrage n'eût tenu, aussi sophistiqué soit-il.

Plus la situation de départ est tendue, plus une autorité supérieure est nécessaire pour imposer une solution. Monnet, conservant finalement une vision idéaliste - et française - du politique comme l'instance qui dit l'intérêt général, impute les problèmes ultérieurs de la SDN non à l'absence d'un "gouvernement mondial" capable d'imposer ses choix, mais aux égoïsmes nationaux : "je compris que nous avions sous-estimé ces difficultés [de la SDN], ou plutôt que nous n'avions pas creusé assez profond: leur racine commune était la souveraineté nationale, qui empêchait, au conseil, la manifestation de l'intérêt général". Ne souhaitant pas insister sur le véritable problème, celui de la construction d'une autorité supranationale (qui prend du temps, qui doit être consentie), il entend accélérer le mouvement en niant toute légitimité aux intérêts nationaux. C'est avoir une réflexion bien courte que de ne pas voir d'une part que l'entité nouvellement créée doit bien avoir des intérêts à défendre, pour que sa constitution soit considérée comme utile par ses membres. D'autre part, c'est oublier que les intérêts nationaux, et privés, sont parfaitement légitimes.

Paradoxalement cependant, alors que Monnet récuse les intérêts nationaux et y voit les racines du mal politique, il verrouille l'Europe dans une situation de conflit entre nations : "l'Europe se fera selon le processus même qui a fait chacun de nos états, c'est-à-dire en instaurant entre les nations une forme nouvelle de rapports semblable à celle qui a été établie entre les citoyens de n'importe quel pays démocratique - une égalité organisée au sein d'institutions communes." L'Europe n'est donc pas un creuset démocratique, avec une égalité entre citoyens, mais un conglomérat d'intérêts nationaux réputés égaux. Presque soixante années plus tard, c'est au nom de cette égalité entre états qu'un député de Malte au Parlement européen est élu par seize fois moins d'électeurs qu'un député français. Cette égalité étatique est aussi l'obstacle majeur, et inamovible parce qu'enraciné dans la constitution même de l'Europe, à une constitution démocratique de l'Europe.

Monnet vante donc le désintérêt national. A titre personnel, il aime le pouvoir mais sait rester discret. En 1939, nommé secrétaire du comité de coordination franco-britannique (chargé de répartir les ressources nécessaires au combat), il écrit que, même coiffé par des autorités politiques, ce "comité de coordination avait pour lui la permanence et l'appareil technique, donc la réalité du pouvoir". Remplacez "comité de coordination" par "Commission", vous avez le troisième pilier de la méthode Monnet : la réalité du pouvoir doit rester à l'écart des jeux politiques (que d'aucuns nomment démocratie) et s'exercer dans des comités techniques.

Même si la méthode Monnet n'est connue aujourd'hui que comme celle des petits pas, elle est cependant multiforme. Il y a en effet deux traits supplémentaires de l'expérience de Jean Monnet, qui caractériseront la construction européenne : une architecture institutionnelle conçue plus comme un tribunal d'arbitrage international que comme une autorité politique légitime ; la réalité du pouvoir appartient à des comités de techniciens.

Dernier trait, oublié par Monnet lui-même : la présence d'une autorité supérieure est souvent nécessaire pour qu'un ensemble géré "façon Monnet" fonctionne. Ce rôle sera assuré par les Etats-Unis dans le cas de la construction européenne.

L’ami américain

Monnet a découvert les Etats-Unis très tôt. Jeune, son père l'y envoie pour représenter la maison de cognac Monnet auprès de ses clients. En 1927 il travaille pour Blair & Co, une banque d'affaires américaine. Envoyé en Pologne pour renégocier la dette de l'Etat, il travaille avec John Foster Dulles, futur secrétaire d'Etat de Eisenhower. En 1929, Monnet s'installe aux Etats-Unis et prend la vice-présidence d'une banque américaine la Bancamerica. Il reste aux Etats-Unis jusqu'en mars 1939. En octobre 1938, il intervient auprès de Roosevelt, mandaté par Daladier, pour accélérer la production d'avions au bénéfice de la France, qui a pris conscience un peu tardivement des progrès militaires allemands.

Avant le déclenchement de la deuxième guerre mondiale, c'est un homme introduit au plus haut niveau aux Etats-Unis, ami des futurs artisans de la prépondérance américaine d'après-guerre.

En 1940, il rencontre de Gaulle à Londres mais refuse de se placer à son service, désavouant sa stratégie jugée trop personnelle, et "remet ses services à la disposition du gouvernement britannique". Churchill l'envoie aux Etats-Unis, placé auprès du chef de la commission des achats britannique. Il passe donc le début de la guerre prendre partie intégrante à l'effort de guerre américain - sur ses considérables mérites techniques à ce moment, cf. la partie III.

Début 1943, , il est envoyé par Roosevelt à Casablanca, placé auprès du général Giraud. Les américains préfèrent en effet ce général peu politique , opposé à l'encombrant de Gaulle. Monnet est cependant si brillant que de Gaulle, en novembre 1943, après avoir écarté Giraud, l'envoie à Washington pour négocier avec Roosevelt la reconnaissance du gouvernement provisoire.

A la Libération, Monnet devient Commissaire au Plan. Le Plan lancé, Monnet retrouve, dans ses fonctions, les Etats-Unis puisque la planification sert aussi de preuve de la volonté de reconstruction française. L'effort de reconstruction décrit par les services du Plan doit permettre aux Etats-Unis de justifier leur soutien financier à la France dans le cadre d'abord des accords Blum-Byrnes, puis du plan Marshall.

En 1948, la déclaration Schuman, prélude à la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier est préparée par Monnet. Dans ses Mémoires, il affirme que Dean Acheson découvre le texte de la déclaration deux jours avant qu'elle ne soit prononcée. C'est peu vraisemblable, tant Monnet a négocié avec les américains la création de son Europe supranationale. C'est lui qui cite par exemple les mémoires de Georges Ball : "le dimanche 25 juin 1950, j'étais chez Jean Monnet, dans sa maison au toit de chaume, pour une journée de travail en liaison avec les négociations du plan Schuman".

En mars 1951 notamment, c'est un juriste de Harvard, Robert Bowie, qui rédige les clauses concernant les règles de concurrence du traité CECA. Ces règles étaient introduites au cœur du traité comme exigence "des alliés" (comprendre les Etats-Unis). La CECA est conçue, par les Etats-Unis, comme la façon simple de discipliner leurs interlocuteurs européens.

D'ailleurs, le rôle décisif, et impératif, des américains est énoncé ainsi par Monnet, non dans ses mémoires, mais dans un exposé à la Chambre de commerce de Paris en juillet 1951 (in Annie Lacroix-Riz, L'intégration européenne de la France, la tutelle de l'Allemagne et des Etats-Unis, le temps des cerises, 2008): "...nous connaissons assez la situation américaine, le Congrès américain pour savoir que tout le système dans le plan Schuman qui aurait autorisé les accords permettant de répartir les marchés, de fixer les prix, aurait empêché que nous ayons l'appui américain…"

Le 10 août 1952, alors que la CECA vient d'entrer en fonctions, les Etats-Unis publient un communiqué officiel : "les Etats-Unis ont l'intention de donner à la CECA un fort appui, justifié par l'importance de l'unification politique et économique de l'Europe. Conformément au traité, les Etats-Unis traiteront à partir de maintenant avec la Communauté les questions concernant le charbon et l'acier."

Ce sont les Etats-Unis qui confèrent ainsi aux organisations ainsi créées en Europe un statut quasi-diplomatique.

En 1961, Monnet retourne prendre la température aux Etats-Unis : "pendant le premier semestre 1961, je fis deux voyages aux Etats-Unis pour m'informer auprès des nombreux amis que je comptais dans la nouvelle administration Kennedy : Acheson, Ball, Mc George Bundy, Schlesinger, et j'eus un long entretien avec le président. J'en ramenai la certitude qu'une chance exceptionnelle s'ouvrait pour l'Europe d'établir enfin des rapports d'égalité avec l'Amérique [sic…]". A cette époque, Monnet est mandaté par les Etats-Unis pour préparer l'entrée du Royaume-Uni dans l'Europe.

Il ne s'agit pas, par anti-américanisme, de reprocher à Monnet ses relations. Il faut cependant constater que pendant toute la gestation de l'Union européenne, il consulte, est encouragé, poussé par les Etats-Unis, pour faire de l'Europe un allié. En pratique, cet allié est toujours en position subalterne et cela est gênant.

Monnet ne s'arrête pas à ce détail, à cette inégalité constante entre les Etats-Unis et l'Europe, car au fond il voit plus loin. Ainsi, en 1963, pour plaider en faveur de l'entrée des britanniques dans l'Europe, il déclare dans la presse : "toutes les grandes questions de principes sont déjà réglées… Il serait inconcevable que les négociations puissent échouer sur des questions en fin de compte secondaires en rapport avec l'objectif de l'union de l'Occident".

Au fond, l'Europe n'est rien pour lui sinon un projet de constitution d'un camp occidental, dans lequel le reste du monde n'a plus qu'à plier.

Monnet toujours, relatant en 1961 à Adenauer l'entretien avec Kennedy évoqué plus haut : "Tous, dans les travaux dont ils sont chargés […] arrivent à une même conclusion : l'organisation de l'Ouest est nécessaire et urgente - c'est-à-dire l'organisation du monde libre qui comprend essentiellement l'Europe continentale, l'Angleterre, les Etats-Unis et le Canada. Mais pour tous, il est clair que l'armature de cette organisation est la Communauté européenne, dont le cœur est l'unité franco-allemande."

Il est simplement dommage, voire scandaleux, que l'Europe ne soit pas franchement présentée ainsi, comme un marchepied subalterne et transitoire à une organisation politique de l'Occident. En réalité, nul doute qu'ainsi présentée l'idée européenne serait encore moins attractive. Cette tendance européenne existe bien encore de nos jours, puisqu'encore récemment Hervé de Carmoy plaidait pour une Euramérique.

L'ennui de ce plan occidental est qu'il n'est pas avouable, et qu'à vouloir en forcer la réalisation, c'est la démocratie elle-même qui devient une question secondaire.

Au fond, pour Jean Monnet, Europe, Canada ou Etats-Unis, c'est tout un. D'un passage à Winnipeg en 1906, il écrit : "Si nous parlions du cognac, ils m'interrogeaient peu sur Cognac. Ce qui se passait en Europe n'intéressait pas ces Européens qui avançaient vers l'ouest, le dos tourné à l'ancien continent." C'est là sans doute que réside l'erreur - d'autres crieront au génie - de ce brillant technicien.

Le planificateur

Jean Monnet est donc, en politique, quelqu'un qui ne place aucune confiance dans les institutions démocratiques et se repose sur le jeu de comités techniques. Piètre politique mais brillant technicien, c'est au fond ce que l'on peut retenir d'un homme qui écrit, décrivant son rôle au sein de la Première mondiale : "Il n'est pas exagéré de dire qu'au cours des années 1917-1918, les approvisionnements des armées et de la population civile n'ont pu être assurés que grâce à un système doté de pouvoirs quasi-dictatoriaux."

Sa foi en l'organisation rationnelle de la société lui fait même écrire, en septembre 1950 : "Tout ce qui ira dans le sens d'une communauté plus large des peuples et la transformation de la forme capitaliste du passé vers une meilleure répartition entre les citoyens du produit de leur effort commun sera appuyé par l'opinion enthousiaste." Monnet est avant toute chose un planificateur.

Assurément, c'est un administrateur hors-pair. En 1940, il est envoyé à Washington par Churchill pour assister le chef de la Commission d'achat britannique dans ses relations avec l'administration américaine. Ce qui frappe dans ses actions à ce poste, c'est sa capacité de synthèse. En 1942, son coup d'éclat consiste à établir une balance des productions militaires, montrant que les Etats-Unis à cette date produisaient moins d'armes que le Royaume-Uni et le Canada réunis. Fin 1942, il est en mesure d'indiquer à Roosevelt qu'il lui faut accroître sa production d'armement d'au moins 50%, et faire passer la part des dépenses militaires dans le budget américain de 20% à 50%. Keynes confia à ce sujet à Emmanuel Monick, qui l'écrivit dans ses mémoires, qu'en incitant Roosevelt à prendre cette décision, Monnet avait raccourci la guerre d'une année. Ce n'est pas une mince contribution.

On retrouve donc logiquement Monnet, en intendant général de la France libérée, comme premier Commissaire au Plan, en décembre 1945. Il a, à cette fonction, l'intelligence et l'énergie de constituer et d'animer des commissions qui associent experts, fonctionnaires, patrons et syndicats, pour effectuer des choix stratégiques lourds - on retrouve sa méthode de comités spécialisés. Pendant toute cette période, il lutte pour ne dépendre directement que du politique, et pour ne pas être placé sous l'autorité du ministère des Affaires économiques.

Les talents de ce personnage sont donc grands. Mais son absence totale de compréhension de la politique ne parvient pas à en faire autre chose qu'un brillant administrateur. Sa méthode ne marche que dans un cadre très strictement défini : "A partir du printemps 1947, nous ne pouvions plus compter sur les communistes pour faire respecter les disciplines nécessaires et mes interlocuteurs habituels au parti devinrent introuvables. La politique avait introduit un point de vue incompatible avec les règles qui étaient celles du plan : la recherche d'un intérêt commun et l'acceptation des décisions communes."

Comme un "quant", un mathématicien chargé de découper les évolutions des marchés en mouvements gérables au quotidien, Monnet entendait faire résoudre les problèmes politiques par des comités spécialisés travaillant selon une approche technique. Cette approche technicienne n'est pas destinée à compléter l'action politique, à se dérouler sous son contrôle. Jean Monnet sait parfaitement que lorsqu'il veut faire prévaloir un mode de fonctionnement technique sur la politique démocratique, c'est encore de la politique : "Dire que je donnais peu d'attentions à ces propositions [de coopération européennes], ne signifiait pas que je sous-estimais la lucidité de leurs auteurs, mais que ma préoccupation était moins de faire un choix technique que d'inventer des formes politiques neuves…"

Il reste que l'impensé de la méthode Monnet, technicienne, c'est qu'elle ne peut se passer d'un décideur extérieur. En temps normal, c'est au pouvoir politique qu'il convient de trancher ce que la technique ne peut arbitrer. Au niveau européen, le politique est défaillant, par construction (organisation d'états et non de citoyens, structure baroque, absence de consensus sur les finalités de l'Union). Les Etats-Unis ont donc joué naturellement le rôle de direction politique de l'Europe jusqu'à nos jours.

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Le pari perdu de Jean Monnet.

Monnet a fait dans sa vie un double pari. Croire tout d'abord qu'on pouvait remplacer la délibération politique par des choix techniques. Ensuite imaginer que l'on pouvait accepter une Europe subordonnée aux Etats-Unis pour construire ultérieurement une Union Occidentale. Il n'a pas vu que la prépondérance qu'il accordait aux Etats-Unis découlait directement de l'absence d'arbitre en dernier ressort qu'il avait acceptée par ses choix techniciens et son dédain du politique. C'est à cause de ce double pari perdu que l'Union européenne d'aujourd'hui doit être défaite, parce que rien ne doit remplacer la démocratie, et qu'une politique ne peut être conduite dans le secret au fil d'arbitrages techniques désordonnés.

Malgré son aveuglement sur ce point, les Mémoires de Jean Monnet sont à lire, elles offrent un point de vue fort éclairant sur l'histoire du XXème siècle et sur celle de l'échec européen.

<<< Fin

17. novembre 2008

G20 des escrocs - Négligence et duplicité de l'UE - Directives "Fonds Propres Réglementaires" - Bâle 2

Le G20 et Bruxelles défendent la World Economy, la confiance, le crédit, la relance, mais aussi... GM, Ford... Et demain et après-demain Volkswagen, Opel, Daimler, BMW, MAN, Ford, Porsche, Audi, VW, Bosch, Mahle, SKF, ZF Friedrichshafen... toutes ces grandes maisons sont entrain de faire un rallye vers les subventions de l'État fédéral allemand et prennent comme prétexte la Crise...

En Allemagne, la métallurgie qui a fait des bénéfices record depuis ces 60 dernières années est aussi sur le parcours de ce rallye de rapine, comme la chimie, la logistique, le tourisme, les transports aéronautiques, l'informatique, le commerce du détail. L'agriculture de la PAC subventionnée (Politique Agricole Commune), qui est la cause de l'échec du Cycle de négociations de Doha pour l'OMC, réclame aussi des aides spécifiques de crise.

L'État Providence est de retour.

(Photo: Parlement Européen, Strasbourg)

Merckle Ratiopharm, le groupe pharmaceutique allemand, vient de perdre en novembre 08, deux mois après le début de la catastrophe financière mondiale, 1 milliard d'euros en spéculant sur les actions VW qui avaient récemment atteint pendant trois jours des sommets maladifs de plus de 1000 euros par action. Merckle demande au Gouvernement Régional de l'État fédéral allemand Baden-Württemberg de profiter du Plan de Sauvetage. Les truands sont à l'œuvre et vont encore mettre du monde au chômage. Les banques qui ont soutenu la "créativité" financière de Merckle, comme de tous les autres, sont tout autant criminelles que Merckle et devraient être poursuivies et punies au civil et au pénal pour avoir transformé et aidé à transformer en dettes les actifs du groupe Merckle, l'argent gagné grâce aux Travailleurs et à l'activité industrielle. Pour renflouer les caisses Merckel va licencier 1000 employés de Ratiopharm sur les 2850 en Allemagne.

Il est connu de tout le monde en Allemagne, que "Celui qui change la merde en or" (Aus Scheisse, macht er Gold) avait organisé un circuit touristique des actifs dans la centaine d'entreprises que possède le groupe Merckle en Allemagne et à l'étranger pour ne pas avoir à payer d'impôt. A présent il s'avère que ce groupe ne dispose plus d'aucune réserve, est ruiné, mais le patrimoine de la famille Merckle dépasse les 12 milliards d'euros. Si du truand de la société anonyme nous passons au truand qui a un visage, il ne faut pas le mettre dans sa mire. Ils sont tous criminels d'avoir abusés des capitaux sociaux et des épargnes des déposants.

Le G20, "Bretton Woods 2", de Washington du 15 Novembre 2008, qui n'a rien apporté de concret, feint d'exiger de nouvelles règles prudentielles comptable. Ces règles existent déjà sous forme d'appareils comptables prudentiels et de normes comptables internationales et d'évaluation du risque et sont dénommées IAS, IFRS, IFRS-7, Basel 2. Je me souviens que, depuis presque 10 ans, passaient pour des demeurés les entrepreneurs qui n'avaient pas encore fait basculer leur gestion comptable sur les Recommandations de Bâle 2 ou sur les autres normes comptables d'évaluation du risque et destinées à l'information trimestrielle fabriquée (de toute pièce) pour les marchés financiers et par les agences de notation boursière. Cette fabrication de l'information boursière et financière, vendue comme transparente et parfaite, s'était faite avec la complicité des chefs d'entreprises dont le salaire (golden hello, stock-options, golden parachute) était indexé sur le management financier qu'ils infligeaient à leurs entreprises. Pour ma part je m'étais inquiété très fortement dès 1990 de la montée en régime des système basés sur la volatilité et jouant ou se jouant de la volatilité. J'avais compris que les financiers nous faisaient croire qu'ils étaient capable de faire aux actifs le bond quantique qui leur permettait d'actionner le levier démultiplié des profits et de manière imparable et... durable. Je m'étais toujours insurgé contre les share-holders (détenteurs de part) qui avaient supplanté les stake-holders (détenteurs de tâches) dans la politique managériale, et je passais moi-même pour un demeuré de voir que juges et parties étaient confondus dans la direction d'entreprise.

Les recommandations de Bâle 2 ont été transposées en 2006 au niveau européen avec la Directive Européenne "Fonds Propres Réglementaires" (CRD, Capital Requirements Directive). Mais la Commission de Bruxelles, toujours pressée de faire appliquer dans une "Concurrence libre et non faussée" la Libre Circulation des biens, personnes, services et capitaux avait négligé de fixer des règles sévères de surveillance et s'était surtout dispensée de fixer un catalogue de peines et d'amendes, et de définir une autorité administrative de surveillance et une juridiction ad hoc. C'était un choix restrictif volontaire.

Ceci est d'autant plus condamnable que le scénario préparatoire à la crise communément appelée Crise des Subprimes, qui a commencé dès janvier 2007, reposant sur les produits financiers chimériques, avait été lancé à l'échelle planétaire en 2002/2003 avec la crise Enron, cette crise de l'éclatement de la bulle spéculative des Fonds de Pension qui avait révélé les manquements graves de l'audit financier des entreprises. Maquillages des bilans, fausse publication de chiffres, bénéfices inventés sont les mêmes pratiques qui ont conduit à la "Crise des Subprimes". La crise du géant de l'énergie Enron, détenu par les fonds de pension, était déjà entrée dans l'histoire sous le nom de "La crise du système de profit".

Aucune leçon n'en avait été tirée par une négligence dirigée et voulue et, déjà à l'époque, il était lancé comme vide conceptuel directeur que ce "n'était ni la crise du capitalisme, ni la crise de l'économie des marchés, mais seulement une crise de la surveillance et de l'audit, et que ceci ne pouvait pas arriver en France et dans les pays européens car nous avions un système de double contrôle à la différence des USA qui n'ont q'un système du contrôle unique où le donneur d'ordre est aussi celui qui est contrôlé". Je vous demande ce qui a été différent avec la-dite crise des sunprimes de 2007/08 dans laquelle trempent aussi massivement les entreprises industrielles, les organismes de fiducie, les banque de dépôts et de prêt... de tous les pays européens?

La négligence de Bruxelles avec sa Directive "Fonds Propres Réglementaires", volontairement incomplète à cause des multiples amendements du Parlement Européen qui avait édulcoré le texte, est impardonnable. Des milliards d'euros ont été définitivement perdus en valeurs toxiques, pourries et irrécouvrables, d'une part. D'autre part, Bruxelles accepte à présent que les États membres s'offrent des déficits budgétaires pour refinancer toutes ces affaires faillitaires avec l'argent du contribuable. Exit la "rigueur budgétaire" des critères de Maastricht et de la BCE, et ceci pour financer des chaines d'escroquerie qui finiront pas mettre en faillite les réseaux industriels et au chômage des centaines de milliers de Travailleurs. Travailleur est la terminologie officielle de l'UE. Au nom de la "rigueur budgétaire" européenne et de sa vision ordolibérale, Bruxelles recommande aux Etats par ailleurs depuis 57 ans le désengagement de l'Etat de la vie publique des services, de la santé, de l'éducation... en conformité avec l'AGCS de l'OMC.

C'est vrai, en 2006, lors de la rédaction de la Directive Européenne "Fonds Propres Réglementaires", c'était encore l'époque où il était moderne d'afficher le dégoût pour l'État, comme von Hayek l'avait enseigné à... Jean Monnet. Il était de bon ton, comme Jean Monnet d'afficher son aversion pour l'intervention de l'État dans les services publiques par exemple. Et l'on savait le faire savoir avec la "concurrence libre et non faussée" et "l'autorégulation par le marché". Et en Europe prévaut la suprême indépendance de la BCE, qui impose la suprême obéissance à la BCE des Banques Centrales nationales de l'Euro-Zone.

Basel 2 avait donc des lacunes et des failles en offrant aux banques la "main vibrante" de l'auto-contrôle qui devait conduire à l'auto-régulation de la main vibrante par la magie et la rationalité des modélisations mathématiques. Comme pour le système de contrôle unique du système américain de l'audit financier tant décrié, les banques s'étaient offerte un système sur mesure avec les Recommandations de Bâle 2.

Leur effronterie a été de se prendre pour cette "main vibrante", juges et parties, un Docteur Faust de la Finance. Bâle 2 a donc organisé l'indépendance fusionnelle des banques dans une "main vibrante" qui leur était toute dédiée et soumise. La Bulle des bulles, vous la connaissez. Il n'y a pas de déterminisme, il n'y a que ses serviteurs. Il n'y a pas de main vibrante, il y a ses experts. Il n'y a pas l'information libre et non faussée du "toutes choses étant égales par ailleurs", il n'y a que distorsion des marchés.

Il fait déjà partie d'un Révisionnisme de l'Histoire en marche que de dire que "les banques ne comprenaient elles-mêmes plus rien à leurs milliers de produits financiers dérivés" qu'elles n'arrêtaient pas d'inventer pour racheter et revendre, avec profit et avec un effet de levier, les anciens produits financiers titrisés. Quand les USA seront en Banqueroute d'État, le FMI et tous les pays de la planète seront appelés à financer des souscriptions pour racheter par appartements la statue de la Liberté pour plusieurs milliers de trillions de $.

Il est odieux que les soi-disants Plans de Sauvetage européens déclinés nationalement en Europe grâce à la "Boîte à outils" viennent au secours de tous ces malades systémiques qui ont spéculé sur du trafic de mensonges et d'influence financière avec des produits titrisés issus de dérivés de produits financiers. Il est encore plus dément qu'à présent les actifs budgétaires des gouvernements soient détournés pour les industries clefs qui ont pourtant délocalisé depuis 20 ans, qui ont rationalisé et licencié tout en réalisant des gains historiques de productivité horaire comme annuelle, tout en ne partageant pas avec les Travailleurs avec un salaire décent qui reflète l'énorme gain de productivité auquel ils ont contribué. Gain de productivité horaire et annuelle.

A côté du détournement par les entreprises des richesses et valeurs ajoutées réellement créées s'ajoute à présent le détournement d'État de parts du PIB par les gouvernements au profit de ces mêmes entreprises, tout ceci avec des parfums constitutionnels d'européanité. Il parait "qu'il ne fallait pas léguer des déficits budgétaires aux générations futures", qu'il fallait désengager l'État des services publics. L'Europe est au service de la dette des escrocs de ceux qui ont dilapidé les biens sociaux pour en faire des jeux de trésorerie compulsive.

Au Congrès de Versailles du 4 février 2008, les députés et sénateurs du PS se sont abstenus en masse, pour offrir à l'UMP et son chaman le Traité Simplifié Européen, le Traité de Lisbonne et donc pour titriser le NON des français du 29 mai. Cette spéculation sur le mensonge et les trafics d'influences des lobbies prendra bien une fin. Il faudra y penser lors de l'élection des Eurodéputés en 2009.

J'aime l'Europe et je suis nonniste.

Je m'étonne que personne ne parle de la situation bancaire et du crédit au Luxembourg, cette oasis fiscale qui a dépassé depuis presque 15 ans la Suisse qui "lave plus blanc". Le G20 n'a pas classé le Luxembourg, la Suisse, Monaco, Andorre, Jersey parmi les bad guys ou les rough states, ou l'Axe du Mal.

29. octobre 2008

Développement prudentiel durable - Mythologie de Bretton Woods 2 - Banqeroute d'État des USA

Par dessus le Consensus de Washington qui a transformé la volatilité d'Ötzi, Hybernatus - l'Homme des Glaces du Ötzthal, en caddie, il y avait le consensus de Bretton Woods, qui n'a fonctionné effectivement qu'une dizaine d'années avant l'éclatement de la convertibilité or (1971) et l'adoption des taux de changes flottants (1973), mais qui a œuvré dans sa dimension de Traité Constitutionnel Mondial comme paradigme accepté au delà duquel la pensée contemporaine s'était abstenue de progresser. Le rôle dévolu à une Constitution est de mettre ensemble les gens qui ne savent pas qu'ils partagent une existence commune. Le rôle du paradigme est de mettre ensemble les gens avant qu'ils ne se mettent à exister.
Le Consensus de Bretton Woods remplissait cette fonction jusqu'à la Cessation de Paiement des USA de l'été 2009.

Le G20 va lancer à Washington un Bretton Woods 2, qui surfe sur ce quelque chose que nous avons tous en nous de Keynes.



Dans une cacophonie initiée par le chaman français et le chancelier de l'échiquier britannique, Bretton Woods II est annoncé comme la symphonie du nouveau monde. Dans une étude en 10 chapitres je vous livre ce que ne contiendra pas l'Accord de Bretton Woods II.
  • 3] Protectionnismes européens unis, Déni d'Europe, Dictature des marchés, l'ennemi du Sud
10] Développement prudentiel durable - Mythologie de Bretton Woods II - Banqeroute d'État des USA


A] Bretton Woods II - Qui prononce ton Nom sera sauvé.
B] Pour qui travaille l'argent? - Croissance appauvrissante.
C] Ce n'est pas une crise de confiance - C'est l'accident de l'économie réelle du Pays des trois flux.
D] On a tous quelque chose en nous de Tennessee


  • A] Bretton Woods II - Qui prononce ton Nom sera sauvé.
Et face au bloc de Varsovie, il était pratique, nécessaire ou agréable pour le bloc "Marshall" d'en rester au status quo du caddie pour laisser papas et ménagères à la corvée et au remboursement de leurs crédits de plaisance ou de complaisance pour évoluer, avant de mourir, quelque part sur la courbe de la maximisation du bien-être. Depuis le match de ping-pong entre un joueur chinois et un joueur américain, depuis la Chute du Mur cette Constitution ne nécessitait pas de toilettage et toutes les constitutions Est se sont fondues dans le Traité Constitutionnel de Bretton Woods dans les isoloirs du FMI, de la Banque Mondiale, du Gatt et de l'OMC. Nasdarowje, Towarischij! Le SMI (Système Monétaire International), avec la convertibilité en or, or déposé par tonnes par toutes les banques mondiales à Fort Knox pour garantir les liquidités, n'était qu'un accident de l'histoire, lui même éliminé par les américains eux-mêmes quand ils se mirent à rembourser leur propre déficit budgétaire en mettant sur le marché en un premier temps leurs propres masses d'or, que l'acheteur devait acheter en... $. On incrimine le Consensus de Washington libertarien du tout par le marché et par la main vibrante de l'autorégulation par le marché, mais en réalité il faut remonter au 22 juillet 1944 à l'esprit du tout-par-les-USA des Accords de Bretton Woods pour lire l'Ordre commercial du monde.

Je ne fais pas de parenthèses autour de la victoire contre le nazisme, Bretton Woods remonte à la Charte Atlantique dont Churchill et Roosewelt avaient jeté les bases dès 1941 pour offrir un identifiant face aux terreurs de Hitler et de Staline et pour reconstruire leur monde. En Alsace, on est iconoclaste né. Une stabilité nous était offerte, et tous les dimanches après-midi, vers 15h 30, juste avant le vacherin glacé, mémé parlait de l'Occupation: "tsalemôhls, wajsch dü' noch, wànn d'h Hitler..." ou bien "géb acht, in eu hââlwer deûh sén d'h Russe euij nôch dô!" (en une 1/2 journée, les russes sont aussi là!). C'était agréable, en Alsace, de savoir qu'on était des gens biens à cause du avant, du maintenant et du après, toujours au chaud, chez soi, à la maison. Le monde était en ordre, "chez nous en Alsace". Mémé et Obeba nous inoculaient l'agréable terreur du russe - Hitler ne pouvait plus nous menacer, nous les enfants, mais les russes, ça ça devait être des gaillards! - avec des cuillers de dindes aux marrons, et si nous étions gentils, nous avions le droit de tremper un sucre dans le verre de schnapps. J'ai eu une de ces éducations. Je ne te raconte pas! J'ai eu un enfance heureuse. Je n'avais pas besoin de penser. Pour savoir où j'étais. Le tour était joué. Puis, au lieu de jouer aux petites voitures, Dinky Toys, je collais l'oreille à la grosse radio Telefunken à lampe et j'écoutais les nouvelles en français de la radio tchécoslovaque de Prague, ou les messages codés en Suisse allemand de Radio Beromünster sur Ondes Moyennes: Null, Null, Zwo, Drü, Drü, Sieben, Acht, Nojn... Je m'étonnais que l'on parlât autrement et je sentais bien que l'on a tous quelque chose en nous de caché qui ne pouvait se dire derrière l'œil magique vert de la radio sur lequel je collais au moins l'un de mes yeux en ajustant la syntonisation de ce poste super-hétérodyne. Que des jolis mots. Écoute! Hér! Harva! (Ah, oui! Il y a encore ce truc là.)

Quand on a un idiot en face de soi, plus besoin de penser, il suffit de s'identifier. Le paradigme est encore plus efficace, il évite de penser et de s'identifier. Voici en attendant la Courbe de calibration de la datation effectuée au carbone 14 de Ötzi, la momie retrouvée dans la région du Similaun (Tyrol du Sud, Italie) en septembre 1991. L'affaire Ötzi est reconnue comme étant la première affaire criminelle due à la globalisation. L'effet de cette courbe sera immense sur l'imaginaire des générations futures, elle rappellera les indices boursiers de Wall Street d'octobre 2008 et n'engendrera pas la mise en œuvre des moyens pour assurer une croissance prudentielle durable, mais la soumission du petit pour bien travailler et produire. Bretton Woods II s'y emploiera, à ce que nous ne pensions pas plus qu'avant et que nous ne nous identifions encore moins. Il faut produire du vide conceptuel pour exister. Le risque ultime est d'être viré de sa caverne. Avec la flèche dans le dos. L'ours est le symbole officiel de la baisse à Wall Street.

Le marketing mix de Bretton Woods II tente une Restauration (un révisionnisme?) d'une Histoire qui n'a jamais existé et essaye de recomposer la Symphonie du Nouveau Monde, du endless western rush, qui offre aux peuples, et aux indiens de l'Idaho, développement, démocratie et commerce. Le chaman français et le chancelier de l'échiquier anglais sont des purs produits fédérés de l'Europe, de cette Europe parangon du libéralisme qui veut toujours tirer plus haut que le cow boy de papier. Bush et ses amigos muchachos doivent rirent de ces statistes à la Karl May qui font un vival sans le "re" de l'expansion américaine en chevauchant, sur un tutti d'orchestre, les euro-$ de leur Grande Caverne Commune de Михаил Сергеевич Горбачёв ou du Global Village de Marshall McLuhan, qui n'avait pas compris dans son livre, The Medium is the Message, que le médium (dans son acception française) était déjà le message, que le récepteur était prêt à "boire l'étiquette" avant qu'il ne l'aie sous les yeux. Il ne connaissait pas encore les buzz et les geek (geek est issu du moyen haut allemand, en alsacien on dit depuis toujours: "bésch gààk gààk" ou bien "bésh eu Gicke" ou bien "hésh eu Gickelshueut", "tu as un Chapeau de Gicque", de fou.

Bretton Woods II est un de ces cultes chamaniques, un marketing viral, qui créera ce vide conceptuel et qui vous "autorisera à redoubler", comme cet écolier qui "reconnait les faits qui lui sont reprochés" sur son bulletin. Le vide conceptuel de Bretton Woods sera chargé de prières et de mantras et aura comme accessoires des moulins à prières qu'il faudra mettre en mouvement au travers de CNN, de BFM, de France Info pour continuer à nourrir le climat de prépanique générale en commençant toujours par les indices boursiers du CAC 40, du Dow Jones, du Standard & Poor's. Le vide conceptuel de la Réforme de Bretton Woods II sera relatif aux nouvelles normes comptables de la comptabilité privée de IAS, IFRS, IFRS-7, de Basel II (Bâle 2) qui vont être remixées par les entreprises dans leur obligation de publier leurs bilans intermédiaires quatre fois par an pour satisfaire à l'exigence de transparence des marchés financiers et boursiers. Elles seront flanquées des nouveaux dispositifs prudentiels destinés à mieux appréhender les risques bancaires et principalement le risque de crédit ou de contrepartie et les exigences en fonds propres, et du nouveau rôle de la "Banque Centrale des Banques Centrales", la "Banque Mondiale" que l'on n'appelle plus depuis longtemps de son nom officiel, la Banque des Règlements Internationaux (BIRD), hérité des Accords de Bretton Woods de juillet 1944. Le vide conceptuel sera relatif à la réinvention de normes et critères des agences de rotation boursière (rating angency, agence de notation) qui font la pluie et le mal temps en évaluant les actions en A1, A+, AAA ou en junk-bond à refiler au plus vite au prochain perdant le moins bien informé et à l'ultime perdant, l'idiot corrompu de l'État qui reprend toujours toute créance et valeur toxique pour la faire digérer par le compost citoyen. Le vide conceptuel de Bretton Woods II sera relatif aux fonds qui s'occupent des rachats-rejets d'entreprises, comme les Hedges-Fonds, les Private-Equity, les Fonds Souverains, les Fonds Indexés, les Fonds de Pension, les Vulture Fonds (fonds vautours), ou relatif aux oasis fiscales comme le Luxembourg du vexé Monsieur Juncker, Président de l'Eurogroupe, ou de la Suisse, du Liechtenstein, d'Andorre, de Monaco, de Jersey... Le vide conceptuel s'axera autour de ce marketing-mix viral de Bretton Woods II (lire mon analyse en 10 parties) qui continuera d'organiser la liberté des marchés et le sens unique des vases à communication commerçante Sud/Nord, et ouvriers/majors de l'Avant Garde Globale. Mantra, ce terme sanskrit signifie arme ou outil de l'esprit et protection. Le mantra a pour objectif de canaliser le mental discursif et ses vertus, conjuguées à l'intention et à la concentration du récitant, sont censées conférer divers pouvoirs et bénédictions.

Quiconque invoquera son Nom sera sauvé (Act 2,24). Priez sans cesse, en toutes choses faites eucharistie (1 Th 15, 17-18).

Plan de Stonehenge >>>
Bretton Woods II, le Plan de Sauvetage de Hank Paulson et Ben Bernanke, le Plan Européen et de la BCE déclinés en Boîte à Outils nationaux, les nationalisations totales ou partielles des Institutions de la fiducie, des Banques et des Industries clefs ...et de l'automobile, les "paquets conjoncturels" et injections keynésiennes et post-keynésiennes, l'autorisation subite donnée aux banques et entreprises de ne plus évaluer en fonction du prix du marché (de faire un faux en écriture sur document comptable!) leurs titres toxiques et créances irrécouvrables... et qui permet comme pour la pire des banques leveraged, la Deutsche Bank, de regonfler les bilans et d'avoir un solde positif sur le Compte Pertes & Profits..., les baisses du taux directeur et du taux lombard, les Lois de Stabilité des marchés financiers reposent sur le vide conceptuel du "rétablissement de la confiance interbancaire et globale pour ramener la croissance." Confiance en l'argent. Liturgies ésotériques. Le mystère de Stonehenge n'est pas non plus compris. Plus deux porte-avions nucléaires anglais, plus 6 sous-marins nucléaires français pour la relance!


Les monolithes de la Deutsche Bank >>>>

Avec ce tutti d'orchestre planétaire de la nouvelle Symphonie du Nouveau Monde la confiance a rejoint Ötzi. Er kann wieder kaufen, il peut de nouveau acheter,
He wants to buy again. Avec Bretton Woods II vous êtes téléportés en même temps dans la préhistoire et le futur.

De nos jours, depuis le 15 septembre 2008, nous savons tous ce que signifie la "dérégulation" des marchés financiers et que ceci n'était pas une idée si bonne que ceci, même si une chaine de personnes a gagné beaucoup d'argent avec elle. Qui a eu l'idée, personne ne veut le savoir même si l'on connait George Soros, inventeur des Hedge-Fonds ou Paul Singer, inventeur des Fonds Vautours. Il fallait laisser faire l'argent. Money matters. Même si Triffin avait prévenu dès les années 60' avec son "dilemme de Triffin", l'écroulement du système était annoncé avec ce qu'il avait appelé le "dollar glut", l'accumulation de dollar à l'extérieur des USA (euro-$, pétro-$, etc...).

"L'instauration du système de 1944 s'est faite dans une situation très particulière, à la fin de la guerre, alors que les États-Unis dominaient le monde", avait rappelé Antoine Dupont-Fauville, qui fut de 1966 à 1968 directeur du cabinet de Michel Debré, ministre de l'économie du général de Gaulle. Avec les Accords de Bretton Woods du 22 juillet 1944, chaque monnaie s'était vu attribuer une parité fixe par rapport à l'or. Cependant, seul le dollar était "as good as gold", c'est-à-dire convertible en lingots. Avec les Accords de Bretton Woods, 75% de l'or mondial étaient déposés à Fort Knox. C'est comme les Conquistadors qui avaient ramené tout l'or des Incas en Espagne. Avec les Accords de Bretton Woods, les USA étaient engagés à garantir la valeur du dollar avec l'or, mais le Trésor américain avait commencé à vendre massivement sur les marchés mondiaux les stocks d'or dès le début des années 60' pour financer leur déficit budgétaire et leur guerre du Viet-Nâm. Dès 1960, il circule davantage de billets verts dans le monde qu'il y a d'or dans les coffres-forts du Département du Trésor américain. Les montagnes de dollars avaient commencé à s'accumuler dans tous les pays sans avoir cette contrepartie en or dans le Trésor américain. Il n'était pas prévu par les Accords de Bretton Woods que le Trésor américain remboursait en dollar les dépôts or des 44 pays signataires de l'Accord de Bretton Woods qu'il avait lui-même revendu sur les marchés mondiaux. Pour d'autres pays on parlerait de "monnaie de singe". Cette expression a un sens: au XVIIème siècle il était interdit d'introduire dans les villes de France des singes, où alors il fallait payer une taxe. Les animaux de cirque qui savaient réaliser des cabrioles en étaient exemptés.

De Gaulle avait refusé la contrepartie en dollar de l'or français mis en dépôt et avait obtenu sa restitution. Le Trésor américain avait alors commencé cet énorme cycle du déséquilibre de la balance des paiements américains en fournissant en liquidités (en $) le monde entier à la place de l'or déjà revendu. La question de la "confiance interbancaire" ne se posait pas entre les banques centrales de tous les pays du monde, les banques centrales nationales acceptaient et acceptent toujours le $ dans leurs encaisses car tous les échanges commerciaux internationaux se font avec cette monnaie bancaire (de singe, de Gicque) qui n'est qu'une unité de compte en dehors des USA. Avant l'été 2009, le $ surévalué à hauteur de 1 pour 9 se sera écroulé. Il n'y aura pas d'instance supérieure qui va créer du déficit budgétaire qui va être titrisé et financé en Bons du Trésor eux-mêmes indexés sur des valeurs refuge monétaires comme le $. Le dernier maillon de confiance, de mensonge, auquel s'était accroché l'humanité, aura fondu à jamais... en bourse. Aucune monnaie du monde ne pourra, à partir de l'été 2009 remplir ce rôle de Standard, comme il y eut le Gold Standard, le $ Standard. Richard Nixon avait annoncé unilatéralement l'abandon de la référence à l'or. A l'été 09 les échanges commerciaux internationaux ne se retrouveront même pas au stade des phéniciens, inventeurs de la monnaie, mais au stade de l'âge de pierre et du troc. Au début des années 1970, John Connolly, secrétaire d'État au Trésor sous la présidence Nixon, avait résumé aux gouverneurs des banques centrales du monde: "The dollar is our currency, but your problem". Bretton Woods est une mythologie devenue durable dans la confiance de fait dans le $. Le $ est donc un vide conceptuel. Il n'est pas une intention. Même à 1,31 €. Il était agréable de croire en la valeur refuge du $ à cause de la suprématie militaire des USA. Non. Le $ n'était qu'un mensonge d'univers.


  • B] Pour qui travaille l'argent? - Croissance appauvrissante.
Pour rentrer dans cet univers, les pauvres, les pays pauvres doivent payer leur ticket d'entrée. Quand on nous dit que "l'argent travaille", personne ne se demande qui travaille pour notre argent. Qui reçoit l'or qui est extrait du Ghana dans des conditions de quasi esclavage des mineurs? Le Ghana fait partie des HIPC, les Heavily Indebted Poor Countries, ou des PPTE, les Pays Pauvres Très Endettés. Que de jolis mots. Ceci dit en français de singe; en bon français, le Ghana, second producteur d'or du continent africain, fait partie des pays les plus pauvres du monde. Je ne parle même pas des dégâts irréversibles causés à l'environnement et aux milliards de mètre-cubes d'eau nécessaires au lavage des boues avec des procédés chimiques en combinaison avec le mercure. Pour l'homme du Ghana, l'économie réelle s'arrête déjà à 20 centimètres de ses mains. Plus on regarde vers les pauvres, plus la distance entre économie réelle et économie virtuelle se réduit. Plus on "monte", en direction de plus riche que soi, plus on monte sur la courbe de calibration de la datation des richesses, plus la distance entre économie réelle et économie virtuelle approche de l'infini. Ceci nous est aussi vendu comme une mantra, cette "arme de protection de l'esprit", car qui veut vraiment s'avouer être au service servile de plus habille que soi? Quiconque invoquera son Nom sera sauvé. Priez sans cesse, en toutes choses faites eucharistie. Pauvres paumés.

Le mantra "Économie réelle" ou déjà "Bretton Woods II" a pour objectif de canaliser le mental discursif et ses vertus, conjuguées à l'intention et à la concentration du récitant, et qui confèrent divers pouvoirs et bénédictions. Face à ce paradigme idiot, il n'y a plus besoin de penser ni de de s'identifier. On accepte, pauvre paumé. Pour que la marque déposée Bretton Woods ne subisse pas de dilution de notoriété Hank Paulson, Ben Bernanke, Gordon Brown, cacahuète Barroso, le chaman français, Angela Merkel font des surenchères sémantiques et de Plans de Sauvetage, Plans de Stabilisation, Plans de Relance conjoncturel, Plans de Relance keynésienne et post-keynésienne pour ne pas laisser s'affaiblir le caractère distinctif de leur marque en lui laissant conférer un caractère banal. Il ne faut pas laisser l'esprit occuper le terrain, il faut rétablir la confiance. Mais en quoi? L'universalité non-conceptuelle de Bretton Woods 1 et de Bretton Woods 2 est partagée de l'extrême droite (Info-Secte, voir comment n°1) à Michel Rocard (PS) et à encore plus loin à gauche.

Les pays pauvres, les pauvres et les chômeurs payent le billet d'entrée dans cet univers, les générations futures payeront les déficits budgétaires destinés à éponger les dettes toxiques des escrocs réels spéculateurs et les créances réelles irrécouvrables des industries clefs de l'économie réelle qui ont délocalisé depuis 20 ans, qui ont mis au chômage des millions de travailleurs au nom du rendement opérationnel sur lequel sont indexés les dividendes des capitaux placés, les golden hello, les golden parachutes. Bientôt on lancera un concours de celui qui fut le dernier à avoir perçu le golden parachute. La Deutsche Bank avait reçu cet été 2008 une énorme aide... qu'elle a placée en bourse et perdue. Personne ne demande qui travaille pour notre argent.

Au Burkina Faso on ne voit plus que des sols secs et arides sur lesquels plus rien ne va pousser pour très longtemps. Juste à côté nous voyons des hommes, des femmes et des enfants qui cueillent le coton. Le coton est cueilli à la main, chaque pelote est peignée et nettoyée plusieurs fois jusqu'à éliminer la moindre des poussières. L'espèce variétale de coton burkinabé est la meilleure du monde d'après les experts, son coût de production est l'un des plus bas du monde. Mais la richesse acquise avec le coton burkinabé ne suffit pas au Burkina Faso de garantir sa souveraineté alimentaire. La monoculture du coton qui a été financée au Burkina Faso par la Banque Mondiale entraîne l'érosion des sols. Sur les marchés mondiaux le coton burkinabé n'est pas concurrentiel face au coton du Texas qui est subventionné à hauteur de plusieurs milliards de $. Le prix à payer pour le ticket d'entrée dans l'Univers du Commerce libre est très élevé, les cotonculteurs burkinabés sont au bord de la ruine et les paysans de la famine. Mais ce prix à payer ne suffit pas pour l'Hémisphère Nord, c'est à dire pour Monsanto. Pour augmenter le rendement à l'hectare de la production cotonnière du Burkina Faso, la Banque Mondiale a financé le remplacement de l'espèce variétale autochtone par le Coton BT (bacillus thuringiensis à toxine insecticide) de l'agroalimentaire Monsanto, qui est une espèce génétiquement manipulée, mais qui n'a pas les qualités exemplaires du coton indigène. Les clauses des Accords de l'OMC ne permettent pas un moratoire contre les OGM, un protectionnisme prudentiel qui seraient une violation de l'Accord. Le Burkina Faso est obligé d'ouvrir ses frontières s'il veut continuer à faire partie de... la "Communauté Internationale" et obtenir des aides du FMI et de la Banque Mondiale. Ce prix à payer par ce pays pauvre et par ses pauvres ne suffit pas. Le privilège de l'agriculteur de réensemencer une partie de ses récoltes est interdit par le Droit de la Propriété Intellectuelle et plus précisément par les Accords sur les ADPIC et sur les ADPIC+ (Aspects du Droit de la Propriété Intellectuelle liés au Commerce - TRIPs en anglais). Il est interdit au cotonculteur de réensemencer ses semences, il devient un contrefacteur et Monsanto fait saisir tous ces biens par les huissiers à la moindre des tentatives de semailles. La Diversité et le Sécurité biologique du Burkina Faso sont mises en danger. Ceci fait partie de son prix à payer pour rentrer dans l'Univers de l'Organisation Mondiale du Commerce et du libre échange. Ce verset n'est pas contenu dans le mantra de Bretton Woods II dont tous ces organismes sont la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, l'OMC. La nécrotechnologie économicide du Coton BT de Monsanto fait partie de ce que l'OMC impose de librement échanger et commercer. Bretton Woods II n'a pas l'intention de refonder la BM, le FMI, l'OMC, les Accords sur les ADPIC, qui sont des éléments fonctionnels et organiques de Bretton Woods I. Bretton Woods II veut rendre la confiance interbancaire. Mais au nom de qui? Du kit pour tuer? Un ingénieur agronome burkinabé a dit: "Nous viendrons en Europe, quand notre Pays sera détruit". Alors que argent et biens circulent librement à travers le monde, les Hommes, qui fuient le pauvreté, doivent payer le billet d'entrée.

La production intensive de soja et de soja génétique au Brésil a poussé des centaines de milliers de familles à la famine. Le soja est exporté en Europe comme fourrage pour les bovins dont les meilleurs morceaux servent à l'alimentation des consommateurs européens. Les millions de tonnes de reste de viande de troisième choix, d'abats et de purée de viande et de jus sont exportés en Afrique ou en Asie avec l'aide des subventions européennes et ruinent les paysans et les éleveurs de ces continents qui ne peuvent être concurrentiels avec leurs produits issus de leur économie locale. C'est pourquoi le Cycle de négociations de Doha a été définitivement stoppé sur un échec dû à l'intransigeance de l'Union Européenne et des USA. L'argent travaille. Mais en Europe, personne ne sait contre qui. Le cauchemar de Darwin est le même pour la chaine du poulet, les abats sont pour l'Afrique, les cuisses et le blanc pour l'Europe.

A l'ouverture du Cycle de Négociations de Doha pour l'OMC le G21 avait dit dès 2001: "Si l’on veut que les pays en développement deviennent d’authentiques partenaires dans le système international des échanges, les mesures commerciales seules ne suffiront pas. C’est pourquoi la déclaration de Doha a invité les institutions de Bretton Woods et la communauté internationale en général à se joindre à l’OMC dans une approche cohérente de la gestion de l’économie mondiale. Les efforts déployés par l’OMC pour ouvrir les marchés et renforcer les règles commerciales doivent être étayés, à l’échelle mondiale, par les politiques macroéconomiques et financières saines et des marchés financiers stables."

Bretton Woods II aura rétabli la confiance interbancaire, amusé les oasis fiscaux, et sauvegardé l'opacité des réseaux commerciaux. Le calcul économique des réseaux soutenus par la BM, le FMI et imposé par l'OMC et les APE / ALE (Accords de Partenariat Économique / Accords de Libre Echange) est totalement rationnel. Money matters.


  • C] Ce n'est pas une crise de confiance - C'est l'accident de l'économie réelle du Pays des trois flux.
Hank Paulson, Ben Bernanke, Gordon Brown, cacahuète Barroso, le chaman français, Angela Merkel font leur marketing mix avec ce qu'ils offrent à l'opinion publique comme la compréhension de la "Fin de la Dictature des Marchés" et nous aguichent avec la délivrance que nous apportera Bretton Woods 2. Pour eux il s'agit de rétablir la confiance en la force des institutions financières et des marchés. Ils ont recapitalisé les banques en souffrance, les industries clefs de l'économie "réelle" pour permettre le rétablissement des flux de capitaux et de liquidités. Nous pourrions aussi nous demander si ce que nous prenons pour une crise de confiance n'est pas plutôt une recomposition fondamentale de l'économie "réelle" mondiale. Le stress financier n'est-il pas plutôt le syndrome et non pas la cause? Mon site décrit les cafouillages économicides, nécrotechnologiques et des aspects du droit de la propriété intellectuelle liés aux commerce (ADPIC).

Et si le diagnostique était faux et si l'on soignait la fausse maladie avec tous ces Plans? Et si les actionnaires faisaient, suite à ces tempêtes, tout simplement une pause, parce qu'ils auraient pu avoir compris que leur compréhension de ce qu'il prenaient pour l'économie mondiale était fausse? Une chose est sûre, l'entrecroisement des structures établies et acceptées des transferts de technologie, du commerce et de la finances n'est tout simplement plus fertilisant et porteur de croissance mais de dépression.

Les trois grands flux. La croissance globale de ces 10 dernières années a été alimentée par trois grands flux fonctionnant en synergie:

a) Le 1er flux est le Flux du Savoir. Ce flux transporte les connaissances, la technologie, le know-how managérial des USA, mais aussi de l'Union Européenne, vers les autres nations industrielles, les pays à bas coûts, les pays émergeants comme la Chine et l'Inde. Les multinationales, et aussi les PME courageuses, ont apporté aux autochtones de tous ces autres pays, avec leur chaîne de création de richesses, les brevets d'invention et les process de fabrication de T-shirts, de PC portables, d'avions, de software qu'ils ont aussi appris, avec le coaching adéquat, à vendre eux-mêmes sur toute la planète. Ceci a engendré un énorme bon de productivité et une énorme augmentation du niveau de vie dans les pays en croissance.

b) Le 2ème flux est le Flux des biens et des services de la Chine et des Pays émergeants, flux dirigé principalement vers les USA, mais aussi de manière accélérée vers l'Union Européenne. Le nombre et la taille des capacités de production ont augmenté de manière exponentielle partout dans le monde, parce que l'on imaginait que les USA, mais aussi l'Union Européenne, allaient toujours consommer avec autant de vigueur, même si tout le maillage de l'ordre économique allait éclater au pire des cas. Ce second flux a été permis par un plus haut niveau de vie aux USA, un marché de l'emploi de plus en plus positif aux USA et des capacités de production qui augmentaient partout dans le monde. (Veuillez consulter le graphique cliquable à gauche)

c) Le 3ème flux est le Flux du Capital. Ce flux est spécifique aux USA. La planète entière avait prêté aux consommateurs américains des billions de $, pour qu'ils puissent équilibrer leur déficit commercial. Tous les canaux ont été utilisés pour faire parvenir aux USA de l'argent et des capitaux: les crédits hypothécaires, les crédits offerts à des conditions de rêve et sans la moindre des garanties, sans le moindre des apports personnels pour acheter des automobiles, des télévisions produites à l'étranger. L'Homme avait été élevé aux USA au rang de Volatilité, qu'il était nécessaire de fertiliser en l'attirant dans le sac à confettis des crédits, pour qu'il découpe lui-même en plusieurs morceaux ces confettis et qu'il produise par ce travail de la valeur ajoutée. En même temps, les entreprises des pays qui accèdent à l'ère de la production industrielle ont emprunté des sommes colossales pour construire ces fabriques qui produisent principalement pour l'exportation vers le marché américain, car le marché intérieur de ces pays et leurs infrastructures et le niveau de vie de leurs populations ne sont pas encore à la même échelle et de taille à absorber une partie conséquente de cette (sur)-production.

Les USA ont été presque le seul pays au monde qui a combiné l'interaction de ces trois flux. Le consommateur-emprunteur américain a été satisfait par le producteur-créancier asiatique. L'asiatique a gagné ses sous, a produit les richesses pour gonfler le PIB de son pays. Les pays asiatiques ne consommant "pas encore assez", les réserves s'accumulent dans les caisses de leurs banques, et l'océan mondial de liquidités se gonfle. Le déséquilibre géoplanétaire se retrouve à l'intérieur de l'Allemagne dont la réunification est un raté économique 20 ans après: la partie Ouest produit des biens de consommation et la partie Est s'endette en consommant et ne parvient pas à réaliser ses décollage et souveraineté économiques (25% de chômage, l'écart revenus des biens / revenus du travail se creuse de nouveau).

Duane Hanson, "Supermarket Lady".

L'euphorie consumériste américaine a été démultipliée aussi de manière exponentielle avec l'invention du nouveau produit financier dérivé, la titrisation des dettes, des prêts, des prêts hypothécaires du modèle des subprimes. La dette devenait elle-même un bien de consommation courant revendable en titres, eux-mêmes achetés par crédits, et les grands systèmes bancaires de la planète ont eux-mêmes racheté par milliards ces titres, et donc avancé de l'argent aux USA qui brassaient cette économie réelle dans la synergie de ces trois flux. Le Trésor américain finançait son déficit budgétaire abyssal en vendant depuis les années 60' des Bons du Trésor et en prétandant que d'une manière ou d'une autre, ces Bons étaient la cotisation pour la paix que les américains s'empressaient de garder ou de préserver avec la 6ème Flotte, les GIs et la CIA. Les conditions de crédit sont autrement plus strictes en Union Européenne, et la rigueur budgétaire imposée par les critères de Maastricht - qui ne sont pas des critères de croissance, mais seulement des critères de stabilité - nous ont au moins évité de pratiquer ce triple suicide du malade américain. Le Pays des trois flux est resté aussi longtemps fructueux et prometteur que chacun s'imaginait que le consommateur américain allait rembourser ses dettes. Le gourou des gourous de cette époque, Alan Greenspan, gouverneur de la Fed', la Banque Centrale américaine, avait encore démultiplié l'accès facile à l'argent en baissant toujours un peu plus le taux directeur, ce qui permettait aux banques de dépôts, de crédit et d'affaires, mais aussi aux banques d'investissement et aux fonds de spéculation, aux banques systémiques (les spéculateurs fous, ces maîtres d'œuvre des ventes à découvert des actions, le short selling) d'accéder à de l'argent facile à bon marché pour financer tout et n'importe quoi, et aussi l'achat à crédit de millions et de millions d'actions et de ces titres que l'on appelle maintenant "valeurs toxiques", "positions négatives".

Le $ est une position toxique. Qui va s'en débarrasser, ou le déclasser le 1er?

C'est dans l'accident de la collision de ces trois flux que réside la clef du problème, et non pas dans une crise de confiance. Le Bretton Woods II ne peut pas régler le problème du malade américain, il n'y a pas à régler avec des recettes et des mesures qui n'ont rien à voir avec la maladie, le problème américain. Le marketing mix de Bretton Woods II est vendu comme le juste médicament, le mantra salvateur.

En même temps que les américains ont pris des crédits cumulés sur tout et n'importe quoi, les salaires, du manœuvre sans qualification jusqu'à la classe moyenne, ont baissé continuellement depuis 2002 selon le Bureau of Labor Statistics qui édite les statistiques sur les salaires, le coût du travail, la productivité et les comparaisons internationales. Des salaires en baisse devaient permettre de rembourser des dettes toujours plus en hausse. En premier lieu ce sont le les crédits hypothécaires (sur la valeur de la maison qui augmentait avec la hausse de l'immobilier) qui ont fait plonger et mettre à la rue des millions d'emprunteurs américains les plus fragiles (l'Espagne, l'Irlande et l'Est de l'Allemagne avec les "nouveaux" Länder connaissent la même situation avec la Hypo Real Estate pour ces derniers). Par la suite ce sont les actionnaires qui avaient remarqué que la croissance américaine de ce Palais de ce Pays aux trois flux était basée sur un gouffre alimenté par ces trois canaux de fertilité. Je ne vois toujours pas ce qu'un rétablissement de la confiance a à voir dans ce mécanisme d'une mort annoncée. Qui prononce ton Nom est sauvé, Bretton Woods II.

La complaisance européenne à devancer les américains pour lancer des Plans encore plus énormes, tous azimuts, qui vont plomber le déficit budgétaire des pays européens, a de quoi estomaquer et mettre en colère. J'aimerai croire en une volonté cachée de faire revenir le balancier sur l'Europe en offrant des avantages comparatifs à l'industrie européenne et en offrant l'Europe comme un sanctuaire pour les investisseurs étrangers avant l'effondrement des USA dans une banqueroute d'État avant l'été 2009. Toutes ces analyses, vous ne les trouverez pas encore sur le web, ce sont les miennes.

Tous les pays du monde ne sont donc pas plongés dans une crise de confiance face au marché interbancaire mondial. Tous les pays du monde se demandent comment ils vont résister quand le diplodocus affamé américain va mourrir après avoir eu son embolie cérébrale et stomacale. Le monde a fini par comprendre que sa démarche était d'accompagner ce running on empty de ce pays décadent appelé USA, et dont on vante encore l'ingéniosité et la capacité de renouvellmeent en cas de crise. C'est facile de faire payer à la planète entière sa pauvreté et son organisation irresponsable depuis la déliquescence de Bretton Woods I (comme expliqué dans mon §1) jusque dans l'abandon de l'étalon-or, la manipulation des taux de changes flottants, la valse des déficits budgétaires, et en organisant avec l'OMC puis avec les Accords bilatéraux de Libre Échange (ALE) la planète commerçante comme une gare de triage des marchés libertariens (le consensu de Washington) dont tous les chemins mènent, par le trickle up, puis le trickle west (ces néologismes de mon invention sont traités sur mon site) à l'enrichissement principal des USA, et des entreprises Européennes détenues totalement ou en partie par les Fonds de Pension américains. Boums, wàlàh, jétzt, hàw' ich's àneu kschésseuh! Voilà, maintenant je vous l'ai flanqué à terre!

Les Pays ont compris qu'il n'y a pas d'économie réelle, à côté d'une économie virtuelle. Il y a eu un système économique planétaire, un ordre économique, qui s'est organisé autour d'une seule et même économie réelle, celle de l'interaction des trois flux de fertilité sur un seul champs d'action, celui des USA. Les Plans de Sauvetages, de Relance divers et surmultipliés vont atténuer les arrêts cardiaques des cœurs battants des pôles industrieux actifs répartis sur la planète, mais ils ne sont pas les remèdes de ce cancer volontaire. La réorganisation de l'économie réelle de la planète va prendre du temps. Ma réflexion en ce sens remonte à 1989. J'avais prévu tout ce qui nous arrive depuis ces deux décennies.

C'est pourquoi j'ai inventé cette expression du développement prudentiel durable. Mais ce n'est rien de génial. Ceci est similaire au "Green New Deal" de Daniel Cohn-Bendit, Eurodéputé vert. Au lieu de faire de la relance comme Gordon Brown en lançant la construction de deux portes-avions nucléaires et de nouveaux armements de dissuasion nucléaire, ou comme le chaman français avec ses 6 sous-marins nucléaires, il y a plus intelligents, plus urgent, moins asocial, plus utile pour mettre ensemble les Hommes dans leurs solidarités locales, régionales et globales. De tout ceci, Bretton Woods II ne parlera pas. Nous nous préparons à l'éclatement de la bulle terrestre, et nous y sommes conduits de manière forcée dans ce marketing mix du Bretton Woods II qui nous est vendu par nos décideurs qui se la pètent et qui canalisent de travers le "Retour du politique" dans la vie réelle des individus, des peuples, des pays. Ici se profilent la private party et le néo-mensonge de ces serviteurs du système libertarien qui continueront d'organiser le retrait de l'État dans la vie publique des services et des infrastructures, mais qui le renforceront dans l'aiguillage des moyens et des richesses vers les share-holders, les détenteurs de parts, pour leur rétablir leur confiance en leur système de leur fertilisation de leurs biens propres.

Bretton Woods 2 ne sera pas non plus Shanghai 1. La Chine est le plus grand créancier des USA et sera aussi le plus grand perdant quand arrivera la Cessation de paiement des USA avant l'été 2009. La Chine est aussi assise sur le plus grand tas de Bons du Trésor américain, qui n'est plus la garantie de rien du tout ni de son contraire. Les Bons du Trésor américain sont à présent des valeurs toxiques. Avec le prix que la Chine va obtenir de la revente de ses Bons du Trésor américain et de ses valeurs toxiques, la Chine va maintenant utiliser ses réserves d'épargne en achetant massivement des actions et en investissant à son tour dans des hedge-fonds et dans des fonds de pension. Mais la Chine a un appareil de production hypertrophié conçu surtout pour alimenter le marché américain qui va vivre encore pire que la récession d'ici peu de mois. Le taux d'exportation de l'Europe ne dépasse pas les 30%. 70% des exportations des Pays membres de l'Union Européenne se font dans la Zone Communautaire. Le Danemark, qui est aussi entrain de mendier une ligne de crédit au FMI (qui est en difficulté financière au 2 Novembre 2008 après avoir donné son argent à l'Islande, la Hongrie, l'Ukraine), a décidé d'organiser un référendum pour adopter l'Euro. La Norsk Autonomy semble troublée depuis que l'Islande en faillite a déjà obtenu un crédit du FMI.

Selon le grand quotidien Известия (Iswestija ) du 2 novembre 2008, le chef de la Libye, Kadafi, va acheter à la Russie des avions de combat SU 30, des chars T-90, des hélicoptères et des sous-marins pour un montant de 2 milliards de $. Un programme de coopération nucléaire civil a été signé avec la Russie. Ce programme comprend la construction de centrales nucléaire et de livraison de matière fissible. Le groupe monopolistique russe Gasprom, contrôlé par le Kremlin, va exploiter l'exploitation du pétrole et du gaz en commun avec la Libye. Des concessions supplémentaires d'exploitation ont été accordées à Gasprom, à son partenaire allemand BASF, et à l'italien ENI.

Je vous invite à lire les détails complets du scénario de la Banqueroute d'État dans laquelle seront plongés les USA avant l'été 2009. D'ici quelques jours sera connu le nom du nouveau shérif et l'Amérique pourra alors se lâcher.

IG Metall ne se laisse pas impressionner par ces agitations et turpitudes et réclame, toujours avec autant de succès, la Historische Korrektur. Je vous invite à visiter le site IG Metall et à lire en français le fonctionnement du syndicalisme allemand, le déroulement des négociations salariales qui se font tous les ans en automne et de la Tarifautonomie qui est inscrite dans la Loi Fondamentale allemande.
Il est évident que cette Correction Historique ne doit pas en rester à une correction syndicale en faveur du Travailleur Consommateur, et que le Travailleur doit redevenir un Citoyen et demander aux Influenceurs, par leurs représentants politiques, de ne pas organiser leur correction historique en aggravant la croissance appauvrissante des pauvres des pays pauvres du Sud. Cette dernière phrase ne doit pas être écrite en petit au bas du Contrat Social Prudentiel. Le Contrat Social, en tant que tel, est arrivé à sa fin le 15 septembre 2008.


  • D] On a tous quelque chose en nous de Tennessee
Il vous reste à tous dans votre mémoire, un nounours du souvenir, un Keynes, celui du New Deal après le krach de 1929 qui a inspiré la politique de Roosewelt de relance de l'économie américaine avec la politique des Grands Travaux publics pour stimuler l'économie devant le secteur privé impuissant. Il y a eu la Construction des grands barrages de la Tennessee Valley pour l'irrigation et l'énergie. Nous avons tous quelque chose en nous de Keynes, de ce Keynes par lequel sont revenus la souveraineté alimentaire des millions de coléreux du raisin, les emplois, la décence, le bien-être économique.

Du début à la fin de sa carrière, Keynes manifeste une fidélité constante à certains objectifs fondamentaux: un monde sans chômage, sans inégalités criantes entre classes et entre nations, ce qui implique une gestion rationnelle de l'économie par l'État. Un accord financier international est essentiel pour parvenir à ses fins. L'acharnement à y arriver amène Keynes, pendant la deuxième Guerre, à des compromis successifs de plus en plus importants, à son avis inévitables pour obtenir l'accord des Américains. Ces concessions vident graduellement les accords de Bretton Woods de la substance que Keynes entendait y préserver, au point où il a envisagé de suggérer au gouvernement de son pays, la Grande Bretagne, de rompre l'entente. Ces événements illustrent la prédominance du rapport de force politique, économique et militaire, sur la discussion rationnelle que privilégiait Keynes. Ils témoignent aussi du rôle grandissant des experts non élus dans le domaine des grandes décisions économiques et politiques, et des américains.

Le point culminant de l'action de la "main vibrante" de ces experts non élus s'est trouvé en Basel 2, en ce système de normes comptables des banques, des banques d'investissement, des banques centrales, destiné à réguler les flux financiers en appliquant un système très complexe de calculs de ratios de solvabilité, du risque, du taux de couverture. Ce système "prudentiel" est entré en vigueur en Juin 2004 et a été initié et piloté par la "Banque Centrale des Banques Centrales". Attention, c'est une autre Banque Centrale des Banques Centrales, que le Fonds Monétaire International qui est aussi la "Banque Centrale des Banques Centrales". La première s'appelle officiellement BRI, Banque des Règlement Internationaux, son siège est à Bâle, et elle a été fondée en 1930 pour régler les modalités des réparations de guerre imposées à l'Allemagne par le Traité de Versailles. La confusion sémantique entre ces deux Banques Centrales des Banques Centrales, communément acceptée, parle d'elle même. Il n'y a jamais eu de volonté de coordonner une régulation mondiale.

Basel II n'avait que conféré aux banques et aux fiducies l'illusion du contrôle par des ratios de solvabilité sans installer pour autant un système correcteur, voire de punition ou de répression. En imposant une publication trimestrielle des positions et des situations bilantielles, Bâle 2 a juste provoqué le développement de techniques plus sophistiquées de maquillage de bilan et de chiffres qui devaient pourtant être des informations rationnelles destinées aux marchés financiers en direction des actionnaires. Ainsi Basel 2 a amplifié la régulation du tout par la main vibrante du marché, celle des experts financiers. Toutes ces critiques sur les effets pervers avaient été formulées et rédigées clairement lors des réunions interministérielles préparatoires à Basel 2. Elles étaient restées sans suite. La Commission de Bruxelles avait aussi édité sa Directive Européenne "Fonds Propres Réglementaires" (CRD, Capital Requirements Directive) en transposant dans le droit européen les recommandations de Bâle 2. La Directive vise à mieux adapter les fonds propres exigés des établissements financiers aux risques encourus par ceux-ci dans l'exercice de leur activité, mais sans définir les mesures correctrices, de répression, d'amende... d'intervention autoritaire d'une administration, de l'État. C'est vrai, c'était encore l'époque où l'on détestait l'État, et où l'on savait le faire savoir avec la "concurrence libre et non faussée" et "l'autorégulation par le marché". Et en Europe prévaut la suprême indépendance de la BCE, qui impose la suprême obéissance à la BCE des Banques Centrales nationales de l'Euro-Zone. Basel 2 a donc organisé l'indépendance fusionnelle des banques dans une main vibrante qui leur était toute dédiée. La Bulle des bulles, vous la connaissez. Il n'y a pas de déterminisme, il n'y a que ses serviteurs. Il n'y a pas de main vibrante, il y a ses experts. Il n'y a pas l'information libre et non faussée du "toutes choses étant égales par ailleurs", il n'y a que distorsion.

Le 15 novembre 2008 siègera le G20 à Washington. Le G20 va lancer Bretton Woods 2, qui surfe sur ce quelque chose que nous avons tous en nous de Keynes, et qui ne vous dira pas que Bretton Woods 1 avait instrumentalisé Keynes pour en faire le patronyme des échanges libres et non faussé. Bien joué.

John Maynard Keynes John Maynard Keynes

25. octobre 2008

Refondation du Consensus de Washington, Croissance appauvrissante, Consensus de Bruxelles, G24

J'affirme, et il semble que je sois de nouveau le seul à le faire, que le Consensus de Washington n'a pas volé en éclat avec les pléthoriques Plans US-EU de Sauvetage Paulson-Brown munis des "Boîtes à Outils" nationales européennes de nationalisations plus ou moins partielles des banques systémiques ou non, plus ou moins libres, et avec des Plans de Soutien des "Industries Clefs".

La croissance appauvrissante des Pays en Développement comprise par Jagdish Baghwati mais que j'associe à la croissance appauvrissante des couches sociales de plus en plus grandes à l'intérieur des Pays de l'Hémisphère riche, est accompagnée du désengagement systémique organisé de l'État dans les politique économique, budgétaire et industrielle, dans les services publics et les infrastructures de la vie commune de l'Homme.

Le désengagement du rôle de l'État dans la main vibrante de la seule BCE et de ses critères néo-libéraux de Maastricht et dans la main vibrante de la "concurrence libre et non faussée" du marché en "autorégulation" est renforcé par les Directives Services (Bolkenstein II), Libre Établissement, Libre circulation des Travailleurs, Libre Circulation des capitaux, etc..., etc...


Dans un cacophonie initiée par le chaman français et le chancelier de l'échiquier britannique, Bretton Woods II est annoncé comme la symphonie du nouveau monde. Dans une étude en 10 chapitres je vous livre ce que ne contiendra pas l'Accord de Bretton Woods II.
  • 3] Protectionnismes européens unis, Déni d'Europe, Dictature des marchés, l'ennemi du Sud
  • 4] Refondation du Consensus de Washington, Croissance appauvrissante, Consensus de Bruxelles, G24


Dans une première partie de cette réflexion au sujet du mix de la Mort de la Dictature du Prolétariat et de la Mort de la Dictature des Marchés je vous ai exposé la "renaissance" (c'est un euphémisme) des protectionnismes nationaux européens, le déni d'Europe, l'ennemi du Sud qui ne sont que des aspects variés de la croissance appauvrissante. Si vous avez le courage de vous informer, il faudrait cliquer sur les mots orange en hypertexte pour avoir un aperçu des tenants et des aboutissants.

La croissante appauvrissante systémique n'est pas la conséquence du Consensus de Washington, ou de son parangon de l'École de Bruxelles, groupe de pilotage de l'EU, mais est l'objectivation de la conception néolibérale fondatrice de l'Europe depuis l'origine du Traité de Rome. La croissance appauvrissante obtient à présent en masse avec les Plans d'accompagnement de la CRISE les subventions de l'État national ou fictif européen qui détournent le bien national des richesses nationales intérieures brutes reversées par l'impôt. La croissance appauvrissante est aussi financée directement par la Dette publique ou par un Fonds souverain de Soutien alimenté par la dette publique ou par des émissions de titres, que l'on peut appeler Bons de Trésor (européen?) et qui vont rapporter des dividendes au meilleur des cas, c'est à dire le beurre et l'argent du beurre à l'Avant Garde Globale qui est capable de capitaliser en achetant ces Bons et les actions des Industries Clefs recapitalisées ou subventionnées grâce à ces Bons, ces dettes, l'impôt et grâce au renoncement des populations au service public, au dimanche chômé, etc..., etc....

Le trickle down effect (effet de percolation), le dégoulinement naturel des richesses vers le bas et les masses attendu par les néolibéraux du Consensus de Washington, cet humanisme automatique du partage et de la répartition des richesses, n'est qu'un trickle up effect organisé avec la croissance appauvrissante. Ce trickle up effect n'étant pas assez efficace pour l'Avant Garde Globale, leur dernière invention du mix de la fin de la Dictature du Prolétariat avec la Fin de la Dictature des Marchés, lui permet de renfoncer cet ascenseur social des capitaux vers le haut, le capital social. En tête de cette École de Bruxelles vous avez le "travailliste" Gordon Brown et le Président français, NS, patron à la droite de la droite française.

Aucune réflexion n'est menée sur une autre croissance dans les conférences préparatoires à la conférence interministérielle de Bretton Woods II. Y figureront comme dans les G8 de Gleneagles, de Heiligendamm, comme dans les "Objectifs du Millénium" ou comme dans... la Motion C du PS, des phrases impressionnistes policées qui mettront la pastille verte comme la tache rouge dans un tableau de Corot.

Normalement, ce Déni d'Europe, ou plutôt le coming-out égoïste appauvrissant de l'Europe d'octobre 2008, devancé par la nationalisation anglaise de la Banque Northern Rocks dès l'été 2007, qui consiste à admettre l'interventionnisme de l'État et les nationalisations devrait être l'autorisation de ne plus reconnaître dans la forme et dans le fonds l'OMC, de toute façon morte depuis 2001 et le Cycle de Doha, mais aussi à ne plus reconnaitre les milliers d'Accords de Libre Échange (ALE) pilotés par l'AELE ou les milliers d'Accords de Partenariat Économiques (APE) pilotés par le groupe informel EU-USA. Les Pays en Développement (PED), les Pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) n'auront pas la force de sortir du joug centrifuge de l'Hémisphère riche, le Nord. A moins que le directeur du G24, Groupe des Pauvres, la Chine n'en décide autrement. La Chine, dépend de l'Hémisphère Nord, comme nouveau riche et comme le plus grand créancier des USA, la plus grande réserve de devises étrangères, et le plus grand détenteur des Bons du Trésor américain qui ne valent plus rien à partir du printemps 2009.

La Conférence ministérielle de Bretton Woods II serait bien inspirée de préparer une relance du cycle de développement refondée sur le consensus multilatéral. Un Bretton Woods financier ne pourra que conduire à l'échec. Il n'est venu à personne l'idée de convoquer une Conférence internationale qui statue sur le Crise avec comme viseur les Marchés matures et les Marchés émergents. Ce serait implicitement parvenir à une synthèse de la pensée de Stiglitz de l'information impure et imparfaite ne pouvant conduire à une autorégulation et de la pensée de Jagdish Bhagwati de la croissance appauvrissante. Il y a eu le siècle des Lumières, le siècle de la Science et des Techniques, le siècle de la Croissance. Savez-vous comment est arrivé à la Mort chacun de ces siècles?

"Nous avons besoin d'innovation financière pour mieux servir l'économie, mais avons encore plus besoin d'une plus grande régulation financière pour assurer la stabilité financière", a affirmé le Premier ministre chinois Wen Jiabao, lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet bisannuel de l'Asem qui a été tenu le 25 octobre 2008 à Péking par le G20 qui comprend les grands pays industrialisés du G8 (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie) ainsi que onze grands pays émergents, plus l'Union européenne.

La Chine, le nouveau riche, est plus préoccupé à pratiquer sa déclinaison nationale du mix de la Mort de la Dictature du Prolétariat avec la Mort de la Dictature des Marchés. Elle a monté avec le Japon et la Corée du Sud un Fonds de Sauvetage qui contient, lui aussi, la même "Boîte à Outils" que le Plan Européen de rachat de créances toxiques, de (re)-nationalisations partielles... La Chine ne laisse pas entendre sa voix au sujet de la Conférence ministérielle de Bretton-Woods II et s'applique à refonder le Consensus de Washington, au moins dans sa manière de pratiquer la coopération commerciale avec l'Afrique, les Pays du Pacifique, des Caraïbes et les Pays en Développement.

Aucune réflexion n'a été menée à la Rencontre Asie-Europe (ASEM - Asie Europe Meeting du 25 X 2008) sur une autre croissance. Y ont figuré comme dans les G8 de Gleneagles, de Heiligendamm, comme dans les "Objectifs du Millénium"... des phrases impressionnistes polies qui mettent une pastille verte au Communiqué final comme Corot met dans dans son tableau la tache rouge. Le président américain George W. Bush a fixé les limites de la réunion intergouvernementale préparatoire au Bretton Woods II lors de la Réunion ASEM en estimant que le "G20 ( = le groupe des ~~riches~~) devait aussi réaffirmer les principes de libre entreprise", de "libre-échange" et de "liberté des marchés". En cette phrase nous relisons le credo du consensus de Washington. Le prochain président des USA, l'éboueur de la nation, aura du mal à accorder une pastille verte et "sociale" au Bretton Woods II malgré quelques assouplissement. Bretton Woods II sera exactement l'envers du communiqué du G24 ci-dessous.

Dans la réunion du G24 du 10 X 2008, le Communiqué final souligne que "l'accroissement de la production de biocarburants dans les pays avancés soutenue par les subventions, les mandats et les tarifs d’importation, la spéculation et la hausse des coûts de production ont poussé les prix des produits alimentaires à la hausse. Les Ministres sont préoccupés par l’impact dramatique des prix élevés des produits alimentaires et des combustibles sur les balances des paiements, les budgets et les prix intérieurs des pays en développement, en particulier sur les pauvres. Ils observent que les circonstances actuelles rendent encore plus urgent de relancer les négociations commerciales pour que le Cycle de Doha puisse s’achever sur une conclusion favorable au développement, et exhortent les pays développés à supprimer les subventions et les obstacles au commerce, qui portent préjudice au secteur agricole et aux pauvres des pays en développement." Le G24 est passé inaperçu. Je vous invite à prendre connaissance des demandes du G24 à la Réunion préparatoire du Bretton Woods II.

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Information sur la Prévention contre les Sectes:

Un vieux politicien français d'extrême-droite est protagoniste du retour à Bretton-Woods. Faites votre recherche sur prevensecte.
Son parti existe, change régulièrement de nom, nom qui fait semblant de bien sonner à gauche.

12. avril 2008

FMI et Attac même combat: le contrôle des marchés financiers

"Crépuscule", huile de Georg Grosz, 1926

Observez sur le tableau de Gerog Grosz le soleil... Tableau de 1926.
Georg Grosz avait aussi peint dès les années 20' les camps de concentration...

"Les activités des établissements de crédit, des banques, des assurances devront être plus régulées à l'avenir". Cette exigence n'émane pas de Attac ou d'autres mouvements indignes des salons de l'ochlocratie environnante, mais du rapport d'expertise édité par le FMI (Fonds Monétaire International) au regard des "graves manquements de l'architecture internationale de la finance et de la très grave crise de confiance qui en résulte".

Je dénonce au passage l'inertie du FMI alors que la crise des subprimes fait rage depuis plus d'un an. Le rôle du FMI est normalement d'exprimer des recommandations et de proposer et de soutenir des plans d'assainissement quand survient une crise qui déstabilise fondamentalement les finances et le budget d'un État. Il n'est pas étonnant que le FMI se soit laissé à ce point dépasser par les événements, car sa sphère d'action se trouve dans les pays économiquement faibles ou en développement. En réalité le FMI a été un instrument politique destiné à mettre au pas des pays "d'obédience politiquement douteuse" (pendant la guerre froide) ou pour fluidifier les relations de ces pays avec le bloc de l'ouest. Ainsi l'Argentine avait bénéficié 52 fois depuis 1945 d'aides financières de grande envergure sans en avoir eu besoin ou que ce pays soit la victime de déséquilibres économiques internationaux. Le dernier bénéficiaire de ces injections en $ est la Turquie qui a été aidée avant chaque guerre du Golf sans avoir connu une crise financière. Mais là il fallait ouvrir ses zones portuaires pour laisser passer l'armée américaine des GIs jusqu'en Irak et il fallait mettre la base aérienne d'Incirilik à disposition pour bombarder Mossul chez les kurdes irakiens, ce qui arrangeait la Turquie qui ne s'est toujours pas guérie du génocide arménien.

D'autre part ce dernier rapport d'expertise du FMI prônant un contrôle des établissements de crédit entre en collision avec la raison d'être même du FMI qui est d'exiger de chaque pays qui bénéficie de ses crédits, d'engager une libéralisation et une ouverture de l'économie, du commerce, du secteur bancaire... et du secteur agricole du tiers monde qui nous mènent, elles-aussi à présent, à la crise des denrées agricoles. Nous sommes donc bien en face d'un saut quantique quand le FMI parle d'un "échec collectif" en décrivant l'incapacité des banques, des assurances et des hedge-fonds d'apprécier les risques et d'établir une surveillance.

Sommes-nous en face d'un revirement idéologique du FMI dû à l'arrivée de DSK, ancien élu de la branche socio-libérale du PS français? Non. Le cataclysme à venir est d'une telle ampleur que le FMI, dont le rôle est d'être le pompier des crises financières et budgétaires d'un État, se doit d'exprimer son interprétation de l'événement. A mon avis nous allons peut-être même vivre un événement, lui aussi nouveau, à savoir l'octroi d'un crédit de soutien à un grand pays industrialisé... sans le nommer. La boucle serait bouclée et ce club de riches représenté par la Banque Mondiale, le FMI et l'OMC montrerait son visage à découvert. Depuis l'échec du cycle de Doha le G21 démontre qu'il refuse de jouer ce jeu des riches et les négociations de l'OMC sont déclarées suspendues, c'est à dire que cette organisation est morte. Le FMI possède 3200 tonnes d'or qui représentent 95 milliards de $. Ce n'est rien face au billion (1000 milliards de $ dus aux pertes de la crise des subprime de cette bubble economy, cette économie de bulle), mais qui sait.

DSK ne peut pas non plus imposer des visions de gauche, s'il devait lui en rester, pour la simple raison que toute décision du FMI nécessite l'accord des membres dont l'importance de la voix est calculée au prorata des cotisations de ces pays. Ainsi toute décision du FMI dépend du Congrès américain; il en va de même pour l'élection de son directeur. DSK peut donc se permettre de bavarder.

Ce qui m'intéresse dans le rapport d'expertise du FMI, c'est l'abandon de ce paradigme de la totale libéralisation de tout et de n'importe quoi au profit d'une exigence de la régulation du secteur financier. Ce qui m'intéresse, c'est la publicité qu'en ont faite les médias et tous les Stinck-Tank (oh, pardon, les Think-Tank). Le monde se trouve dans un tel effroi que la scène médiatique et la scène publique sont prêtes à reconnaître que la force naturelle d'assainissement par les marchés, qui est le fondement de la théorie économique libérale, est très sérieusement ébranlée. Pour la première fois de l'histoire, les économistes du mainstream sont enclins à reconnaître "que les marchés financiers sont mus par des forces instables de tout premier ordre". Tout le monde est prêt à reconnaitre maintenant que "les banques elles-mêmes ne se sont plus retrouvées dans ce marché d'émissions de titres sur des prêts hypothécaires à risque".

Le catalogue des 98 propositions du FMI est tout de même général et vague et devra de toute manière être accepté par les pays membres, puis appliqué par chacun d'entre eux dans leur zone territoriale... La comédie du G8 de Heiligendamm Rostock ou de Gleneagles sont de bons exemples d'inconséquences du bavardage des puissants. Ce rapport du FMI est peut-être tout de même le premier pas vers une nouvelle définition du FMI. James Ensor, 1891, Squelette se déchirant un hareng-saur Cette organisation internationale pourrait être apte à surveiller l'architecture internationale de la finance. Pour le FMI "le marché n'a jamais vraiment fonctionné", et "le secteur financier est dépendant d'énormes soutiens de l'État", "les innovations du secteur financier ne pouvaient de toute manière plus être contrôlables", "c'est l'échec de la main vibrante du marché", "un nouvel encadrement global est nécessaire"... Quand je disais ceci sans relâche depuis au moins 1989 on me traitait de gauchiste attardé, voir de rouge-brun-national-social.

Pour éviter à l'avenir les crises, le FMI veut que les autorités de surveillance de l'État imposent plus de transparence et une norme commune d'évaluation. Il faudra établir des rapports de stabilité pour des produits financiers difficilement évaluables. Il faudra aussi réformer les agences de notation (rating) qui évaluent les risques des produits financiers. L'État doit aussi se tenir prêt pour aider immédiatement et ponctuellement les établissements financiers en cas de menace d'effondrement. (Tableau ci contre: James Ensor, 1891, Squelettes se déchirant un hareng-saur)

Il semble communément admis que le temps est passé où l'État limitait la croissance du crédit et définissait le taux d'intérêt rémunérant l'épargne. La Fed', qui n'avait pas exercé de contrôle sur tous les établissements de crédit qui ont accordé sans exercer la moindre des limitations des crédits souffrants à risque à des clients financièrement "faibles", avait en réalité tout simplement abandonné sa souveraineté de la "planche à billet", c'est à dire du contrôle de la masse monétaire. Elle n'avait fait qu'une course d'évitement de la récession en baissant à l'aveuglette le taux d'intérêt directeur. C'est évidemment une politique macroéconomique imbécile qui n'a fait qu'une confiance encore plus aveugle au marché qui réglerait tout.

Entre ce nouveau mainstream qui admet cette dénationalisation de la création de monnaie (souveraineté monétaire de la banque centrale) et la demande de l'intervention de l'État à un niveau étendu, s'installe un appareil de discussion sur le rôle de l'État. Bruxelles, la BCE, l'Euro-Groupe feraient bien de se mettre sur les rangs. Parce qu'en dehors du seul objectif de la stabilité de la monnaie, l'UE n'a pas la volonté et les moyens d'assumer une politique économique et budgétaire européenne et laisse totalement souveraine la BCE qui ne doit rendre des comptes à personne et encore moins aux États européens.

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Lire aussi les deux longs articles: Bubble economy. De Paulson à Tobin? La Fed' donne l'exemple à la dogmatique BCE?

15. novembre 2007

OMC, AGCS, ADPIC, APE = Violations du Droit International des Droits de l'Homme - I

Les États sont liés par les accords commerciaux et par le Droit International des Droits de l'Homme.

Le DIDH contient des arguments légaux stipulant la primauté des droits de l'Homme face à toutes les autres normes légales. Il est légitime de se sentir investi du pouvoir juridique et aussi éthique de défendre indubitablement les droits de l'Homme dans le contexte du commerce. Ce n'est pas un engagement de gauche ou de droite.

Les Droits fondamentaux sont violés par tous les Accords de Libre Échange tels que l'OMC, et tels que les Accords annexes à l'OMC comme l'AGCS, Accord Général sur la Commercialisation des Services et les Accords sur les ADPIC, Aspects de la Propriété Intellectuelle liés au Commerce.

L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a mis dans le domaine marchand tout ce qui peut se vendre et prévoit d'y mettre marchandises et biens qui n'existent pas encore ou qui ne sont pas encore perçus comme des marchandises et des biens.

Le "Programme pour le développement" de la conférence ministérielle de l'OMC, réunie à Doha à partir de 2001 et jusqu'à son échec définitif de juillet 2007, a reconnu "des profondes conséquences humaines engendrées par les libéralisations économiques et financières" et a prévu "dans les négociations un cadre respectant les dimensions humaines du développement".

Un Européen responsable doit invectiver ses députés et ses eurodéputés pour que Doha devienne ce qu'elle avait prétendu vouloir devenir et pour la dépasser dans cette vision du monde et de l'homme.
Il n'y a pas à espérer que la "Gauche" française s'empare de ces sujets, elle ne les connait pas, elle ne les comprend pas, elle n'existe pas. Les quelques rares groupuscules qui voudraient se chercher à gauche sont au stade où ils se demandent s'ils sont de nobles flatulences...

Œuvrer pour, travailler pour, s'engager pour, pour les petites-gens dans l'hémisphère riche, pour les pays en développement dans l'hémisphère sud.

Les Accords de Partenariat Économique, pour lesquels l'Europe impose l'adhésion, avant décembre 2007, aux PED (Pays en Développement) et aux Pays ACP (Afrique/Pacifique/Caraïbes), ne sont qu'un kit qui contourne l'OMC pour imposer une combinaison plus violente des clauses de "libéralisation" du commerce énoncées dans l'OMC, l'AGCS-plus et les ADPIC-plus, ne sont que des Accords de Libre Échange européens connus sous le terme générique de l'après Doha, soit sous le terme des Accords bilatéraux ou multilatéraux. Ils sont une violation encore plus grave des droits fondamentaux que ne le sont tous les "accords" de l'OMC.

Mon analyse globale et simple regroupe ici les enseignements de mes travaux précédents que vous trouverez dans les liens et sous les rubriques ci-dessous:
  • une première analyse dans mon § intitulé: "L'accord des ADPIC affecte les droits humains fondamentaux, le droit à l'alimentation, le droit à la santé".
  • les lustrations libérales du Janus européen et les effets de la Directive Service sur le secteur de la santé


1] Primauté du Droit International des Droits de l'Homme sur les accords commerciaux:

Nous nous attacherons maintenant à comprendre les interactions positives, négatives, directes, indirectes, bidirectionnelles de la libéralisation du commerce sur les Droits de l'Homme. Nous essayerons de voir qu'il est possible de mettre en place des stratégies pour les défendre et pour défendre les droits "ecosoc" codifiés dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturel (PIDESC).

La notion des Droits de l'Homme est apparue en 1919 dans l'Organisation Internationale du Travail (OIT). L'OIT défend les droits humains au travail, les droits à la participation et les droits d'organisation et de négociation collective. Aujourd'hui il existe 8 conventions considérées comme Conventions fondamentales pour les droits de l'Homme au travail (travail forcé, liberté syndicale et protection du droit syndical, droit d'organisation et de négociations collectives, égalité des rémunérations, abolition du travail forcé, discrimination professionnelle et à l'emploi, âge minimum, les pires formes du travail des enfants).

Les normes basiques du DIDH ont été codifiées dans la Charte des Nations Unies et dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH). Les pactes jumeaux de 1966, comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et le PIDESC sont entrés en vigueur pour garantir des droits spécifiques. Puis vinrent la Convention sur le droit de l'Enfant (CRC) et la Convention sur l'élimination des toutes nouvelles formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW).

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme OHCHR a affirmé qu'il "n'existe pas de hiérarchie entre ces droits et que des obligations immédiates et des exigences minimales ou des obligations fondamentales existent pour les droits économiques, sociaux et politiques." Par exemple en ce qui concerne le droit à la santé, les obligations fondamentales comportent la garantie d'un accès à des moyens élémentaires d'hébergement, à l'assainissement et à l'eau potable.

Face au manque de volonté des États d'observer et d'être conformes au DIDH, les gouvernements préfèrent, pour des raisons de confort commercial, voir un fossé spatial entre les accords commerciaux et le Droit International des Droits de l'Homme. Les obligations de l'État sont limitées géographiquement à son territoire, mais, au niveau du commerce, les États doivent coopérer au niveau international afin de ne pas empêcher la faculté des autres États à respecter leurs obligations en matière des droits de l'Homme. Tous les membres de l'OMC ont ratifié au moins un des traités des droits de l'Homme mais ils poursuivent tous la course à la négociation commerciale qui leur sera la plus avantageuse. Pourtant la libéralisation commerciale elle-même n'a pas répondu aux objectifs déclarés dans le préambule de l'Accord instituant l'OMC (1er janvier 1995) sur le "relèvement des niveaux de vie" dans le respect "de l'objectif de développement durable".

Le droit au développement est un droit de l'Homme qui exige le droit à la participation, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et la souveraineté. Ces droits sont essentiels dans le commerce.

Dans une autre paresse due à l'addiction au confort de la commercialisation, dont la main vibrante devrait sans doutes aussi mettre en équilibre les hommes, les droits, les mœurs… les États préfèrent ignorer le primauté des Droits de l'Homme conformément au droit international. Par exemple les droits ecosoc sont énoncés dans l'Article 55 de la Charte des Nations Unies ou dans le Préambule ou les Articles 21-28. Selon l'Article 103 de la Charte, les obligations des États découlant de la Charte prévalent sur toutes les autres. Il existe de jure une primauté des droits de l'Homme au niveau du cadre juridique international. Le Préambule de la Convention de Vienne, la Déclaration de Vienne stipulent la même chose. Le droit commercial a profité d'une primauté de facto sur le droit international, car ce que les États spécifiques peuvent se permettre au niveau d'un respect différencié des Droits de l'Homme, il ne peuvent pas se le permettre au niveau du commerce international qui doit fonctionner selon le principe de l'unicité des négociations pour permettre une efficacité à l'expression commerciale des peuples.

Deux-tiers des membres de l'OMC représentent les PED (Pays en Développement) dont les citoyens subissent la plus grande partie des conséquences négatives du la libéralisation du commerce. Les PED perçoivent comme des pratiques discriminatoires et protectionnistes les exigences des pays industrialisés d'incorporer dans les négociations commerciales de l'OMC, des APE, des ALE, des accords bilatéraux... les questions des droits de l'Homme. Les Pays industrialisés ne se font donc pas prier de fermer les yeux sur des violations des droits de l'Homme chez eux-mêmes ou dans les pays partenaires.

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à suivre...

1] Primauté du Droit International des Droits de l'Homme
2] Les accords de l'OMC affectant les Droits de l'Homme
3] Procédures institutionnelles de l'OMC pour défendre les Droits de l'Homme

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